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DE SAINT-LÉGER...

...tourne autour des peupliers du bord de l’eau, ondoie en plis sur la Vignague et réactive, par quelques pierres oubliées, l’image d’un moulin à eau : un souffle, aux senteurs de céréales moulues ou de bois coupé par l’ancienne scierie, émerge de la rivière.

La brise traverse la pelouse de l’ancienne auberge en contre-bas de l’église et, prenant l’aplomb d’un vent, cueille les souvenirs à travers champs : ici, une course à la valise où, au sortir d’une barrique, apparaissent des déguisés ; là, un chapiteau abrite les tablées et les danses d’une fête locale Dans le bourg, la sonneuse quitte sa maison, avance sur la route au milieu des joueurs de piastre et chemine vers l’église pour faire carillonner midi. Les enfants la suivent et de leurs menues mains poussent la porte rouge, agrippent la corde et s’y pendent pour faire vibrer le battant sur le métal de la cloche. Dans le tintement de l’heure du repas, le vent s’engouffre dans les branches des arbres fruitiers emportant l’âme de Saint-Léger vers le bourg de Sauveterre.

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La Vignague déborde, baigne la vallée et coupe la route juste après le pont. Le vent s’endort sur les tuiles des maisons traversantes devenus gîtes, puis s’ébroue jusqu’au clocher. De l’église, il ne reste que le chœur, figé dans un temps révolu. Juste à côté, un verger de pruniers...

Aujourd’hui, où est-il cet abri des possibles où les langues se délient ? Imaginons-le. Trois fois l’an, protégés d’une ondée ou d’un rayon ardent, quelques Sauveterriennes accompagnées de Sauveterriens se réunissent, s’assoient sur des transats ou des chaises de jardin et regardent un film projeté en plein air. Grange moderne, ce refuge ouvert sur l’extérieur a trouvé place à côté des tilleuls, à l’endroit des kermesses d’antan.