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LE DILEMME

Train ou avion? Un choix cornélien pour les partisans de vacances durables. Cette nouvelle rubrique donne la parole à deux acteurs aux positions différentes. Kim Daenen représente ci-dessous le secteur de l’aviation, tandis que Steffen Van Roosbroeck défend le rail au nom de la SNCB.

KIM DAENEN, Head of Corporate Communications Brussels Airlines www.brusselsairlines.com

AVION

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La honte de prendre l’avion existe-t-elle vraiment? Juste avant la pandémie, le phénomène était encore dépourvu d’un véritable impact. Chez nos clients professionnels, cependant, nous observons une importante demande de solutions durables. C’est à leur intention que nous avons développé en 2020 un nouveau produit: la compensation CO2 est désormais comprise en standard dans le prix du billet.

Les passagers ‘ordinaires’ peuvent-ils aussi compenser? Tout à fait. À la fin de la procédure de réservation sur notre site Internet, nous proposons une formule de compensation via notre partenaire Compensaid. Le client peut choisir d’investir dans des projets de reboisement ou d’acheter du Sustainable Aviation Fuel (SAF). Celui-ci sera utilisé sur d’autres vols dans les six mois. Le SAF, un carburant synthétique qui n’émet pas de CO2, n’est encore disponible que dans une mesure très limitée. C’est ce qui explique son prix élevé, trois à cinq fois plus cher que le kérosène. Via Compensaid, vous payez la différence entre le coût du kérosène et celui du SAF.

Et vous-mêmes, que faites-vous? Voyons les choses en face: qui peut encore imaginer un monde sans avions? L’avion rapproche les cultures et jette des ponts entre les gens du monde entier. Il n’y aura pas de retour en arrière. Ce qui doit changer, c’est l’impact de l’aviation. Nos objectifs à cet égard sont clairs: d’ici 2030, Brussels Airlines entend réduire* ses émissions de CO2 de 50% par rapport à 2019, et pour 2050, nous voulons atteindre une neutralité complète en CO2. Et les alternatives? Eh bien, il existe de nombreuses destinations pour lesquelles il n’y a actuellement aucune alternative, et il n’y en aura jamais. La distance est tout simplement trop grande. Lorsqu’il y a une alternative, elle manque souvent d’attrait, car le voyage demande beaucoup trop de temps. En présence d’une bonne alternative, nous constatons très vite que le train et l’avion sont à égalité. Il suffit de penser au voyage Bruxelles-Londres.

La nouvelle taxe avion (en principe à partir du 1er avril) va-t-elle changer quelque chose? Si nous voulons exercer un véritable impact et changer les comportements, nous avons besoin d’alternatives adéquates, aussi pratiques que l’avion. Ce n’est pas encore le cas aujourd’hui. Nous-mêmes, par exemple, nous troquerions volontiers notre vol Bruxelles-Paris pour une liaison ferroviaire à grande vitesse. 99% de nos passagers entre Paris et Bruxelles (et retour) ne s’arrêtent qu’à Bruxelles, pour embarquer sur un de nos vols à destination de l’Afrique. Mais Brussels Airport n’est absolument pas connecté au réseau TGV. Nous sommes loin derrière Amsterdam, Paris et Francfort. Avec des liaisons vers Bruxelles-Midi, nous ne sommes pas en mesure de convaincre nos clients de prendre le train. Ces voyageurs doivent généralement prendre un vol pour l’Afrique. Ils n’ont pas envie de trimbaler leurs bagages jusqu’à l’aéroport. Penchons-nous d’abord sur les alternatives avant d’instaurer la taxe.

TRAIN

VOTRE AVIS

Des projets de vacances? Dites-nous ce que vous envisagez cette année et participez à notre sondage: www.touring.be/fr/sondage.

Le train pour de longues distances? Saviez-vous que le train permet de rejoindre la Côte d’Azur en moins de six heures. De plus en plus de gens en sont conscients: le réseau ferroviaire européen excelle par le confort, la vitesse et la flexibilité. Simultanément, le train est un des moyens de transport les plus durables. Un atout majeur dans la lutte contre le changement climatique. Les exploitants unissent leurs efforts pour améliorer l’expérience client grâce à une offre plus étendue, à des réservations plus faciles et à un confort inédit. La fusion de Thalys et Eurostar (dont la SNCB est actionnaire) s’inscrit dans ces ambitions. Objectif: 30 millions de voyageurs d’ici 2030.

L’ampleur du ‘verdissement’ en Belgique? En Belgique, 95% des trains SNCB roulent déjà à l’électricité. En effet, nous avons des décennies d’avance dans l’indispensable électrification. Les efforts se poursuivent dans ce sens. Les émissions de CO2 sont à l’avenant: un automobiliste rejette en moyenne 126 à 160 grammes de CO2 par kilomètre. En train, le passager n’émet plus que 23,8 grammes de CO2, soit six fois moins que la voiture. En même temps, nous cherchons à réduire notre consommation. Nos conducteurs de train apprennent par exemple à rouler de manière plus économique. Enfin, nous investissons dans des installations photovoltaïques pour couvrir une partie de notre consommation électrique.

Pourquoi le train? En train, le voyage commence dès l’embarquement. Pas de longue procédure de check-in. Sur les distances courtes et moyennes, le rail se montre imbattable. D’autant que les gares internationales se trouvent généralement dans les centres-villes ou à proximité. Pendant tout le trajet, vous pouvez vous contenter de regarder le paysage qui défile. Et rien ne vous empêche de travailler, de lire ou d’écouter de la musique. Voire de vous dégourdir les jambes dans le train.

Quelles sont les destinations (lointaines) desservies? À l’heure actuelle, au départ de notre pays, quelque 800 destinations sont accessibles en moins de six heures. Et ce sur un total de 3.600 destinations. Pas moins de 2.000 autres vont venir s’y ajouter dans les deux prochaines années, en Grande-Bretagne, France, Italie, Autriche et Espagne. Où que vous alliez, vous pouvez facilement acheter votre billet sur notre site Internet.

La nouvelle taxe avion joue-t-elle en votre faveur? Nous avons confiance en nos propres forces. Sur courte et moyenne distance, le train présente des avantages indéniables. Grâce à la fusion de Thalys et Eurostar, dont nous avons déjà parlé, cette offre bénéficiera d’une nouvelle visibilité. Elle grandira en s’appuyant sur une flotte et une identité uniformes. Néanmoins, nous demandons aux États membres et à l’Union européenne de créer des conditions d’égalité et de promouvoir une concurrence loyale entre tous les moyens de transport. Il faut aussi tenir compte de tous les effets externes, positifs et négatifs, sur la collectivité, surtout dans la perspective d’une neutralité climatique visée à l’échéance de 2050. STEFFEN VAN ROOSBROECK, Head of Public Affairs SNCB www.sncb-international.be