Villejuif-Grand Naples : Territoires Métropolitains

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Equipe DPA (Dominique Perrault + Une Fabrique de la Ville) Membre du Conseil scientifique de l’Atelier International du Grand Paris Étude réalisée pour l’Atelier International du Grand Paris AIGP 3 / Lettre de commande « 2 » / Juin 2015

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VILLEJUIF- GRAND NAPLES TERRITOIRES MÉTROPOLITAINS


ABSTRACT

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Enjeux métropolitains Risques et résilience face au climat Accueil de l’étranger en métropole Stratégie “Groundscape” Stratégie "Hôtel Métropole" Les territoires démonstrateurs Grand Paris / Villejuif Grand Naples / Garibaldi

TERRITOIRE DÉMONSTRATEUR : VILLEJUIF

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Grand Paris : Risques et résilience Accueil de l’étranger Analyse du territoire : Villejuif quartier IGR Méthodologie Application stratégie "Groundscape" Application stratégie "Hôtel Métropole"

GRAND PARIS / GRAND NAPLES

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Une nouvelle métropole : le Grand Naples Enjeux métropolitains Analogies Grand Paris / Grand Naples Naples 2030 City Vision

TERRITOIRE DÉMONSTRATEUR : GRAND NAPLES

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Grand Naples : Risques et résilience Migrations et solidarité Stratégie “Groundscape” Stratégie "Hôtel Métropole"

ANNEXES

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Case studies Présentation des risques Grand Paris Présentation et Cartographie des risques Grand Naples Exposition Groundscape


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ABSTRACT

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Dominique Perrault, architecte urbaniste Équipe DPA : William Yon, Marcello Tavone, Jérémy Moles, Nicolas Ayoub, Caterina Ribolla Équipe « Une Fabrique de la ville » : Jean-Louis Subileau, urbaniste Marina Gaget, Guillaume Hebert


AVANT-PROPOS

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artant de l’hypothèse d’un réchauffement planétaire inévitable, la présente étude détaille deux stratégies de résilience métropolitaine appliquées sur deux territoires : le quartier de gare de Villejuif IGR et la métropole de Naples. Il s’agit d’une part d’identifier les risques, ceux génériques aux métropoles européennes, et ceux spécifiques aux territoires étudiés, puis d’implémenter sur les territoires d’études deux stratégies visant à adapter tant nos infrastructures que nos usages au dérèglement climatique, sans pour autant sacrifier à l’aune de l’ascétisme énergétique toute la joie de vie en métropole. La première stratégie, « Groundscape », consiste à investir le souterrain : valoriser les racines superficielles de la ville pour y créer de nouveaux fonciers tout en augmentant la tolérance des bâtiments aux épisodes climatiques extrêmes. La seconde stratégie, « Hôtel Métropole », s’attèle à augmenter la mobilité dans le logement et le bureau afin de limiter le transport pendulaire. Au lieu de construire « plus », il s’agit ici d’occuper « mieux » en créant des lieux connectés et mixtes sur chaque polarité métropolitaine. Le quartier de la future gare emblématique du Grand Paris Villejuif IGR, constitue un cas d’école concret de la territorialisation d’un équipement (une gare) et d’un projet métropolitain (ZAC Campus Grand Parc) au sein d’un territoire fondamentalement imbriqué dans les dynamiques métropolitaines, où se côtoient des situations urbaines “banales” : tissu pavillonnaire, grands ensembles, dysfonctionnement de l’espace public, surreprésentation de certaines catégories de population... La récente réforme de l’administration territoriale italienne a transformé dix provinces en métropoles. Intervenant au cœur de la ville de Naples, à la jonction de la ville historique et de la ville moderne pour la réalisation de la nouvelle station de métro de la Piazza Garibaldi, nous souhaitons amorcer une réflexion à l’échelle métropolitaine, initier une vision stratégique pour un territoire qui se découvre subitement être une métropole avec les enjeux et les opportunités que cela présente. L’occasion aussi de croiser les perspectives entre « Grand Paris / Grand Naples» et nourrir le benchmark des métropoles mondiales.

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PRÉAMBULE

LA RECHERCHE PROPOSÉE PAR DPA A L’AMBITION D’UTILISER LES DEUX TERRITOIRES POUR « DÉMONTRER » LEURS POTENTIELS EN TERME D’ADAPTATION CLIMATIQUE, ET POUR METTRE À L’ÉPREUVE DES NOUVELLES TYPOLOGIES D’HABITAT. -

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otre compréhension du processus d’avènement et de mise en route de la Métropole du Grand Paris, appelle plusieurs constats liminaires, qui ont orienté la construction du présent rapport mais également le choix de nos territoires d’études. Les dispositions vers lesquelles s’achemine le texte de loi sur le périmètre institutionnel - l’ancien département de la Seine -, la place accordée aux communes et aux territoires, les ressources financières allouées ainsi que les compétences retenues, précisent les traits de la future métropole en même temps qu’elles lui donnent sens. Le processus de définition institutionnelle précise et questionne ce qui relève de la métropole ; les sujets et les territoires pour lesquels elle est d’une part légitime à intervenir, mais aussi pour lesquels l’échelon métropolitain a une véritable valeur ajoutée pour répondre aux enjeux et externalités inhérents à la métropolisation de l’agglomération parisienne : • Réduire les profonds déséquilibres territoriaux (notamment Est / Ouest), • Préparer et armer la métropole au changement climatique, • Prendre position sur ce qui relève de l’intérêt général métropolitain avec l’idée qu’en ce qui concerne de cadre de vie, l’habitat, l’accueil et la mobilité résidentielle, mais également les enjeux de développement et de consolidation de l’attractivité économique, sociale et culturelle, les métropolitains partagent le même destin, un destin qui excède les réponses territoriales.

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Dans le cadre de la présente étude portant sur les enjeux d’adaptation de la Métropole du Grand Paris au déréglement climatique qui semble inéluctable, et dans la perspective de tirer le meilleur parti de la position qui est celle de l’AIGP et de ses 14 équipes d’architectes et urbanistes spatialistes, à savoir, accompagner et questionner la construction métropolitaine en temps réel, c’est-à-dire en parallèle du processus institutionnel, nous avons dégagé deux stratégies en faveur d’une meilleure résilience du territoire. Il ne s’agit pas seulement d’un exercice théorique et abstrait – bien que les stratégies évoquées soient généralisables à un grand nombre de situations métropolitaines – il s’agit aussi d’apporter des éléments de réponses construits sur des convictions profondes concernant le phénomène métropolitain, des dispositifs permettant de rendre aimable et vivable la territorialisation d’un phénomène mondial en faisant la double démonstration : - de la pertinence urbaine de la mobilisation du sous-sol, le “groundscape” dans les projets de territoire, qui offrent une alternative résiliente par nature à la densification par surélévation des polarités les plus intenses de la métropole - de la nécessité de développer de nouvelles « solutions logements » en phase avec l’évolutions des modes de vie. Il s’agit par là de débloquer les parcours résidentiels, dessiner une alternatives aux canaux de mobilité existant, fluidifier le marché du logement par une offre d’habitat temporaire, et décongestionner les flux entrants et sortants au travers d’équipements spécifiquement métropolitain : l’hôtel métropole. Nous proposons donc de faire la démonstration de la pertinence de ces deux protocoles sur deux terrains « de jeu » en montrant d’une part en quel sens ils participent à la résilience des territoires concernés, et d’autre part dans quelle mesure ceux-ci pourraient être répliqués ailleurs dans la métropole. LE CHOIX DES TERRITOIRES Pour des raisons méthodologiques évidentes, nous avons retenu des territoires que nous connaissons bien puisque nous y intervenons. D’un point de vue pratique, cela nous permet de connaitre un certain nombre d’acteurs et de pouvoir ainsi solliciter les pouvoirs publics, et leurs conseils ou encore les équipes de maitrise d’œuvre mobilisées sur et à proximité des projets. Le processus de collecte d’information, d’analyse de data et de prise de site est long et chronophage, nous pensons que la valeur ajoutée d’une équipe comme la nôtre pour l’AIGP est d’être déjà mobilisée sur des opérations faisant écho aux problématiques métropolitaines, en France comme à l’étranger. En effet, sur les deux territoires retenus, nous réalisons des gares emblématiques du nouveau réseau métropolitain, à Villejuif IGR pour le compte de la Société du Grand Paris, et à Naples pour la Metropolitana de Napoli. Il s’agit à chaque fois de grands investissements infrastructurels dont l’aménagement en surface doit servir à requalifier et intensifier l’espace urbain et accompagner la territorialisation de grands projets métropolitains. • Cela se produit d’une part à Naples par l’articulation de la ville historique avec la ville de demain qui se construit sur les ruines de la cità industriale. La forte désindustrialisation a laissé à

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l’Est de la ville un patrimoine qui pourrait constituer une aubaine si la métropole parviennait à faire émerger un vrai projet métropolitain. • Et d’autre part à Villejuif, avec la réalisation programmée d’une future polarité métropolitaine d’excellence dans le domaine de la santé, sur un territoire arborant les stigmates caractéristiques de la banlieue proche, dont l’urbanisation des 40 dernières années a été marquée par l’implantation de très grands équipements, de grandes infrastructures routières et autoroutières, de grands ensembles. Un territoire sur lequel il est urgent d’intervenir, au contact d’un tissu pavillonnaire dont la structure capillaire de distribution viaire rend l’espace public peu amène. Au niveau du quartier de gare, mais également à l’échelle de la communauté d’agglomération du Val de Bièvre, la territorialisation d’un projet métropolitain constitue une formidable opportunité d’anticiper le dérèglement climatique, en synchronisant projet d’infrastructure & projet urbain.

LES ECHELLES Les deux territoires sont observés à des échelles différentes. A Naples, ville historique que la réforme territoriale a récemment promue au rang de métropole, nous approchons la question de la résilience à l’échelle de la métropole, car nous portons la conviction que celle-ci doit se doter d’une véritable vision de territoire et commencer à se penser comme métropole. Si le poids du centre de l’agglomération est comparable dans les deux métropoles (Paris et Naples pesant environ 30% du Grand Paris et du Grand Naples), la figure métropolitaine napolitaine est beaucoup plus diffuse, avec une géographie beaucoup plus contraignante (massif volcanique, méditerranée, …), des dynamiques démographiques économiques, et sociales différentes, ainsi qu’une exposition accrue aux risques climatiques et une plus faible capacité d’adaptation. L’idée est de faire profiter le « Grand Naples » de l’expertise développée par l’AIGP sur le phénomène métropolitain, notamment dans la perspective de la métropole d’après. Les deux stratégies sont donc évoquées à l’échelle métropolitaine, avec une première approche contextualisée sur les risques locaux et les vertus attendues de leur territorialisation napolitaine. A Villejuif, nous travaillons à l’échelle du quartier de gare IGR. Plusieurs raisons justifient ce choix : il s’agit d’un périmètre de référence pour l’ensemble de la métropole, pour lequel la SGP peut endosser le costume d’aménageur pour notamment assurer l’insertion urbaine des gares, amorcer ou renforcer le processus de valorisation et de renouvellement urbain des quartiers riverains et participer à la création de logements dans le cadre du Grand Paris. L’APUR a réalisé des monographies détaillées des quartiers de gare dont celle de Villejuif IGR, ce qui a permis à l’équipe de se focaliser sur l’analyse et l’exploitation des datas plutôt que sur leur collecte. Enfin, le périmètre du quartier de gare englobe le projet de la ZAC Campus Grand Parc, l’IGR, l’interface de la ville avec le Parc départementales de Hautes Bruyères, du tissu pavillonnaire et quelques immeubles tertiaires. C’est donc une bonne échelle pour scénariser un projet urbain, avec une grande diversité de situations et de fonciers, où la polarité nouvelle se trouve en interactions avec le tissu existant.

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Weighted combination of physical (weight 0.19), environmental (0.31),social (0.16), economic (0.24) and cultural (0.1) potential impacts of climate change. Weights are based on a Delphi survey of the ESPON Monitoring Committee.

Impact potentiel du changement climatique ESPON

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impact négatif (-0.1 - >- 0.27)

pas d’impact (> -0.1 - < 0.1)

faible impact (0.1 - < 0.3)

The overall adaptive capacity was calculated as weighted combination of economic capacity (weight 0.21), infrastructural capacity (0.16), technological capacity (0.23), knowledge and awareness (0.23) and institutional capacity (0.17). Weights are based on a Delphi survey of the ESPON Monitoring Committee.

impact moyen (0.3 - < 1.0)

fort impact (0.5 - 1.0) Capacité globale de s’adapter au changement climatique ESPON

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Tres basse capacité d’adaptation au changement climatique

basse capacité

capacité moyenne

grande capacité

plus grande capacité

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TEMPORALITES ET APPROCHE METHODOLOGIQUE Pour la métropole de Naples, l’enjeu premier est de mettre en place une pensée et une conscience métropolitaine. Il s’agit de faire la démonstration de la valeur ajoutée de l’échelon métropolitain pour certaines problématiques d’aménagement du territoire et notamment celles de l’anticipation des crises climatiques et migratoires à venir. Il s’agit à court terme de montrer que les stratégies développées dans le cadre des travaux de l’AIGP peuvent être exportées et recontextualisées, tout en restant aussi effectives et pertinentes pour d’autres métropoles, avec la finalité d’amorcer la création d’un laboratoire ou d’un atelier spécialisé dans la construction métropolitaine. Dans un second temps, un travail de recherche plus quantifié devra prendra le relai afin de valider les faisabilité des différents projets. Pour le quartier de gare de Villejuif IGR, l’objectif est d’intégrer au sein des deux grands projets en cours d’élaboration (la ZAC Campus Grand Parc, et la Gare) les stratégies « groundscape » et « hôtel métropole » afin de faire de ce territoire un véritable démonstrateur des perspectives de recherche et de réflexions métropolitaines. L’état d’avancement du programme urbain autorise à étudier un scénario alternatif concernant les racines des différents équipements prévus. Pour cela nous avons dans un premier temps exposé les risques spécifiques au territoire puis chercher à démontrer à Villejuif l : • la pertinence énergétique et urbaine de développements souterrains autour de la gare, • la pertinence sociale et inclusive de la promotion d’une offre d’hébergement garantissant l’accueil, la mobilité et l’intégration de populations en quête de mobilité, de nouvelles solutions logements ou bien fragilisées par des crises Par ailleurs, un scénario plus théorique et radical (scénario #2) n’ayant pas vocation à être réalisé illustre une typologie architecturale, répétée à grande échelle, favorisant l’activation de surfaces enterrées en surfaces habitables, donc à forte valeur commerciale ce qui permettrait de faire financer ces réalisations par les porteurs de projets, sans subventions publiques. Les réflexions conduites par l’équipe autour du concept de « Groundscape » amènent à s’interroger sur les contraintes, conditions et modalités de mise en œuvre opérationnelle qu’elles soient juridiques, économiques ou réglementaires. Cette contribution constitue une première ébauche de réflexion et de questionnements sur ces aspects. Enfin, et à titre expérimental, et à l’image de l’initiative prise par la ville de Genève de mettre en place un cadastre 3D de son sous-sol, nous préconisons que soit réalisé pour le quartier de gare de Villejuif un relevé cartographique complet du sous-sol permettant de connaitre, en mobilisant notamment les concessionnaires, l’encombrement de chaque conduite souterraine et de simplifier ainsi les démarches de planification et de coordination. A Genève, le Géoservice du cadastre du sous-sol recense, recolle et met à jour tous les objets du sous-sol (installations géotechniques, pieux de fondation, ancrage, parois moulées, sondes géothermiques, …) et constitue un outil d’aide à la planification et à la coordination de de projets.

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STRATÉGIE 1 : GROUNDSCAPE

LA STRATÉGIE «GROUNDSCAPE» CONSISTE À INVESTIR LE SOUTERRAIN: VALORISER LES RACINES SUPERFICIELLES DE LA VILLE POUR Y CRÉER DE NOUVEAUX FONCIERS TOUT EN AUGMENTANT LA TOLÉRANCE DES BÂTIMENTS AUX ÉPISODES CLIMATIQUES EXTRÊMES. -

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n architecture, lorsque l’on veut séparer le dehors du dedans, on construit des murs surmontés d’un toit qui formeront une ligne entre deux milieux, l’un ouvert, l’autre fermé.

Il en va de même lorsque l’on veut représenter l’indépendance entre l’air et la terre. En traçant cette « ligne de sol » qui sépare le dessus du dessous, nous utilisons un modèle de représentation du réel qui, in fine, exprime la seule chose qui n’existe pas. Pourtant, c’est un modèle efficace puisqu’il correspond à la limite de notre vision. Ainsi, nous percevons le paysage comme une surface alors qu’il masque un volume. Ainsi, sous cette ligne de sol d’apparence simple, se cache un univers de possibles, de lieux inédits, existants ou à créer, un véritable paysage souterrain. Le « groundscape » est cet envers du monde, ce que nous verrions en plongeant si le sol était tel l’océan et les villes telles des navires flottant à sa surface. Le groundscape est un landscape d’une autre nature, qui prolonge celui-ci et élargit notre monde. Le groundscape n’est pas nécessairement profond. Sa profondeur en est une mesure mais pas une définition.

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Cette perception du dessous des villes dans un premier temps inquiète, car on l’imagine sombre, humide et peu confortable. Mais si l’on passe de cette perception fantasmatique à une autre, plus physique et sensorielle, le groundscape offre un puissant catalyseur des réseaux urbains, une inertie thermique naturellement idéale, un respect du paysage inégalé, une mise en valeur élégante de notre patrimoine architectural et une palette unique de lumières. Plus encore, le groundscape est économiquement à portée de main car il renferme aussi et surtout une immense réserve de foncier. Pour les promoteurs, il ouvre la possibilité d’étendre un bâtiment dans le respect de son environnement. Pour les pouvoirs publics, c’est une source majeure de revenu par la création de foncier. Ce lieu de ressources nous permet d’intensifier la vie urbaine sans pour autant densifier la ville. Il ne s’agit pas de ‘vivre’ sous terre, mais d’inscrire nos lieux de vie dans leur terre, dans cet épiderme du sol, dans sa couche superficielle, tout en restant ouverts sur le ciel. La surface de la planète ayant été livrée toute entière à notre connaissance, il s’agit là, dans le groundscape, du dernier espace à conquérir pour nos villes, qu’elles soient historiques ou métropolitaines. UNE EXPERTISE L’agence DPA aura conçu depuis 1984 plus de 50 projets ayant attrait au « souterrain architectural », renommé Groundscape parmi lesquels figurent de très grandes réalisations : la Bibliothèque Nationale de France (1989) dont 60% des surfaces sont situées sous le niveau de la rue, les piscine et vélodrome olympiques à Berlin (1992) qui n’émergent du sol que de 50cm, l’université d’EWHA à Séoul (2004) qui est intégralement enfouie sous une immense toiture paysage, ou encore la nouvelle entrée visiteur du Château de Versailles qui exploite le souterrain pour mieux préserver le patrimoine. Aujourd’hui professeur à l’EPFL, Dominique Perrault dispense un cours sur l’architecture souterraine. Il est également membre de l’association française des tunnels et espaces souterrains (AFTES) et membre du conseil scientifique de l’Atelier du Grand Paris (AIGP). Dans ce cadre, l’agence DPA a développé fin 2014 une exposition qui présente ses travaux passés, mais également des « fictions » appliquées à la métropole parisienne. GROUNDSCAPE ET DISCONTINUITÉ Avec l’augmentation de la densité des grandes métropoles et la complexification des flux qui les font vivre, un simple sol ne suffit plus. Cette évidence déjà prédite par le rapport Buchanan de 1963 a mené aux plus importants travaux urbains de l’époque moderne avec la réalisation de lieux à sols multiples. Parmi les grands projets qui ont abouti, on distingue essentiellement deux catégories : ceux qui ont vu l’ingénierie émerger en surface avec un sol artificiel surélevé, et ceux qui ont vu les architectures de la ville descendre en infrastructure en artificialisant le sol naturel. La première catégorie, qui présuppose une tabula rasa peu transposable dans les villes historiques, regroupe par exemple La Défense à Paris et Central à Hong-Kong. Pour la Défense, la perfor-

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mance en terme de flux est indéniable, mais pourtant le ressenti des usagers n’est pas toujours flatteur. En particulier, la question de la frange des dalles n’avait pas été pensée et son traitement a posteriori ne pourra se faire qu’à grands frais. Dans le cas de Hong-Kong, la dalle est fragmentaire, composée d’un archipel de podiums de tours reliés entre eux par des passerelles. Grâce à cela, la progression de la dalle est liée aux architectures des nouvelles tours qui chacune traite son propre rapport au sol. Ces deux cas d’école montrent l’importance de la fragmentation des projets à sol multiple. Plus délicates, on retrouve dans la seconde catégorie les villes de Montréal et Osaka. Pour Montréal, l’intégration souterraine de nombreux passages piétons était avant tout une réponse à un climat particulièrement rude. Pour Osaka, les centres commerciaux souterrains ont été un moyen de financer des passages permettant de traverser sans danger les grandes avenues. Dans les deux cas, le résultat dépasse l’ambition initiale puisque ces villes offrent à la fois des flux performants et une continuité urbaine « traditionnelle » au niveau rue. De manière éclairante, tant pour Montréal que Osaka, le souterrain n’a pas été un grand projet d’infrastructure lancé d’une traite, mais une logique urbaine qui a mené à de nombreux ouvrages souterrains privés et publics. C’est l’agrégation et la connexion de ces souterrains qui ont abouti à la formation de véritables villes souterraines. Notre idée du groundscape appliqué aux villes historiques consiste à enraciner les architectures nouvelles, à leur permettre de se lier à un tissu urbain devenu définitivement tridimensionnel. L’enracinement passe tant par la valorisation des fonctions souterraines avec l’intégration de programmes divers que par les grands espaces qui lient la surface au groundscape. GROUNDSCAPE : UNE STRATEGIE OUVERTE L’agence DPA a réalisé entre 2004 et 2008 une tour dans le quartier des affaires de la ville d’Osaka, que l’on pourrait paradoxalement qualifier de « Groundscape ». En effet, pour mieux enraciner le bâtiment dans le sol multiple de cette partie de la ville, la ‘Fukoku Tower’ propose avec son lobby un large volume qui ouvre le réseau souterrain d’Osaka à la lumière. Par cette stratégie de qualité architecturale qui s’infiltre dans un sous-sol très fréquenté, le lieu a été renommé par les habitants « le rendez-vous ».

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UN FACTEUR DE RÉSILIENCE FONCIÈRE Devant la difficulté croissante de réalisation de projets neufs dans les tissus urbains historiques des grandes métropoles, le recours à des solutions de réhabilitation devient presque systématique. Si cette approche permet de renouveler la ville sur elle-même dans un soucis à la fois patrimonial, administratif et économique, son échelle d’intervention ne permet que très rarement un renouveau urbain. En raison de la rigidité des centres, la création d’une nouvelle urbanité se trouve ainsi trop souvent repoussée sur de nouveaux territoires, ce qui amène un étalement urbain au détriment de la proximité et de la préservation des grands vides. Le travail que nous proposons, qui consiste à aborder la question des villes « par le dessous », invite à considérer le domaine de l’urbain non-plus comme un plan sur lequel on dépose des architectures, ou comme une superposition de plans comme ce fut le cas à la Défense, mais bien comme un espace tridimensionnel capable d’accueillir dans son axe vertical toute la complexité d’un paysage. Cette stratégie n’est bien entendu pas la réponse unique à tous les maux des villes, mais en offrant la possibilité d’agir sur plusieurs leviers inédits, elle permet de débloquer des situations considérées comme inextricables. Le souterrain est apte à recevoir une multitude de programmes, pour peu qu’il soit aménagé de manière aussi qualitative qu’un immeuble usuel hors-sol. Il convient aussi de rappeler que notre conception du « groundscape » est fondée sur l’usage de dispositifs analogues aux cours anglaises : la lumière naturelle est bien présente. En 2008, nous avons expérimenté avec succès le souterrain pour un bâtiment universitaire de 70’000 m² au cœur du campus de EWHA à Séoul, qui reçoit locaux associatifs, salles de cours, salles de sport, auditorium, café, locaux administratifs,… Pour le logement, le caractère mono-orienté des espaces groundscape n’est pas toujours adapté, ou alors dans des cas très particuliers liés à une topographie marquée. Dans les villes, la création de logement ne peut donc se faire de manière systématique en sous-sol. En revanche elle peut se faire indirectement par une stratégie de « substitution » : développer un programme de bureaux en souterrain pour libérer un immeuble convertible en logements. Un développement groundscape permet également d’imaginer de nouveaux lieux publics au cœur des villes : sous les jardins publics, devant des monuments, sous une cour intérieure, le long d’une avenue,… tous les espaces libres de la ville ou presque peuvent accueillir de nouveaux programmes, positionnés au plus proche de leurs publics. En l’absence de nouveau plein, de volume émergeant, il est ainsi possible d’imaginer des projets « invisibles » qui ne remettent en cause ni patrimoines ni perspectives. Sans tabula rasa, on peut ainsi repenser et retravailler ce qui semblait immuable. APPROCHE ÉCONOMIQUE Dans les métropoles denses où la pression immobilière est forte, le groundscape « privé » qui correspond à l’utilisation de ces espaces sous des constructions existantes devient une opportunité au même titre que les surélévations, et reste rentable même à grand frais lorsque l’intervention en sous-œuvre devient particulièrement complexe. C’est par exemple le cas du projet souterrain annoncé par les Galeries Lafayette sous leur magasin Haussmann. En revanche, en l’absence de

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régulation, ces stratégies peuvent engendrer des dérives avec la création de logements en ‘souplex’, ou autres extension surprenantes (cas de Londres qui a du légiférer pour éviter la construction de véritables « bunkers »). La stratégie groundscape des projets « d’initiative publique » est même une source très conséquente de revenu pour les villes puisqu’elle permet de créer du foncier nouveau dans des zones denses. Le surcoût de terrassement est facilement absorbé dans la valorisation du foncier. Par ailleurs dans les territoires les plus denses du Grand Paris, la réalisation des nouvelles Gares du GPE et la densification de certains pôles de transport existants engendrent la réalisation d’ouvrages d’art importants qui nécessite un terrassement, offrent des volumes délaissés parfois importants, et amène un flux de voyageurs à même de justifier des programmes annexes. En effet, l’implantation de surfaces commerciales, d’équipements ou de locaux tertiaires partagés pourrait trouver une réelle rentabilité économique, tirant partie de la fréquentation de ces lieux. Pour ce faire, le changement d’image et l’amélioration de la qualité d’habitabilité de ces espaces est indispensable : il s’agit bien de faire descendre la qualité architecturale des villes sous la surface. APPROCHE JURIDIQUE Même si la cession de « volumes » est une approche de plus en plus fréquente du fait de l’imbrication des éléments de programmes et de la complexification volumétrique des projets architecturaux et urbains, le schéma le plus fréquent des ventes d’emprises foncières correspond à la cession de « terrains » (auxquels sont souvent rattachés des droits à construire notamment dans le cadre de ZAC). Cette définition de la propriété des terrains est déterminée par le Code civil, selon lequel « la propriété du sol emporte la propriété du dessus et du dessous » à l’exception de singularités territoriales et notamment celles imposées par le code minier (article 552). S’il est possible de dissocier juridiquement la propriété foncière de la propriété du tréfonds et de réaliser des expropriations portant uniquement sur les sous-sols (pour la réalisation d’infrastructures notamment), le sous-sol est rarement exploré en France en tant que potentiel de projet. Par ailleurs, la propriété de ces espaces et leur gestion est très fréquemment partagée par de multiples propriétaires rendant leur évolution difficile. Dans cette optique il est nécessaire d’intégrer dès la conception des projets la dimension de leur gestion dans le temps. Celle-ci s’avère souvent très difficile du fait de la nécessité de mettre d’accord tous les ayants droits, propriétaires ou copropriétaires de volumes imbriqués. Un système approprié de développement d’ouvrages en infrastructures est certainement à concevoir en s’inspirant du bail emphytéotique, mais il est certain que tout projet d’envergure visant à proposer l’adaptation de ces grands volumes restera complexe si la propriété est partagée.

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APPROCHE RÈGLEMENTAIRE Pourquoi d’un point de vue réglementaire, les Plans Locaux d’Urbanisme prévoient-ils des hauteurs maximales constructibles, les hauteurs minimales de rez-de-chaussée, et ne régulent quasiment jamais le nombre de niveau de sous-sols autorisés et les hauteurs sous-plafond des niveaux de sous-sols ? Le statut de ces espaces, lorsqu’ils bénéficient de jours naturels, change fortement. Cela est encore plus vrai lorsqu’ils possèdent une façade ouverte apportant de la lumière et transformant ces espaces d’ex « surfaces hors œuvre brute - shob » en surfaces de planchers habitables, disposant de vues, fortement re-valorisés. Les « cours anglaises » ou plus largement les « sauts de loup » ou « failles » permettent de transformer ces espaces ; il est toutefois rare que ceux-ci soient réalisés a posteriori. Les premiers niveaux de sous-sols qui, très souvent, abritent des fonctions importantes (parkings, archives, locaux techniques…), pourraient ainsi faire l’objet de reconversions à long terme à mesure que ces fonctions changent. En effet, si l’on pense aux architectures bancaires qui occupent une partie importante des 8e et 9e arrondissements, au fait que ces bâtiments sont de véritables icebergs, conçus pour abriter autant de places de parking que de postes de travail, et au fait que ces parkings sont aujourd’hui essentiellement vides, on peut déplorer l’absence de PLU du souterrain. Si ces espaces avaient respecté des cotes communes ou des dispositions constructives permettant de les connecter, on aurait aujourd’hui dans Paris le potentiel d’un nouveau réseau commercial souterrain.

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RISQUES VILLEJUIF: LES POINTS CLÉS • Risque d’étanchéité entre les nombreux campus, instituts de recherches, écoles, grandes entreprises et PME technologiques et les quartiers d’habitation qui font ou doivent faire l’objet de programmes de rénovation urbaines – Robert Lebon, Jean Mermoz, Delaune…) afin d’éviter un développement du territoire à deux vitesses. • Risque de spécialisation du tissu économique : plusieurs projets sont conduits par les collectivités renforçant cette caractéristique de « campus urbain de de l’innovation » : construction d’une résidence pour chercheurs de 265 logements à Gentilly, réalisation d’un immobilier pour les start-up innovantes comme à Villejuif « Villejuif Bio Park », à Cachan « La Fabrique »… • Risque de précarisation du au renchérissement des prix de l’énergie des logements existants par rapport aux nouveaux logements, qui bénéficieront pour leur part d’une certification environnementale à jour. (développement énergétique à deux vitesses) • Risque de modification structurelle et rapide de la typologie bâtie avec le développement d’ouvrages significativement plus hauts, générant des masques, des couloirs de vents, une forte densité ressentie, une artificialisation des sols, aggravant la situation présente en matière d’inondation par ruissellement urbain. • Risque de surreprésentation de CSP + et de population vieillissante, lié au profil high Tech du territoire. L’offre existante de logements, essentiellement de grande taille, avec 30 % de logements sociaux, génère peu de mobilité résidentielle. Il s’agit en effet de logements difficiles d’accès, dans lesquels les rotations sont les plus faibles. Cette situation ne favorise pas la mobilité et capte peu de l’énergie des arrivants en métropole, des “movers”.


VERS UNE RÉFLEXION PROSPECTIVE PERMETTANT LA RÉVERSIBILITÉ DE CERTAINS VOLUMES Si l’on considère l’évolution des modes de vie dans les grandes métropoles, et l’évolution des modes de déplacement vers des transports publics plus durables, on peut imaginer que de nombreux volumes de parkings en sous-sol s’avèreront demain inutiles ou superflus. Il serait intéressant de les transformer par l’apport de fonctions nouvelles qu’il s’agisse de services, ou des équipements sportifs par exemple. L’enjeu est donc double : optimiser notre capacité d’intervention sur l’existant pour le revitaliser par le dessous ; mais aussi prévoir dès la conception des bâtiments la future mutabilité des espaces souterrains. Au regard des enjeux de résilience posés à la Métropole du Grand Paris, il serait nécessaire de développer une démarche d’expérimentation interdisciplinaire permettant d’approfondir la réflexion « Groundscape ». Celle-ci pourrait à la fois porter : • sur les techniques de réalisation des sous-sols et de leur reconversion permettant d’imaginer une intensification de la ville dans sa forme bâtie actuelle, • sur les montages ayant permis de reconvertir ces lieux notamment en leur apportant une lumière naturelle en intervenant aux franges du bâti, • sur la mise en réseau des différentes constructions en s’appuyant sur les ouvrages et passages en soussols existants et en leur donnant une plus grande ampleur à l’image de certaines métropoles (Osaka, Montréal, Toronto…), • sur le cadre juridique définissant les modalités de découpage foncier et de gestion permettant de mieux prendre en compte le potentiel de projet de ces volumes. Anticiper la recherche de surfaces complémentaires et la transformation de volumes existants devenus obsolètes, pour permettre le développement de la ville dans les lieux d’intensité ou d’échanges majeurs et ainsi renforcer son attractivité constituent, selon nous un, des enjeux du Grand Paris de demain.

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STRATÉGIE 2 : L’HÔTEL MÉTROPOLE

LA STRATÉGIE «HÔTEL MÉTROPOLE» S’ATÈLE À AUGMENTER LA MOBILITÉ DANS LE LOGEMENT ET LE BUREAU AFIN DE LIMITER LE TRANSPORT PENDULAIRE. AU LIEU DE CONSTRUIRE « PLUS », IL S’AGIT ICI D’OCCUPER « MIEUX » EN CRÉANT DES LIEUX CONNECTÉS ET MIXTES SUR CHAQUE POLARITÉ MÉTROPOLITAINE. -

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’impact du phénomène migratoire sur les territoires est d’autant plus complexe à appréhender que celui-ci est protéiforme avec des migrations de types pendulaires, internationales, saisonnières, touristiques, d’asile politique, … des parcours individuels se jouant sur des temporalités variées, en écho ou en contradiction avec des grandes tendances migratoires que la mondialisation bouscule. L’analyse dynamique des territoires, et notamment des territoires organisés en métropoles, révèle l’importance du volume des populations mobiles, des populations que la citoyenneté ne suffit plus à catégoriser. En effet, derrière les chiffres vertigineux des populations « habitant » les grandes métropoles mondiales se cachent des mouvements d’entrées, de sorties, de va-et-vient, avec des mobilités de longue et de courte distances se côtoyant, mais aussi des parcours résidentiels traditionnels remis en question à la fois par la tension existante sur le marché du logement, mais également par un accroissement des besoins de mobilité, conséquence d’une évolution socio-économique de la vie contemporaine. Bref, on bouge de plus en plus, dans toutes les directions, et s’il est globalement partagé que la dématérialisation et la mondialisation des échanges ont modifié l’économie du temps, de

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l’espace et des déplacements, force est de constater qu’il n’y a pas à ce jour de réponse spatiale satisfaisante à cette « modernité liquide » dont parle Zygmunt Bauman. Dans la compétition que se livrent les grandes métropoles mondiales, la mobilité, la capacité à capter ce monde de flux, à répondre aux besoins de « liquidité » constitue un paramètre clé. Comprendre ce « monde flux » pour envisager les modalités de territorialisation et de caractérisation de l’offre d’accueil adaptée. L’hospitalité de la métropole, c’est-à-dire la capacité qu’aura le Grand Paris à accueillir ses entrants et à débloquer leur parcours résidentiels constitue un enjeu majeur de son développement économique futur, mais également de son attractivité par rapport aux autres métropoles mondiales. De façon caricaturale, on observe le cycle démographique suivant: on arrive à Paris jeune, on y fonde sa famille, à mesure que celle-ci s’agrandit on s’éloigne du centre de la capitale vers la périphérie. Ce cycle s’explique notamment par des blocages dans les parcours résidentiels en raison d’une inadaptation structurelle entre une offre de logement très rigide (baux, faible proportions de studios et deux-pièces, frais d’agence, surcharge du parc social, faiblesse des dynamiques de constructions...) et l’hyper mobilité de la demande. La diversification des étapes dans le parcours résidentiel résultent d’une multiplication des situations transitionnelles au cours d’une vie, un panel plus large de « moments existentiaux » pour lesquels il convient de réajuster les modalités de l’habiter : études, décohabitation, premier emploi, concubinage, chômage, séparation, changement d’emploi et/ou de lieu de travail, naissance d’un enfant, retraite, veuvage, accident… SOLUTION : L’HÔTEL MÉTROPOLE Nous avons utilisé la figure de l’hôtel, comme un outil disponible pour penser et accompagner le fait métropolitain. L’idée n’est pas de répondre à la crise du logement en Île-de-France en complétant l’offre hôtelière de la MGP, en multipliant ici et là ces lieux de résidence temporaire, mais en comblant un trou dans l’offre de logement existante quelque part entre l’hôtel et le chez soi. Nous proposons de mettre en place des “Hôtels Métropole” là où les structures présentes sur le territoire sont suffisantes, à proximité des équipements ou polarités qui attirent les nouveaux entrants en métropole. Grand centre universitaire, quartier d’affaires, bassins d’emplois, clusters scientifiques… Il s’agit d’installer des lieux d’inscription temporaires, pour une pratique mobile et nomade d’un territoire étendu, non circonscrit et discontinu. Une sorte d’habitat étape ou relais dans les parcours résidentiels, à destination des « movers ». Des populations, pas nécessairement précaires, qui à un certain moment de leur vie, se trouvent dans des situations où habiter ne signifie pas nécessairement s’inscrire dans la durée. Via les Hôtels Métropole, les « movers » bénéficieraient d’une offre adaptée, sans congestionner davantage un marché du logement déjà fortement saturé. Implantés non pas seulement dans le cœur de l’agglomération parisienne, mais dans chaque polarité métropolitaine, les hôtels participeront d’une part à la mixité des publics, au développement polycentrique du territoire et permettrait d’augmenter les capacités d’hébergement d’urgence en cas de crise. Le caractère tem-

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poraire de l’usage de ces équipements atténuerait le blocage psychologique qui freine l’implantation des cadres dans des territoires d’avenir, comme la Seine Saint Denis, favorisant ainsi la mixité sociale. MISE EN ŒUVRE A son stade actuel de développement, l’hôtel métropole est une réponse programmatique à un besoin clairement identifié et mesuré par les différentes agences d’urbanisme parisiennes, à savoir la rigidité du marché immobilier par rapport au besoin de mobilité des métropolitains. Nous avons donc défini une réponse servicielle à ce besoin, ce qui laisse présager de l’existence d’un business model permettant d’opérer l’hôtel métropole comme une entreprise. Pour autant, l’hôtel métropole ne peut se réduire à une simple entreprise privée. Son essence, qui prône une certaine mixité sociale dans les personnes accueillies dans sa partie résidentielle, nécessite une forme de discrimination des clients à l’instar du parc locatif social. Son opération serait donc d’un format hybride public-privé, passant par un bailleur social. Preuve de l’actualité du concept, certaines expérimentations menées par la RIVP et sa filiale Richemont font échos à l’hôtel métropole : Couvent des Récollets, futur Home-Office,… D’autres réflexions sont menées par le groupe la Poste, qui imagine le futur des grandes « postes » historiques. Cela rappelle que l’hôtel métropole fonctionne préférablement en réseau. Si chaque entité peut avoir sa propre caractéristique ou architecture, il est important que l’entreprise hôtel métropole soit clairement identifiée comme un acteur de premier plan à l’échelle française, comme la Poste l’est aujourd’hui. Afin de créer une pareille entreprise, notons que Paris dispose deux opportunités majeures, à commencer par le futur réseau de transport du Grand Paris lance la création d’une infrastructure qui pourrait être un premier support idéal au réseau des hôtels métropole. Paris a annoncé sa candidature aux jeux Olympiques de 2024, et fera peut-être également candidature à l’Exposition Universelle de 2025. Pour ces grands évènements internationaux, il est estimé que la France pourrait accueillir environ 80 millions de visiteurs sur l’année, ce qui nécessiterait la création d’une immense capacité d’accueil hôtelière. Alors qu’aucun hôtelier ne voudrait investir dans une infrastructure d’accueil pour seulement une année, cette opération pourrait servir à créer le réseau des hôtels métropole sur tout le territoire. Il s’agirait grâce à ces deux evènements de créer en premier lieu une manière inédite de visiter un pays, qui se transformera dans le temps en outil à disposition des « movers » métropolitains.

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AGENDA DES SOLUTIONS ET COP21 L’année 2015 est avant tout rythmée par l’échéance de la Conference of Parties #21, qui se tiendra à Paris et devra aboutir à un accord international historique. En marge des négociations entre états, la société civile pourra se saisir de cette opportunité pour s’inscrire dans « l’agenda des solutions » qui recense les initiatives privées répondant à deux préoccupations fondamentales liées au réchauffement climatique : l’atténuation et l’adaptation.

GROUNDSCAPE : LES POINTS CLÉS •

Habitat passif: Les bâtiments développés en sous-sol utilisent un système de ventilation naturelle dit “puits canadien” qui est assuré sans énergie auxiliaire. Le puit canadien est un échangeur géothermique à très basse énergie utilisé pour rafraîchir ou réchauffer l’air ventilé dans un bâtiment en utilisant l’inertie thermique du sol.

Nouveau foncier: L’incrustation de certaines fonctions urbaines (data center, logistique, nouvelles activités industrielles, etc) permet de densifier la ville en profondeur au lieu d’étendre sa surface, favorisant la protection des espaces naturels. Le développement des racines des bâtiments constituent une première réponse spatiale à l’évolution des modes de travail, de produire, et d’habiter, sur des chronotopies urbaines élargies.

Episodes climatiques extrêmes: Les bâtiments developpés en sous-sol bénéficient d’une excellente inertie, permettant de lisser les besoins en énergie lors d’évènements climatiques extrêmes (chaud et froid).

GROUNDSCAPE Dans ce cadre, l’approche souterraine de la ville offre une réponse aussi inattendue que pertinente, jouant simultanément sur ces deux plans. Citons tout d’abord la performance énergétique du dispositif : un bâtiment souterrain est parfaitement adapté à recevoir des systèmes de géothermie à base d’air, du type « puit canadien ». Par exemple, pour l’université de EWHA conçu par DPA en Corée, nous avons réalisé le long des parois moulées tout un labyrinthe thermique qui « tempère » l’air extérieur avant de l’acheminer dans les centrales de traitement situées au fond du bâtiment. De la sorte, dans un pays aux amplitudes thermiques particulièrement marquées, l’air hivernal à -10°C est gratuitement préchauffé de +20°C et l’air estival à +30°C est gratuitement refroidi de -6°C. Cette économie d’énergie qui se répercutera sur toute la vie du bâtiment, a notamment justifié un supplément de confort : les hauteurs sous plafond ont été fixées assez hautes, puisque le volume d’air à contrôler n’était plus problématique. Cette économie en gestion thermique qui compense très largement le surcoût de lumière artificielle (pour l’ambiance des espaces en seconds jour) s’inscrit donc dans la durée et une volonté d’atténuation. Ensuite vient la performance urbaine du groundscape : construire au plus près de la demande pour limiter le besoin de transport, et construire en sous-sol pour limiter l’étalement urbain. De la sorte, le groundscape permet de bâtir tout en conservant les espaces verts. Dans le cas de l’université de EWHA, la toiture paysage s’intègre

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ainsi dans un système global de gestion de la ressource « eau » à l’échelle du campus. L’argument le plus fort est bien entendu la résilience du dispositif aux crises. Le sous-sol offre d’une part une résistance aux séismes, pour peu que certaines règles structurelles soient respectées, et d’autre part une résistance aux épisodes climatiques extrêmes, canicules comme grands froids. En effet, la profondeur a pour effet de lisser les températures dans le temps en raison de la forte inertie des terres. Dès 1m de profondeur, les températures sont lissées sur un mois, esquivant ainsi une canicule d’une semaine. Et vers 5m de profondeur, on observe même un déphasage de 6 mois : autrement dit, à 5m de profondeur, le sol est à son maximum de température en hiver et son minimum en été. HÔTEL MÉTROPOLE Bien qu’il s’agisse ici d’un objet programmatique et non technique, le rôle de l’hôtel métropole (HM) dans la révolution des usages aurait un impact fort sur nos modes de vie. En effet, l’hôtel métropole n’est rien d’autre qu’un fluidifiant urbain, qui suit l’idée selon laquelle « la mobilité n’est pas seulement le transport ». En fluidifiant l’offre résidentielle, un réseau d’HM permettrait d’abaisser le seuil de durée à partir de laquelle une personne devant se rendre quotidiennement dans un lieu éloigné de son domicile viendrait à déménager. Parallèlement, en fluidifiant l’offre d’espaces de travail, il permettrait de diffuser une offre qualitative d’espaces de réunion, de télétravail, etc. dans chaque polarité métropolitaine.

HÔTEL MÉTROPOLE : LES POINTS CLÉS

• Une économie solidaire : si la ville-hôtel peut accueillir les riches métropolitains (par leur capital ou leur revenu), quid de son accessibilité pour les autres ? Et pour ceux qui n’ont que le revenu mais pas le capital, la ville-hôtel signifie aussi précarité permanente.

• Une nouvelle réponse: l’hôtel métropole est une offre sociale qui ambitionne de fournir un service indépendant des revenus. • L’hôtel métropole est un repère dans le territoire métropolitain et un mixeur de programmes

• L’hôtel métropole est une typologie qui transgresse les modalités traditionelles de l’habitat. Avec internet et surtout le smartphone (véritable adresse du métropolitain), ce fantasme devient de plus en plus possible : habiter partout. Cette révolution correspond à l’explosion de l’offre «AirBnB» et plus généralement à l’économie 2.0

Au-delà de ces considérations énergétiques, l’hôtel métropole développe un important dispositif sociétal qui participe à la création d’une « métropole d’après » plus juste. Par son agrégation de programmes innovants, l’hôtel métropole vise à créer une communauté de métropolitains rassemblés autour d’une culture du partage. Il ne s’agit donc pas de construire plus, mais d’occuper mieux, de faire plus avec autant. VILLEJUIF- GRAND NAPLES TERRITOIRES MÉTROPOLITAINS 25


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TERRITOIRE 1 :

GRAND PARIS / VILLEJUIF

AUJOURD’HUI MAL CONNECTEE AU RESEAU METROPOLITAIN, VILLEJUIF N’A QUE PEU TIRE PARTI DE SA POSITION GEOGRAPHIQUE STRATEGIQUE, A L’INTERSECTION DE 3 POLES MAJEURS (PARIS, LE MARCHE DE RUNGIS ET L’AEROPORT D’ORLY). LA FUTURE GARE DE VILLEJUIF IGR CHANGE STRUCTURELLEMENT LA DONNE, EN PERMETTANT A TERME L’ACCES A L’ENSEMBLE DE LA METROPOLE EN 45 MINUTES, SOIT A UN TERRITOIRE 5 FOIS PLUS VASTE QU’AUJOURD’HUI. -

’arrivée d’un nouveau réseau souterrain métropolitain est l’occasion de redéfinir l’urbanité des territoires identifiés comme stratégiques dans le projet du Grand Paris.

tion sur le cancer, de dimension mondiale. Dans la perspective de la COP 21, nous proposons d’intégrer au processus de projet urbain deux dispositions participant à l’adaptation de cette polarité métropolitaine à la déréglementation climatique.

Ainsi, le projet de gare emblématique est indissociable du projet d’aménagement du pôle d’excellence qui se constitue autour de l’Institut Gustave Roussy. Les potentialités constructives importantes font l’objet d’un projet d’aménagement (ZAC Campus Grand Parc) qui vise à renforcer les structures urbaines autour d’un pôle de santé, de recherche, de développement et de forma-

Il s’agit de mobiliser d’une part le souterrain pour développer des ouvrages résilients et connectés, de concevoir des volumes disponibles pour recevoir des usages non encore connus sans surdensifier en surface et d’intégrer d’autre part de nouveaux équipements, à l’image des “Hôtels de Ville” favorisant l’accueil et la mobilité des métropolitains.

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TERRITOIRE 2 :

GRAND NAPLES / GARIBALDI

DEPUIS LE 1ER JANVIER 2015, DIX PROVINCES ITALIENNES ONT ETE TRANSFORMEES EN VILLES METROPOLITAINES. LES LIMITES DE CES NOUVELLES ENTITES TERRITORIALES CORRESPONDENT AUX LIMITES DES PROVINCES HOMONYMES SUPPRIMEES. LA DECISION DE PASSER A CETTE CONFIGURATION ADMINISTRATIVE A ETE JUSTIFIEE PAR DEUX ARGUMENTS PRINCIPAUX : D’UNE PART, POUR ALLEGER ET ACCELERER L’APPAREIL ADMINISTRATIF ET DE L’AUTRE, POUR GERER D’UNE MANIERE PLUS COORDONNEE ET PRECISE DES TERRITOIRES PLUS VASTES ET QUI PRESENTENT DES PROBLEMATIQUES PLUS COMMUNES A L’ECHELLE NATIONALE. a nouvelle entité métropolitaine de Naples pourrait potentiellement constituer un ensemble territorial clé du Sud du continent, notamment grâce à sa position centrale sur le bassin méditerranéen. En réalité, l’insuffisance d’infrastructures, la baisse de l’activité industrielle, l’incapacité de capter les flux provenant d’Orient et une difficulté plus générale à attirer les capitaux étrangers (économiques et humains) ont placé Naples en marge des grandes villes-mondes. Cette marginalité relative est d’autant plus surprenante que Naples possède, au-delà de son histoire et de sa géographie de réels atouts. Naples est une

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polarité universitaire majeure, avec ses cinq pôles (dont l’un des plus anciens d’Europe) qui attirent plus de 200 000 étudiants, mais dont cependant la population est très faiblement internationale. Si Naples est, de facto, une métropole européenne, celle-ci n’a pas encore trouvé les moyens pour s’affirmer complétement. Elle a acquis une structure administrative lui permettant de s’étendre sur un territoire plus vaste mais elle n’a pas encore une vision stratégique pour se projeter en tant que future ville globale.

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Equipe DPA (Dominique Perrault + Une Fabrique de la Ville) Membre du Conseil scientifique de l’Atelier International du Grand Paris Étude réalisée pour l’Atelier International du Grand Paris AIGP 3 / Lettre de commande « 2 » / Juin 2015


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Dominique Perrault, architecte urbaniste Équipe DPA : William Yon, Marcello Tavone, Jérémy Moles, Nicolas Ayoub, Caterina Ribolla Équipe « Une Fabrique de la ville » : Jean-Louis Subileau, urbaniste Marina Gaget, Guillaume Hebert


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RISQUES ET RÉSILIENCE ACCUEIL DE L’ÉTRANGER ANALYSE DU TERRITOIRE : VILLEJUIF QUARTIER IGR

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MÉTHODOLOGIE

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APPLICATION STRATÉGIE « GROUNDSCAPE »

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APPLICATION STRATÉGIE « HÔTEL MÉTROPOLE »

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GRAND PARIS :

RISQUE ET RÉSILIENCE

LA MÉTROPOLE PARISIENNE SUBIT UN CHANGEMENT CLIMATIQUE NOTABLE DEPUIS UNE DÉCENNIE. DEPUIS LE DÉBUT 20ÈME SIÈCLE, ON NOTE UNE AUGMENTATION DES TEMPÉRATURES MINIMALES DE 1,4°C ENTRE 1901 ET 2000. -

La métropole parisienne subit un changement climatique notable depuis une décennie. Depuis le début 20ème siècle, on note une augmentation des températures minimales de 1,4°C entre 1901 et 2000 à Paris, avec notamment une accélération significative à partir de la deuxième moitié du siècle. Il en va de même pour les températures maximales parisiennes qui ont nettement augmenté au cours de la seconde moitié du 20ème siècle, plus précisément de 1,5°C entre 1954 et 2009. De plus, on constate une augmentation de 11% des précipitations annuelles de 1901 à 2000, ainsi qu’une diminution de 10% de ces dernières dans la première décennie du 21ème siècle (2001-2010). Si cette tendance se poursuit,

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d’ici la fin du 21ème siècle, on assistera une augmentation significative de températures, entre +2 et +4°C, et des épisodes caniculaires (10 - PARIS EST SOUMISE À DE MULjours en moyenne par an TIPLES RISQUES, À LA FOIS EN contre 1 seul aujourd’hui), RAISON DE SON CONTEXTE GÉOainsi qu’une diminution GRAPHIQUE ET DE SON DÉVELOPde la fréquence des vagues PEMENT HISTORIQUE de grand froid. D’autre part, Paris est soumise à de multiples risques, à la fois en raison de son contexte géographique et de son développement historique : le risque naturel majeur qui menace l’aire métropolitaine est l’inondation : 4,7% du territoire francilien est potentiellement à risque. Par ailleurs, elle est également affectée


par d’autres risques majeurs, liés aux déséquilibres climatiques notamment. La canicule et le grand froid constituent deux risques très important pour l’agglomération parisienne : lors de l’été 2003, la France connaît une hausse de températures inédites, plus de +2°C pour les températures maximales et plus de +3,5°C pour les minimales (d’après Météo France). Il en va de même pour les mouvements de terrain, principalement causés par l’important réseau de carrières souterraines. Enfin, Paris est exposée à des risques anthropiques et technologiques, liés à la présence de sites industriels dans son agglomération ainsi qu’en raison du transport de matières dangereuses. Face au changement climatique et à la nécessité de l’adaptation du territoire, le Plan Climat est adopté par le Conseil de Paris le 1er octobre 2007. Il cherche à la fois à réduire l’impact du territoire sur le changement climatique, en limitant les émissions de GES, et augmenter sa capacité d’adaptation en vue de réduire sa vulnérabilité. Le Plan Climat prévoit un large éventails d’actions de résilience dans plusieurs domaines : habitat, urbanisme, gestion des ressources et des déchets, transports et déplacements, alimentation, ... Outre le Plan Climat, il existe également un Plan National d’Adaptation au Changement Climatique. L’ensemble de ces plans stratégiques montre la capacité de Paris, en tant que ville métropolitaine, à s’adapter au changement climatique. Les objectifs affichés par la communauté internationale par le biais du plan «Énergie Climat» de l’Union Européenne sont appelés les «3 x 20%». Ils visent pour 2020 par rapport à 2004 : 20% de diminution des émissions de GES ; 20% d’amélioration de l’efficacité énergétique ; 20% d’énergies renouvelables dans la consommation énergétique. A ce titre, le Plan Climat prévoit pour l’agglomération parisienne des objectifs supérieurs à ceux exigés par l’UE ; ainsi l’ensemble des éléments cités précédem-

ment viseront désormais «3 x 25%» (pour 2020 par rapport à 2004). De plus, la Ville de Paris souhaitant faire figure d’exemple, les objectifs pour 2020 (par rapport à 2004) seront de «3 x 30%» pour l’ensemble de l’administration publique (parc municipal, éclairage public). Dans les pages qui suivent nous avons tenté de résumer les risques majeurs - naturels, technologiques et sociaux - qui affectent la métropole parisienne. Ce que nous proposons n’est pas un diagnostic, qui a pour ambition de donner une vision exhaustive du sujet. Il s’agit plutôt d’une vision globale des risques auxquels les futures opérations d’aménagement du territoire seront obligées de répondre. Les difficultés rencontrées dans nos recherches ne résident pas dans le manque d’informations, mais au contraire dans l’in- - L’ENSEMBLE DE CES PLANS finité de datas disponibles STRATÉGIQUES MONTRE LA CAPACITÉ DE PARIS, EN TANT QUE VILLE ; un fait qui souligne le MÉTROPOLITAINE, À S’ADAPTER AU niveau prépondérant de CHANGEMENT CLIMATIQUE.«knowledge and awareness » dont fait preuve l’Îlede-France et qui démontre l’attention de la region concernant sa nécessaire adaptation au changement climatique. L’Etat, les régions, les départements, la métropole et les différents communes ont développé et rendu public de nombreuses recherches, diffusées sous différents formats, qui présentent les types de risques, le niveau d’exposition des territoires, la responsabilité de l’action humaine sur le changement climatique, les stratégies de résistance et résilience qui doivent être adoptées, ainsi que les temporalités de chaque action. Le protocole de Kyoto, le Covenant of Mayors, le plan climat, le plan d’adaptation constituent un énorme éventail d’outils capables de quantifier et qualifier les dérèglements climatiques ; ce qui reste à investiguer c’est comment la réponse aux risques peut devenir une véritable opportunité pour projeter et construire la métropole de demain.

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GRAND PARIS :

CARTOGRAPHIE DES RISQUES RISQUE DE GRAND FROID 3

-13,9°C l’une des températures plus basses en Ile-de-France en 1984

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Le grand froid se définit par une chute importante de températures, caractérisé par son intensité, son étendue géographique et sa persistance. Les très faibles températures durent au minimum deux jours.

Comparaison des variables hivernales par rapport aux normales de saison en Ile-de-France de 1987 à 2010 QUI SURVEILLE?

Météo France avec Institut de veille sanitaire (InVS) et la Direction Générale de la Santé (DGS) Surveiller et alerter au quotidien sur les risques de survenue de fortes chutes de températures afin d’en limiter les conséquences. QUI INTERVIENT?

Plan Grand Froid Prévenir et limiter les dommages. Permet aux préfectures de mettre en œuvre les moyens nécessaires pour subvenir aux besoins de la population, en particulier des plus démunis.

RISQUE DE MOUVEMENTS DE TERRAIN

Un mouvement de terrain est un phénomène naturel se caractérise par un ou plusieurs déplacements d’intensités variées du sol ou du sous-sol.

300 km de carrières souterraines sous Paris 195 mouvements de terrains enregistrés en Ile-deFrance Carte des mouvements de terrain enregistrés dans le Grand Paris

QUI SURVEILLE?

Inspection Générales des Carrières (IGC) Réaliser un inventaire en établissant et en mettant à jour la publication de cartes des carrières souterraines. Conduire des travaux visant à renforcer les anciennes carrières par des comblements ou des remblaiements. QUI INTERVIENT?

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Plan de prévention des risques naturels (PPRN) - Mouvements de terrain Limiter et prévenir les dommages des zones à risques, en permettant une meilleure préparation des institutions compétentes.


RISQUE INDUSTRIEL

Un risque industriel est un accident qui se produit sur un site industriel entraînant des conséquences immédiates graves pour les populations avoisinantes, le personnel, les biens et l’environnement.

30 personnes décédées 2000 blessées par l’explosion de l’usine AZF à Toulouse en 2001 86 sites industriels classés Seveso en Ile-de-France Carte des sites industriels classés « Seveso seuil haut » dans le Grand Paris QUI SURVEILLE?

STIIIC - Service Interdépartemental d’Inspection des Installations Classées Classer les établissements industriels présentant des risques et surveiller afin de prévenir les accidents en limitant les dommages. QUI INTERVIENT?

Plans de prévention des risques technologiques (PPRT) Permet la mise à disposition d’hébergements d’urgence, d’un ravitaillement, d’un encadrement ainsi qu’une assistance sociale.

RISQUE D’INÉGALITÉS TERRITORIALES

Un risque d’inégalités territoriales concerne un individu ou un groupe d’individus qui dispose d’un accès différencié à certains biens ou services en lien avec sa situation géographique.

40% de plus de risque de pauvreté pour un ménage francilien qu’un ménage de province 13,2% des franciliens sont pauvres Carte de la géographie sociale des Franciliens selon le profil de revenus des ménages en 2011 QUI SURVEILLE?

Insee Indicateurs d’inégalités sociales : mise en place d’un système cohérent d’informations annuelles sur les inégalités sociales, les revenus et la pauvreté. QUI INTERVIENT?

Direction Générale de la Cohésion Sociale Prévention et lutte contre les exclusions, inclusion sociale et insertion des personnes en situation de précarité.

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RISQUE D’INONDATIONS

Le risque d’inondation constitue le premier risque naturel en France. Il s’agit d’un phénomène naturel caractérisé par une submersion temporaire de terres, qui ne sont pas submergées initialement par les eaux.

8,62m 1910

Pourcentage de zones exposées aux inondations en Ile-de-France

4,7

6,18m 1982 PHEN1

300 - 400 millions € dépenses de l’Etat français dans la prévention

Alerte Vigilance Le Zouave du Pont de l’Alma à Paris, instrument populaire de mesure des crues de la Seine QUI SURVEILLE?

Vigicrues - Service Central d’Hydrométéorologie et d’Appui à la Prévision des Inondations (SCHAPI) Alerte et vigilance au quotidien grâce aux stations de mesures et aux prévisions météorologiques pour anticiper le risque de crues. QUI INTERVIENT?

Plans de prévention des risques inondations (PPRI) Evaluer les zones inondables et proposer des solutions techniques, juridiques et humaines pour répondre aux catastrophes naturelles.

Plus Hautes Eaux Navigables 2 Plus Hautes Eaux Connues

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RISQUE DE CANICULE 3

19 500 personnes décédées en France pendant la canicule de 2003

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2003

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-2 1987

La canicule se définit comme un niveau de températures très élevées le jour et la nuit durant trois jours consécutifs a minima. Les deux paramètres inhérents à la canicule sont ainsi la chaleur et la durée.

39,5°C un des records de températures lors de la canicule de 2003

Comparaison des variables estivales par rapport aux normales de saison en Ilede-France de 1987 à 2010 QUI SURVEILLE?

Météo France avec Institut de veille sanitaire (InVS) et la Direction Générale de la Santé (DGS) Vigilance et alerte au quotidien sur les risques de survenue de fortes chaleurs afin de limiter les conséquences d’une canicule. QUI INTERVIENT?

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Plan Canicule Anticiper l’arrivée d’une canicule et définir les démarches à suivre aux plans local et national afin de prévenir et limiter les dommages, en particulier pour les personnes les plus fragiles.


ZONES INONDABLES

Dans l’hypothèse où une inondation de la même ampleur que celle de 1910 se reproduirait en Ile-de-France, où 4,7% du territoire sont exposés au PHEC, cette dernière impacterait directement et indirectement près de 5 millions de citoyens et de nombreuses entreprises.

Carte des zones inondables du Grand Paris Plus Hautes Eaux Connues (PHEC)

GRAND PARIS - CANICULE 2003

Durant l’été 2003, la France a connu une canicule inédite et exceptionnelle ; en effet, il s’agit de l’été le plus chaud depuis 1950. La surmortalité entrainée est très importante. L’INSERM l’estime à près de 19 500 décès. La région Île-de-France figure parmi les plus touchées, la mortalité y ayant plus que doublé durant les vingt premiers jours d’août d’après l’INED.

Carte des températures moyennes du Grand Paris durant la canicule de 2003 24°C

23°C

22°C

21°C

20°C

19°C

VILLEJUIF- GRAND NAPLES TERRITOIRES MÉTROPOLITAINS 9


GRAND PARIS :

L’ACCUEIL DE L’ÉTRANGER

L’IMPACT DU PHÉNOMÈNE MIGRATOIRE SUR LES TERRITOIRES EST D’AUTANT PLUS COMPLEXE À APPRÉHENDER, QUE CELUI-CI EST PROTÉIFORME AVEC DES MIGRATIONS DE TYPES PENDULAIRES, INTERNATIONALES, SAISONNIÈRES, TOURISTIQUES, D’ASILE POLITIQUE, … DES PARCOURS INDIVIDUELS SE JOUANT SUR DES TEMPORALITÉS VARIÉES, EN ÉCHO OU EN CONTRADICTION AVEC DES GRANDES TENDANCES MIGRATOIRES QUE LA MONDIALISATION BOUSCULE. ’analyse dynamique des territoires, et notamment des territoires organisés en métropoles, révèle l’importance du volume des populations mobiles, des populations que la citoyenneté ne suffit plus à catégoriser. En effet, derrière les chiffres vertigineux des populations « habitant » les grandes métropoles mondiales qui alimentent les classements des villes mondes se cachent des mouvements d’entrées, de sorties, de va-etvient, avec des mobilités de longue et de courte distances se côtoyant, mais aussi des parcours résidentiels traditionnels remis en question à la fois par la tension existante sur le marché

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du logement, mais également par un accroissement des besoins de mobilité, conséquence d’une évolution socio-économique de la vie contemporaine. Bref, on bouge de plus en plus, dans toutes les directions, et s’il est globalement partagé que la dématérialisation et la mondialisation des échanges ont modifié l’économie du temps, de l’espace et des déplacements, force est de constater qu’il n’y a pas à ce jour de réponse spatiale satisfaisante à cette « modernité liquide » dont parle Zygmunt Bauman. Dans la compétition que se livrent les grandes métropoles mondiales, la mobilité, la capacité


à capter ce monde de flux, à répondre aux besoins de « liquidité » constitue un paramètre clé. Comprendre ce « monde flux » pour envisager les modalités de territorialisation et de caractérisation de l’offre d’accueil adaptée. L’observation de la dynamique démographique du Grand Paris révèle tout d’abord une singularité dans le paysage des grandes agglomérations françaises, à savoir un fort déficit migratoire avec la province. De façon caricaturale, on observe le cycle démographique suivant: on arrive à Paris jeune, on y fonde sa famille, à mesure que celle-ci s’agrandit on s’éloigne du centre de la capitale vers la périphérie (1ère et seconde couronne pour finalement quitter la région Ile-de-France ou bien s’installer sur ses franges. Ce cycle s’explique notamment par des blocages dans les parcours résidentiels en raison d’une inadaptation structurelle entre une offre de logement très rigide (baux, faible proportions de studios et deux pièces, frais d’agence, surchage du parc social, faiblesse des dynamiques de constructions...) et l’hyper mobilité de la demande. La diversification des étapes dans le parcours résidentiel résultent d’une multiplication des situations transitionnelles au cours d’une vie, un panel plus large de « moments existentiaux » pour lesquels il convient de réajuster les modalités de l’habiter : études, décohabitation, premier emploi, concubinage, chômage, séparation, changement d’emploi et/ou de lieu de travail, naissance d’un enfant, retraite, veuvage, accident… Nous avons utilisé la figure de l’hôtel et l’imaginaire chargé qu’il véhicule, comme un outil disponible pour penser et accompagner le fait métropolitain. L’idée n’est pas de répondre à la crise du logement en Île-de-France en complétant l’offre hôtelière de la région Capitale, en multipliant ici et là ces lieux de résidence temporaire, mais en comblant un trou dans

l’offre de logement existante quelque part entre l’hôtel et le chez soi. Comme le décrit Claire Juillard , co-directrice de la Chaire Ville & Immobilier, Université Paris Dauphine: «Échanges migratoires déficitaires avec le reste du pays mais excédentaires avec l’étranger et excédent naturel élevé: atypique dans le paysage français, Paris se distingue, en réalité, par ce «moteur démographique à trois temps » caractéristique de grandes métropoles internationales telles que Londres, New-York et San Francisco. Faut-il le rappeler, son attractivité à l’international constitue d’ailleurs l’un des principaux enjeux du Grand Paris. Pour la consolider, il ne s’agit pas tant de réduire le nombre de sorties du territoire que de favoriser les entrées, notamment des jeunes. Il s’agit d’entretenir le mouvement de la métropolisation auquel participent les flux migratoires et de renforcer encore la place de Paris dans les circuits de mobilité, en France comme à l’international. » En effet, comme l’exposait Philippe Louchart, démographe, chargé d’études à l’IAU (Institut d’aménagement et d’urbanisme) dans le cadre du séminaire dédié à l’AIGP, on observe les mêmes tendances en Île-de-France que dans les deux premières villes globales de la planète, (Londres et New York) à savoir un moteur démographique à 3 temps qui voit sa population progresser de 50 000 à 60 000 personnes par an depuis près de 40 ans et se caractérise par :

• Un excédent naturel élevé (+106 000 par an depuis 1999) • Des échanges migratoires déficitaires avec le reste du pays … (de -75 000 à -95 000 par an depuis 1999) • … mais positifs avec l’étranger (+25 000 à +45 000 par an depuis 1999).

VILLEJUIF- GRAND NAPLES TERRITOIRES MÉTROPOLITAINS 11


Ainsi le Grand Paris opère comme un point de passage obligé dans le parcours des actifs. La métropole opère comme une machine à fabriquer des actifs, on y entre jeune, on s’y forme et spécialise, on y exerce les premières années de sa vie professionnelle, et si la mobilité résidentielle l’autorise on y demeure jusqu’à la retraite. En parallèle de l’amélioration nécessaire des conditions d’accueil des populations entrantes (mais également celles des populations qui cherchent à s’inscrire dans la durée dans la métropole), le Grand Paris devra veiller à son adaptation à la nouvelle économie, dans la perspective de former des actifs et des entrepreneurs compétitifs, maitrisant les nouveaux leviers de croissance. L’économie de l’information, du savoir, de la donnée, l’économie circulaire, les circuits courts, les plateformes de partage, … constituent des composantes du projet métropolitain à part entière, et leur bonne compréhension et intégration en font des facteurs d’attractivité et de développement des territoires. L’HOSPITALITÉ DE LA MÉTROPOLE, C’EST-À-DIRE LA CAPACITÉ QU’AURA LE GRAND PARIS À ACCUEILLIR SES ENTRANTS ET DE DÉBLOQUER LEUR PARCOURS RÉSIDENTIEL CONSTITUE UN ENJEU MAJEUR DE SON DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE FUTUR, MAIS ÉGALEMENT DE SON ATTRACTIVITÉ PAR RAPPORT AUX AUTRES MÉTROPOLES MONDIALES.

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« NOTRE ÉPOQUE REPOSE SUR UNE MYTHOLOGIE DE LA MOBILITÉ, NOTAMMENT GÉOGRAPHIQUE, CENSÉE À LA FOIS ASSURER L’ADAPTATION À UN MARCHÉ DU TRAVAIL FLEXIBLE ET L’ÉPANOUISSEMENT PERSONNEL D’UNE PERMANENTE CONSTRUCTION DE SOI. QUI PLUS EST, CETTE MOBILITÉ EST POTENTIELLEMENT SANS LIMITES, TANT LA NOTION DE MONDIALISATION SUGGÈRE LA VISION D’UNE CIRCULATION PLANÉTAIRE DES FLUX MIGRATOIRES. »

Comme l’expose Paul - André Rosental, dans son article sur l’histoire des migrations, le migrant a été au travers de l’histoire l’objet de nombreux fantasmes. Depuis l’imaginaire négatif accolé au déraciné, à l’exilé, au « sans feu ni lieu », que l‘on retrouve aujourd’hui avec une triste vitalité dans un débat politique très axé sur les problématiques et enjeux identitaires, à « l’orgueil d’un homo modernicus qui, pour la première fois, échapperait à l’ancrage dans des collectivités humaines et dans des lieux ». Le statut du migrant a varié avec le mythe récent de la mobilité, narrativité positive consubstantielle à la mondialisation et à l’internationalisation des échanges : mythologie et esthétique de la vitesse, du mouvement, du nomadisme, de l’itinérance, du déliement, de l’affranchissement du territoire, renvoyant à l’idée d’une certaine liquidité. Pourtant, et c’est ce qu’exposait Catherine Wihtol de Wenden, dans la relation population / territoire, le migrant opère comme une perturbation, la citoyenneté n’étant pas – en l’état – transnationale. Quid alors de la citoyenneté pour les personnes qui ne sont pas sédentaires. Faut-il moins de droits pour les mobiles ? Les movers ? Ceux-ci seraient-ils des sous-citoyens, alors qu’en retour, le cosmopolitain, le nomade métropolitain, le non-inscrit font par ailleurs l’objet d’une valorisation sociale, une supériorité axiologique du mobile sur l’enraciné.


L’importance des flux entrants et sortants des grandes métropoles mondiales pose donc la question de la citoyenneté dans un monde de mobilités. Les nations, les territoires ont toujours été de puissants facteurs d’identification, des opérateurs d’identité, la terre, la famille, l’histoire … se rapportent toujours à des lieux, sont toujours ancrés dans les territoires. En quel sens la pratique de la mobilité peut-elle devenir un relai de citoyenneté pour ces populations non sédentaires ? Peut-on encore parler « d’étranger » alors que les codes, les conventions, l’offre de services, le langage et les pratiques sont largement partagés et connus ? Cette double casquette qui colle au migrant se retrouve dans un débat politique toujours tiraillé entre volonté d’accueil et d’intégration et frilosité vis-à-vis de ce qui vient de l’extérieur, de ce qui est étranger. Bloqué quelque part entre péril et opportunités. En effet, derrière le terme de migrants se cache une grande disparité de profils, dont les besoins, trajectoires, et mobilités diffèrent lourdement. Il convient notamment de distinguer deux catégories :

• les “movers” ou “non-inscrits” dont les parcours en métropole constituent une étape, un passage, et dont la pratique ne peut se réduire à du tourisme; • les migrants économiques, politiques ou climatiques, plus vulnérables et moins mobiles, qui cherche d’avantage à s’intégrer dans la durée, à s’inscrire en métropole.

Comme le détaillait Jean Louis Subileau, le cas de la plaine Saint Denis est particulièrement édifiant, revendiquant un cosmopolitisme populaire, avec plus de 130 nationalités présentes, la volonté de s’inscrire dans la durée dans une politique inclusive, mais pâtissant, malgré de véritables atouts territoriaux et d’un volume extraordinaire de projets en cours ou à l’étude, d’une non harmonisation à l’échelle métropolitaine de la politique de logements et notamment à destination des populations les plus fragiles, qui demeurent bloquées. En effet, comme le rappelle Claire Juillard, « au plan migratoire d’abord, le brassage des populations impulsé par la métropolisation n’y change rien effectivement : la Seine-Saint-Denis reste spécialisée dans l’accueil des catégories populaires, des immigrés en famille pour une part significative d’entre elles. Elle représente une étape dans le parcours résidentiel, la seconde après l’arrivée en Île-de-France dont la porte d’entrée reste Paris intra-muros pour la plupart des catégories de migrants. »

LA QUESTION DE L’ACCUEIL SOLIDAIRE ET ÉQUILIBRÉ DES ENTRANTS CONSTITUE UN SUJET MAJEUR DONT LA FUTURE INSTANCE DE GOUVERNANCE MÉTROPOLITAINE DEVRA SE SAISIR ET PRENDRE POSITION QUANT À LA PLACE DE « L’ÉTRANGER » DANS UN MONDE MONDIALISÉ.

Une offre d’accueil existe, mais demeure très fortement conditionnée par la provenance de l’aspirant entrant. La loi autorise et régule certaines migrations via le regroupement familial, la migration d’asile,…et il existe des parcours d’accueil « type » en fonction des catégories d’entrants avec de très grandes disparités entre territoires, renforçant des déséquilibres socio-économiques.

VILLEJUIF- GRAND NAPLES TERRITOIRES MÉTROPOLITAINS 13


ANALYSE DU TERRITOIRE VILLEJUIF : LE QUARTIER IGR

LE QUARTIER AUTOUR DE LA FUTURE GARE VILLEJUIF INSTITUT GUSTAVE ROUSSY VA SUBIR UNE TRANSFORMATION DE SA STRUCTURE URBAINE PAR LES TRAVAUX D’AMÉNAGEMENTS DE LA ZAC CAMPUS GRAND PARC. SON RÔLE ET SON RAYONNEMENT VONT AINSI S’ÉTENDRE PAR L’IMPLANTATION D’ÉQUIPEMENTS MÉTROPOLITAINS VENANT DYNAMISER L’EXISTANT, À SAVOIR PRINCIPALEMENT L’IGR. -

s

ituée au Sud de Paris, dans le département du Val-deMarne (94), Villejuif est la 95ème ville de France. S’étalant sur le plateau de Longboyau, entre les vallées de la Seine et de la Bièvre, Villejuif culmine à plus de 100 mètres de hauteur, ce qui en fait le point dominant du département et l’un des points les plus hauts de l’agglomération Parisienne. Elle se caractérise ainsi par sa position géographique stratégique, à l’intersection de trois «pôles» : Paris au Nord, ainsi que le marché de Rungis et l’aéroport d’Orly au Sud. Malgré cette position privilégiée, la ville ne jouit pas

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d’un essor économique particulier ; en effet, elle survit en grande partie grâce aux établissements hospitaliers implantés sur son territoire. En témoigne le discours de septembre 2014 aux nouveaux arrivants par le Maire de Villejuif, Franck Le Bohellec, où il affirme que la ville n’exploite pas son potentiel : « Nous vivons en marge d’une mine d’activité phénoménale ». ÉQUIPEMENTS MÉTROPOLITAINS Le site d’étude est le quartier autour de la future gare Villejuif Institut Gustave Roussy (IGR). Dynamisée par l’implantation de cette dernière, dont la fréquentation sera de plus de 10 000 personnes chaque matin, il se situe à la


frontière de trois autres communes adjacentes, à savoir Cachan à l’Ouest, Arcueil au Nord et L’Haÿ-les-Roses au Sud. Il se caractérise par la présence de deux infrastructures métropolitaines : la première est le Parc des Hautes Bruyères, s’étendant sur 15 hectares (soit environ la taille du Parc Montsouris à Paris), qui a le rôle de vide urbain, «zone tampon végétale», entre deux denses quartiers d’habitations de part et d’autre de la seconde infrastructure à savoir l’ « autoroute du Soleil » (A6), qui délimite notre site à l’Ouest et qui sépare Villejuif de Cachan,tout en bordant le parc. L’ÉTUDE DE L’APUR En juillet 2014, sous l’initiative de la Société du Grand Paris et de la Direction Régionale et Interdépartementale de l’Equipement et de l’Aménagement en Ile-de-France (DRIEA), l’Atelier Parisien d’urbanisme (Apur) a produit un document intitulé « Observatoire des quartiers de gare du Grand Paris - Monographie du quartier de gare Villejuif Institut Gustave Roussy (IGR) ». Ce document propose une analyse urbaine, démographique et sociale synthétique mais complète visant à caractériser le quartier de la future gare IGR. POPULATION L’analyse souligne le fait que le quartier est peu dense par rapport aux communes limitrophes, il est caractérisé par un tissu résidentiel très hétérogène (discontinu collectif et pavillonnaire) qui se concentre autour des deux grand équipements métropolitains : l’IGR et le Parc des Hautes Bruyères. L’étude de l’APUR montre aussi que la population qui réside dans le quartier est jeune (25,6% de moins de 18 ans), en croissance continue depuis 1999 et, dont 47% des actifs sont employés ou ouvriers. Par contre, en élargissant le périmètre d’analyse, nous pouvons remarquer que 47% des actifs des communes de Villejuif et Cachan se concentrent dans les

secteurs de l’administration publique, de l’enseignement et de la santé ; c’est une donnée qui souligne fortement l’importance des activités liées aux instituts hospita- L’IGR ÉTANT LE PREMIER CENTRE liers au niveau local mais DE LUTTE CONTRE LE CANCER EN EUROPE, IL CONSTITUE L’ÉLÉMENT également au niveau méCLÉ, RAYONNANT DU QUARTIER À tropolitain. L’ÉCHELLE INTERNATIONALE. On note également la présence de trois grands centres hospitaliers dont l’Institut Gustave Roussy qui emploie plus de 6 000 villejuifois, et représente près de 47% des emplois de Villejuif (secteur de l’administration publique, enseignement, santé humaine et action sociale). L’IGR étant le premier centre de lutte contre le cancer en Europe, il constitue l’élément clé, rayonnant du quartier à l’échelle régionale, nationale et même à l’internationale. Ces établissements hospitaliers, et en particulier l’IGR, sont à l’origine de la volonté de créer la « Paris Biotech Vallée » dans le contrat de développement territoriale par les acteurs du Grand Paris. Ce développement s’inscrit dans le projet d’aménagement du quartier de notre étude, appelé Campus Grand Parc (anciennement Campus Cancer). En effet, l’IGR permet d’attirer un nombre important de personnes à Villejuif tout en générant des capitaux financiers significatifs. En 2008, l’IGR a accueilli près de 43 300 patients dont près de 6% venant de l’étranger. Parmi les patients restants, la grande majorité provenait de la région parisienne ainsi que d’autres régions de France. De plus, l’IGR emploie 2700 pro- L’IGR PERMET D’ATTIRER UN NOMfessionnels de santé dont BRE IMPORTANT DE PERSONNES 890 soignants et 220 mé- À VILLEJUIF TOUT EN GÉNÉRANT decins, et forme plus de DES CAPITAUX FINANCIERS 2800 étudiants. Ces der- SIGNIFICATIFS. niers ne résidant pas tous à Villejuif, le rôle d’attractivité qu’exerce l’IGR sur la ville est indéniablement important, voire crucial.

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Par ailleurs, la population villejuifoise compte plus de 4 600 étudiants, poursuivant des études dans l’un des nombreux établissements d’enseignements supérieurs (dans les secteurs de la santé et de l’ingénierie principalement) implantés dans la ville ou dans la métropole parisienne. De plus, seuls 27% des villejuifois travaillent dans leur lieu de résidence. Ainsi, près de 3 habitants sur 4 se déplacent dans une autre commune pour y travailler, dont la moitié se déplaçant en dehors du département, principalement vers Paris. Par conséquent, la majorité des actifs utilisent les transports en commun (52%) ou la voiture (32%) pour se rendre à leur lieu de travail,contre 8% à pieds. De part l’importance du secteur de l’administration publique et de la santé, lié à la forte présence d’établissements hospitaliers, on assiste à une hyperspécialisation de la population villejuifoise. Le risque inhérent à la spécificité de la population est la potentialité d’extinction en cas de disparition de l’activité hospitalière de la ville. L’OFFRE DE LOGEMENT Le quartier de l’étude possède une part relativement faible de logements (5 526). De plus, ces logements sont pour la moitié d’entre eux de grands habitations de type 4 ou plus. Cette prépondérance du logements de grande taille s’explique par la forte présence d’habitations individuelles, qui contrastent avec les logements collectifs avoisinants. Ainsi, on constate un manque de diversité dans le parc de logements du quartier de la future gare IGR, puisque les logements de plus petites tailles ne sont que très peu présents (15% pour les type 1 et type 2).

2008, on remarque une diminution de 22% du nombre de chambres d’hôtels disponibles en 2014 (contre 355 chambres en 2008). Cependant, dans la configuration actuelle de Villejuif, où prône l’Institut Gustave Roussy et les autres établissements de santé, l’offre hôtelière LE RISQUE INHÉRENT À LA SPÉCIne répond pas aux besoins FICITÉ DE LA POPULATION EST LA grandissants des usagers. POTENTIALITÉ D’EXTINCTION EN De plus, par la volonté de CAS DE DISPARITION DE L’ACTIVITÉ faire de l’IGR un véritable HOSPITALIÈRE DE LA VILLE. pôle de santé à l’échelle de la métropole parisienne qui rayonnerait davantage à l’international, ne serait-il pas nécessaire de proposer une diversité de logements de courte durée et de taille réduite aux migrants temporaires de Villejuif (tels que des familles de patients, de médecins invités ou tout simplement des étudiants venant poursuivre leurs études pour une durée limitée). Lors de l’annonce des vœux pour l’année 2015, le maire de Villejuif a abordé la question du logement et a souligné l’importance d’intégrer de la diversité dans le parc de logements, afin de répondre aux besoins de ses habitants, tout en renforçant la mixité sociale et intergénérationnel.

15%

2,7% TRANSPORTS & ENTREPOSAGE

6,0% 5,1%

37%

4,2% 8,9% INDUSTRIE

4,6%

VILLEJUIF

21%

5,5% 5,6% CONSTRUCTION

ACTIVITÉS IMMOBILIÈRES

HÉBERGEMENT & RESTAURATION

3,2%

15%

1,4% 1,8% 2,8%

27%

47%

3,7% 3,5% 6,5%

15%

VILLEJUIF IGR 8,4% 12,1%

COMMERCE

9,8% 5,5% 5,1%

AUTRES SERVICES

23%

9,0%

12%

2,5%

Qu’en est-il des logements de courte durée? En 2014, Villejuif possède quatre hôtels selon l’INSEE, dont trois établissements non classés et un trois étoiles, pour un total de 278 chambres. Par la comparaison des données de

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6,8% 8,2%

ACTIVITÉS FINANCIÈRES

43%

4,4% INFORMATIONS & COMMUNICATION

ACTIVITÉS SCIENTIFIQUES & TECHNIQUES

VAL-DE-MARNE

20%

8,3% 8,1% 14,6% 15,4% 18,1%

26% 47,0%

ADMINISTRATION PUBLIQUE, ENSEIGNEMENT, SANTÉ

26,3% 24,4%


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LES VIDES URBAINS : CONTINUITÉS PAYSAGÈRES ET BIOLOGIQUES Repérage des espaces naturels de la métropole parisienne

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Bois et forets

Parcs et jardins

Espaces verts et boisés public

Zone rurales

Thermographie d’été du quartier de la gare IGR

Thermographie d’hiver du quartier de la gare IGR


LE PARC DES HAUTES BRUYÈRES La coulée vert

GENTILLY IVRY-SUR-SEINE

Parc du Coteau

ARCUEIL

Parc Raspail

VITRY-SUR-SEINE Jardin panoramique

CACHAN

Parc des HautesBruyères

VILLEJUIF

Espace des Blondeaux

L’HAY-LES-ROSES

Parc des lilas

Domaine Chérioux

Parc de la Roseraie

CHEVILLYLARUE Parc Petit-Le-Roy

THIAIS

Realisations à venir Realisations anterieures Espaces verts à l’échelle des communes

Véritable promenade verte dans la métropole, la Coulée Bièvre-Lilas reliera le parc du Coteau de Bièvre, à Arcueil/Gentilly, au parc des Lilas, à Vitry-sur-Seine : un axe de 14kms de nature au cœur d’une zone urbanisée. Le parc des Hautes

Bruyères, joue un rôle essentiel dans cette structure d’espaces naturels : il représente un équipement métropolitain résilient qui offre des surfaces végétalisées perméables et qui joue un rôle de régulateur thermique par rapport aux îlots de cha-

leur urbain voisins. On constate ce phénomène en particulier grâce aux thermographies d’été et d’hiver qui souligne l’importance du parc dans la régulation thermique du quartier.

VILLEJUIF- GRAND NAPLES TERRITOIRES MÉTROPOLITAINS 19


SYNTHÈSE RISQUES

ATOUTS

• Risque d’étanchéité entre les nombreux campus, instituts de recherches, écoles, grandes entreprises et PME technologiques et les quartiers d’habitation qui font ou doivent faire l’objet de programmes de rénovation urbaines – Robert Lebon, Jean Mermoz, Delaune…) afin d’éviter un développement du territoire à deux vitesses.

• L’agglomération parisienne est située au centre du bassin versant de la Seine. Sa situation en aval immédiat de la confluence de la Seine et de la Marne, en fait l’une des métropoles d’Europe les plus exposées au risque d’inondation. Situé entre les vallées de la Seine et de la Bièvre, sur le plateau de Longboyau, Villejuif est le point culminant du département du Val-de-Marne et l’un des points les plus hauts de la métropole institutionnelle. Cette configuration en promontoire fait que le quartier de gare n’est pas affectée par le PPRI du Val de Marne, limitant les contraintes applicables à la réalisation d’ouvrages enterrés. Par ailleurs, le quartier de Villejuif IGR bénéficie d’une grande diversité d’espaces végétalisées, favorisant l’infiltration des eaux de pluies.

• Risque de spécialisation du tissu économique : plusieurs projets sont conduits par les collectivités renforçant cette caractéristique de « campus urbain de de l’innovation » : construction d’une résidence pour chercheurs de 265 logements à Gentilly, réalisation d’un immobilier pour les start-up innovantes comme à Villejuif « Villejuif Bio Park », à Cachan « La Fabrique »… • Risque de précarisation due au renchérissement des prix de l’énergie des logements existants par rapport aux nouveaux logements, qui bénéficieront pour leur part d’une certification environnementale à jour. • Risque de modification structurelle et rapide de la typologie bâtie avec le développement d’ouvrages significativement plus hauts, générant des masques, des couloirs de vents, une forte densité ressentie, une artificialisation des sols, aggravement la situation présente en matière d’inondation par ruissellement urbain. • Risque de surreprésentation de CSP + et de population vieillissante, lié au profil high Tech du territoire. L’offre existante de logements, essentiellement de grande taille, Dont 30 % de logements sociaux, génère peu de mobilité résidentielle. Il s’agit en effet de logements difficiles d’accès, dans lesquels les rotations sont les plus faibles. Cette situation ne favorise pas la mobilité et capte peu de l’énergie des arrivants en métropole.

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• Initié il y a 30 ans par les communes de L’Haÿ-les-Roses et Chevilly Larue avant d’être rejoint par Villejuif, le réseau de géothermie de ces trois communes est aujourd’hui le plus important d’Europe. Mis en œuvre par une société d’économie mixte, la Semhach, il fournit en chauffage et eau chaude sanitaire la plupart des équipements publics, logements sociaux, copropriétés et entreprises des trois villes. • Au-delà des infrastructures (réseau de transport existant ou projeté, routier, autoroutier et ferré et des grands équipements métropolitains présent sur le territoire), Villejuif est connectée au destin métropolitain autant par la géographie (coulée verte, parc départemental de hautes bruyères, vallée de la Bièvre, situation en promontoire sur le bassin parisien) que par son inscription dans le cône francilien de l’innovation.


ORIENTATIONS STRATÉGIQUES PRECONISÉES Dans le cadre de la réalisation du quartier de gare et dans la perspective de l’adaptation du territoire au changement climatique, et dans la perspective des recherches que nous menons à l’AIGP, nous préconisons 2 orientations stratégiques majeures : 1. Mobiliser le sous-sol de Villejuif, dont la structure, à proximité de gare, se prête à la réalisation d’ouvrages enterrés de faible et moyenne profondeur (jusqu’à 10 mètres), afin de réussir une densification maitrisée sans nuire à l’urbanité existante. L’ACCROISSEMENT RAPIDE ET PROGRAMMÉ DE LA POPULATION HABITANTE, MAIS ÉGALEMENT DE LA POPULATION TRAVAILLANTE, POSE LA QUESTION DU DÉVELOPPEMENT DE SERVICES ANNEXES (OFFRE COMMERCIALE, LOISIRS, ESPACES VERTS, ADMINISTRATIFS…) DANS UNE LOGIQUE DE DIVERSITÉ DU TISSU SOCIO-ÉCONOMIQUE, ET NÉCESSITE D’ÊTRE ATTENTIF SUR LES DÉRIVES DE LA FABRIQUES TROP RAPIDE DU TERRITOIRE EN SUPERSTRUCTURE.

Certains programmes pourraient alors être développés en sous-sol, à condition que celui-ci soit considéré par tous les acteurs du territoire comme une ressource permettant de fournir de nouveaux espaces pour les infrastructures, la logistique, les services et les réseaux en limitant l’emprise en surface (data center, stockage, agriculture urbaine, conference center, cinéma, salle de sports …) Dans ce sens, la réalisation de la gare emblématique de Villejuif IGR constitue une opportunité réelle de réaliser à moindre coût des ouvrages enterrés, connectés les uns aux autres, disponibles notamment pour réinventer les usages en ville. COMPTE TENU DE LA GRANDE PROFONDEUR DE LA GARE ET DES DIMENSIONS DU TROU NÉCESSAIRE À SA RÉALISATION, DES CONNEXIONS SOUS LA VILLE, VERS L’IGR

DONT LES BESOINS D’EXTENSION OU DE TRANSFORMATION VONT NÉCESSAIREMENT APPARAITRE À MESURE QUE LA POLARITÉ MÉTROPOLITAINE VA SE CONSTITUER, MAIS AUSSI VERS LE PARC DE HAUTES BRUYÈRES ET ÉVENTUELLEMENT VERS DE FUTURS ILOTS DE LA ZAC LIMITERAIT LES TEMPS DE DÉPLACEMENT, CONNECTERAIT LES PROGRAMMES TOUT EN ANTICIPANT DES RÉSERVES DE VOLUMES POSSIBLES POUR DES USAGES NON ENCORE DÉFINIS.

Par ailleurs les ouvrages enterrés bénéficient d’une excellente inertie, permettant de lisser les besoins en énergie aussi bien lors d’évènements climatiques extrêmes (chaud et froid). A titre expérimental, et à l’image de l’initiative prise par la ville de Genève de mettre en place un cadastre 3D de son sous-sol, nous préconisons que soit réalisé un relevé cartographique complet du sous-sol permettant de connaitre, en mobilisant notamment les concessionnaires, l’encombrement de chaque conduite souterraine et simplifie les démarches de planification et de coordination. A Genève, le Géoservice du cadastre du sous-sol recense, recolle et met à jour tous les objets du sous-sol (installations géotechniques, pieux de fondation, ancrage, parois moulées, sondes géothermiques, …) et constitue un outil d’aide à la planification et à la coordination de de projets. SI L’EXERCICE S’AVÈRE CONCLUANT, LE PROTOCOLE POURRAIT ALORS ÊTRE REPRODUIT LORSQUE LES TERRITOIRES S’Y PRÊTENT, DANS LA PERSPECTIVE D’UNE ÉVOLUTION RÉGLEMENTAIRE ET DE CONSTITUER UN PANEL D’OUTILS PERMETTANT L’AMÉNAGEMENT CONCERTÉ DU SOUS-SOL.

2. La mondialisation des échanges nécessite l’adaptation de l’offre de logement dans le sens d’un allègement des freins à l’entrée et au départ, d’une fluidification des modalités de l’habiter. Bref, d’un accueil plus aisé. Il n’existe pas d’offre résidentielle adaptée aux migra-

VILLEJUIF- GRAND NAPLES TERRITOIRES MÉTROPOLITAINS 21


tions temporaires, aux « movers », personnes qui viennent en métropole pour une durée indéterminée, n’ayant pas de visibilité sur leurs trajectoires existentielles ou professionnelles à moyen ou long terme. Des populations qui ont besoin d’y être sans pour autant avoir la capacité ou l’énergie de trouver un logement. Des personnes qui gravitent entre les grandes métropoles mondiales, ou bien qui sont en dehors de la métropole, et qui vont y venir le temps d’un stage, d’une formation, d’un projet, d’un traitement médical…attirées par les grands équipements métropolitains tels que l’IGR. Des lieux capables d’héberger également en cas de crises des populations momentanément fragilisées, ou bien d’accueillir et de favoriser l’intégration de migrants climatiques. AUSSI NOUS PRÉCONISONS D’UNE PART LA RÉALISATION D’UN « HÔTEL MÉTROPOLE » FAVORISANT LA MOBILITÉ DE PROXIMITÉ SANS ÉNERGIE ET LIMITANT LA PERTE D’ÉNERGIE EN LIGNE INTRINSÈQUE AUX DISTRIBUTIONS DE RÉSEAU ET AUX DÉPLACEMENTS. D’AUTRE PART, IL FAUDRA VEILLER DANS LE CADRE DE LA ZAC À AUGMENTER L’OFFRE DE STUDIOS ET DE DEUX PIÈCES, GÉNÉRATEUR DE MOBILITÉ. ENFIN, POUR ÉVITER LE DÉVELOPPEMENT D’UN TERRITOIRE À DEUX VITESSES ÉNERGÉTIQUES NOUS SOUHAITONS METTRE EN PLACE UNE DÉMARCHE QUI PARTICIPE À L’AMÉLIORATION ÉNERGÉTIQUE DES BÂTIMENTS ET INFRASTRUCTURES EXISTANTS, EN MÊME TEMPS QUE SE RÉALISE LA ZAC ET LES FUTURES CONSTRUCTIONS. PARTANT DU CONSTAT QUE LA PROBLÉMATIQUE ENVIRONNEMENTALE EST GLOBALE, ET QUE, PASSÉ UN CERTAIN VOLUME D’INVESTISSEMENT, LE RAPPORT GAIN / EFFICACITÉ DEVIENT DÉCROISSANT, NOUS PRÉCONISONS L’ÉLABORATION D’UN OUTIL PERMETTANT, À L’ÉCHELLE DU QUARTIER DE GARE DES TRANSFERTS D’INVESTISSEMENTS DE SORTE QUE LA TERRITORIALISATION DE CETTE POLARITÉ MÉTROPOLITAINE PARTICIPE À UNE AMÉLIORATION ÉNERGÉTIQUE SIGNIFICATIVE DU PARC EXISTANT.

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VILLEJUIF- GRAND NAPLES TERRITOIRES MÉTROPOLITAINS 23


MÉTHODOLOGIE

LES STRATÉGIES URBAINES DÉVELOPPÉES DÉMONTRENT COMMENT NOUS POURRIONS DENSIFIER LE QUARTIER AUTOUR DE LA NOUVELLE GARE TOUT EN PRESERVANT LE VIDE URBAIN REPRÉSENTÉ PAR LE PARC PARC DES HAUTES BRUYÈRES. -

ujourd’hui insuffisamment connectée au réseau métropolitain, Villejuif n’a que peu tiré parti de sa position géographique stratégique, à la confluence de 3 pôles majeurs (Paris au nord, le Marché de Rungis et l’aéroport d’Orly au sud). La future gare de Villejuif IGR change structurellement la donne, qui une fois achevée à l’horizon 2023, en permettra l’accès à l’ensemble de la métropole en 45 minutes, soit l’accès à un territoire 5 fois plus vaste qu’aujourd’hui.

a

L’arrivée du nouveau métro est l’occasion de redéfinir l’urbanité des territoires identifiés

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comme stratégiques dans le projet du Grand Paris. Ainsi, le projet de gare accompagne le projet d’aménagement du pôle d’excellence qui se constitue autour de l’Institut Gustave Roussy. Les potentialités constructives importantes font l’objet d’un projet d’aménagement (ZAC Campus Grand Parc) qui vise à renforcer les structures urbaines autour d’un pôle de santé, de recherche et de développement économique et de formation sur le cancer, de dimension internationale. Les stratégies urbaines développées démontrent comment nous pourrions densifier le quartier autour de la nouvelle Gare tout en préservant le vide urbain représenté par


le Parc des Hautes Bruyères. Ce dernier représente un équipement métropolitain résilient qui offre des surfaces végétalisées perméables capables de diminuer le risque de ruissellement urbain et qui joue un rôle de régulateur thermique par rapport aux ilots de chaleur urbain entourant.

Le vide La métropole est un territoire composé de paysages et d’architectures dans un rapport de vide et de bâti. C’est pour souligner l’irruption du paysage dans la métropole, favoriser une prise de conscience que nous avons voulu introduire la notion de vide dans notre analyse, dans notre regard. Prendre en compte cette « matière » ne signifie évidemment pas qu’il faille la combler. Il s’agit au contraire de révéler le vide, de lui attribuer du sens.

LES POINTS CLÉS

• Situation initiale - Scénario 0 : Le plan masse retenu pour la ZAC Campus Grand Parc réalisé par l’agence TVK - Trévelo & Viger-Kohler.

ZAC =

IGR

• Stratégie Groundscape - Scénario 1 : Sans remettre en cause le plan masse de l’agence TVK, le scénario 1 se propose d’optimiser ce dernier en adoptant la stratégie Groundscape.

ZAC

Les scenarios présentés dans les pages suivantes développent deux stratégies urbaines différentes. La stratégie Groundscape démontre comment la mobilisation du sous-sol de Villejuif, dont la structure, à proximité de gare, se prête à la réalisation d’ouvrages enterrés de faible et moyenne profondeur (jusqu’à 10 mètres), afin de réussir une densification urbaine maitrisée et résilient aux risques naturels. La stratégie Hôtel Métropole propose une nouvelle typologie d’habiter en métropole pour les personnes qui gravitent entre les grandes métropoles mondiales, ou bien qui sont en dehors de la métropole, et qui vont y venir le temps d’un stage, d’une formation, d’un projet, d’un traitement médical…attirées par les grands équipements métropolitains tels que l’IGR. L’hôtel métropole est un lieu capable d’héberger également en cas de crises des populations momentanément fragilisées, ou bien d’accueillir et de favoriser l’intégration de migrants climatiques.

• Stratégie Groundscape - Scénario 2 : Le scénario 2 adopte la stratégie Groundscape de manière plus théorique et plus radicale, par la création d’un nouvel îlot.

• Stratégie Hôtel Métropole : Implantable sur l’ensemble des précédents scénarii, l’Hôtel Métropole propose une nouvelle typologie urbaine et une nouvelle manière d’habiter. IGR

VILLEJUIF- GRAND NAPLES TERRITOIRES MÉTROPOLITAINS 25


TVK

SCÉNARIO 0 La ZAC «Campus Grand Parc» : plan masse

ZAC Campus Grand Parc

La ZAC Campus Grand Parc vise à développer un campus urbain, centré sur le domaines de la santé, tout en aménageant des programmes (logements, emplois, transports, services, commerces) pour répondre aux besoins du quartier.

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Ligne 15 du Grand Paris Express

Ligne 14 du Grand Paris Express

38%

Activités scientifiques & tertiaire 24%

Enseignement & formation des métiers de la santé Equipements, commerces & services

6%

4%

28%

Espaces verts Logements


TVK

SCÉNARIO 0 La ZAC «Campus Grand Parc» : Coupes - Lignes Rouge et Bleue du Grand Paris Express

Services & commerces

Locaux logistique

Locaux personnels

La coupe montre la relation existante entre le hors-sol et le sous-sol au niveau de la nouvelle gare IGR. On y aperçoit les différents éléments de programme ainsi que la nouvelle ligne 15 (rouge) du métro du Grand Paris Express.

VILLEJUIF- GRAND NAPLES TERRITOIRES MÉTROPOLITAINS 27


STRATÉGIE GROUNDSCAPE : Et si on pouvait développer en sous-sol une partie du programme prévu dans la ZAC afin de créer un nouveau quartier dense et résilient aux risques climatiques tout en préservant, voir en augmentant les espaces naturels du parc de Hautes Bruyères? Quelles sont les opportunités, les réponses aux risques climatiques, les avantages et les contraintes de cette stratégie? Opportunités La gare IGR et la ZAC

Résilience Ruissellement urbain

Profiter de la grande profondeur de la gare et des dimensions du trou nécessaire à sa réalisation pour imaginer des connexions souterraines vers l’IGR, vers le parc et les futurs ilots de la ZAC. Réaliser à moindre coûts des ouvrages enterrés, connectés les uns aux autres.

En raison de l’imperméabilité de son sol, Villejuif est soumis de risque important d’inondations par ruissellement urbain. Implanter en sous-sol des éléments de programme, tout en conservant les surfaces, permet de diminuer les surfaces imperméables de la ville.

Programmation de la ZAC

Nuisances sonores

Les activités scientifiques, les espaces dédiés à l’enseignement, aux équipements et aux locaux commerciaux représentent près de 50 % du programme de la ZAC. Il s’agit de programmes qui pourraient être, au moins partiellement développés en sous-sol.

Par la présence de l’autoroute A6 le site est fortement exposé aux nuisances sonores. Les bâtiments en surface subissent un réel inconfort en raison de ces dernières. La construction en sous-sol permet ainsi de diminuer l’impact des sons et leurs nuisances.

Qualité du sol D’un point de vue géologique les premières couches du sol du quartier autour de la nouvelle gare sont composées de remblais, un matériel relativement souple qui se prête à la réalisation d’ouvrages enterrés de faible et moyenne profondeur.

Dispersion thermique Les constructions souterraines sont résilientes aux épisodes climatiques extrêmes en raison de la forte inertie du sol, dont la température est plus ou moins constante tout au long de l’année.

Effet Canyon

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Il concerne le microclimat des villes en raison de l’urbanisation importante: les bâtiments absorbent davantage de calories solaires et empêchent ces dernières de s’évaporer. Réduire la hauteur des bâtiments en construisant en sous-sol permet aux calories solaires de s’évaporer plus facilement.

Avantages Nouveau foncier La stratégie groundscape envisage de développer des fonctions en sous-sol en augmentant la densité des zones urbanisées. Elle constitue une opportunité formidable de débloquer une importante réserve de foncier, source de revenus pour les pouvoirs publics.

Energie Nous proposons une architecture souterraine à l’avant-garde en termes de durabilité et de comportement thermique (inertie du sol, labyrinthe thermique permettant un pré chauffage ou pré refroidissement gratuit de l’air.) susceptibles de générer des fortes économies d’énergie.

Adaptation La stratégie groundscape pourrait permetre de créer un « stock » d’espaces disponibles en sous-sol, capables d’absorber des expansions urbaines futures sans créer un nouvel étalement urbain en reforçant les capacités d’adaptation du quartier de gare.

Contraintes Juridique La règlementation française limite fortement ou ignore totalement les espaces en sous-sol. Le règlement de sécurité des établissements recevant du public interdit l’accès au public à un niveau plus profond que 6 mètres sous le terrain naturel. Le code du travail interdit le travail en sous-sol et oblige de vue direct sur l’extérieur.

Montage des projets Favoriser l’activation de surfaces enterrées en surfaces habitables, donc à forte valeur commerciale permettrait de faire financer la réalisation de ces ouvrages par les porteurs de projets, sans subventions publiques.

Data Nous n’avons pas une connaissance précise du sous-sol des nos villes. Nous préconisons que soit réalisé un relevé cartographique 3D complet du sous-sol permettant de connaitre l’encombrement de chaque conduite souterraine et simplifier les démarches de planification et de coordination.


GROUNDSCAPE Connexions et mutualisations des espaces souterrains

« Profiter de la grande profondeur de la gare et des dimensions du trou nécessaire à sa réalisation pour imaginer des connexions souterraines vers l’IGR, vers le parc et les futurs ilots de la ZAC. Réaliser à moindre coûts des ouvrages enterrés, connectés les uns aux autres »

VILLEJUIF- GRAND NAPLES TERRITOIRES MÉTROPOLITAINS 29


STRATÉGIE GROUNDSCAPE :

SCÉNARIO 1, INFILTRATION SOUS CUTANÉE Le premier scénario propose de : 1- Prévoir un PLU du souterrain qui oblige à la construction d’espaces flexibles en sous-sol pouvant être occupés dans le temps par différentes fonctions, afin de limiter l’étalement urbain et l’augmentation de hauteur des bâtiments futurs, et, d’optimiser la résilience thermique. 2- Déplacer en sous-sol le programme fonctionnel qui peut l’être et préserver le Parc dans son intégralité. Construire à l’avenir des éléments de programmes publics en dessous du Parc. 3- Créer un réseau souterrain qui permet de connecter les niveaux -1 et -2 de la gare directement avec l’Institut Gustave Roissy, les nouveaux bâtiments de la ZAC et le parc pour optimiser les temps de déplacements et favoriser les transferts directs entre les équipements. SITUATION ACTUELLE : RESSOURCES SOUTERRAINES IGNORÉES

INSTITUT GUSTAVE ROUSSY

• Finalisation des aménagements de la ZAC Campus Grand Parc

?

INSTITUT GUSTAVE ROUSSY

2050

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• Augmentation de la hauteur des bâtiments pour répondre aux besoins de logements • Etalement urbain


SCENARIO 1 : DÉVELOPPEMENT SOUTERRAIN ANCITIPÉ

RAPPORT À LA NATURE

INSTITUT GUSTAVE ROUSSY

2020

• Liaison entre le Parc et la Gare

INSTITUT GUSTAVE ROUSSY

• Création de programmes futurs destinés au public, en souterrain • Préservation du Parc

2050

RAPPORT À LA VILLE

INSTITUT GUSTAVE ROUSSY

2020

• Constructions souterraines, selon le PLU Souterrain • Résilience thermique améliorée

INSTITUT GUSTAVE ROUSSY

2050

• Connexions et mutualisations des espaces souterrains • Préservation du Parc dans son intégralité • Résilience dans le foncier VILLEJUIF- GRAND NAPLES TERRITOIRES MÉTROPOLITAINS 31


SITUATION ACTUELLE : RESSOURCES SOUTERRAINES IGNORテ右S

2020

?

2050

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SCÉNARIO 1 : DÉVELOPPEMENT SOUTERRAIN ANCITIPÉ

2020

2050

VILLEJUIF- GRAND NAPLES TERRITOIRES MÉTROPOLITAINS 33


STRATÉGIE GROUNDSCAPE : QUESTIONNEMENTS OPÉRATIONNELS

SI À CE JOUR LA DENSIFICATION DE LA VILLE À TRAVERS LA RECHERCHE D’ESPACES EN SOUS-SOLS EST UN PHÉNOMÈNE PONCTUEL DU FAIT DU COÛT DE RÉALISATION DES OUVRAGES D’INFRASTRUCTURES, CETTE RÉFLEXION TROUVE UN RÉEL INTÉRÊT SUR LE SITE DE VILLEJUIF DU FAIT DE LA RÉALISATION DE L’OUVRAGE D’ART DE LA GARE DU GPE ET DU BESOIN PROBABLE DE SURFACES COMPLÉMENTAIRES DE L’IGR. es réflexions conduites par l’équipe autour du concept de « Groundscape » amènent à s’interroger sur les contraintes, conditions et modalités de mise en œuvre opérationnelle qu’elles soient juridiques, économiques ou réglementaires. Cette contribution constitue une première ébauche de réflexion et de questionnements sur ces aspects.

l

DROIT DE LA PROPRIÉTÉ ET STATUT DU SOUS-SOL. VERS UNE UNICITÉ DE LA GESTION ? Même si la cession de « volumes » est une approche de plus en plus fréquente du fait de

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l’imbrication des éléments de programmes et de la complexification volumétrique des projets architecturaux et urbains, le schéma le plus fréquent des ventes d’emprises foncières correspond à la cession de « terrains » (auxquels sont souvent rattachés des droits à construire notamment dans le cadre de ZAC). Cette définition de la propriété des terrains est déterminée par le Code civil, selon lequel « la propriété du sol emporte la propriété du dessus et du dessous » à l’exception de singularités territoriales et notamment celles imposées par le code minier (article 552). S’il est possible de dissocier juridiquement


la propriété foncière de la propriété du tréfonds et de réaliser des expropriations portant uniquement sur les sous-sols (pour la réalisation d’infrastructures notamment), le sous-sol est rarement exploré en France en tant que potentiel de projet.

Néanmoins, dans les territoires les plus denses du Grand Paris, la réalisation des nouvelles Gares du GPE et la densification de certains pôles de transport existants engendrent la réalisation d’ouvrages d’art importants dont une partie des volumes pourrait être davantage valorisée du fait des flux de voyageurs.

Par ailleurs la propriété de ces espaces et leur gestion est très fréquemment partagée par de L’implantation de surfaces commerciales, multiples propriétaires rendant leur évolution d’équipements ou de locaux tertiaires partdifficile. agés pourrait trouver une réelle rentabilité économique, tirant partie de la fréquentation Dans cette optique il est nécessaire d’intégrer de ces lieux. Pour ce faire, le changement d’imdès la conception des projets la dimension de age et l’amélioration de la qualité d’habitabilité leur gestion dans le temps. Celle-ci s’avère sou- de ces espaces est indispensable. vent très difficile du fait de la nécessité de mettre d’accord tous les ayants droits, propriétaires ou QUEL RÈGLEMENT ET STATUT copropriétaires de volumes imbriqués. DES SURFACES CONSTRUITES EN SOUS-SOLS ? Un système approprié de développement d’ou- Pourquoi d’un point de vue réglementaire, les vrages en infrastructures est certainement à Plans Locaux d’Urbanisme prévoient-ils des concevoir en s’inspirant du bail emphytéotique, hauteurs maximales constructibles, les haumais il est certain que tout projet d’envergure teurs minimales de rez-de-chaussée, et ne réguvisant à proposer l’adaptation de ces grands vol- lent quasiment jamais le nombre de niveau de umes restera complexe si la propriété est part- sous-sols autorisés et les hauteurs sous-plafond agée. des niveaux de sous-sols ? VALORISATION DES SOUS-SOLS DANS LES VILLES DENSES – UNE EXCEPTION ? Dans les métropoles denses où la pression immobilière est forte, l’utilisation de ces espaces devient une opportunité au même titre que les surélévations de constructions existantes. Cela se traduit notamment à travers la valorisation de la typologie des « souplex » ou la reconversion des premiers sous-sols des locaux tertiaires pour augmenter les surfaces disponibles.

Le statut de ces espaces, lorsqu’ils bénéficient de jours naturels, change fortement. Cela est encore plus vrai lorsqu’ils possèdent une façade ouverte apportant de la lumière et transformant ces espaces d’ex « surfaces hors œuvre brute - shob » en surfaces de planchers habitables, disposant de vues, fortement re-valorisés.

Les « cours anglaises » ou plus largement les « sauts de loup » ou « failles » permettent de transformer ces espaces ; il est toutefois rare Ces cas ne constituent-ils toutefois pas des ex- que ceux-ci soient réalisés a posteriori. emples trop singuliers pour être généralisés ? Les premiers niveaux de sous-sols qui, très souTrès certainement, au regard de la disponibilité vent, abritent des fonctions importantes (parkfoncière de nombreux territoires et des surcoûts ings, archives, locaux techniques…), pourde construction qui sont liés à la reconversion raient ainsi faire l’objet de reconversions à long de ces espaces situés sous terre. terme à mesure que ces fonctions changent.

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VERS UNE RÉFLEXION PROSPECTIVE PERMETTANT LA RÉVERSIBILITÉ DE CERTAINS VOLUMES Si à ce jour la densification de la ville à travers la recherche d’espaces en sous-sols est un phénomène ponctuel du fait du coût de réalisation des ouvrages d’infrastructures, cette réflexion trouve un réel intérêt sur le site de Villejuif du fait de la réalisation de l’ouvrage d’art de la Gare du GPE et du besoin probable de surfaces complémentaires de l’IGR. Au-delà, il faut aussi considérer comme un champ d’application important la transformation des « quasi sous-sols » et notamment des dalles des grands ensembles contemporains (tel que La Défense et le Front de Seine). Il y a là un important gisement de retour à l’urbanité. Si l’on considère l’évolution des modes de vie dans les grandes métropoles, et l’évolution des modes de déplacement vers des transports publics plus durables, on peut imaginer que de nombreux volumes de parkings en sous-sol s’avèreront demain inutiles ou superflus. Il serait intéressant de les transformer par l’apport de fonctions nouvelles qu’il s’agisse de services, ou des équipements sportifs par exemple. Au regard des enjeux de résilience posés à la Métropole du Grand Paris, il serait nécessaire de développer une démarche d’expérimentation interdisciplinaire permettant d’approfondir la réflexion « Groundscape ». Celle-ci pourrait à la fois porter : • sur les techniques de réalisation des soussols et de leur reconversion permettant d’imaginer une intensification de la ville dans sa forme bâtie actuelle,

• sur les montages ayant permis de reconvertir ces lieux notamment en leur apportant une lumière naturelle en intervenant aux franges du bâti,

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• sur la mise en réseau des différentes constructions en s’appuyant sur les ouvrages et passages en sous-sols existants et en leur donnant une plus grande ampleur à l’image de certaines métropoles (Tokyo, Montréal, Toronto…), • sur le cadre juridique définissant les modalités de découpage foncier et de gestion permettant de mieux prendre en compte le potentiel de projet de ces volumes. Anticiper la recherche de surfaces complémentaires et la transformation de volumes existants devenus obsolètes, pour permettre le développement de la ville dans les lieux d’intensité ou d’échanges majeurs et ainsi renforcer son attractivité constituent, selon nous un, des enjeux du Grand Paris de demain.


GROUNDSCAPE QUESTIONNEMENTS OPERATIONNELS

Le lounge du café «Starbucks» de l’université feminine EWHA à Séoul, intégralement souterrain, DPA 2008

AVANTAGES Qualité de lumière optimale pour travailler, contrastes moindres et peu/pas d’éblouïssement (type bureau sur atrium)

INCONVÉNIENT Consommation supplémentaire pour l’éclairage en journée (largement compensé par l’avantage thermique du souterrain)

CONFORT - Hauteur sous plafond à maximiser - Systèmes de reflécteurs métalliques à placer en façade - Cloisons intérieures en verre

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STRATÉGIE GROUNDSCAPE : SCÉNARIO 2, LE SUB-RÉSEAU Le deuxième scénario propose de: 1- Préserver entièrement les surfaces végétales du parc des Hautes Bruyères et de le prolonger vers le Nord. 2- Développer un réseau souterrain d’environ 160 000m2 en dessous des îlots autour de l’IGR, qui devient le centre d’un nouveau système urbain résilient et énergiquement performant. 3- Réinterpréter la typologie urbaine de l’îlot en optimisant son rapport avec le sol, permettant ainsi de le relier au réseau souterrain. La réinterprétation de l’îlot classique en îlot “groundscape” s’opère au niveau du rapport avec le sol : par une pente depuis le Parc vers la galerie souterraine, l’îlot groundscape assure une continuité paysagère avec les Hautes-Bruyères. Le développement des îlots se fera par des promoteurs privés qui produiront une variété des paysages urbains par la différence de traitements des espaces végétaux. A contrario, la galerie souterraine reliant l’ensemble des îlots entre eux, et formant le SUB-réseau, permet d’assurer une continuité urbaine.

L’îlot «classique»

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Coupe configuration 1

L’îlot «groundscape»


STRATÉGIE GROUNDSCAPE : SCÉNARIO 2 Perspective aérienne

L’îlot groundscape s’ouvre sur le Parc des Hautes-Bruyères et permet de relier le SUB-réseau à la ville. Il place l’esapce public au coeur de sa fonction et ainsi propose une grande place inclinée et une extension du parc sur sa toiture.

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STRATÉGIE GROUNDSCAPE : SCÉNARIO 2 Plan souterrain : Le SUB-réseau

Le reseau souterrain

Le plan souterrain laisse apparaître le SUB-réseau (en jaune) qui permet de connecter l’ensemble des îlots à l’IGR ainsi qu’à la gare. De plus, le SUB-réseau est relié aux espaces verts le surpomblant par une rampe, permettant de dégager des vues et de la lumière.

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STRATÉGIE GROUNDSCAPE : SCÉNARIO 2 Plan Masse

Le traitement végétal des îlots de la ZAC permet d’étendre la superficie du parc des Hautes-Bruyères. De plus, l’implantation des îlots, orientés vers l’IGR, crée une ouverture sur le coeur d’îlot.

VILLEJUIF- GRAND NAPLES TERRITOIRES MÉTROPOLITAINS 41


STRATÉGIE GROUNDSCAPE : SCÉNARIO 2 Montage de la stratégie Stratégie d’aménagement «classique»

Construction de la nouvelle gare GPE

Développement de la ZAC Grand Parc

Stratégie d’aménagement «groundscape»

Construction de la nouvelle gare GPE + construction du réseau «Groundscape»

Développement de la ZAC Grand Parc

310 000m2

Programme en surface 622 000 m2

Programme en surface 462 000 m2

197 000 m2

50 000 m2

32 000 m2

33 000 m2 Surface Sous-sol

Programme en sous-sol 160 000 m2

Axonometrie

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Activités scientifiques & tertiaire

Enseignement des métiers de la santé

Equipements, commerces & services

Espaces verts

Logements


STRATÉGIE GROUNDSCAPE : SCÉNARIO 2 Axonométrie

Îlots mixtes

Prolongement du Parc des Hautes-Bruyères

Réseau souterrain : le SUB-réseau

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STRATÉGIE GROUNDSCAPE : SCÉNARIO 2 Perspectives depuis le SUB-réseau et de «l’îlot groundscape»

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STRATÉGIE GROUNDSCAPE : SCÉNARIO 2 Perspectives depuis le SUB-réseau et de «l’îlot groundscape»

Le SUB-réseau alterne entre espaces couverts souterrains et espaces ouverts sur les espaces verts et la ville. La nature pénètre dans le coeur d’îlot par le traitement végétal de la place inclinée.

VILLEJUIF- GRAND NAPLES TERRITOIRES MÉTROPOLITAINS 45


STRATÉGIE HÔTEL MÉTROPOLE : “OCCUPER MIEUX”

Et si on pouvait développer une nouvelle typologie d’habiter pour les personnes qui gravitent entre les grandes métropoles mondiales, ou bien qui sont en dehors de la métropole, et qui vont y venir pour une periode de temps limitéé, attirées par les grands équipements métropolitains? Quelles sont les opportunités, les avantages et les contraintes ? Opportunités Polarité métropolitaine

Diminuer déplacements

Avantages Mixité

Par la présence d’équipements métropolitains tel que l’IGR et les autres hôpitaux, le quartier de la gare jouit d’une forte attractivité liée aux domaines de la santé. Par exemple, l’IGR a attiré plus de 43 300 patients en 2008, dont près de 6% venant de l’étranger.

L’implantation de nouveaux à logements à proximité des pôles métropolitains permet de diminuer fortement le nombre de déplacements. Outre l’aspect pratique, on constate une diminution des émissions de gaz à effet de serre et une meilleure hygiène de vie.

Par la diversité des populations métropolitaines qui y séjournent ainsi que la variété de programmes spécifiques qui s’y trouvent, l’Hôtel Métropole comble le manque de mixité sociale et programmatique du quartier de la gare IGR.

Populations métropolitaines

Diminuer risq. spécialisation

Equilibre offre / demande

Les activités hospitalières et universitaires attirent des populations métropolitaines, souhaitant résider à proximité de ces premières pour une durée limitée. Ces populations se retrouvent à devoir chercher, généralement en vain, un petit logement pour une courte durée ou résider à l’hôtel.

Un des risques du quartier de la gare réside dans la surspécialisation des populations et des programmes métropolitains. Or, l’implantation de l’Hôtel Métropole permet une diversité, diminuant ainsi le risque d’«effet Detroit», en cas de cessation d’activité hospitalière.

Le quartier de la gare se caractérise par un nombre important de grands logements (T4 et T5) qui ne sont pas adaptées aux «movers» ou populations proprement métropolitaines. La construction de nouveaux types de logements permettrait de répondre de manière plus pertinente à la demande.

70 000 logements / an La volonté des autorités publiques est d’augmenter très significativement le volume de logements neufs dans la métropole parisienne ainsi que de rééqui­librer habitat et emplois sur le territoire du Grand Paris afin de répondre au mieux aux migrations futurs.

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Résilience

Compétitivité de la ZAC En raison de la pluralité de son offre de logements, grâce à l’implantation de l’Hôtel Métropole, le Campus Grand Parc rivalise avec les autres centres hospitaliers de la métropole parisienne. Sa capacité d’accueil plus importante accroît ainsi sa compétitivité et élargit les canaux de mobilité.

Contraintes Juridique D’un point de vue juridique, l’Hôtel Métropole paraît difficile à classifier. En effet, par sa nature «hybride», il reste à définir s’il est privé ou public? S’il s’agit d’un logement ou d’un hôtel? S’il est possible d’être propriétaire d’un logement ou simplement locataire? Montage du projet Outre les contraintes juridiques, le montage du projet suscite également quelques interrogations, principalement relatives à l’exploitation de l’Hôtel Métropole. En effet, comment se fait la gestion des différentes activités? Des différentes populations? Programmation De part la diversité programmatique, inhérente à l’Hôtel Métropole, il est nécessaire de concevoir un édifice où la cohabitation programmatique est respectée.


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ZAC Campus Grand Parc métro IGR

hôpital universitaire

gare mairie

centre médico psychologique

métro

Enrichi par la présence de la future gare Villejuif IGR, le quartier possède des équipements d’intérêt métropolitain, principalement relatif au domaine de la santé : le plus significatif étant l’Institut Gustave Roussy, premier centre de lutte contre le cancer en Europe. A l’intersection entre deux lignes majeures du Grand Paris Express, son attractivité va s’accroître prochainement. D’autre part, Villejuif possède des équipements rayonnants à une échelle plus locale, tels que l’hôpital universitaire et la redoute des Hautes-Bruyères. VILLEJUIF- GRAND NAPLES TERRITOIRES MÉTROPOLITAINS 47


STRATÉGIE HÔTEL MÉTROPOLE Populations / Besoins / Réponses

Enseignants-Chercheurs

300

Proximité : - Laboratoire de recherche - Hôpital

Habiter T3 T2

chercheurs à l’IGR

T1

Proximité : - Famille - Hôpital

43 300

Habiter

T2 T1

Proximité : - Travail - Ecoles

38 000

Habiter

T2 T1

Proximité : - Pôle universitaire

4 600

Habiter

T2 T1

demande de logements

Proximité : - Quartier d’affaires - Aéroport - Gares

Habiter

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pharmacie

consultation

internet café

Programmes spécifiques

bureaux

coworking

garderie

aires de jeux

Programmes spécifiques

université

biblio

détente

fablab

Programmes spécifiques

T3 T2 T1

centre aff.

réunion

fablab

coworking

+

demande de logements

DPA

détente

T3

étudiants à Villejuif

auto-entrepreneurs en IdF

Programmes spécifiques

+

demande de logements

84 400

consultation

T3

nouveaux ménages par an en IdF

Auto-entrepreneurs

conférences

+

demande de logements

Etudiants universitaires

bureaux

T3

patients à l’IGR

Nouveaux ménages

laboratoire

+ +

demande de logements

Hospitalisés

Programmes spécifiques


STRATÉGIE HÔTEL MÉTROPOLE Les nouvelles polarités métropolitaines

Restaurant Art

Bar

Logements T3

Logements T2

Logements T1

Café

Restaurant Magasins

Poste

Club

Bureaux

Théatre Stockage

Représentation schématique de la programmation de l’Hôtel Métropole

A son stade actuel de développement, l’hôtel métropole est une réponse programmatique à un besoin clairement identifié et mesuré par les différentes agences d’urbanisme parisiennes, à savoir la rigidité du marché immobilier par rapport au besoin de mobilité des métropolitains. Nous avons donc défini une réponse servicielle à un besoin, ce qui laisse présager de l’existence d’un business model permettant

d’opérer l’hôtel métropole comme une entreprise. Pour autant, l’hôtel métropole ne peut se réduire à une simple entreprise privée. Son essence, qui prône une certaine mixité sociale dans les personnes accueillies dans sa partie résidentielle, nécessite une forme de discrimination des clients à l’instar du parc locatif social.

VILLEJUIF- GRAND NAPLES TERRITOIRES MÉTROPOLITAINS 49


STRATÉGIE HÔTEL MÉTROPOLE Populations métropolitaines

Nouveaux ménages

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STRATÉGIE HÔTEL MÉTROPOLE Populations métropolitaines

Enseignant-chercheur

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STRATÉGIE HÔTEL MÉTROPOLE Populations métropolitaines

Etudiant, jeune actif

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STRATÉGIE HÔTEL MÉTROPOLE Populations métropolitaines

Homme d’affaire

VILLEJUIF- GRAND NAPLES TERRITOIRES MÉTROPOLITAINS 53


JE U N E S E N TR E P R E N E U R S

A R TIS TE S

FAM

RÉSI DE NCE S ART IST IQU ES

EXPOS I T I O NS

SA LL E S DE RÉ UN ION PA RTAG É E S

COW O RKI NG

COM M E RCE S

BOIT E S DE NUI T

LOGI S T I Q UE LOCAUX T E CHNIQU ES MU TUAL I S É S

SMART G RI D

HUB DE TR

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IL L ES

TO URI S T E S D ’A F FA IR ES

É T U D IA N TS

A PA R TEM ENTS

B UREAUX

FABLAB

C OMMERCES

SANTÉ

S A LLE S DE SO I N

LOGI STI Q UE

D ATA CENTER É QU IP E ME N TS PUBLI CS

R A N S PORTS

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Equipe DPA (Dominique Perrault + Une Fabrique de la Ville) Membre du Conseil scientifique de l’Atelier International du Grand Paris Étude réalisée pour l’Atelier International du Grand Paris AIGP 3 / Lettre de commande « 2 » / Juin 2015


3.

GRAND PARIS GRAND NAPLES

DPA DOMINIQUE PERRAULT ARCHITECTURE


Dominique Perrault, architecte urbaniste Équipe DPA : William Yon, Marcello Tavone, Jérémy Moles, Nicolas Ayoub, Caterina Ribolla Équipe « Une Fabrique de la ville » : Jean-Louis Subileau, urbaniste Marina Gaget, Guillaume Hebert


3.

GRAND PARIS GRAND NAPLES UNE NOUVELLE MÉTROPOLE : LE GRAND NAPLES

66

ENJEUX MÉTROPOLITAINS

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ANALOGIES GRAND PARIS / GRAND NAPLES

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NAPLES 2030 «CITY VISION»

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VILLEJUIF- GRAND NAPLES TERRITOIRES MÉTROPOLITAINS 3


UNE NOUVELLE MÉTROPOLE : LE GRAND NAPLES

NAPLES PEUT VÉRITABLEMENT DEVENIR UN LABORATOIRE DE NOUVELLES STRATÉGIES MÉTROPOLITAINES ET DE MODÈLES D’AMÉNAGEMENTS URBAINS INNOVANTS. -

L

a nouvelle entité métropolitaine de Naples pourrait potentiellement constituer un ensemble territorial clé du Sud du continent, notamment grâce à sa position centrale sur le bassin méditerranéen. En réalité, l’insuffisance d’infrastructures, la baisse de l’activité industrielle, l’incapacité de capter les flux provenant d’Orient et une difficulté plus générale à attirer les capitaux étrangers (économiques et humains) ont placé Naples en marge des grandes villes-mondes. Cette marginalité relative est d’autant plus surprenante que Naples possède, au-delà de son histoire et de sa géographie de réels atouts. Na-

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ples est une polarité universitaire majeure, avec ses cinq pôles (dont l’un des plus anciens d’Europe) qui attirent plus de 200 000 étudiants, mais dont cependant la population est très faiblement internationale. En effet, leur origine est essentiellement régionale ; en témoigne également l’inefficacité des programmes d’échanges avec le reste du territoire italien et avec l’étranger. Naples est l’une des villes européenne très visitée, mais elle est relayée aux derniers rangs dans les classements européens, en ce qui concerne le nombre de congrès internationaux organisés par an et le nombre de sièges sociaux d’entreprises étrangères implantés dans la ville.


Si Naples est, de facto, une métropole européenne, celle-ci n’a pas encore trouvé les moyens pour s’affirmer complétement. Elle a acquis une structure administrative lui permettant de s’étendre sur un territoire plus vaste mais elle n’a pas encore une vision stratégique pour se projeter en tant que future ville globale. Cependant, les projets de la nouvelle gare TGV et du nouvel aéroport de Grazzanise, l’éventuelle construction des corridors paneuropéens 1 et 8, l’extension du réseau métropolitain, et, les financements européens reçus pour la rénovation du port et de Naples Est illustre le très fort potentiel de ce territoire ainsi regroupé. Nous portons la conviction que Naples peut véritablement devenir un laboratoire de nouvelles stratégies métropolitaines et de modèles d’aménagements urbains innovants. GOUVERNANCE Depuis le 1er Janvier 2015, dix provinces italiennes ont été transformées en villes métropolitaines ; il s’agit de Rome capitale (qui aura un système juridique spécifique), Naples, Turin, Milan, Venise, Gênes, Bologne, Florence, Bari, et Reggio de Calabre. Les limites de ces nouvelles entités territoriales correspondent aux limites des provinces homonymes supprimées. La décision de passer à cette configuration administrative a été justifiée par deux arguments principaux : d’une part, pour alléger et accélérer l’appareil administratif et de l’autre, pour gérer d’une manière plus coordonnée et précise des territoires plus vastes et qui présentent des problématiques plus communes à l’échelle nationale. Les organes politiques des villes métropolitaines sont : - le maire métropolitain ; - le conseil (un corps d’orientation et de contrôle, qui approuve les règlements, les plans, et les programmes qui lui sont soumis par le maire métropolitain) ; - la « conférence » métropolitaine composée par le maire métropolitain et par les maires des

municipalités de la métropole. Cette structure aura les mêmes fonctions que celles des anciennes provinces, à présent supprimées. Elle sera ainsi responsable de l’aménagement du territoire et de la gestion des infrastructures, de la gestion et de l’organisation des services publics dans la région métropolitaine, de la mobilité et de la viabilité et, enfin, de la promotion et coordination du développement économique et social du territoire. TERRITOIRE D’un point de vue territorial, cette nouvelle configuration a transformé une ville de 990 000 habitants en une métropole de 3 128 000 habitants, étendue sur 1 170 km² et unifiant 92 communes. Napoli - Città metropolitana est actuellement la troisième ville la plus peuplée d’Italie après Rome Capitale et Milan. Il s’agit de la quatrième ville en terme économique après Milan, Rome et Turin ; et, le quatrième port italien après Civitavecchia, Venise et Genova. PARADOXE : Malgré son importance au niveau national et européen, la nouvelle métropole parthénopéenne s’étend sur une surface relativement étroite par rapport aux autres città métropolitaines italiennes, et surtout par rapport aux autres métropoles européennes (près de la moitié de l’unité urbaine du Grand Paris). Cette valeur est d’autant plus intéressante que Naples est aussi la ville plus dense d’Italie, avec 2 071 habitants par km², concentrée sur un territoire exposé au volcanisme actif. NAPLES-CASERTE ? En 2012, l’architecte italien Aldo Loris Rossi a publié un article sur le quotidien italien «La Repubblica» en présentant ses réflexions sur la question des limites de la métropole. Il souligne la nécessité d’élargir les limites de Naples jusqu’à Caserte. Cette proposition se justifie par une lecture du territoire sur différentes

VILLEJUIF- GRAND NAPLES TERRITOIRES MÉTROPOLITAINS 5


couches. D’un point de vue géographique, les deux villes sont liées par une forte continuité paysagère, représentée par l’agercampanus ou Campania Felix : une vaste plaine liant la zone du Vésuve, au Sud, avec les versants du mont Massico, au Nord. Jusqu’au début du 18ème siècle, ce territoire avait une configuration administrative précise qui correspondait à la Terre de Labour, qui a été successivement fragmenté au cours des siècles jusqu’en 1945 lorsque l’Etat italien décide d’instituer les provinces de Naples et de Caserte. AIRE URBAINE

Une des traces les plus évidentes de cette liaison est le palais royal de Caserte, la résidence de la famille royale des Bourbons de Naples, construit en 1750. Il y a seulement 20 kilomètres qui séparent le centre historique de Naples de celui de Caserte, une distance relativement petite à l’échelle métropolitaine si nous considérons que la ceinture périphérique de Rome possède à peu près la même dimension et que celle du Grand Paris a un diamètre d’environ 60 kilomètres. La connexion Naples-Caserte apparait d’autant plus pertinente lorsque l’on regarde avec attention le système infrastructurel. RÉGION

UNITÉ URBAINE

FRANCILIENNE A86 BD PÉRIPH.

A86

Province Naple (città metropolitana 2014)

Francilienne

Unité urbaine

Naples-Caserta

Région

Aire urbaine

Le territoire entre les deux villes est fortement anthropique, un palimpseste assez complexe formé par la superposition des réseaux routiers et hydrauliques des campagnes, par les anciennes routes romaines, par les nouvelles routes et autoroutes nationales, par le dense réseau de voies ferrées, et enfin, par la construction

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des aéroports. L’axe Nord-Sud entre Naples et Caserte pourrait ainsi devenir une colonne vertébrale, permettant d’instaurer à nouveau des hiérarchies à ce système qui associe des vecteurs hyper-locaux (réseau secondaire) et hyper-globaux (TGV/Aéroport/Autoroutes). Il pourrait également conférer une nouvelle valeur à la gare TGV d’Afragola, qui est actuellement éloignée, voire isolée, par rapport aux centres historiques des deux villes. Le réseau métropolitain : Viarum moras hominis sollertia vicit Une médaille commémorative de 1840 nous rappelle l’un des évènements les plus importants de l’histoire italienne : la construction de la première voie ferrée entre Naples et Portici. Le train devait sortir depuis l’ancienne enceinte d’Aragon, qui délimitaient le centre de la ville, il traversait ensuite un vaste marais, correspondant à l’actuelle zone de Naples-Est, et arrivait près de Granatello, non loin de la plage de Portici. En regardant attentivement la médaille, d’autres éléments témoignant de cette histoire font irruption. Sur l’avers de la médaille se dresse le portrait de Ferdinand II, roi de Sicile, qui témoigne de la grande ambition du roi Bourbon de transformer Naples en une véritable capitale européenne grâce à la construction d’une infrastructure futuriste pour l’époque. Sur le revers de la médaille se trouve le nom de l’ingénieur français qui avait projeté la ligne : Armando Bayard de la Vingtrie, suggérant un premier jumelage franco-italien. La construction du réseau entre Naples et son territoire continue en 1846 avec l’inauguration de la ligne Naples-Caserte célébrée par une autre médaille de la même année. Dans cette dernière, nous retrouvons sur le côté droit le portrait de Ferdinando II rex providentiss (la providentia dans la culture latine est la personnification de la capacité divine de prédire l’avenir) et sur le revers la nouvelle locomotive passant devant le palais de Caserte.


Derrière le palais, nous reconnaissons le profil du Mont Massico, qui souligne la limite nord de la Campania Felix. En exergue de cette médaille, nous pouvons lire “Viarum moras hominis sollertia vicit” , L’ingéniosité des hommes a surmonté les obstacles des routes. La construction de la ligne vers Caserte nous permet de créer une autre correspondance entre Naples et Paris, où, en 1839 a été inaugurée le chemin de fer vers le château de Versailles.

sur lequel la métropole devra s’appuyer pour donner forme à ses mutations à venir. Napoli città metropolitana : une métropole multipolaire L’ex-province de Naples, l’actuelle métropole napolitaine, est un territoire qui regroupe plusieurs pôles. Chacun de ces pôles est singulier, de par son caractère, son histoire et ses fonctions. Ceux-ci se composent des anciens centres historiques (d’époques romaine, médiévale, moderne), des grandes zones industrielles, des vastes plateformes commerciales, de l’aéroport, de la zone autour de la future gare TGV d’Afragola, ainsi que du port commercial et touristique. L’ensemble de ces éléments est lié par une trame dense de relations internes, et interprovinciales, qui permettent de considérer ce système multipolaire comme étant une véritable métropole.

Aujourd’hui : Le 2 décembre 2013, le maire de Naples, Luigi de Magistris, et le ministre des infrastructures, Maurizio Lupi, inaugurent la nouvelle gare du métro de Piazza Garibaldi. L’ouverture de la gare permet enfin de lier la ligne 1 à la ligne 2, mais aussi de joindre le réseau provincial, le réseau national et la ligne à grande vitesse. Ainsi, la Piazza Garibaldi devient le véritable noyau A l’instar du Grand Paris, LA PIAZZA GARIBALDI DEVIENT de la nouvelle métropole en nous pouvons facilement LE VÉRITABLE NOYAU DE LA créant une porte d’accès au NOUVELLE MÉTROPOLE affirmer que la « métropole centre historique et une aun’est pas une ville » : son tre vers la très grande partie territoire est fortement fragdu territoire restant de la province. La ligne 2 menté, découpé de manière violente par ces du métro, terminée en 1925, fut la première à mêmes infrastructures. Il présente des noyaux être construite pour connecter les deux zones très denses qui se juxtaposent à des zones difindustrielles en périphérie de la commune de fuses, où la ville est davantage raréfiée et tend à Naples : celle à ouest de Bagnoli avec celle à se mélanger avec le paysage rural. Le processus l’Est de Gianturco, en traversant le centre his- d’urbanisation a suivi des modèles sans cesse torique. La ligne 1, inaugurée en 1993, n’est différents, en s’organisant sur des structures : pas entièrement complétée ; en effet, la boucle réticulaires et linéaires, le long de la côte mais initialement prévue dans le projet, reliant le aussi entre Naples et la ville de Nola, ou densécentre à la partie Nord de la ville et à l’aéro- ment ramifiées, tel qu’à l’Est du Vésuve. Les export, est encore en construction. Les trois ré- pansions urbaines successives ont pu s’appuyer seaux EAV correspondent aux véritables lignes sur les réseaux de chemins de fer, et principaledu métropolitain qui permettent de relier Na- ment sur la dense trame de routes secondaires, ples avec les autres communes de la province/ construite au cours des siècles, qui s’est gradumétropole : le réseau Circumvesuviano dessert ellement répandue de manière invasive dans les toute la partie orientale et méridionale de la plaines agricoles. métropole jusqu’à Sorrente, tandis que les réseaux Cumano et Circumflegreo permettent de desservir tous les territoires occidentaux. Ce système d’infrastructures constitue le squelette

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GRAND PARIS LES VIDES URBAINS

Ont été considérés comme vide tous les espaces non construits, à la différence des espaces ouverts construits comme les rues, les places ou les cours intérieures. Avec cette définition, la proportion moyenne de vide en ville est infé-

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rieure à 30 %, tandis qu’elle est supérieure à 80 % dans la métropole, et égale à 95 % en France. On voit donc que le vide, ce nonvu ou non-dit, constitue l’une des dimensions essentielles de la métropole.


GRAND NAPLES LES VIDES URBAINS

A l’instar du Grand Paris, nous pouvons facilement affirmer aussi pour le Grand Naples que la « métropole n’est pas une ville » : son territoire est fortement fragmenté, découpé de manière violente par ces mêmes infrastructures. Il présente des noyaux très denses qui se juxtaposent à des

zones diffuses, où la ville est davantage raréfiée et tend à se mélanger avec le paysage rural. La préservation des vides urbaines d pourrait devenir une opportunité pour requalifier le paysage naturel et les zones urbaines abandonnés ou plus dégradées, mais aussi pour diminuer la pression an-

thropique sur le territoire. En effet le fort processus d’urbanisation des dernières années a causé une augmentation des surface imperméables en causant une diminution de la recharge des nappes et une dangereuse augmentation des volumes des eaux pluviales évacués dans les égouts. VILLEJUIF- GRAND NAPLES TERRITOIRES MÉTROPOLITAINS 9


ENJEUX MÉTROPOLITAINS

AFRAGOLA

PARCO NORD CINTURA VERDE PROGETTO SAN GIULIANO

PARCO DELLE COLLINE DI NAPOLI

PARCO ARCHEOLOGICO NAPOLI EST

PIANO BAGNOLI

PROGETTO DIFESA GEOMORFOLOGICA

projet mixtemixte habitathabitat projet

projet à vocation principale d’habitat projet à vocation d’habitat

projet à vocation principale économique projet à vocation économique

projet d’espaces projet d’espaces ouvertsouverts

projet d’équipement projet d’équipement (avec périmètre)

site à l’étude site à l’étude dont la vocation reste à definir

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AFRAGOLA

PARCO NORD CINTURA VERDE PROGETTO SAN GIULIANO

PARCO DELLE COLLINE DI NAPOLI

PARCO ARCHEOLOGICO NAPOLI EST

PIANO BAGNOLI

PROGETTO DIFESA GEOMORFOLOGICA

Afragola

Parco delle colline

Parco nord

Napoli est

S Giuliano

Piano Bagnoli

Parco archeologico

Difesa geomorfologica

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ANALOGIES GRAND PARIS / GRAND NAPLES Gouvernance Grand Paris :

Gouvernance Grand Paris :

de la ville à la métropole

de la ville à la métropole

Region

Départements de grande couronne AIRE URBAINE

Métropole

Départements de petite couronne

RÉGION

Territoires

UNITÉ URBAINE

FRANCILIENNE

Communes

A86 BD PÉRIPH.

AIRE URBAINE

RÉGION

UNITÉ URBAINE

FRANCILIENNE A86 BD PÉRIPH.

Gouvernance Grand Naples :

Commune

A86

Province Naple (città metropolitana 2014)

Francilienne

Unité urbaine

Naples-Caserta

aire urbaine

Naples-Caserta

Région

commune

province

Naples-Caserta

1 maire métropolitain

1 conseil

1 conférence métropolitaine

Aire urbaine

region

Unité urbaine

naples caserta

aire urbaine

Francilienne

region

Province Naple (città metropolitana 2014)

2014)

A86

province naples (città metropolitana

Commune

A86

Naples + Naples Est

commune

naples+ naples est

de la ville à la métropole

Région

Aire urbaine

source arch. Bruna Vendemmia

Expansion urbaine Naples-Caserta 1906-2006

1906

1956

2006

Paris-Versailles / Naples-Caserta

35’ 30’

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25’ 32’

La construction du réseau entre Naples et son territoire continue en 1846 avec l’inauguration de la ligne Naples-Caserte. La construction de la ligne nous permet de créer une autre correspondance entre Naples et Paris, où, en 1839 a été inaugurée le chemin de fer vers le château de Versailles.


Le réseau de transports publics et les projets d’intérêt métropolitain: Villejuif :

AFRAGOLA

PARCO NORD CINTURA VERDE PROGETTO SAN GIULIANO

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PARCO DELLE COLLINE DI NAPOLI

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PARCO ARCHEOLOGICO NAPOLI EST

PIANO BAGNOLI

PROGETTO DIFESA GEOMORFOLOGICA

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coupe

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Le réseau de transports publics et les projets d’intérêt métropolitain: Projets : scénario 0 0

60 km

AFRAGOLA

PARCO NORD CINTURA VERDE PROGETTO SAN GIULIANO

Afragola

Parco delle colline di Napoli

PARCO DELLE COLLINE DI NAPOLI

PARCO ARCHEOLOGICO NAPOLI EST

Parco nord cintura verde

Napoli est

Progetto S Giuliano

Piano Bagnoli

Parco archeologico

Progetto difesa geomorfologica

PIANO BAGNOLI

PROGETTO DIFESA GEOMORFOLOGICA

0

50 KM

VILLEJUIF- GRAND NAPLES TERRITOIRES MÉTROPOLITAINS 13


GRAND NAPLES 2030 CITY VISION

“NAPLES 2030, CITY VISION” POURRAIT REPRÉSENTER UNE OCCASION INÉDITE POUR LIER LES INTÉRÊTS DES DIFFÉRENTS ACTEURS IMPLIQUÉS DANS L’AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE AVEC CEUX DES COMMUNAUTÉS LOCALES, AFIN D’ÉLABORER UNE VISION PARTAGÉE SUR LE FUTUR DE LA MÉTROPOLE. -

Les villes monde L’Organisation mondiale de la santé (OMS) – institution spécialisée de l’Organisation des Nations unies (ONU) pour la santé publique – a dernièrement publié un sondage montrant que la population urbaine en 2014 représentait 54 % de la population mondiale totale, contre 34 % en 1960, et continue à augmenter. Ils estiment que d’ici 2017, même dans les pays les moins développés, une majorité de personnes vivront dans des zones urbaines. Pendant les dernières cinquante années, les villes sont devenues l’habitat humain par excellence générant plus de 80% du produit intérieur brut global et devenant les principaux moteurs des économies nationales. Le développement urbain,

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la gouvernance des régions métropolitaines, la compétitivité de chaque ville au niveau national et mondiale représentent aujourd’hui des facteurs clés de l’économie globale. Mondialisation Un des éléments majeurs de l’économie global est la dispersion et mise en réseau des services et des activités de production à l’échelle planétaire : un système économique complexe qui tend à concentrer entreprises et talents dans des régions métropolitaines toujours plus spécialisées, ce que Saskia Sassen a appelé les « global cities » en 1991. On peut localiser et classifier les villes-mondes sur la base de leurs spécificités : la forte présence de services


financiers, l’offre culturelle, la capacité à accueillir des clusters d’innovation et recherche, etc. Ceci dit, le rôle joué par chaque ville est continuellement remis en cause par d’autres métropoles, qui cherchent à émerger et à s’insérer dans un système fortement compétitif et qui poussentainsi les acteurs locaux et nationaux a poursuivre leur investissement dans le développement urbain. Au cours des dernières années, la « super-mobilité» des nouveaux talents, le fait que la culture numérique et l’économie du partage ont peu à peu permis de travailler et habiter de façon nomade et omniprésente, ont fait devenir la question des « global cities » et leur classement une question toujours plus populaire. Différentes associations ont publié des« rankings » pour mieux situer la valeur et l’offre de chaque ville en utilisant différents critères qui généralement tiennent compte de l’attractivité du marché, de la vitalité économique, de la qualité du monde des affaires, du développement et du soutien de la recherche. Ainsi, nous pouvons considérer des facteurs liés à la qualité des infrastructures et au dynamisme du monde du travail, mais aussi des éléments qui concernent plus directement la fabrique de la ville : un certain dynamisme urbain, l’offre culturelle, l’offre de logements, la présence de quartiers équipés et multiculturels. Les villesmondes sont en pleines mutations et tendent à devenir d’immenses centres d’innovations. Leur primat sur les autres régions concurrentes est directement proportionnel à leur capacité d’attirer et d’accueillir une nouvelle classe de movers, de jeunes travailleurs fortement exigeants qui cherchent dans la ville un habitat qui leur permettent de développer efficacement leur carrière et leur évolution personnelle. City visions L’énorme croissance démographique dans les régions métropolitaines et le rôle clé qu’elles jouent dans l’économie globale ont généré une attention toujours plus forte sur la question du développement urbain. Ce nouvel en-

LES POINTS CLÉS

• Compétitivité globale : Les villes ont été les moteurs de la productivité et de la croissance à travers l’histoire et seront essentiels pour la croissance future et la compétitivité des nations et des régions. Quel rôle jouera Naples dans ce contexte ? • Confines : la transformation de la province de Naples en « ville métropolitaine » a soulevé des questions sur les limites de la nouvelle métropole, notamment sur la relation entre Naples et Caserta. Le “city vision” pourrait devenir une occasion pour développer un plan stratégique pour mieux situer les relations entre les deux villes. • Trouver des nouvelle forme d’habiter en métropole • Un territoire avec un grand potentiel en termes d’infrastructures VS un territoire très fragile de un point de risques naturels ? ? ? ? ? ? ? ? ? ? ? ? ? ? ? ? ? ? ? ? ? ? ?

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VILLEJUIF- GRAND NAPLES TERRITOIRES MÉTROPOLITAINS 15


gagement s’est traduit dans la majorité des cas parl’élaboration de plans stratégiques ou par la révision de schémas directeurs existants, mais aussi en s’appuyant sur un nouveau type d’outil généralement définit comme « city vision ». La vision n’apas un caractère règlementaire, elle se concentre plutôt sur la délinéation d’un nouvel imaginaire collectif pour la ville de demain. Le projet pour le « Grand Paris 2030 », le « Greater London vision 2020 », le « Grand Moscow », « Montpellier 2040 », « Bordeaux 50 000 logements » et « Bruxelles 2040 » sont tout autant d’exemples d’une nouvelle volonté politique qui a fait appel aux urbanistes, aux experts et aux autorité locaux afin de répondre à la question : comment rendre plus compétitive et performante la métropole à l’échelle nationale et globale? Avant d’être un document de consultation, la city vision représente une occasion d’inviter les différents acteurs impliqués dans l’aménagement du territoire à se projeter afin de partager des ambitions et des objectifs communs : continuités et fractures avec le passé, politiques environnementales et climatiques. Grand Naples 2030 Le Grand Paris et le Grand Naples partagent les mêmes symptômes de ce qu’on pourrait appeler un syndrôme «Dr Jekyll et Mr Hyde»: toutes les deux sont des villes connues dans le monde entier pour leur aspect pittoresque, pour leurs paysages de carte postale et leur caractère accommandante. Leur contrepartie est d’autant plus un stéréotype qu’elle tend à associer Paris à la violence de certaines banlieues et Naples aux pratiques liées à la Camorra ou à la micro-criminalité. L’imaginaire associé à ces villes est si fort qu’il sembleparfois néfaste pour leur développement futur. A justetitre, Rem Koolhass écrit « the stronger the identity the more itimprisons, the more itresists expansions, interpretation, renewall, contradiction. (…) Paris canonlybecome more Parisian – it is already on its way to becoming hyper-Paris, a polished caricature ». Une affirmation «edgy»

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qui fait écho aux inquiétudes exprimées par la Métropole du Grand Paris qui explique : « Alors que les grandes métropoles mondiales comme Londres, New York et Tokyo sont entrées de plain-pied dans le XXIème siècle, Paris craint de se faire dépasser en attractivité économique, en tourisme et en qualité de vie. Pour ne pas risquer de quitter la course, Paris doit s’imposer, développer son potentiel et être plus visible à l’international afin de maintenir son rang de capitale mondiale ». Le projet du Grand Paris est une première réponse pour en-visionner comment Paris peut devenir une véritable ville-monde du XXIème siècle. Naples dispose d’ores et déjà d’un schéma directeur qui présente les grandes lignespour structurer le développement futur de la nouvelle métropole, mais il lui manque une vision, une image claire vers laquelle concentrer les actions politiques et les efforts économiques pour concourir au niveau global. L’idée de proposer une « city vision » pour transformer Naples en une ville-monde fait sens si on considère qu’elle possède de grandes opportunités : la première est l’institution de « Napoli città metropolitana », un apparat administratif créé pour gouverner un territoire vaste et bien « infra-structuré ». La city vision pourrait s’interroger sur les limites de la métropole et sur leur rapport avec la géographie du territoire. La deuxième est l’urgence de mettre en place des actions pour optimiser la résilience urbaine face au changement climatique, un facteur qui oblige à s’interroger sur comment on pourrait imaginer une ville plus adaptable et durable. Il y a plusieurs « points forts » sur lesquels Naples pourrait s’appuyer pour construire sa nouvelle image : le fait qu’elle soitdevenu une des métropoles les plus peuplées d’Europe, son positionnement stratégique par rapport au bassin méditerranéen, un dense réseau de transports en commun, les importants flux touristiques, etc…Le développement d’une nouvelle vision urbaine pourrait clarifier la spécificité de Naples etson


rôle à l’échelle nationale et globale « Naples, ville-port / Naples, capitale de la culture / Naples, ville de la connaissance / etc. » La « city vision » devrait aussi permettre d’analyser et surtout d’affronter les faiblesses et les « menaces » qui pourraient ralentir, voir empêcher, un plein développement du Grand Naples. La métropole nécessite une radicale réinvention des politiques sociales qui permettraient d’introduire une nouvelle typologie d’habiter et de travailler, de faire face aux problèmes du crime organisé et de la ségrégation sociale afin de créer un environnement urbain véritablement accueillant et capable d’attirer de nouveaux talents. Un observatoire permanent pour réfléchir sur la métropole de demain Le premier pas vers une construction participative de la métropole pourrait être représenté par l’institution d’un lieu consacré au débat et à la présentation des projets pour la città metropolitana. Dans ce sens, Naples pourrait s’intéresser aux initiatives qui, ces dernières années, ont été développées à Paris : l’Atelier International du Grand Paris, la Cité de l’Architecture et du Patrimoine et le Pavillon de l’Arsenal ont accueilli évènements et rencontres qui ont permis de tisser des liens entre experts et citoyens, entre entreprises et acteurs politiques, afin de construire une image partagée de la métropole. L’agence DPA a proposé, à plusieurs reprises, de constituer un observatoire permanent où présenter des réflexions et générer des rencontres concernant le développement de la nouvelle métropole. Dans un premier temps, l’observatoire pourrait devenir un lieu pour présenter le « scénario 0 » : une carte présentant les projets métropolitains prévus dans les prochaines années, les stratégies mises en place pour faire face au dérèglement climatique, les chiffres clés, qui permettraient de donner un portrait quantitatif et qualitatif de la métropole. L’observatoire pourrait accueillir une exposition permanente qui pourrait s’enrichir pro-

gressivement grâce aux documents produits par des initiatives « bottom-up » (par exemple: les résultats des laboratoires citoyens) et « top-down » (ex : rencontre avec le responsables politiques du Conseil Métropolitain). Il pourrait, dans une deuxième phase, devenir un atelier très similaire à celui du Grand Paris où seraient rassemblées des équipes pluridisciplinaires invitées à présenter leurs visions sur le développement futur du Grand Naples. Les résultats de la phase d’étude et de concertation pourraient soutenir une révision du plan directeur existant (Piano Territoriale di Coordinamento) afin de mieux définir les objectifs que Naples doit se fixer en amont si elle veut rivaliser au niveau européen et global avec les autres villes-mondes.

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Equipe DPA (Dominique Perrault + Une Fabrique de la Ville) Membre du Conseil scientifique de l’Atelier International du Grand Paris Étude réalisée pour l’Atelier International du Grand Paris AIGP 3 / Lettre de commande « 2 » / Juin 2015


4.

GRAND NAPLES

TERRITOIRE DÉMONSTRATEUR

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Dominique Perrault, architecte urbaniste Équipe DPA : William Yon, Marcello Tavone, Jérémy Moles, Nicolas Ayoub, Caterina Ribolla Équipe « Une Fabrique de la ville » : Jean-Louis Subileau, urbaniste Marina Gaget, Guillaume Hebert


4.

GRAND NAPLES

TERRITOIRE DÉMONSTRATEUR

GRAND NAPLES :

80

RISQUES ET RÉSILIENCE MIGRATIONS ET SOLIDARITÉ APPLICATION STRATÉGIE « GROUNDSCAPE »

86

APPLICATION STRATÉGIE « HÔTEL MÉTROPOLE »

88

VILLEJUIF- GRAND NAPLES TERRITOIRES MÉTROPOLITAINS 3


GRAND NAPLES :

RISQUES ET RÉSILIENCE

LE DÉSÉQUILIBRE ISSU DE LA PRÉSENCE IMPORTANTE DE RISQUES ET DE L’ABSENCE D’UN VÉRITABLE PLAN STRATÉGIQUE D’AMÉLIORATION DE LA RÉSILIENCE URBAINE FAIT DE NAPLES UNE VILLE VULNÉRABLE. -

L

es conditions climatiques de la métropole de Naples sont en pleines mutations. Les rapports montrent que la température médiane a augmenté de 1,5°C depuis 1979. De plus, on constate une diminution des précipitations d’environ 10% à 15%, une augmentation des exploitations des ressources d’eau, qui contraste avec une diminution des infiltrations d’eau de 30%. La température de la mer Méditerranée a crû de 0,04°C depuis 2005 et les taux de salinité ont augmenté jusqu’à 0,24%. Si cette tendance se poursuit, dans les cinquante prochaines années il pourrait se produire une baisse de 70% des ressou-

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rces d’eaux souterraines, une augmentation de 30 cm du niveau de la mer, une réduction des surfaces littorales et une forte extension des surfaces désertiques. Par ailleurs, les études publiées en 2013 par le centre de recherche européen ESPON ont souligné la faible capacité de la métropole napolitaine à s’adapter au changement climatique, en raison de déficits économiques, infrastructurels, technologiques, politiques et institutionnels. Le déséquilibre issu de la présence importante de risques et de l’absence d’un véritable plan stratégique d’amélioration de la résilience urbaine fait de Naples une ville vulnérable. Les risques majeurs qui affectent l’aire métropolit-


Naples Est

aine proviennent directement de son contexte géographique. Naples est fortement exposée au risque volcanique (le Vésuve étant considéré comme l’un des volcans les plus dangereux au monde), aux risques sismique et hydrologique. Aux risques naturels doivent s’ajouter les risques anthropiques, à savoir ceux provoqués par les modifications humaines de l’environnement naturel. Dans ce cas, Naples est affectée par le risque d’érosion côtière, dû au fort processus d’urbanisation des littoraux, par le risque de pollution des eaux et par le risque industriel. L’unique outil politique développé par la ville de Naples à ce jour est le plan stratégique d’évaluation environnementale ; il s’agit d’un document accompagnant le plan de coordination du territoire métropolitain. Le plan stratégique met l’accent sur la préservation des zones naturelles protégées, sur l’usage de ressources renouvelables, sur le développement

de la biodiversité écologique, ainsi que sur la réduction de la pollution et des émissions de gaz à effet de serre. Depuis 2008, la ville de Naples a décidé d’adhérer au Covenant of Mayors, un projet européen qui prévoit une réduction de 20% des émissions GES, une amélioration de 20% de l’efficacité énergétique de l’UE et une augmentation de 20% de la consommation énergétique produite à partir de ressources renouvelables. Dans un avenir proche, la métropole napolitaine devra aussi faire face aux problématiques liées aux inégalités territoriales : en effet l’exode de la classe moyenne, l’augmentation du taux d’immigration, la faiblesse des connections entre les zones des plus fortunés et celle des plus défavorisés ont fortement augmenté les risques de ségrégations physique et sociale des populations les plus fragiles.

VILLEJUIF- GRAND NAPLES TERRITOIRES MÉTROPOLITAINS 5


GRAND NAPLES :

CARTOGRAPHIE DES RISQUES Risque volcanique :

Le risque volcanique est calculé en multipliant les facteurs de « danger», de « vulnérabilité » et d’« exposition ». A cause de la dense urbanisation de ses versants, le Vésuve représente l’un des volcans les plus dangereux au monde. 8000

Risque sismique :

Le territoire de la métropole napolitaine est fortement exposé aux risques sismiques. Malgré sa forte exposition, la sismicité de la ville de Naples n’est pas élevée.

700 000 habitants au pied du Vésuve

6

130 personnes décédées à cause du séisme de 1980 1450 blessés

25 Éruptions effusives et explosives depuis l’an 1036

2

2,25 milliards d’euro dépensés pour faire face à la situation d’urgence

1875

0

Activité volcanique

2000

5000

Les risques hydrologiques sont liés à la probabilité d’inondation (risques hydrauliques), les glissements de terrain et l’effondrement des cavités souterraines.

5-10% 10 - 15 % 10 -20 %

Italie : pourcentage des surfaces régionales à risque hydrogéologique

1990

1999

2013

Vésuve : nombre quotidien moyen de séismes par an

Risques hydrologiques :

5%

1

Risque d’érosion côtière :

Le risque d’érosion des côtes est très élevé et peut causer des dégâts importants sur une zone qui s’étend sur 160 km. Le rétrécissement du littoral est causé en très grande partie par des actions anthropiques.

41,4% Inondations

< 0%

51,7% Glissements

1 - 3%

6,9% Avalanches

0 - 1%

3-7% >7%

types de risque hydrologique

+3 % d’augmentation des zones urbanisées le long du litoral du Grand Naples. 160 km à risque dans le territoire du Grand Naples

Italie : varitation urbanisation du littoral pour chaque province

source picto : « thenounproject»

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Risque de pollution des eaux :

Ce risque affecte les parties les plus urbanisées du territoire, celles caractérisées par une intense activité de prélèvement et d’évacuation des eaux. 24% des immeubles desservies par le réseau public sont exposés à ce risque

Déséquilibre climatique :

La température médiane de Naples a augmenté de 1,5°C depuis 1979. De plus, on constate une diminution des précipitations d’environ 10% à 15%, et une diminution des infiltrations d’eau de 30%. 30 cm est le niveau d’aug0,04° augmentation de la mentation du niveau de la temperature de la mer Mémer prévu dans les prochains diterranée depuis 2005 50 ans 70% de diminution des res1,5° C augmentation de sources d’eaux souterraines la température médiane à d’ici à 50 ans Naples depuis 1979

Risque industriel :

Le risque industriel dans la métropole napolitaine est important, étant donné l’extension de ses zones industrielles, leur proximité par rapport aux centres urbains, au port et aux parcs protégés.

Mal logement : inégalités territoriales

La situation du logement napolitain, en comparaison avec d’autres grandes villes italiennes, est particulièrement défavorisée. Cette situation augmente le risque de déséquilibre social et de ségrégation physique des populations les plus démunies. 8 000 demandes d’aide au logement enregristrées en 2011 dans la ville de Naples

Risque émissions CO2 :

Le total des émissions de CO2 générées par les citoyens des villes métropolitaines italiennes est stable. Naples a realisé une réduction des émissions GES de 8%.

aree ad alto disagio aree di disagio aree intermedie aree di agiatezza aree di benessere

8% taux de réduction des émissions du Grand Naples

VILLEJUIF- GRAND NAPLES TERRITOIRES MÉTROPOLITAINS 7


GRAND NAPLES :

MIGRATIONS ET SOLIDARITÉ

Naples ou le futur de l’Europe, un article par Angelo Mastrandrea, publié en avril 2013 dans Le Monde Diplomatique. http://www.monde-diplomatique.fr/2013/04/ mastrandrea/49008

DEPUIS DES ANNÉES, NAPLES OFFRE DEUX VISAGES : CAPITALE CULTURELLE AU PASSÉ COMMUNISTE ET OUVRIER, ELLE EST AUSSI LA VILLE DE LA CAMORRA, DES PETITS BOULOTS ET DE LA CONTREFAÇON. EN CONTRIBUANT À L’AUGMENTATION DU CHÔMAGE ET À LA DISPARITION DES EMPLOIS INDUSTRIELS, LA CRISE ÉCONOMIQUE A FAIT DE LA PRÉCARITÉ ET DE LA DÉBROUILLE LE LOT D’UN NOMBRE CROISSANT DE SES HABITANTS. UN AVANT-GOÛT DE CE QUI POURRAIT SURVENIR DANS LE RESTE DE L’EUROPE ? Selon la légende, Osso, Mastrosso et Carcagnosso, chevaliers de Tolède affiliés à la loge maçonnique La Garduña, se sont réfugiés en 1400 sur une petite île de l’archipel des Egades, où ils ont jeté les fondements de trois mafias : la sicilienne Cosa Nostra, la Ndrangheta calabraise et la Camorra napolitaine (1). Une triade avec laquelle l’Italie du Sud n’en finit pas, depuis, de régler ses comptes. On peut alors imaginer la stupeur qui a saisi l’intelligentsia napolitaine quand elle s’est rendu compte que l’œuvre d’art représentant un homme à cheval, commandée au sculpteur sud-africain William Kentridge et exposée à la sortie de la nouvelle station de métro Tolède,

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en plein centre-ville, était intitulée Le Cavalier de Tolède, autrement dit Carcagnosso, le fondateur de la Camorra, cet anti-Etat que le conseil municipal rosso-arancione (2), mené par l’ancien magistrat Luigi De Magistris, entend éradiquer. Que la gaffe ait été le fruit de la légèreté, de l’ignorance ou d’un choix délibéré reste à déterminer. Mais l’affaire offre une métaphore parfaite des contradictions de Naples. D’un côté, la ville s’efforce de rafraîchir son charme de noble capitale en investissant dans le secteur public et dans la culture : le nouveau métro-musée rempli d’œuvres d’art, qui relie au centre-ville les banlieues les plus violentes


d’Europe, peut être considéré comme le plus beau du continent (3). De l’autre, elle reste affligée de maux ataviques qui ressurgissent en permanence. Le meurtre d’un parrain sur une plage, l’été dernier, a déchaîné une guerre entre bandes criminelles pour le contrôle du marché de la drogue qui fait quotidiennement des morts et des blessés, souvent des gamins, dans la banlieue nord de Scampia. Et, avec un taux de chômage des jeunes évalué par l’Institut national de statistique (Istat) à 47 %, la situation sociale est toujours au bord de l’explosion. « MOYEN AGE CAPITALISTE » Qui veut prendre la mesure de la crise européenne, et peut-être essayer d’en prédire les développements, se doit de venir ici, dans cette « ville poreuse », comme l’a définie Walter Benjamin en une heureuse métaphore qui comparait les Napolitains au tuf dont est bâtie leur cité. Une ville où des centaines de laboratoires clandestins produisent en toute quiétude des contrefaçons diverses et variées, des CD piratés aux faux sacs Louis Vuitton ou Prada. Une ville où un phénomène musical, celui des chanteurs dits « néomélodiques », a son propre circuit de production et de commercialisation, fréquemment utilisé par la Camorra pour blanchir de l’argent ou même pour faire passer des messages. Joseph Halevi en est convaincu : l’avenir de l’Europe peut se lire ici. Ce chercheur à l’université de Sydney, signature réputée du quotidien Il Manifesto, annonce, pour l’ensemble du Vieux Continent, le début d’un « Moyen Age capitaliste ». Comment l’imagine-t-il, ce nouvel âge de l’obscurantisme ? « Comme une grande Naples, où, chaque matin, les habitants enfilent leur veste et descendent dans la rue pour gagner leur pain de la journée. » L’art de la débrouille typiquement napolitain, tel que l’ont immortalisé des dizaines de films, deviendrait donc un modèle européen ? La crise économique et financière de 2007, au

lieu d’entraîner des fermetures d’usines, a agi de manière souterraine, sur les réseaux d’entraide, l’économie informelle et les liens sociaux. Aux feux rouges, des personnes âgées disputent désormais aux immigrés les plus pauvres leur fonction traditionnelle de laveurs de pare-brise. Travailleur social, M. Andrea Morniroli a participé au comité Le bien-être n’est pas un luxe, un réseau de cent cinquante associations et coopératives — dont la sienne, Dedalus — qui, sous le gouvernement de M. Silvio Berlusconi, s’est battu contre les coupes budgétaires. Ce qu’il raconte fait frémir : « Quand je suis arrivé à Naples, il y a dix-sept ans, j’ai trouvé dans les quartiers espagnols une situation pire que celle que je connaissais à Turin, dans le quartier multiculturel de San Salvario. Mais, même avec les immigrés, il existait une médiation informelle des conflits et un respect réciproque, fondé sur le fait que tout le monde était précaire et devait gagner sa vie. Aujourd’hui, l’économie grise, qui permettait à des milliers de personnes de survivre grâce à une multitude de petits boulots, ne tient plus. Du coup, cette médiation a sauté. Les pauvres se sont mis à se concurrencer entre eux. Les incidents liés au racisme se multiplient comme jamais auparavant ; des personnes qui, il y a encore quelque temps, menaient une vie normale se sont clochardisées ; la prostitution occasionnelle, tant masculine que féminine, est en hausse. » Dans les asiles de nuit, depuis 2008, le nombre d’Italiens a triplé. Avec l’aide d’associations, la municipalité envisage de rouvrir l’Hospice royal des pauvres que les Bourbons avaient fait construire au milieu du XVIIIe siècle. Il redeviendrait alors le plus grand asile de nuit d’Europe. Pour qui veut prendre la mesure de l’économie informelle — joliment appelée « économie de la ruelle » par les sociologues et les économistes —, le Rione Sanità est une étape obligée. Il s’agit d’une véritable ville dans la ville, du

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moins depuis que, au début du XIXe siècle, Joseph Bonaparte a fait construire un pont permettant de rejoindre la colline qui abrite le palais royal de Capodimonte en chevauchant cet entrelacs de ruelles où vivent aujourd’hui soixante-dix mille personnes. C’est là qu’habite le missionnaire combonien Alex Zanotelli, figure du mouvement altermondialiste, qui y a emménagé après une longue activité dans le bidonville de Korogocho, au Kenya. Pour lui, le désastre social du quartier est dans une large mesure dû au berlusconisme, seule idéologie qui ait réussi, à travers le matraquage médiatique, à pénétrer les foyers et les consciences. « A côté de la crise économique, dont tout le monde parle, il y a une crise écologique, que peu dénoncent, et une crise anthropologique encore plus préoccupante, soutient-il. Ici, la plupart des filles veulent devenir des veline (4), et les garçons ne pensent qu’à leur cyclomoteur et à la drogue. Les uns et les autres ne sortent jamais du quartier, et beaucoup n’ont jamais vu la mer. Ils sont plus violents que les gamins du même âge que j’ai connus à Korogocho. Ils ont une colère que ceux-là n’avaient pas, et le berlusconisme a effacé jusqu’à la seule valeur qui leur restait : la famille. » Seule les unit leur passion pour l’équipe de football de la ville, demeurée intacte depuis le temps où elle comptait Diego Maradona parmi ses joueurs. Quant à la crise écologique, elle a pris un caractère d’urgence. Les images de la ville submergée par les immondices et de la révolte des citoyens, en 2009, ont fait le tour du monde. Désormais, le problème semble résolu : la monnezza (les ordures en dialecte napolitain) est envoyée aux Pays-Bas pour y être incinérée. Cependant, à Giugliano, aux portes de la ville, demeure un monument à la mémoire impérissable des scélératesses d’hier : un dépôt de huit millions d’ecoballe, des déchets en tout genre emballés dans du plastique. Impossibles à brûler ou à traiter en raison de leur toxicité,

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ils occupent un espace grand comme une ville moyenne et sont destinés à rester là, comme les pyramides égyptiennes ou le Colisée, pour témoigner de la décadence de la civilisation du capitalisme tardif. En 1991, la fermeture des aciéries Ilva de Bagnoli a marqué la fin du rêve industriel, qui avait pourtant produit un résultat précieux : la formation d’une classe ouvrière dotée d’une conscience propre, au-delà de l’idéologie du « chacun pour soi » qui imprégnait l’« économie de la ruelle ». Depuis, on a assisté à la crise des chantiers navals de Castellammare di Stabia, les plus vieux d’Italie. A l’usine Fiat de Pomigliano d’Arco, dans la banlieue de Naples, le directeur, M. Sergio Marchionne, a instauré des relations sociales fondées sur la réduction des garanties pour les travailleurs et la démolition des syndicats qui refusaient de coopérer. Aucun des adhérents du principal syndicat de métallurgistes (Federazione Impiegati Operai Metallurgici - Confederazione Generale Italiana del Lavoro, FIOM-CGIL) n’a figuré parmi les quelque deux mille privilégiés réembauchés dans la nouvelle usine — même si la justice a ensuite condamné l’entreprise pour répression antisyndicale et imposé la réintégration de dixneuf travailleurs. Selon la CGIL, la métropole a perdu au cours des trois dernières années soixante-quinze mille postes de travail, dont vingt-trois mille dans l’industrie, trente mille dans les services, huit mille dans l’agriculture et presque dix mille dans le bâtiment. Le produit intérieur brut (PIB) de la Campanie, la région dont Naples est la capitale, a plongé de 10 %. On a aussi vu apparaître les esodati — on en compte plus de trente mille à Naples —, ces travailleurs de plus de 50 ans exclus du marché du travail, mais qui ne peuvent pas toucher leur retraite (5). Et même ceux qui ont un emploi ne s’en tirent pas si bien : percevoir son salaire avec des mois de retard est devenu la norme. Ce climat crée une angoisse permanente : le


19 décembre 2012, tous les transports publics de la ville ont été paralysés par une manifestation spontanée des conducteurs après la diffusion d’une rumeur selon laquelle leur treizième mois ne leur serait pas payé. Il peut sembler paradoxal que cette ville paradigme soit gouvernée, depuis mai 2011, par une gauche radicale qui a renvoyé dans l’opposition non seulement la droite, mais aussi le Parti démocrate. C’est que ces lieux pleins de contradictions et de conflits engendrent un fort antagonisme social, dont la poussée a conduit à la victoire de De Magistris. BESOIN D’AUTRES MODÈLES Par ailleurs professeur de droit public à l’université Frédéric-II de Naples et à Paris-1, Alberto Lucarelli, adjoint municipal aux « biens communs » et à la démocratie participative, peut s’enorgueillir d’avoir obtenu que l’eau revienne dans le giron du service public et que des assemblées du peuple soient créées, grâce auxquelles les habitants peuvent imposer à la commune des sujets de débat. Il travaille actuellement à la révision des concessions de plages accordées à des personnes privées, afin de les replacer sous le contrôle de la mairie. « Notre défi est de créer une démocratie du commun, en allant au-delà de la théorisation de Toni Negri et de Michael Hardt (6) », explique-t-il en profitant d’une pause lors d’un conseil municipal enflammé. Le modèle est celui de l’autogestion. Mais les difficultés auxquelles doit faire face l’administration « gauchiste » de Naples sont énormes : la corruption et le clientélisme, omniprésents, et l’hostilité des médias locaux. Elle a également dû affronter, avant les élections, le gouvernement de M. Mario Monti, qui subordonnait les fonds d’Etat aux privatisations et à la vente du patrimoine municipal. Nonobstant la victoire du parti de centre gauche — le Parti démocrate a obtenu 33 % des suffrages de la ville —, la cinglante défaite de la liste de gauche radicale

(Rivoluzione Civile) aux élections législatives de février 2013 ne facilitera pas la mise en œuvre du programme de démocratie radicale adopté par le conseil municipal. Si l’écrivain Ermanno Rea (7) a soutenu le maire De Magistris, il laisse aujourd’hui paraître une pointe de déception : « Naples aurait besoin d’autres modèles de production, qui exploitent les potentialités du territoire et respectent l’environnement. Les Napolitains ne s’en sortiront que s’ils sont capables de projeter une utopie. » Une utopie apte à secouer les consciences, à modifier les comportements si bien ancrés et à susciter l’enthousiasme — « l’enthousiasme de l’impossible », comme le définit Rea, qui pourrait être étendu à l’Europe tout entière. Histoire de conjurer le « Moyen Age capitaliste » qui menace. Angelo Mastrandrea Ecrivain, journaliste, directeur adjoint du quotidien Il Manifesto.

Naples ou le futur de l’Europe, un article par Angelo Mastrandrea, publié en avril 2013 dans Le Monde Diplomatique. http://www.monde-diplomatique.fr/2013/04/ mastrandrea/49008 VILLEJUIF- GRAND NAPLES TERRITOIRES MÉTROPOLITAINS 11


STRATÉGIE GROUNDSCAPE : RÉSILIENCE FACE AUX RISQUES

5 RÉPONSES AUX RISQUES NATURELS ET TECHNOLOGIQUES.... -

On l’aura compris, les données scientifiques disponibles sur la vulnérabilité des villes face au dérèglement climatiques annoncent un avenir assez sombre pour Naples. Cette métropole cumule à la fois une forte porbabilité d’être soumise à des évènements climatiques importants et une fragilité économique que signale par exemple son très fort tauxd de chômage. La stratégie groundscape appliquée à la villede Naples cherche à répondre à ces maux de manière passive, c’est à dire par des systèmes qui ne nécessiteront pas de surcoût important d’exploitation au long terme. Les stratégies souterraines offrent bien évidemment un contrôle de la température que de nombreux peuples troglodytes ont pu expéri-

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menter dans l’histoire; mais également une resistance aux séismes, et une opportunité de développement d’un management complet des eaux pluviales. Par ailleurs, notons que Naples dispose d’un fort facteur d’opportunité de développement souterrain grâce à sa topographie, la qualité structurelle de ses sols, et le besoin à venir de dépolluer une bonne partie des anciens terrains industriels à l’est du centre ville. La dépollution nécessitera en effet un terrassement qui offrira une occasion parfaite de développement “à fleur de sol” sans surcoût.


Densifier la ville historique L’intervention en souterrain permet d’envisager des projet partout, même dans le centre historique de la ville.

Dépollution des terrains: Les nombreuses friches industrielles polluées par des métaux lourds devront être traitée, nécessitant des terrassements, et donc créant des opportunité de groundscape sans surcoût.

Réponse au risque sismique: Les structrures souterraines de taille bâtimentaire (hors ouvrages longs comme les tunnels) sont réputées pour leur résistance aux seïsmes.

Inondations - ruissellement urbain Les projets groundscape permettent l’élaboration d’une stratégie d’ensemble de gestion de la ressource en eau. Les toitures paysages et l’absence d’étalement urbain favorisent également l’infiltration.

Episodes climatiques extrêmes L’inertie thermique des projets souterrains permet de lisser les températures dans le temps et d’ignorer complètement les épisodes de canicule ou de grand froid.

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STRATÉGIE HÔTEL MÉTROPOLE : UN BÂTIMENT INNOVANT

Où?

L’implantation de l’Hôtel Métropole se fera autour des nouvelles et anciennes gares du système de transports en commun dans le but de diminuer les migrations pendulaires. Les résidents pourront ainsi réduire fortement leur temps de déplacement entre leur travail ou activité et leur logement. Qui?

L’Hôtel Métropole s’adresse également à toute une population dotée de volonté et de talent, mais pourtant sortie en marge de l’histoire par la désindustrialisation. Il s’agit de Napolitains de tout âge, désireux de retourver un emploi ou de démarrer une entreprise. Quoi?

A Paris, l’enjeu principal était le logement aussi l’hôtel métropole était-il avant tout programmé pour fournir une offre d’accueil. Ici l’enjeu est très clairement le chômage qui peut atteindre près de 40%. L’hôtel métropole napolitain cherchera donc à offrir les outils légaux et républicains d’un renouveau économique à une population qui ne trouve son salut que trop souvent dans une économie parallèle. A l’instar du travail de fond mené aujourd’hui à Détroit pour raviver le tissu économique sinistré de l’ancienne usine automobile du monde, il s’agit de structurer à travers Naples une nouvelle économie du partage, sociale et solidaire, à la recherche d’un modèle de société qui se concentre sur l’innovation pour faire plus avec autant. L’Hôtel Métropole concentre en un seul bâtiment les différentes activités que l’on trouverait dans un quartier innovant : Fab Lab et Agriculture Urbaine, espaces partagés (cuisine, auditorium, café, magasin) et personnels (logements).

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Comment?

1 - Fab Lab & Agriculture Urbaine Les jeunes travailleurs résidant dans l’Hôtel Métropole possèdent leurs espaces de travail dans l’atelier Fab Lab et l’atelier d’Agriculture Urbaine qu’ils partagent avec la communauté. 2 - Logements temporaires Le Logement temporaire permet au jeune travailleur de s’installer pour une courte durée dans un établissement à forte vocation métropolitaine où il retrouve tous les programmes nécessaires à son épanouissement professionnel et personnel. 3 - Café Le Café est un tiers-lieu entre les logements et les espaces de travail et occupe plusieurs fonctions dans l’Hôtel Métropole : espace de réunions pour les jeunes actifs, et, salle de détente et de rencontre entre la communauté de riverains et les résidents. 4 - Cuisine Collective Les résidents de l’Hôtel Métropole ont à disposition une cuisine partagée. Les récoltes issues de l’Agriculture Urbaine peuvent y être consommées. Les autres récoltes destinées à la vente se trouvent au Magasin. 5 - Magasin Les produits issus des deux ateliers de création et de production sont à la fois destinés aux résidents de l’Hôtel Métropole ainsi qu’au public au général par le biais du Magasin. 6 - Auditorium L’Auditorium permet aux jeunes travailleurs de présenter leurs produits et d’organiser des réunions. Il appartient également à la communauté et à la ville, et sert alors de salle de cinéma, de débat ou de conférence.


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LOGEMENTS TEMPORAIRES

1

CUISINE COLLECTIVE

FAB LAB / AGRICULTURE URBAINE

6

5 LA CARTE MÈRE DE L’HÔTEL MÉTROPOLE

AUDITORIUM

MODES DE VIE COMMUNS

Les interactions entre les différents programmes de l’Hôtel Métropole font parties de son patrimoine génétique. Bien qu’elles reposent sur la communauté qui y réside, les activités collectives ci-dessus sont ouvertes au public et permettent de créer des échanges citoyens-citoyens.

REDISTRIBUTION

MAGASIN

SYSTÈME DE SERVICES VILLEJUIF- GRAND NAPLES TERRITOIRES MÉTROPOLITAINS 15


STRATEGIE HÔTEL MÉTROPOLE Perspective depuis le Fab Lab et la serre d’agriculture urbaine

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STRATEGIE HÔTEL MÉTROPOLE Perspective depuis une chambre de l’Hôtel Métropole à Naples

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Equipe DPA (Dominique Perrault + Une Fabrique de la Ville) Membre du Conseil scientifique de l’Atelier International du Grand Paris Étude réalisée pour l’Atelier International du Grand Paris AIGP 3 / Lettre de commande « 2 » / Juin 2015


5.

ANNEXES

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Dominique Perrault, architecte urbaniste Équipe DPA : William Yon, Marcello Tavone, Jérémy Moles, Nicolas Ayoub, Caterina Ribolla Équipe « Une Fabrique de la ville » : Jean-Louis Subileau, urbaniste Marina Gaget, Guillaume Hebert


5.

ANNEXES CASE STUDIES

4

PRÉSENTATION RISQUES GRAND PARIS

9

PRÉSENTATION RISQUES NAPLES

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EXPOSITION GROUNDSCAPE

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CASE STUDY GROUNDSCAPE : LEARNING FROM... TORONTO

PATH est le plus grand complexe commercial souterrain au monde avec 30 kilomètres de galeries commerciales. 200 000 personnes l’utilisent chaque jour. Plus de 50 tours de bureaux sont reliées au réseau.

Carte du PATH souterrain de Toronto

Toronto Dominion Center, 1967

1900. Le premier passage souterrain a ete construit quand le T Eaton Co. rejoint son magasin principal par un tunnel.

1960. L’urbaniste Matthew Lawson de la ville de Toronto encourage les promoteurs à creer de connections souterraines.

1967. Mies Van der Rohe termine le Toronto Dominion Center qui prevoit un vast systeme d’espaces commerciaux souterrains.

1987. La ville de Toronto devient responsable de la coordination du reseau souterrain qui vient appellé PATH.

Chaque segment du reseau est détenu et contrôlé par chaque propriétaire des activités developées en sous-sol. La valeur commerciale des espaces souterrains a dernièrement dépassé celle des espaces hors sol.

2015. PATH est le plus grand complexe commercial souterrain au monde avec 30 kilomètres de galeries commerciales. 200.000 personnes l’utilisent chaque jour. Plus de 50 tours de bureaux sont reliés par le PATH.

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CASE STUDY GROUNDSCAPE : LEARNING FROM... OSAKA

Crysta Nagahori s’étend sur 81 765 m2 et représente le plus vaste complexe commercial souterrain du Japon. Il a été developée conjointement par le gouvernement municipal d’Osaka et Osaka Nagahori Development Inc.

Carte du Crysta Nagahori

Carte du Crysta Nagahori

Crysta Nagahori s’étend en sous-sol d’Est à Ouest sur une longueur totale de 730 mètres en se connectant avec 3 stations de métro.

Crysta Nagahori a été developéecon jointement par le gouvernement municipal d’Osaka et Osaka Nagahori Development Inc.

Un tiers du centre commercial dispos d’une verrière zénithale qui permet à la lumière naturelle d’entrer directement en sous-sol

Le complexe dispose de quatre zones - la ville décontractée, la ville de la mode, la ville variée et la ville gastronomique – qui accueillent 100 magasins et 30 restaurants.

Le Crysta Nagahori offre plusieurs espaces semi-publics qui sont beaucoup utilisés. Le gens de Osaka préfèrent cet endroit en raison de la connexion direct à cinq stations du transport public.

Crysta Nagahori s’étende sur 81,765 m2 et représente le plus vaste complexe commercial souterrain du japon . VILLEJUIF- GRAND NAPLES TERRITOIRES MÉTROPOLITAINS 5


CASE STUDY ESPACES : LEARNING FROM... LE CLOÎTRE

Schema en coupe

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Schema en plan

Les espaces que nous imaginons de pouvoir incruster dans le sol sont toujours ouverts vers le ciel. Un premier dispositif urbain qui on pourrait réutiliser pour organiser des programmes en sous-sol est la cour, qui permet de retrouver des éléments paysagers, la lumière naturelle, des vrais espaces publics, mais surtout le profil de la ville, qui est toujours présente et qui permet de se repérer.


CASE STUDY ESPACES : LEARNING FROM... LA GALLERIA

Schema en coupe

Schema en plan

Le deuxième élément urbain qu’on pourrait retrouver en sous-sol est la galerie, ou le passage. On pourrait imaginer que les verriers qui éclairent ces espaces définissent le « niveau zéro » de la ville : au-dessous de ces toits en verre on aperçut seulement les racines plus profondes des bâtiments, qui continuent à se développer hors sol en dessinant le skyline de la métropole. VILLEJUIF- GRAND NAPLES TERRITOIRES MÉTROPOLITAINS 7


CASE STUDY HOTEL MÉTROPOLE : LEARNING FROM... WEWORK

WeWork Companies Inc. fondée en 2010, est une plateforme de location d’espace de travail partagé, créant une communauté et fournissant des services pour entrepreneurs, travailleurs indépendants, startups et petites entreprises. A l’instar de startups telles que Uber ou Airbnb, WeWork s’est imposé comme une référence par la modernisation d’un concept existant : au fur et à mesure

IMMEUBLE VACANT WeWork lève des fonds afin d’assurer les dépenses à venir : location des locaux et travaux d’améngements.

MISE EN PLACE DU PROGRAMME

WeWork loue des immeubles ou des étages vacants à des promoteurs pour une durée de 20 ans.

WeWork procède ensuite à un réaménagement des espaces et y introduit son programme à savoir des logements, des bureaux et des espaces communs.

PROMOTEURS

WeLive : LOCATION COURTE DUREE

WeWork : LOCATION DE 20 ANS

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LOCATION CO-WORKING

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que les consommateurs partagent et recyclent leurs espaces, la demande globale de produit diminuerait. Plutôt que rivaliser avec d’autres vendeurs novices, les entreprises rivaliseraient avec des millions de consommateurs prêt à louer le même espace à un prix très faible. Cela entraînerait une baisse des prix pour les locations de bureaux, réduisant ainsi les marges d’activité.

CLOISONNEMENT POUR LOCATION

LOCATION MENSUELLE

L’ensemble du programme est ensuite divisé en plusieurs sous-parties afin de favoriser la location. D’autre part, différents espaces utilisables à diverses temporalités sont mis en place, accessibles aussi bien aux membres de la communauté qu’aux personnes extérieures.

Les espaces cloisonnés sont ensuite loués au mois à divers profils de clients.

CLIENTS WEWORK, PERSONNES EN DEPLACEMENT

Le retour sur investissement est très profitable pour WeWork. Elle est actuellement évaluée à plus de 5 milliards de dollars.

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Présente dans plus 15 villes situées dans 4 pays différents, WeWork possède plus de 42 emplacements de bureaux. Elle compte plus de 25 000 membres dans sa communauté, qui peuvent échanger et travailler ensemble pour développer leurs entreprises. COURT TERME

OPEN SPACE OU BUREAU PARTAGÉ

LONG TERME

BUREAU PARTAGÉ OU BUREAU INDIVIDUEL

TRÈS COURT TERME

CHAMBRE OU STUDIO

COURT TERME

STUDIO OU PETIT APPARTEMENT Profil des utilisateurs de WeWork & WeLive

COMMUNAUTÉ

ENTREPRENEURS, STARTUPS, FREELANCE PETITES ENTREPRISES

ESPACES DE TRAVAIL

OPEN SPACE, BUREAUX BUREAUX PARTAGÉS, SALLES DE RÉUNION

SERVICES

INTERNET, BOISSONS, COLLATION, SALLES DE JEUX, ADRESSE POSTALE, RDV CLIENTS Concept de WeWork

COMMUNAUTÉ

CLIENTS WEWORK, PERSONNES EN MOBILITÉ

ESPACES DE VIE

CHAMBRES, STUDIOS, PETITS APPARTEMENTS

SERVICES

INTERNET, SALLES COMMUNES : CO-CUISINE, NETTOYAGE, PRESSING, SALLES DE DÉTENTE

Concept de WeLive

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Espace de détente SN AC K

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Bureaux partagés Bureaux personnels

Amphithéâtre

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Cuisine collective

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Supermarché

Bar Lounge

Axonométrie du concept d’un immeuble WeWork / WeLive

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CASE STUDY COMMUNAUTÉS : LEARNING FROM... DETROIT

Détroit est l’une des 20 plus grandes villes américaines avec 714 000 habitants. Il possède un réseau civique d’organisations proactives fondées par des communautés d’habitants et d’organisations philanthropiques.

LE PLUS GRAND ENGAGEMENT DE LEADERSHIP

VILLE DE DETROIT

CARTE DU LIEN ENTRE LES COMMUNAUTES

DECG CONSEILLER DU MAIRE

COMITÉ DE DIRECTION ÉQUIPE DE STRATÉGIE À LONG TERME

ÉQUIPE DE STRATÉGIE À COURT TERME

GROUPE DE TRAVAIL INTER-AGENCE

EQUIPE DE PLANIFICATION

ENGAGEMENT CIVIQUE

PROCESS LEADERS TABLE RONDE

GROUPES DE TRAVAIL

Carte des liens entre les communautés CENTRE COMMUNAUTAIRE, QUARTIER, NONPROFIT

COMMUNAUTÉ RESIDENTS, GOUVERNEMENT, NON LUCRATIF, ENTREPRISES, INSTITUTIONNEL, CIVIQUE, PHILANTHROPES, RELIGIEUX

27 emplois pour 100 personnes

DETROIT

1940. Détroit était la 4e ville des Etats-Unis, par sa population de 1 623 452 habitants.

L’esprit de communauté tend à se développer fortement à Détroit. Les habitants travaillent ensemble pour améliorer le futur de la ville.

La ville de Détroit est en train de mettre en place des logements de qualité sous le contrôle des communautés d’habitants.

Mise en place d’un réseau de transport développé afin d’améliorer les temps de déplacement entre les habitants, leurs emplois et les services de la ville.

Un nouveau système innovant d’espaces verts se met en place, créant un repère pour la vie des riverains et une nouvelle image de la ville : celle d’une ville verte.

2060. Mixité urbaine des quartiers de Détroit prévu dans 50 ans.

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PRÉSENTATION RISQUES GRAND PARIS RISQUE INONDATIONS

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e risque d’inondation constitue le premier risque naturel en France. Lors de l’évènement historique de la crue de 1910, le risque d’inondation dans l’agglomération parisienne est devenu une réalité. La crue centennale est le plus important débordement de la Seine (après celui de 1658).Dans l’hypothèse où une inondation de la même ampleur se reproduirait en Ile-de-France où 4,7% du territoire sont exposés au PHEC, cette dernière impacterait directement et indirectement près de 5 millions de citoyens et de nombreuses entreprises. Le réseau routier et celui du métro serait bloqués, pour cause d’inondation ou de prévention. Plus d’1,5 millions de franciliens se retrouveraient sans électricité, et plus de 5 millions sans eau. Les préjudices atteindraient alors entre 3 à 30 milliards d’euros pour les dommages directs (selon les scénarios d’inondation). Depuis plus de trente ans, la France a engagé des efforts significatifs dans la prévention des risques d’inondation à travers l’élaboration de différents plans. En effet, la mise en place du Plan Pluie à Paris a permis de gérer les eaux pluviales au plus près de

leur point de chute, en privilégiant l’infiltration directe dans le milieu naturel. Ainsi, les volumes d’eau évacués par les égouts puis rejetés en Seine sont diminués.De plus, la gestion de l’aléa est assurée à la fois par les digues et les murettes mais également par les quatre lacs-réservoirs, construits à l’amont du bassin. MOUVEMENT DE TERRAIN

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n mouvement de terrain est un phénomène naturel se caractérise par un ou plusieurs déplacements d’intensités variées du sol ou du sous-sol. Les mouvements lents regroupent principalement les affaissements, les tassements, les glissements, le retrait-gonflement. Ils engendrent une déformation progressive des terrains, qui n’est pas toujours perceptible par l’Homme. Les mouvements rapides se définissent par des effondrements, des chutes de pierres et de blocs, des éboulements et des coulées boueuses. Ces derniers se propagent de manière vive et intense.

ploitation a créé des cavités souterraines, à savoir des vides résultants des anciennes carrières de calcaire et de gypse. Les principaux risques de mouvement de terrain dont Paris est soumise sont : les retraits et gonflements de terrains argileux, les glissements de terrains, l’effondrement ou l’affaissement de terrain par la dissolution du gypse, et la mauvaise stabilité des remblais. L’institution publique chargée de la gestion des risques liés au soussol est l’Inspection Générales des Carrières (IGC). Cette dernière réalise un inventaire en établissant et en mettant à jour la publication de cartes des carrières souterraines. Ainsi, les périmètres de risques se retrouvent sur le PLU, qui impose que les constructions ou les modifications d’édifices érigés sur des zones sensibles se fassent sous approbation de l’IGC. Par ailleurs, l’IGC conduit des travaux visant à renforcer les anciennes carrières par des comblements ou des remblaiements. On recense entre 280 et 300 km de réseaux de carrières souterraines sous Paris intra-muros, avec une profondeur moyenne d’environ 20 m sous le niveau du sol naturel. Ceux-ci font l’objet d’un suivi régulier par les services techniques de la Mairie, en particulier lorsqu’ils sont situés dans des zones à risques.

Le sous-sol de Paris se compose de différents types de roches dont l’ex-

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GRAND FROID

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e grand froid se définit par une chute importante de températures, caractérisé par son intensité, son étendue géographique et sa persistance. Les très faibles températures durent au minimum deux jours. Outres les températures, les épisodes de grand froid peuvent également être à l’origine d’autres phénomènes météorologiques, non sans risques. A l’instar de la neige ou du verglas qui peuvent interrompre les trafics routiers, ferroviaires, fluviales ou aériens. En France, la période hivernale où les températures sont plus basses se situe généralement aux mois de janvier ou de février. Néanmoins, il n’est pas impossible d’assister à des épisodes précoces en novembre-décembre ou encore tardifs jusqu’au mois de mars. Il existe quatre critères selon lesquels les climatologues identifient les épisodes de grand froid : les écarts par rapport aux normales saisonnières des régions, les records de températures, l’étendue géographique, la présence de vent (qui accentue le ressentie du froid), ainsi que la persistance. L’ép-

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isode de grand froid le plus récent est celui du mois de janvier 2010, au cours duquel une grande partie de la France a été paralysé par la neige et les faibles températures. Selon Météo France, il s’agit du mois de janvier le plus froid des vingt dernières années, avec -20°C dans le Sud de l’Ile-deFrance. Face à ces conditions climatiques extrêmes, l’Etat a mis en place un Plan Grand Froid afin de prévenir et limiter les dommages. A l’instar du Plan National Canicule, il se compose de trois niveaux en fonction des températures (niveau 1 : entre -5° et -10°C, niveau 2 : -10° à -18°C, niveau 3 : inférieur à -18°C). Ainsi, il permet aux préfectures de mettre en œuvre les moyens nécessaires pour subvenir aux besoins de la population, et en particulier des plus démunis et des sans domicile fixe, par le renforcement des équipes mobiles et des 115, l’ouverture la nuit des accueils de jour ainsi que par la mobilisation de capacités supplémentaires. RISQUE CANICULE

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a canicule se définit comme un niveau de températures très élevées le jour et la nuit durant trois jours consécu-

tifs a minima. Les deux paramètres inhérents à la canicule sont ainsi la chaleur et la durée. Durant l’été 2003, la France a connu une canicule inédite et exceptionnelle ; en effet, il s’agit de l’été le plus chaud depuis 1950 (Météo France). La surmortalité entrainée est très importante. L’Institut national de la santé et de la recherche médicale (INSERM) l’estime à près de 19 500 décès. La région Île-de-France figure parmi les plus touchées, la mortalité y ayant plus que doublé durant les vingt premiers jours d’août d’après l’Institut National d’Etudes Démographiques (INED). De plus, une sécheresse persistante peut engendrer une pénurie d’eau potable et ainsi paralyser une grande partie de l’Hexagone. La France n’avait jamais été confronté à de telles conséquences sanitaires engendrées par une chaleur extrême. Cet évènement climatique de grande ampleur a révélé la nécessité d’adapter le dispositif national de prévention et de soins, et de mettre en place le Plan National Canicule en vue des années futures. Afin de limiter les conséquences d’une canicule et donc d’une sécheresse, l’Etat assure une vigilance à travers trois organismes publics à savoir Météo France, l’Institut de veille sanitaire, en lien avec la Direction générale de la santé (DGS). Ces derniers veillent et alertent quotidiennement sur les risques de survenue de fortes chaleurs. Par ailleurs, suite à la grande canicule qui avait paralysé l’Europe durant l’été 2003, l’Etat a mis en place le Plan National Canicule (PNC). Il a pour but d’anticiper l’arrivée d’un tel évènement et de définir les démarches à suivre tant au


plan local que national afin de prévenir et limiter les dommages, particulièrement en ce qui concerne les personnes les plus fragiles. De plus, le Plan Régional d’Alimentation en Eau Potable de Paris (PREAP) a été mis en place afin d’organiser et gérer la production et la distribution d’eau en cas de pénurie.en cas de pénurie. TECHNOLOGIQUES

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n risque industriel est un accident qui se produit sur un site industriel entraînant des conséquences immédiates graves pour les populations avoisinantes, le personnel, les biens et l’environnement. Il existe également le risque de transport de matières dangereuses, qui concerne l’accident se produisant lors de l’acheminement de matières par voie routière, ferroviaire ou fluviale. L’exemple le plus marquant d’accident industriel fut l’explosion de l’usine AZF à Toulouse le 21 septembre 2001. Suite à la déflagration, un cratère de près de 30 m de diamètre et d’une dizaine de mètres de profondeur se creuse, et une secousse équivalente à un séisme de 3,4° sur l’échelle de Richter se fait

sentir. Le bilan fut très lourd tant sur le plan humain, avec 30 décès et plus de 2000 blessés, que matériel (des logements, une piscine, un gymnase, un lycée et un hôpital dégradés ou détruits). Afin d’évaluer le risque industriel, la France a adopté la directive européenne 2012/18/UE dite «Seveso 3» qui permet de classer les établissements industriels présentant des risques, selon deux seuils en fonction de leur dangerosité : seuil haut et bas. En Ile-de-France, on compte 86 sites classés Seveso soit près de 8% des sites classés en France. Compte tenu de sa très forte densité, la région Ile-de-France est un facteur de risque important. Trois de ces départements sont les plus exposés de France, à savoir les Hauts-deSeine (avec une densité de sites Seveso pour 1 000 km² de 57), le Val-deMarne (avec une densité de sites de 28,6) ainsi que la Seine-Saint-Denis (avec une densité de sites de 12,7). Bien que Paris ne possède pas de sites industriels classés Seveso, elle possède tout de même un risque industriel en étant vulnérable aux départements voisins. Néanmoins, elle ne figure pas dans le périmètre de sécurité des établissements industriels voisins. Ces derniers font l’objet d’un suivi par le Service Interdépartemental d’Inspection des Installations Classées (STIIIC). De plus, un plan d’urgence a été mis en place par la Mairie de Paris en cas d’accident industriel. Il permet la mise à disposition d’hébergements d’urgence, d’un ravitaillement, d’un encadrement en cas d’évacuations d’immeubles ainsi qu’une assistance

sociale pour les sinistrés. (Données : SOeS, juillet 2012) INÉGALITÉS TERRITORIALES

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a région Ile-deFrance concentre plus de 22% de la population française et produit près de 30% du PIB national. Tout en étant la région la plus aisée et productive de France, elle est également celle qui possède le plus d’inégalités : elle concentre 13,2% de pauvres et le potentiel fiscal moyen par habitant oscille entre 300 et 2000 euros. A partir des statistiques de l’Insee, la Direction Générale de la Cohésion Sociale établit des mesures afin de prévenir et lutter contre l’exclusion sociale, et d’assurer inclusion sociale et insertion des personnes en situation de précarité. Ces inégalités peuvent donner lieu à des tensions entre les populations les plus aisées et celles les plus démunies, qui sont souvent dans l’incapacité d’accéder à l’emploi, au logement et aux services. Par les besoins grandissants de la métropole en terme d’infrastructures (à l’échelle globale), la métropolisation produit des fragilités territoriales et sociales en annihilant l’échelle locale (par des fractures urbaines).

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PRÉSENTATION RISQUES NAPLES RISQUE VOLCANIQUE

L

a métropole de Naples est soumise au risque volcanique de part sa localisation géographique ; en effet, elle est encerclée par le complexe volcanique de SommaVésuve à l’Est et les CampiFlegrei à l’Ouest. Le risque volcanique est calculé en multipliant les facteurs de « danger volcanique », de « vulnérabilité » et d’« exposition ». Le danger est la probabilité qu’une région soit soumise à un évènement volcanique ; tandis que la vulnérabilité concerne la valeur en pourcentage de vies humaines (ou biens) à risque à la suite d’un événement volcanique, et l’exposition constitue le nombre de vies, ou la valeur des biens-fonds, à risque dans une zone volcanique. A cause de la dense urbanisation de ses versants, le Vésuve représente un des volcans plus dangereux au monde. Les principales défenses contre les activités volcaniques sont assurées par une constante surveillance et par la prévention. La prévention consiste à diminuer la densité de l’habitat et à améliorer les sentiers échappatoires. Dans son plan stratégique territorial, la province de Naples a prévu de reconvertir les immeubles résidentiels pour de nouveaux usages, tels que

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des activités touristiques, tertiaires, de production, et d’équipements publics. Plan Pluie à Paris a permis de gérer les eaux pluviales au plus près de leur point de chute, en privilégiant l’infiltration directe dans le milieu naturel. Ainsi, les volumes d’eau évacués par les égouts puis rejetés en Seine sont diminués.De plus, la gestion de l’aléa est assurée à la fois par les digues et les murettes mais également par les quatre lacs-réservoirs, construits à l’amont du bassin. RISQUE SISMIQUE

23 novembre 1980, le séisme qui se produit en Irpinia touche le territoire de Naples. La secousse principale, de 6,9 sur l’échelle de Richter, se déclenche, suivie d’une seconde secousse, 40 secondes plus tard, de magnitude 10. Le lendemain, au 24 novembre 1980, la province recense 130 décès et 1450 blessés. Les séismes étant des évènements naturels inévitables, la seule solution que les villes peuvent adopter est la prévention des désastres ; ainsi, Naples métropole est en train de promouvoir une politique pour améliorer les performances statiques des anciennes et des nouvelles constructions. HYDROGÉOLOGIQUE

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e territoire de la métropole napolitaine est fortement exposé aux risques sismiques. En effet, il appartient à la zone sismique des Apennins, des zones volcaniques du Vésuve et des CampiFlegrei, et à celle d’Ischia. De même que pour les risques volcaniques, le risque sismique se calcule en multipliant les facteurs de « danger », de « vulnérabilité » et d’« exposition ». Malgré sa forte exposition, la sismicité de la ville de Naples n’est pas élevée : les experts prévoient que les tremblements de terre peuvent atteindre une intensité modérée, de l’ordre de VI - VII sur l’échelle de Mercalli. Toutefois, le dimanche

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es risques hydrologiques sont liés à la probabilité d’inondation (risques hydrauliques), les glissements de terrain et l’effondrement des cavités souterraines. La grande majorité des cavités dans le sous-sol est concentrée sous le centre historique de la ville de Naples mais également dans 39 autres communes de la métropole (42% du total). Ces phénomènes causent des effets plus graves où le sol en tuf a été affecté par le réseau de


cavités, produit par le millénaire exploitation minière et par l’excavation des égouts. Les actions en faveur de l’atténuation du risque hydrologique prévoient une vaste stratégie de réhabilitation de l’environnement physique, qui débute par le développement d’un plan pour la défense du sol. Le plan permet de localiser les zones à risque hydrogéologique très élevé pour la sécurité des personnes, des infrastructures et du patrimoine environnemental et culturel. Par ailleurs, Naples métropole a développé un plan de financement pour les travaux d’amélioration du système des égouts, et plus généralement pour l’amélioration de l’évacuation des eaux pluviales dans les milieux urbains. ÉROSION CÔTIÈRE

L

e risque d’érosion des côtes est très élevé et peut causer des dégâts importants sur une zone qui s’étend sur 160 km. Le rétrécissement du littoral est presque causé dans sa totalité par des actions anthropiques. En effet, l’imprudent et violent processus d’urbanisation, la construction d’infrastructures défensives trop intrusives et des formes de tourisme balnéaire trop offensives ont provoqué de forts

déséquilibres géomorphologiques ainsi que pour la météo-marine. La réponse adapté à ce type de risque consiste en une nouvelle gestion du territoire, qui doit prévoir l’extension des limites des aires naturelles protégées, et l’élaboration de nouvelles formes de tourisme durable. POLLUTION DE L’EAU

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e risque affecte les parties plus urbanisées du territoire, celles caractérisées par une intense activité de prélèvement et d’évacuation des eaux. En juin 2007, l’armée américaine a débuté une enquête sur la qualité des eaux dans la province de Naples pour répondre aux préoccupations des 3 000 citoyens américains, vivant dans la région, qui s’étaient alarmés sur la qualité environnementale du territoire. Les résultats de cette étude ont été publiés par le magazine italien «l’Espresso » et ont soulevé un scandale sur la gestion criminelle de l’élimination des déchets et sur la pollution des eaux. Au cours de leur analyse, les techniciens américains ont découvert que la qualité de l’eau pose des risques nocifs pour la santé dans 24% des immeubles desservies par le réseau public. Les tests ont aussi dévoilé que dans 31% des cas,

l’eau contient des traces d’uranium. Cependant, les sources qui alimentent les aqueducs de Naples sont toutes de bonne qualité. Le problème provient des puits d’eau privés ayant une utilisation néfaste qui se connectent au réseau public de manière illégale. Naples métropole est en train de développer des politiques pour la diminution de la pollution des eaux. Elles prévoient une utilisation du sol, si cette dernière ne constitue pas un danger pour les eaux souterraines et les eaux de surface, ainsi que des systèmes d’infiltration, de stockage et de recyclages entièrement naturels. ÉMISSIONS DANS L’AIR

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n regardant les données concernant les émissions de gaz à effet de serres (GES) dans les quinze villes métropolitaines italiennes entre 2000 et 2009, nous pouvons observer que le total des émissions de CO2 générées par les citoyens est presque stable (dans les faits, le changement est égal à -0,3%). Ainsi, la città metropolitana de Naples représente l’un des meilleurs exemples en réalisant une réduction des émissions GES de 8%. Depuis 2008, la ville de Naples a décidé d’adhérer au Covenant of

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Mayors, un projet européen qui a pour but de coordonner un plan commun pour un développement urbain durable. Le Covenant of Mayors est seulement l’un des outils politiques proposé par l’Union Européenne pour poursuivre les objectifs fixés par le 2020 Climate and Energy Package qui prévoit une réduction du 20% des émissions GES, une amélioration de 20% de l’efficacité énergétique de l’UE et une augmentation du 20% de la consommation énergétique produite à partir de ressources renouvelables. La participation active des mairies des villes est justifiée par le fait que le 50% de la population européenne vit dans des zones urbaines ; or, près de 80% des émissions de CO2 et de la consommation d’énergie sont associés à des activités urbaines. De facto, les villes peuvent jouer un rôle décisif et significatif dans la lutte contre le changement climatique.

Un accident industriel peut avoir des effets néfastes sur la population et le territoire environnant. Les effets sur la santé, dans le cas d’une exposition à des substances toxiques rejetées dans l’atmosphère lors d’un incident, varient selon les caractéristiques des substances, leurs concentrations, la durée de l’exposition et de la dose absorbée. Les effets environnementaux sont liés à la contamination des sols, de l’eau et de l’air par des substances toxiques. Le risque industriel dans la métropole napolitaine est haute, étant donné l’extension des ses zones industrielles, leur proximité par rapport aux centres urbains, au port et aux parcs protégés. La réponse à ce type de risque consiste en une stratégie d’occupation du territoire capable de localiser les risques et leurs limites géographiques, ainsi qu’en une politique de prévention et d’information pour la population plus exposée.

RISQUE INDUSTRIEL

MAL LOGEMENT

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a présence sur le territoire napolitain de complexes industriels, qui utilisent ou détiennent des produits chimiques pour leurs activités productives, expose la population et l’environnement entourant au risque industriel.

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a situation du logement napolitaine, en comparaison avec d’autres grandes villes italiennes, semble particulièrement défavorisée. Les indicateurs socio-urbains montrent clairement qu’à Naples il y a le ma-

jeur nombre d’occupants par logement (2,9), la mineur quantité de surface par occupants (24 mq) et le plus grand nombre de composants pour famille (3,03). La question du mal logements a provoqué un processus de progressif dépeuplement de la ville de Naples : la tendance démographique depuis le 1991 montrent une perte de près de 63 000 habitants correspondent au 5,9% de la population. Les phénomènes de migrations affectent surtout les jeunes familles de classe moyenne qui ont décidé de déménager vers les territoires de première ou deuxième couronne. La perte progressive de cette partie de population préfigure un scénario qui pourrait accentuer le risque de conflit entre le classes plus à l’aise et celle plus en difficulté d’un point de vue économique et sociale en créant une division encore plus forte entre la ville des « très riches », qui peuvent continuer à payer pour leur utilisation de l’espace urbain, et la ville de « très pauvres », qui, par contre, sont ségrégés dans les quartiers moins connectés et équipés de la ville. Malgré la hausse de l’exode de la population napolitaine les problématiques liées au mal logement continuent à augmenter : en 2011 à Naples il y a eu 8000 demandes d’aide au logement causées aussi par une forte réduction des ressources destinées au « fond national pour le soutien à la location » (361 millions d’Euro en 2000, 33 millions en 2011). Les problèmes majeurs concernent les prix de location, la qualité des immeubles (seulement 5% des logements ont été construits après 1991 ), et surtout la tailles


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des appartements qui ne répondent pas aux besoins des jeunes couples, des célibataires, des migrants, des familles nombreuses, des familles à revenu unique, des étudiants. Les inégalités urbaines du territoire napolitain sont devenues encore plus graves à cause d’une mauvaise politique de gestion du parc de logements sociaux. L’intervention de l’état dans l’offre résidentielle a joué un rôle important qui a généré un de processus d’urbanisation plus violent dans l’histoire de Naples en changeant radicalement sa morphologie physique mais aussi social, en imposant des autres modalités d’habiter le territoire. Naples compte aujourd’hui environ 42 000 logements sociaux qui correspondent au 13% de l’offre résidentielle total : c’est la valeur plus élevée enregistrée dans les villes métropolitaines italiennes, où le pourcentage est moyennement du 8%. Le manque de connexions avec le reste de la ville, l’absence d’équipements publics et l’incapacité de créer une vraie mixité sociale et fonctionnelle ont souvent transformé les grands ensembles napolitains en des enclaves fortement marginalisés.

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topographie eau historiques centres eau centres historiques topographie nouvelle construction topographie

nouvelle construction chemin de fer FS centres centreshistoriques historiques chemin de fer FS chemin de fer Circumflegrea nouvelle construction nouvelles constructions

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chemin de fer Circumflegrea

reseau rejets enroutiere mer chemin de chemin deferferCircumvesuviana Circumvesuviana rejets enroutiere mer cavités souterraines reseau réseau routier cavités cavités souterraines industries à risque d'accident rejets ensouterraines mer industries risqued'accident d’accident industries à àrisque carrières cavités souterraines

carrières à risque d'accident carrières décharges industries décharges décharges friches industrielles carrières friches industrielles friches industrielles mal logement élevé décharges mal logement élevé mal-logement : taux élevé mal logement moyenne friches industrielles

mal logement moyenne mal-logement : taux moyen sites contaminés mal logement élevé sites contaminés sites contaminés sites potentiellement pollués mal logement moyenne

sites potentiellement pollués risque hydrogéologique sites contaminés risque hydrogéologique risque hydrogéologique risque glissement terrain élevé risque dedeglissement dedeterrain élevé sites potentiellement pollués

risque dedeglissement glissement dedeterrain terrain élevé risque moyenne risquede glissementde terrain moyen hydrogéologique risque de glissement de terrain moyenne risque devolcanique glissement de terrain élevé risquevulcanique

risque sismique vulcanique risque élevé glissement de terrain moyenne risquedesismique élevé risque sismique élevé risque sismique moyenne vulcanique

risque sismique moyen

risque risque sismique sismique moyenne élevé risque sismique moyenne

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EXPOSITION DPA : GROUNDSCAPE

Accueil de l’exposition Groundscape

Salle « Sol Artificiel » dans le cadre de l’exposition Groundscape

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L’agence DPA aura conçu depuis 1984 plus de 50 projets ayant attrait au « souterrain architectural », renommé Groundscape parmi lesquels figurent de très grandes réalisations : la Bibliothèque Nationale de France (1989) dont 60% des surfaces sont situées sous le niveau de la rue, les piscine et vélodrome olympiques à Berlin (1992) qui n’émergent du sol que de 50cm, l’université d’EWHA à Séoul (2004) qui est intégralement enfouie sous une immense toiture paysage, ou encore la nouvelle entrée visiteur du Château de Versailles qui exploite le souterrain pour mieux préserver le patrimoine. Aujourd’hui professeur à l’EPFL, Dominique Perrault dispense un cours sur l’architecture souterraine. Il est également membre de l’association française des tunnels et espaces souterrains (AFTES) et membre du conseil scientifique de l’Atelier du Grand Paris (AIGP). Dans ce cadre, l’agence DPA a développé fin 2014 une exposition « Groundscape » qui présente ses travaux passés, mais également des « fictions » appliquées à la métropole parisienne.

Fiction - Avenue Foch, Paris

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RÉFÉRENCE DPA : EWHA, CORÉE BIOTOPE Le toit végétal permet le maintient de la biodiversité sur le campus, en fournissant des habitats aux espèces locales. Le toit absorbe les particules polluantes, et permet une réduction du niveau sonore ambiant.

TOIT VÉGÉTAL En dehors des bienfaits esthétiques et psychologiques, on peut citer quelques-uns des avantages liés à la couverture végétale: préservation des espaces verts du campus, meilleure capacité de rétention des eaux de pluie du site, filtration des particules atmosphèriques, réduction des consommations énergétiques du bâtiment.

BIOTOPE

TOITURE VEGETALISEE

INSERTION DANS LE Le bâtiment, partielleme dans le paysage. Les d rieur du campus sont fa breux parcours à traver toiture végétale.

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CHAUFFAGE PASSIF

INERTIE ET ISOLATION THERMIQUES DE LA TOITURE RENFORCEES INERTIE ET ISOLATION THERMIQUE La végétalisation intensive confère une excellente inertie thermique à la toiture, ce qui permet de supprimer les pics de températures et d'améliorer le confort dans les salles de classe.

LABYRINTHE THERMIQUE LABYRINTHE THERMIQUE Les parois de soutènement du bâtiment sont utilisées pour abriter un labyrinthe thermique.

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SYSTEME DE RECUPERATION DE CHALEUR ET DOUBLE FLUX

ENERGIE DE LA NA PHREATIQUE

POMPE À CHALEUR SUR NAPP Une pompe à chaleur reliée à la nap utilisée pour répondre aux besoins e


E CONTEXTE ent enterré, disparaît déplacements à l'intéacilités par les nomrs la vallée et sur la

URBAINE

APPE

PE PHRÉATIQUE ppe phréatique est en froid du bâtiment

EAUX DE PLUIE Les fortes pluies saturent les réseaux d'écoulement et augmentent les risques d'innondation. La toiture végétale intensive permet d'absorber les eaux de pluie et les restitue lentement, par transmission et évaporation.

REGULATION DES ECOULEMENTS DES PRECIPITATIONS

CONSOMMATION D'EAU Les consommations d'eau potable sont limitées: • utilisation d'appareils à économie d'eau dans tous les sanitaires et douches • récupération des eaux de pluie: récupérées, traitées puis stockées, elles sont ensuite réutilisées en fonction des besoins du bâtiment

RECUPERATION ET REUTILISATION DES EAUX DE PLUIE

ECLAIRAGE NATUREL

VENTILATION NATURELLE

VENTILATION NATURELLE Des ouvrants motorisés placés sur les façades principales permettent la ventilation naturelle partielle des locaux

EXCELLENTE ISOLATION THERMIQUE DES PAROIS

PERFORMANCE THERMIQUE DES PAROIS Les parois, planchers et toitures du bâtiment sont fortement isolés

FORME COMPACTE

FORME COMPACTE La forme du bâtiment, très compacte, permet de limiter les pertes thermiques avec l'extérieur

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SYSTEME DE COGENERATION A HAUT RENDEMENT COGÉNÉRATION Un appareil de cogénération à gaz est utilisé pour produire chaleur et electricité

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VIVRE LE SOUS-SOL

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ujourd’hui, il faut bien reconnaître que l’architecture souterraine, et avec elle l’idée que les hommes puissent vivre sous terre n’a pas trouvé refuge au panthéon des évidences de l’architecture. Au-delà de quelques études sur l’urbanisme souterrain1, des grandes utopies urbaines, des ouvrages science-fictionnels, et de bâtiments aux usages très spécifiques, il faut admettre que la question du sous-sol ne passionne pas. Certes, le contexte géopolitique de la guerre froide, et avec lui les craintes concernant l’armement nucléaire ont conduit au développement d’ouvrages enterrés dont la vocation – militaire et/ou de défense civile – appelait naturellement à l’enfouissement : complexes militaires souterrains, infrastructures civiles de grande profondeur – métros, abris antiatomiques… Bien sûr, il existe ici et là des ouvrages enterrés, creusés, taillés dans la matière brute. On retrouve des habitats de type troglodytiques sur la plupart des continents. Bien sûr, la maison enterrée a fait l’objet de développements. Au Canada, en Finlande, et sans doute dans d’autres pays où la rudesse du climat contraint à limiter les sorties en extérieur, une vie souterraine s’organise, dans un dédale de galeries, passerelles et passages, raccrochés aux transports en commun, et irriguant commerces et cinémas. Toutefois, ces exemples inscrivent essentiellement le recours au souterMenées notamment par Edouard Utudjian (1905-1975) qui fonde le GECUS – Groupe d’Étude et de Coordination de l’Urbanisme Souterrain. 1

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rain, l’occupation du sous-sol dans une stratégie de lutte contre une extériorité hostile. S’enterrer pour se cacher, s’enfouir pour se protéger, révélant par là l’évidence d’un réflexe animal, d’un penchant naturel à la préservation. Si les enjeux environnementaux, et notamment la recherche d’inertie ouvrent de nouvelles perspectives pour questionner la pertinence de l’architecture souterraine, il me semble que la question urbaine impose aux architectes d’étendre leur champ de recherche au-delà des dimensions traditionnelles consacrées de l’architecture pour révéler de nouvelles modalités d’occupation du territoire. Historiquement, les villes se sont étendues horizontalement, dans une dynamique concentrique inégale du centre vers une périphérie qui peine à trouver sa propre logique d’organisation. Si la modernité a fait de la verticalité la vertu cardinale de l’architecture, pourquoi l’ère postmoderne ne sacrerait-elle pas la profondeur, c’est-à-dire la verticale négative? En réponse à l’étalement, au gaspillage du territoire, à l’éloignement, l’odyssée verticale est apparue salvatrice. Elle s’est imposée comme une évidence. Aujourd’hui, si on souhaite conserver un urbanisme de qualité dans nos villes, c’est-à-dire une cohérence entre les vides et les pleins, entre les horizontales et les verticales, un épannelage du bâti favorisant l’ensoleillement des façades et des rues, et dégageant des vues et des échappées sur les éléments remarquables du territoire, il est néces-

saire de remettre en question certains points de la Charte d’Athènes… En effet, si certains constats apparaissent d’autant plus vrais aujourd’hui qu’ils ne l’étaient en 1936, « la croissance de la ville dévore, au fur et à mesure, les surfaces vertes limitrophes sur lesquelles prenaient vues ses ceintures successives. Cet éloignement toujours plus grand, des éléments naturels augmente d’autant le désordre de l’hygiène » il convient d’actualiser certains énoncés. « L’urbanisme est une science à trois dimensions et non pas à deux. C’est en faisant intervenir l’élément de hauteur – mais également de profondeur – que solution sera donnée aux circulations modernes ainsi qu’aux loisirs, par l’exploitation des espaces libres ainsi créés. » La troisième dimension, celle de la dynamique verticale, ne doit pas uniquement procéder selon la dialectique de la hauteur. Contre les modernes, je ne crois pas que l’architecture doive nécessairement s’arracher du sol, assoir ses constructions sur pilotis, ou bien libérer les rez-dechaussée. En ce sens, l’architecture que je propose est plus sensuelle, elle s’enracine, elle prend présence, séance directement dans le territoire. Les architectures qui me touchent sont plus telluriques que saillantes, elles proposent de nouveaux parcours, comme une invitation à de nouveaux voyages dans un paysage où le culturel fait corps avec le naturel, où l’artificialité architectonique disparait au profit du territoire. L’occupation du sous-sol est, je crois, une bonne réponse à la course frénétique à la hauteur.


Contre une certaine tradition, je considère la géographie, c’est-à-dire les spécificités des territoires, leur topographie, leur mouvement, les éléments remarquables ou pas qui les composent comme le véritable matériau de l’architecture. Bien qu’il soit possible d’inscrire un projet dans une perspective historique, de saisir les mouvements dialectiques de l’histoire du site dans lequel il prend corps, je crois que l’analyse géographique des territoires est plus pertinente. Le territoire a quelque chose d’évident, d’immédiat. Certains contextes requièrent des interventions fortes et démonstratives, d’autres, que l’architecture s’efface, disparaisse pour laisser place au paysage, pour le mettre en scène. La meilleure façon de faire disparaitre l’architecture, c’est encore de l’enterrer. Envahir le sous-sol pour mieux conquérir le territoire. Cacher pour surprendre, créer des émotions. L’absence donnant la mesure physique du paysage. Ce qui m’intéresse en architecture, c’est de construire l’histoire sur la géographie, une architecture qui trouve son sens là où elle émerge. Il ne s’agit pas pour autant de faire une histoire de la géographie, d’envisager le territoire dans l’absolue naïveté de sa genèse, dans l’authenticité de sa nature première, mais de le saisir dans sa complexité, urbaine ou rurale, d’affirmer sa présence, d’en faire ressurgir ses dynamiques, et non pas de lui opposer des volumes existants par et pour eux-mêmes, des architectures qui se suffisent, obscurcissant l’évidence de sa lecture. Pour ma part, je crois que la sous-exploitation des sous-sols relève

essentiellement de dispositions sémantiques. Le sous-sol et le champ lexical qui lui est associé sont négativement connotés, renvoyant à la pollution, à la souille, à l’obscurité, à l’insalubrité, à la mort… Cette terminologie peu flatteuse s’explique bien évidemment par des raisons d’ordre métaphysique et religieux. La culture chrétienne véhicule l’idée que le sous-sol abrite les enfers alors que les cieux sont le sanctuaire du divin. Dans la tradition philosophique, le sol, la terre et la poussière renvoient à l’immanence, à la contingence et à la temporalité des corps alors que le monde des idées, le monde transcendantal du beau et du bon est aérien, supérieur. Que le mouvement véritable de la vie est l’élévation et non l’enfouissement. Cela ne veut pas dire pour autant que les sous-sols de nos villes soient restés vierges. Bien au contraire les sous-sols sont occupés, creusés, organisés pour abriter ce que le sol ne veut accueillir : parkings, infrastructures de réseaux secs ou humides, transports en commun, circulations souterraines, ouvrages militaires. Dans un dédale de tuyaux, gaines et câbles qui cohabitent étrangement. Aujourd’hui, les sous-sols accueillent une certaine forme d’architecture, une architecture technique et logistique que l’on enterre pour ne pas la voir, que l’on fait disparaitre pour libérer le territoire de son emprise. Le sous-sol est en quelque sorte le sol technique au-dessus duquel s’articule un sol urbain. Dans ce sens, le sous-sol apparaît comme une ressource précieuse, il est la condition de possibilité de l’organisation des villes telles que nous les connaissons, avec leurs besoins en eau et en

électricité, en chaleur et en froid, en transport et en logistique. Sous la terre en apparence statique et inerte se jouent en réalité les mouvements invisibles de la vie. Si aujourd’hui le sous-sol est essentiellement technique, deux raisonnements me poussent à croire que l’on peut, et que l’on doit y développer des architectures qui dépassent les usages techniques. D’une part, le sous-sol constitue une réserve foncière, spatiale disponible pour une expansion mesurée des villes, permettant, comme nous l’avons évoqué, de limiter le gaspillage des territoires par des développements toujours plus loin des centres, mais également par une conquête de la hauteur qui éloigne la vie du sol. D’autre part, au-delà de son évidente vertu urbaine, l’occupation du sous-sol constitue un matériau supplémentaire, riche et peu employé à la disposition des architectes. Architecture enterrée : petite revue de projets À travers quelques projets nous allons voir qu’il y a plusieurs façons d’enterrer. Qu’enfouir ne signifie pas forcément cacher et que disparaitre permet parfois d’unir. Bref, que le sous-sol est un matériau au service d’une architecture de qui renouvelle le vocabulaire des sensations en créant des émotions physiques radicales. L’architecture souterraine s’impose parfois comme une évidence, lorsqu’il s’agit de construire de nouveaux ensembles au sein d’un site architectural et paysager de grande qualité, l’enfouissement autorise la conservation relative du lieu. À Nantes par exemple, nous avons VILLEJUIF- GRAND NAPLES TERRITOIRES MÉTROPOLITAINS 25


conçu (et sommes en train de réaliser) l’extension souterraine du Musée archéologique Thomas-Dobrée. La rencontre du programme et du site ont conduit à l’évidente opportunité de recourir à une extension souterraine, permettant ainsi de préserver le parc actuel, élément paysager indispensable dans le dialogue entre les trois bâtiments existants, de styles et d’époques différents. Sur ce site, où le Palais Dobrée, ouvrage du XVe siècle, côtoie un bâtiment néo-roman du XIXe et des constructions datant du début des années 1970 nous avons préféré envahir le sous-sol pour héberger près de 5 000 m² nécessaire à l’extension du Musée. Il ne s’agit pas ici de nier, ou de cacher l’extension, mais d’entretenir l’équilibre entre les volumes et le paysage. Le grand bassin, le patio de plain-pied avec l’extension en R-1 et la verrière participent, dans un vocabulaire architectural contemporain, au renouveau du Musée et permettent la synthèse entre la richesse patrimoniale du site et les exigences muséales et fonctionnelles définies par la maitrise d’ouvrage. Dans une approche comparable, nous étions intervenus, il y a plus de vingt ans, sur le site paysager

creusé sous le bâtiment et alentour, installant les nouvelles constructions sous une généreuse plaque de verre, inscrivant par là même, le manoir au centre d’un large plan d’eau contemporain. Le recours à l’intervention souterraine permet ici de conserver l’identité domaniale du lieu tout en insufflant au paysage un aspect insulaire et contemporain. Je trouve ces interventions architecturales souterraines particulièrement séduisantes. Tout d’abord, il y a quelque chose de l’ordre du magique, du divin dans la possibilité de percevoir et d’évoluer au dessus d’un ouvrage, comme si les mystères du monde, enfouis, terrés se dévoilaient sous les pas du promeneur, à mesure qu’il avance. Le traitement ouvert, verrier des volumes enterrés permet une expérience architecturale fascinante en offrant au promeneur un point de vue rare : une vue géométrale sur l’objet enfoui, comme celle du créateur sur sa création. Dans un même mouvement, cette perspective plongeante et vertigineuse révèle l’espace d’un point de vue inédit tout en donnant la mesure de l’artificialité du sol. Dans le même registre de sensation, l’installation de Micha Ullman à

Figure 1 : Musée Dobrée, Nantes, France

d’Usinor-Sacilor à Saint-Germainen-Laye pour réaliser le nouveau centre de conférences. Afin de ne pas dénaturer le manoir implanté au cœur d’un site boisé, nous avons

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Fig. 2 : Centre de conférence, Saint-Germain-en-Laye

Berlin est particulièrement saisissante. Sur la Bebelplatz, à l’endroit même où s’est déroulé le tristement célèbre autodafé de 1933, l’artiste a

creusé dans le sol, à plusieurs mètres de profondeur une salle dont les quatre murs forment une bibliothèque blanche aux étagères vides et dont le sommet, c’est-à-dire l’interface avec le niveau de sol de la place se compose simplement d’une plaque de verre. Intitulée la Bibliothèque engloutie (Versunkene Bibliothek), cette installation propose aux promeneurs une expérience physique forte, renforcée par un éclairage diffus, venant des profondeurs du sol et mettant en scène les mystères du sous-sol, dont il est difficile d’apprécier la profondeur. La perspective nécessairement verticale et plongeante sur l’œuvre, tout en révélant l’artificialité du sol sur lequel les villes se construisent, procure autant un sentiment de vertige, qu’une difficulté à saisir les limites de l’œuvre dont l’acquaintance avec la matière que l’on imagine sous le sol est difficilement compréhensible. Ces sentiments sont renforcés par l’omniprésence du vide qui se dévoile au cœur de cette place de pierre, comme s’il était possible de soustraire le soussol du sol, de l’évider de sa chair. En réalité, la nature du sol, et ce qu’il y a dessous est largement méconnu. Contrairement aux reliefs, aux mouvements, à l’inégalité des niveaux de sol que l’on observe dans les paysages naturels non urbanisés, le sol des villes est domestiqué, lissé, et constitue un niveau de référence, une base à partir de laquelle se compose un paysage urbain. Si la mise à plat du niveau de sol permet d’organiser les constructions et les échanges, elle dévoile la nature artificielle et construite des sous-sols. Il est d’ailleurs intéressant de voir à


quel point le sous-sol intrigue et surprend lorsque l’on regarde dessous : la déambulation dans les souterrains parisiens reste l’une des attractions touristiques les plus populaires, et l’on constate aujourd’hui l’enthousiasme qui anime les visiteurs venus admirer les tunneliers traçant l’extension de la ligne 12 du métro parisien. Dans une perspective différente, la Bibliothèque Nationale de France témoigne, par l’enfouissement partiel de son programme, de la véritable vertu urbaine de l’occupation du sous-sol. Le programme prévoit l’installation de l’Institution sur une friche industrielle, le long de la Seine, dans l’Est parisien, dans un quartier en marge avec les dispositifs urbains qui organisent Paris. L’implantation d’un des grands lieux de culture de la République, consacre le point de départ d’une restructuration totale de la partie la plus septentrionale de l’arrondissement. La grandeur, la monumentalité qui caractérise les grands monuments parisiens se manifeste par la mise à disposition de grands espaces publics et ouverts. Souhaitant marquer la présence de la BNF, j’ai cherché à inscrire son implantation dans la continuité des grands vides accrochés à la Seine : Place de la Concorde, Champ-de-Mars, Invalides. La volonté d’aménager un vide généreux se justifie également du point de vue urbain, et non seulement du point de vue de l’institution, car le vide préserve l’avenir du quartier, oriente les développements futurs, tout en formulant de fortes exigences architecturales comme nous l’enseigne la composition des grandes

places parisiennes. Toutefois, l’ampleur du programme – près de 380 000 m² sur une parcelle de 65 000 m² – suggère plutôt la réalisation d’un ouvrage imposant. En allant chercher jusqu’à six niveaux de sous-sols et en enterrant près de deux tiers du programme, je libère une grande esplanade publique, aménage un grand vide qui prend corps entre quatre tenseurs verticaux qui ordonnent cette place à l’échelle de la capitale. Derrière la radicalité du geste, il s’agit bien d’un enfouissement maitrisé, architectural, et non pas une mise en terre, une mise à mort. Un second vide, inscrit dans le premier, invisible depuis la ville, donne vie aux surfaces enterrées. Un jardin, profond et luxuriant dont la cime des arbres surgit du cœur du parvis, se reflète sur les grandes fa-

questions urbaines et plus largement sur la question de l’intérêt général, s’accordant bien aux spécificités de la commande publique. En effet, on peut douter qu’une telle proposition ait été retenue sous maitrise d’ouvrage privée – ou sous mauvaise maitrise d’ouvrage publique –, car, force est de reconnaitre qu’aujourd’hui les surfaces ne se valent pas. Les sous-sols, disqualifiés, abritent les fonctions que la ville ne veut pas voir, alors que les surfaces s’élevant depuis le sol bénéficient, d’un traitement particulier, justifié par l’évidence de leur visibilité. Anoblir les sous-sols suppose un changement axiologique significatif, et je crois qu’il relève de la responsabilité des architectes d’insuffler ce changement en travaillant sur la profondeur, et en érigeant le sous-sol et le sol, c’est-à-dire la matérialité physique du territoire, au rang de matériau d’architecture. À Berlin, dans une perspective urbaine similaire, mais dans un développement tellurique plus affirmé

Figure 3 : Bibliothèque Nationale de France, Paris

çades vitrées des niveaux enterrés. Ce second vide apporte la lumière nécessaire à la vie enterrée ; la nature donnant la pleine mesure de l’architecture. Si, dans ce contexte précis, l’architecture souterraine permet d’apporter une réponse de qualité au programme, cette démarche n’est possible qu’en présence d’un maitre d’ouvrage éclairé sur les

Fig. 4 : Vélodrome et piscine olympique, Berlin

qu’à la Bibliothèque Nationale de France, je fais disparaitre les 55 000 m² d’équipements sportifs au cœur d’un verger normand. Comme je

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Fig. 5 : Université féminine d’EWHA, Séoul, Corée du Sud

l’écrivais à l’occasion du concours : « Ce projet est lié à la réunification des deux Allemagnes et à la volonté d’une ville en instance de devenir capitale, Berlin, de voir sa candidature retenue pour les Jeux Olympiques de l’an 2000. Le terrain choisi se trouve à l’inter-

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section de réseaux et de tissus urbains. Pour résoudre la conjonction de ces systèmes, nous avons décidé de faire disparaître les deux bâtiments qui abriteront la piscine et le vélodrome olympiques. Dès lors, la question de la forme étant évacuée, on a pu s’attacher à d’autres pré-

occupations. L’idée urbaine de ce projet, c’est de créer un espace vert d’une assez belle échelle – 200×500 m – et au sein de cet espace vert, d’implanter… appelons ça des bâtiments. Il y a à Berlin le gisement d’un mélange entre nature et architecture. Et ce mélange est une forme


de travail que l’on peut développer sur la ville. Notre idée a été de créer un verger. C’est-à-dire de planter des pommiers. Lorsque l’on s’approche en se promenant dans ce verger, on découvre, incrustées dans le sol, saillantes d’à peu près un mètre de hauteur, deux tables… L’une ronde, l’autre rectangulaire, nappées d’un tissu métallique qui vont vibrer avec la lumière du soleil et s’apparentent plus à des pièces d’eau qu’à des bâtiments. Pour réaliser cela, il faut se procurer les arbres ! Nous avons cherché des pommiers qui soient déjà porteurs d’une certaine histoire. 450 pommiers de Normandie ont été plantés et ils doivent arborer les traces de ce passé pour que l’on ait le sentiment que ce verger est là depuis un certain temps. Il fallait aussi qu’ils résistent au transport, à la vie et aux hivers berlinois… Une relation avec le monde vivant extrêmement touchante. » Enfouir, comme une réponse poétique à l’autorité du pouvoir qui érige. La monumentalité de la commande publique s’évanouissant derrière les pommiers. Voilà aussi ce que permet l’architecture creusée. À Séoul, à l’occasion de la construction du nouveau campus de l’université féminine d’Ewha, nous avons mis à profit les 70 000 m² du programme pour composer un paysage raccrochant les bâtiments existants dans une topographie unificatrice. À la multiplication de pavillons sur le site, qui aurait eu pour conséquences la mise en tension du campus avec la ville de Shinchon tout en réduisant la superficie d’espaces publics, nous avons préféré creuser le site et y enterrer le campus de l’université féminine en créant un paysage en

mouvement, naissant au contact de la ville et s’élevant progressivement vers le point haut du campus. Une vallée minérale aux parois vitrées, comme une large faille ciselant et ordonnant le paysage s’ouvre sur un escalier monumental. Des jardins recouvrent le sommet des bâtiments enterrés, et relient de plain-pied les différents pavillons existants. L’architecture comme matériau du territoire atténue la distinction entre le présent et le passé. Si à la Bibliothèque Nationale de France, la nature donnait la mesure de l’architecture, à Séoul, l’architecture fonde le paysage. Par le passé, j’ai déjà succombé à la tentation de faire disparaitre l’architecture dans le territoire, de l’engloutir dans le sol. À l’occasion du concours international de la Cité de la culture de la Galice sur une colline surplombant la ville de SaintJacques-de-Compostelle, j’ai cherché à terrer les volumes de la Cité de la culture dans le ventre de la colline pour que demeure ce paysage arrondi, faisant par là du paysage la façade principale de l’édifice. La géographie devenant architecture. Contrairement à l’université féminine d’Ewha, l’architecture ne crée pas le paysage, elle s’insère dans ses courbes sans disparaitre pour autant. Si mon architecture privilégie parfois la mise en terre, l’enfouissement, elle n’en est pas pour autant mortuaire et procède davantage de l’installation que de l’édification. À Saint-Jacquesde-Compostelle, l’architecture ne se dérobe pas au profit du territoire mais le qualifie, le transforme. Sur les hauteurs de la colline, au sommet du volume excavé, émergeait depuis le sol un gigantesque instrument

Fig. 6 : Concours pour la Cité de la culture de Galice, Saint-Jacques-de-Compostelle, Espagne

d’optique – impressionnant parallélépipède de verre – introduisant la lumière du soleil à chaque niveau du souterrain grâce à un jeu de miroirs suspendus. L’entrée se faisait discrète dans le flanc de colline. Dans une approche similaire et brutale, l’église Temppeliaukio à Helsinki, réalisée au sortir de la Seconde Guerre mondiale sur les plans des frères Suomalainen a été creusée dans la roche naturelle. Avec ses parois intérieures en granit brut, sa coupole en fil de cuivre filtrant les lumières horizontales de l’Europe du nord grâce à sa périphérie vitrée, et son entrée de béton brut frappant la roche illustre avec poésie la pertinence des ouvrages creusés, s’adaptant aux mouvements naturels du sol. La force minérale du granit, caractéristique des paysages de Finlande, dessine une façade naturelle dans l’environnement fortement bâti du centre ville. L’architecture enterrée, creusée, suggère la remise en cause de certains fondamentaux, pour pouvoir voir et appréhender l’espace autrement. Traditionnellement l’architecte érige, édifie, bâtit des volumes qu’on

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identifie depuis l’extérieur par leur enveloppe (mur et toit) et caractérisés depuis l’intérieur par le triptyque plancher – mur – plafond. Face à cette dynamique positive, qui consiste à matérialiser un volume par addition d’éléments, il existe une autre façon de concevoir des volumes en procédant par soustraction de matière. En ce sens, je partage avec les concepteurs d’habitats de type troglodytique le même regard, un regard négatif, un regard qui voit le vide. En soustrayant la matière la où elle se trouve. À la différence de l’architecture que l’on qualifie de troglodytique qui creuse et sculpte au lieu d’édifier, qui en creusant, en soustrayant, imite une architecture qui bâtit, sculptant la matière existante, brute pour en révéler la richesse, j’écris l’architecture avec une encre particulière, installant le béton, l’acier et le verre dans le paysage. Souvent j’habille mon architecture de tissus, dont les plissements, les froissements ou les tensions des mailles métalliques qui les composent, basculent le bâtiment dans une autre dimension, en troublent les limites, pour mieux l’évoquer, le suggérer. Si l’architecture troglodytique se distingue des habitats naturels tels que les grottes ou les caves par l’intervention de l’homme qui aménage ce que la nature met à disposition : percements de baies, nivellement des sols, sculpture des façades, mon architecture est autrement dialectique. Il ne s’agit pas de reconstituer des espaces organiques, maternels, primitifs pouvant lover le Robinson Crusoé du roman de Tournier. Bien que je parte des modalités physiques du

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territoire, mes volumes ne sont pas nécessairement contenus par le territoire, souvent ils débordent, complètent, prolongent les mouvements du territoire. Le minimaliste qui sert parfois à qualifier mon architecture ne désigne pas de fait le niveau de transformation du paysage que je conçois toujours comme un processus où le naturel est indissociable du culturel, considérant par là qu’il n’y a pas plus de lieux intouchables que de lieux maudits. Cette approche de l’architecture suggère un bouleversement d’ordre axiologique. En pénétrant le territoire, l’architecture perd de sa visibilité en tant qu’objet, que dessin. Enterrée, l’architecture ne s’appréhende pas par l’extérieur, le volume est invisible, noyé dans la masse infini du territoire. Dit d’une façon plus poétique, les limites du bâtiment font corps avec le monde. Si habituellement on juge une architecture par son extériorité, au travers des qualités plastiques de l’enveloppe, de sa composition de façade ou bien des prouesses structurelles du bâti, lorsque l’on est face à un ouvrage enterré, il faut voir autrement, pénétrer le bâtiment pour le saisir. Plonger. S’enfouir. Au-delà de la forme, au-delà du design. Cela ne signifie pas pour autant que l’architecture enterrée soit nécessairement invisible, discrète ou dépourvue de qualités plastiques. Bien au contraire, je crois qu’en confondant territoire et architecture, il est possible de créer des objets autrement démonstratifs véhiculant de nouvelles émotions et de nouvelles vues. Dans ce sens, je suis particulièrement sensible aux travaux d’Emi-

lio Ambasz sur l’architecture paysage. Le bouleversement axiologique que j’évoquais suppose la remise en question d’idéaux esthétiques. En remettant en cause la visibilité, la démonstrativité, la saillance de l’architecture au profit d’une architecture plus tellurique, je condamne les vues de types panoramiques au profit de vues plus intimes, privées. Depuis le sous-sol, je vois le monde à la verticale, par le haut. Comme Thalès de Millet, qui, depuis son puits, observait la course des étoiles dans le ciel loin du mouvement horizontal perpétuel de la ville. Une vue sans horizon, affranchie de la complexité des skylines urbains. Au travers de ces quelques exemples d’architectures creusées, j’ai essayé de montrer d’une part que le soussol n’est pas une dimension condamnée, qu’au contraire, la dialectique de la profondeur permet d’explorer un nouveau champ de possible pour l’architecture. Je crois toutefois que la généralisation à partir d’objets singuliers d’architecture est dangereuse, et pense plutôt que l’occupation du sous-sol se prête à certains programmes plus qu’à d’autres, et constitue une réponse pertinente pour autant que le site et la nature du sol s’y prête. Dominique Perrault

Dominique Perrault, Vivre le sous-sol in Penser la ville et agir par le souterrain (Bruno Barroca dir.), Presses des Ponts, Paris, 2014, p. 23-36.


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Equipe DPA (Dominique Perrault + Une Fabrique de la Ville) Membre du Conseil scientifique de l’Atelier International du Grand Paris Étude réalisée pour l’Atelier International du Grand Paris AIGP 3 / Lettre de commande « 2 » / Juin 2015


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