Construction&Bâtiment n°5/2023. Extrait.

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N°5/ NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2023

CONS TRUCTION & BÂTI MENT PROJETS ET CHANTIERS DES PROFESSIONNELS DU BÂTIMENT

Plaines-du-Loup, un quartier laboratoire Les enjeux de la transformation du patrimoine Cocoon, un ensemble innovant dans l’Ouest lausannois

CONSTRUCTION & BÂTIMENT

Energie, favoriser l’autonomie des constructions

UNE ÉDITION

ESPACESCONTEMPORAINS.CH CHF 8.–


Comment construire aujourd’hui le monde de demain ? Les actualités politiques et écologiques nous poussent à réfléchir à la manière dont nous construisons et à l’impact que cela aura sur le futur. Formes urbaines et architecturales, techniques, matériaux, c’est l’ensemble du processus constructif qui est aujourd’hui questionné. Évidemment, les enjeux énergétiques et durables sont prédominants. Production d’énergie solaire, isolation plus performante, systèmes de chauffage écologiques ou plus efficients sont des domaines où la recherche est de plus en plus poussée. Mais construire durable, ce n’est pas que des solutions techniques et innovantes. C’est aussi réfléchir de manière plus pragmatique et rationnelle. Optimiser les coûts, les surfaces, les espaces, la matière, au profit d’une architecture responsable. Construire pour demain, c’est aussi réfléchir à l’impact de la spatialité et de la matérialité sur les constructions sociales. Rappelons-le, la construction est un acte social et culturel. En développant des espaces mixtes et intergénérationnels, elle contribue à produire une société plus inclusive qui favorise les échanges. En proposant des formes flexibles et intégrées, elle génère des espaces adaptables capables d’évoluer au fil du temps et des besoins, produisant ainsi une architecture plus durable. Donc construire, oui mais comment ? Les maîtres d’ouvrage et architectes se lancent. Ils innovent, tentent, et recommencent. Le quartier des Plaines-du-Loup à Lausanne constitue l’un de ces exemples de réflexion sur la création de la ville, aussi bien à l’échelle énergétique qu’architecturale et urbaine. Il n’y a pas de science exacte, pas de formule magique. Mais un tel projet a le potentiel d’être un vecteur de changement à grande échelle. Salomé Houllier Binder

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CONSTRUCTION & BÂTIMENT

ÉDITO


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90 Édito

ACTUALITÉS 10 Les news de l’architecture et de la construction REPORTAGE 16 À Vouvry, une capite contemporaine 24 Trois transformations en milieu urbain TECHNIQUES DU BÂTIMENT 38 Énergie, la voie de la durabilité 56 Isolation, focus sur deux matériaux performants 60 Fixit 222, un enduit isolant haute qualité DOSSIER, LES PLAINES-DU-LOUP 62 La fin de la première étape 64 Louvoyons, un immeuble entre parc et cour 70 L’immeuble de la pièce urbaine A 76 Dans la pièce urbaine B, l’immeuble Swiss Life 84 La coopérative Écopolis, construire bio-géo-sourcé

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PROJETS 90 Rénovation du bâtiment AXA Bergières à Lausanne 100 Les Jumeaux dévoilent leur nouveau visage 106 Cocoon à Bussigny, un nouveau hub d’activités 118 Le Parc, un habitat groupé à Onex 124 Surville, deux tours de béton et de verre à Lancy 132 Le nouveau centre de tri-bagages de Genève Aéroport ENTREPRISES 138 eSmart, la gestion intelligente des bâtiments 140 Netec, spécialiste des nettoyages SALONS 142 Marmomac, le salon du marbre et de la pierre naturelle 144 SwissBau, le grand rendez-vous du secteur du bâtiment AGENDA 146 Expos, salons et congrès

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UNE RÉINTERPRÉTATION DU VERNACULAIRE VIGNERON Jusqu’à quel point des matériaux humbles hérités de l’activité viticole locale peuvent-ils être source d’inspiration ? Les fameuses « capites » se sont révélées être un modèle pour les auteurs du projet, Madeleine Architectes et Studio François Nantermod. texte : Charlotte Schusselé photos : Séverin Malaud



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REPORTAGE


LA DÉPENDANCE L’architecte a souhaité créer un lien avec la maison principale en utilisant des planches de sapin comme banches à béton. Par la suite, la granulosité du béton a été rapidement colonisée par des mousses et la végétation luxuriante des hauts de Vouvry. Destinée à être un garage avec deux places de parc, cette construction est devenue une dépendance en cours de chantier. Ce changement d’affectation a inspiré à l’architecte des gestes pragmatiques. Ainsi quatre ouvertures circulaires ont été percées dans le mur extérieur pour les fenêtres, et les carottages ont été réemployés à même le sol pour le cheminement extérieur.

L’ÉLÉGANCE DE LA PENTE Dans quelle mesure le génie du lieu influence-t-il l’architecture contemporaine ? Les matériaux humbles et industriels stigmatisent-ils forcément l’architecture ? Par sa matérialité, cette maison est indissociable du site. Elle se distingue autant par des modénatures d’inspiration locale que par ses solutions pragmatiques. Au moyen de proportions soignées, d’assemblages subtils et d’ouvertures généreuses, ce projet sublime la simplicité des matériaux et fait preuve d’une certaine résilience face à l’imprévu, en profitant même pour adresser un clin d’œil à l’école tessinoise par ses ouvertures circulaires dans le socle affirmé en béton brut. Ainsi, l’élégante capite de Vouvry a su créer une esthétique propre et épouse de manière harmonieuse le paysage abrupt des vignes en terrasses.

REPORTAGE

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Travailler avec l’existant, transformer le patrimoine, sont devenus des thèmes aujourd’hui incontournables. Dans le contexte actuel où les préoccupations d’ordre durable sont au cœur des débats et où le patrimoine se voit de plus en plus protégé, les enjeux énergétiques et patrimoniaux sont souvent en désaccord. Par la force des choses, les bureaux de concepteurs acquièrent de plus en plus d’expérience en la matière et multiplient les projets où l’existant est remanié, transformé, adapté. Les approches se font de plus en plus fines et sensibles, les signatures tonitruantes s’estompent au profit du respect de ce qui est déjà là, que ça soit en termes de matériaux, de langage architectural, d’éléments historiques valorisés ou réemployés, de spatialité. Tour d’horizon de trois projets situés à Lausanne et à Sion. Marielle Savoyat

TRANSFORMER LE PATRIMOINE 24

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REPORTAGE


© Nicolas Sedlatchek


© Eik Frenzel

3 PLUGIN Un petit immeuble d’habitation des années 1930 de type « villa urbaine » typiquement lausannois qui n’avait été que peu entretenu jusque-là vient de bénéficier d’une rénovation/transformation menée de manière exemplaire par le bureau bunq Architectes. L’ajout par l’extérieur d’une nouvelle structure en bois préfabriquée a permis, non seulement, de remplacer les balcons qui tombaient en désuétude côté jardin, mais également de maintenir le chantier habité et d’optimiser spatialement les logements de manière significative. Ce plugin architectural fonctionne comme un module d’extension qui permet d’augmenter la surface des appartements existants, mais aussi la qualité d’habitat. Les cuisines sont déplacées et couplées à de grandes terrasses sur la surface gagnée dans le prolongement de l’existant. Elles bénéficient ainsi d’une plus grande luminosité et d’un nouveau rapport qualitatif avec l’extérieur. L’espace libéré par les anciennes cuisines offre une pièce supplémentaire par appartement. L’angle des nouvelles avancées, arrondi et libre de toute structure ponctuelle, suggère désormais de nouvelles perspectives en diagonale sur le

Les combles ont également été réaménagés en un grand appartement de 4,5 pièces agrémenté d’une généreuse terrasse, en lieu et place du petit domicile et des galetas qui s’y tenaient. La charpente d’origine composée d’éléments en bois massif a été conservée, valorisée et renforcée. Le réemploi d’éléments de l’ancien logement, tels que portes et parquets, a été privilégié autant que possible. La démarche s’inscrit dans le respect de l’existant. La facture contemporaine se lit de manière authentique en façade, tout en dialoguant avec l’ancien. Mis à part la texture et la couleur du crépi, les façades existantes ont été maintenues dans leur expression d’origine. Les lames en bois (pin blanc autoclavé) qui rythment l’extension font écho avec les stries verticales tracées dans le crépi. Les rebords de la structure ajoutée s’inscrivent dans le prolongement des cordons horizontaux en saillie qui viennent marquer chaque étage. L’enveloppe de l’immeuble se voit par ailleurs totalement rénovée et isolée pour de meilleures performances énergétiques. Une architecture résolument tournée vers les qualités spatiales et les valeurs durables qu’elle amène de manière

jardin et le quartier environnant.

intrinsèque à l’existant. Une valeur ajoutée hors du commun !

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REPORTAGE


REPORTAGE

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© Eik Frenzel

© Eik Frenzel

© Eik Frenzel


TECHNIQUES DU BATIMENT

Tendre vers l’excellence, comme le souligne l’architecte Claire Dardenne : « Aujourd’hui, il ne suffit plus d’être bon, il faut être très bon. » Sur le plan constructif mais surtout énergétique. L’abandon progressif du fossile amorce le jalon suivant : l’indépendance énergétique. Ainsi, les bâtiments à énergie positive (BEP) – qui produisent plus d’énergie qu’ils n’en consomment sur une période lissée d’une année – seront la norme de demain. Mais le zéro énergie doit aller au-delà. La vision s’élargit pour intégrer le bilan énergétique global d’un bâtiment, de la fabrication de ses matériaux à sa démolition en passant bien sûr par son exploitation. Magaly Mavilia

© Jean-Yves Glassey

MAISONS AUTONOMES AU-DELÀ DE LA DURABILITÉ


© Jean-Yves Glassey

© Jean-Yves Glassey

Les perspectives ont été élaborées en partant de l’intérieur vers l’extérieur. Cette approche vise à préserver l’intimité en anticipant d’éventuelles constructions futures tout en encadrant des vues sur les montagnes environnantes.

Un vieux mur en pierre sèche est utilisé comme un élément essentiel sur lequel le projet s’accroche: à l’intérieur, il devient un «tableau» vivant.

VERS UNE DURABILITÉ INTÉGRALE Pionnier du développement durable en Valais depuis 24 ans, l’Atelier Léonard Bender a été le premier bureau d’architecture certifié éco-bau de Suisse romande. À Fully, il vient de conclure la réalisation d’une maison zéro énergie, mais sa vision va bien au-delà. Pour Léonard Bender, la construction durable dépasse l’épaisseur d’isolation et la pose d’une pompe à chaleur. Son approche intègre de manière équilibrée les trois piliers du développement durable : écologie, économie et société. Il considère minutieusement la forme du bâtiment, son orientation, les ouvertures, les matériaux, mais également la maîtrise des coûts et les moyens de mise en œuvre. Il cherche également à minimiser les interventions énergivores. Dans la réalisation d’une maison à Fully, l’architecte a travaillé avec la topographie, utilisant la pente pour concevoir le projet et réduire l’impact sur le terrain existant. « C’est ce que faisaient mes ancêtres, rappelle Léonard

Bender. Je raisonne non pas en pelle mécanique et camion mais en pelle et brouette, afin de réduire l’impact écologique de la construction. Quand on travaille dans la pente, le travail sur la coupe est essentiel. » La maison s’intègre entre une forêt de châtaigniers et le village de La Fontaine, surplombant la rive droite de la vallée du Rhône. Le dénivelé a permis la création de trois niveaux habitables de plain-pied : l’entrée, la cuisine, le salon, ainsi qu’un quatrième niveau dévolu à un garage couvert. Les aménagements extérieurs, d’inspiration méditerranéenne, sont des prolongements de chaque espace intérieur qui les jouxte directement. Le bois, privilégié dans la construction, favorise une économie circulaire accentuée par le recours aux entreprises locales. L’isolation en laine de verre recyclé, une installation photovoltaïque et une pompe à chaleur complètent les choix constructifs pour atteindre une équation à zéro énergie.

TECHNIQUES DU BÂTIMENT CONSTRUCTION & BÂTIMENT

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DOSSIER

© Cédric Widmer

CONSTRUIRE LA   VILLE


La première étape des Plaines-du-Loup touche à sa fin. Ce quartier constitue un laboratoire expérimental inédit en termes de forme urbaine, de construction et de durabilité. Salomé Houllier Binder

D’ici 2034, l’écoquartier des Plaines-du-Loup accueillera environ 8000 habitants et 3000 emplois. Situé au nord de Lausanne, à proximité de l’aérodrome de la Blécherette, le projet vise à construire un véritable morceau de ville. Son développement interpelle à bien des égards. La critique dénonce en premier lieu sa grande échelle qui induirait un anonymat et une atmosphère froide, inhospitalière et monotone, au détriment des individus qui y habitent. Conscient de cette réputation, le quartier des Plaines-du-Loup mise avant tout sur une qualité d’habitabilité élevée et innove en matière de forme urbaine, de construction et de durabilité écologique et sociale. Le premier plan d’affectation (PA1) développe cinq pièces urbaines. Selon la règle des « quatre quarts » développée par la Ville de Lausanne, investisseurs privés, sociétés d’utilité publique, coopératives et fondations de la Ville se sont vu attribuer à part égale les droits à bâtir. Cette solution favorise de nouvelles formes d’habitat avec une grande variété de construction. Un véritable puzzle urbain dont chaque pièce est

développé par Tribu Architecture. L’écoquartier respecte le concept de la « société à 2000 watts ». De plus, la Ville a imposé un chauffage mutualisé sur l’ensemble du quartier. Un système de pompes à chaleur couplées à une géothermie à moyenne profondeur est alimenté en courant 100 % renouvelable d’origine locale. Une récupération de chaleur sur les eaux usées et une production d’énergie solaire grâce à des panneaux photovoltaïques en toiture viennent compléter le système. À travers une mixité sociale et fonctionnelle, une démarche participative, une réintroduction poussée de la nature et des sutures urbaines, la Ville de Lausanne souhaite faire des Plaines-du-Loup un plaidoyer pour de nouvelles formes de sociabilité urbaine. Par son caractère expérimental et novateur, la première étape des Plaines-du-Loup a soulevé des questions complexes, tant du point de vue constructif que bureaucratique. Alors que le PA2 a déjà été lancé – en débutant par un concours d’architecte-paysagiste, une nouveauté qui envisage une cohabitation équilibrée entre humain et nature –, faisons un tour d’horizon de quelques projets du PA1.

unique et répond tant à son voisin qu’au plan d’ensemble « ZIP »

DOSSIER CONSTRUCTION & BÂTIMENT

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DOSSIER

ENTRE COUR ET PARC Aux Plaines-du-Loup, l’immeuble « Louvoyons » fait partie de la première étape. Il privilégie des appartements traversants, des spatialités fluides, des loggias et un rapport à la cour et au parc. texte : Marielle Savoyat photos : Paola Corsini

Le récent bâtiment de logements et d’activités réalisé par LRS Architectes pour le compte de la Caisse Inter-Entreprises de Prévoyance Professionnelle (CIEPP) est l’un des cinq lots de la pièce urbaine E (lot E4) faisant partie de la première phase de l’écoquartier. Les premiers habitants de ce morceau de ville naissant expérimentent depuis plus d’une année une nouvelle urbanité qui cherche à mêler densité, espaces verts, mixité sociale, écologie et habitat qualitatif. Les formes urbaines et paysagères de cette pièce urbaine ont été définies par le projet de l’équipe formée par les bureaux d’architectes Aeby Perneger & Associés SA et les architectes paysagistes Hüsler & Associés Sàrl, lauréats de mandats d’étude parallèles. Ces derniers ont précédé le triple concours d’architecture portant sur trois des cinq lots distincts de la pièce urbaine E, dont celui remporté par le projet « Louvoyons ». Les deux autres lots ont été développés par des coopératives d’habitation ayant déjà désigné leurs architectes.

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CONSTRUCTION & BÂTIMENT

MIXITÉS ET VARIATIONS L’immeuble du lot E4 accueille ainsi une centaine de logements, du studio au 5,5 pièces – 60 % en loyers régulés et 40 % en loyers libres – qui se déploient en un volume continu, fractionné en quatre plots angulaires. La volonté du maître d’ouvrage a été de favoriser une mixité sociale en mêlant les deux types de loyers et différentes tailles d’appartement. Si les étages sont occupés par les logements, le rez-de-chaussée accueille des activités, telles qu’une salle de fitness, un restaurant, ainsi qu’une crèche qui sera prochainement réalisée. La formule par plots distribués autour de quatre cages d’escalier permet de travailler par endroits une large profondeur et de contraster les côtés cour et parc – s’en dégage une perception différente pour chacun des contextes. En disposant de plus de surfaces de logements en profondeur, cela permet d’abaisser le volume central (R+4) pour laisser passer la lumière dans la cour située au nord et de valoriser les appartements situés à l’arrière.

DOSSIER


De part et d’autre, les plots latéraux sont plus hauts (R+8 et R+6) et offrent un dégagement sur le paysage à un grand nombre d’appartements. Ces différences volumétriques permettent par ailleurs de fractionner l’échelle de l’ensemble. DE L’URBAIN AU DOMESTIQUE Côté parc du Loup, le bâtiment longe l’espace vert d’un front bâti à l’échelle urbaine. L’expression architecturale réinterprète le discours classique de la ville : un socle à deux niveaux, un corps à trois étages, un couronnement à certains endroits. Les pilastres sont plus larges en bas et s’affinent sur la hauteur de l’immeuble. Des effets de mouvements à peine perceptibles peuvent se lire en façades par un jeu de retraits et d’avancées des panneaux sandwich de quelques centimètres. Une expression dynamique se dessine ainsi lorsqu’on approche. Deux passages couverts

parc) dans les zones les moins larges permettent de distribuer les entrées d’immeuble et d’accéder par une transition douce à la cour arrière, dessinée par l’îlot – composé de deux lots. Si le côté lisse et clair des panneaux sandwich en béton préfabriqué domine l’expression très urbaine des façades, le carrelage mural de couleur vert foncé des passages couverts rappelle celui des loggias et introduit les prémisses d’une atmosphère domestique. Dans la même lignée que le fin mouvement induit en façades, le revêtement céramique des murs dans les couverts est posé avec un léger mouvement d’une pièce à l’autre. S’en dégage l’expression du côté vivant de la ville. Côté cour, les redents des volumes permettent d’atténuer l’échelle de la densité, d’en faciliter l’appropriation, d’y apporter un sentiment plus domestique et de limiter les vis-à-vis. Tous les logements ont une loggia, la majorité sont traversants. Tous

à travers le bâtiment (un depuis la façade est, l’autre depuis le

ont un rapport particulier à la cour et/ou au parc et au paysage.

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© Cocoon

FORME, FONCTION ET DURABILITÉ

Le chantier de Cocoon touche à sa fin. Ce développement immobilier majeur de l’Ouest lausannois ambitionne de devenir un nouveau hub d’activités. Un projet architectural caractérisé par une grande rigueur dans sa conception et sa construction. texte : Salomé Houllier Binder


© Cocoon

Réalisé par Ass Architectes associés SA, le projet Cocoon a pour objectif de devenir un nouveau pôle d’activités où dynamisme, durabilité et bien-être ne font qu’un. Idéalement situé, il est relié aux transports publics, à la gare de Bussigny et s’implante le long de l’autoroute A1. Malgré une parcelle triangulaire compliquée régie par le plan partiel d’affectation « En Quinson », le projet réussit avec brio à allier rigueur conceptuelle, modularité, optimisation des surfaces et haute performance énergétique. En tout, ce sont 38 000 m2 de surfaces de bureaux et commerces à louer ainsi que 13 000 m2 de stockage qui sont répartis dans quatre bâtiments. UN SYSTÈME UNIFIÉ, EFFICACE ET FLEXIBLE Afin d’optimiser la surface à louer et de répondre de manière optimale aux contraintes du site, le projet propose un plan en U ouvert sur la ville à l’ouest. Au centre se dresse le bâtiment Central à la forme elliptique. De part et d’autre, deux ailes, Nord et Sud, rejoignent un bâtiment longiligne placé en diagonale le long de l’autoroute, le bâtiment Écran. Les quatre bâtiments possèdent le même programme et sont pensés comme un tout unifié. En plan, l’ensemble suit un quadrillage strict. Chaque bâtiment est composé d’un noyau linéaire qui, telle une colonne vertébrale, reprend tous les

et la coordination technique. De part et d’autre se déploient des ailes, de vastes plateaux qui garantissent une flexibilité d’aménagement à chaque étage, selon les besoins des locataires. Divisibles dès 300 m2, ces plateaux peuvent être livrés bruts ou clés en main. Chaque espace est donc personnalisable et peut évoluer dans le temps en fonction de la demande. En façade, cette unité se lit par un langage linéaire très fort généré par les têtes de dalles en porte-à-faux qui créent des lignes horizontales continues sur l’ensemble des bâtiments. Le dimensionnement de cet avancement remplit plusieurs fonctions : protection solaire estivale, protection thermique hivernale, accessibilité pour leur nettoyage et recherche esthétique – il contribue à une perception de flottement. Le choix du béton blanc accentue visuellement cet effet et contraste avec le noyau plus sombre. Enfin, l’ellipse du bâtiment Central génère une forte centralité. Posé sur pilotis, il donne l’impression de flotter, créant un espace continu extérieur. Il assure ainsi la transparence et la fluidité de circulation entre les différents bâtiments. Cette unité est renforcée par le revêtement de sol et les aménagements extérieurs, tous structurés avec les mêmes matériaux. Végétalisé et entièrement piéton, le rez témoigne de l’attention portée au confort de l’utilisateur tout en tenant compte des aspects pratiques,

flux. Une optimisation efficace pour la production énergétique

techniques et organisationnels.

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