LA CIGALE INSATIABLE 2023

BD, films, séries, romans, documentaires, en version papier ou audio, vous trouverez ici un peu de tout pour que, quelles que soient vos envies, vous ne vous trouviez plus jamais en panne... Nous vous souhaitons de belles découvertes parmi ces propositions qui nous ont fait vibrer.

Existe en livre lu

Existe en grands caractères

DVD Bande dessinée

La cote des BD est variable d’un site à l’autre, c’est pourquoi elle n’est pas mentionnée ici. A vérifier dans votre bibliothèque

297 p.

Une famille américaine de classe moyenne en vacances dans une maison de rêve à Long Island se voit tout à coup coupée du monde : plus de transmission télé, plus d’internet… Un couple de Noirs un peu classieux vient frapper à la porte, il s’agit des propriétaires des lieux, qui ont quitté New York en catastrophe : la ville est victime d’un black-out. Il faudra bien apprendre à cohabiter ! Un roman bien torché dans le genre apocalyptique qui pointe les défaillances de notre monde hyper-connecté. Glaçant. DM

2021 (Ma nuit au musée). 151 p.

Et si on passait une nuit au Louvre ? Invitée par les éditions Stock dans ce lieu que son père chérissait tant, l’auteure nous livre une nuit poétique chargée de ses souvenirs d’enfance et de sa relation à ce père immigré yougoslave. Et toi, comment tu t’y prendrais, pour voler la Joconde ? Question rituelle qui parcourt la lecture et nous demande aussi ce que cela fait de dormir à côté d’une œuvre d’art. Livre tendre sur un père disparu. Pris Médicis essais 2021. NB

Cambourakis, 2022 (Sorcières). 273 p.

Lesbienne militante activiste et surtout écrivaine tout sauf vaine, l’auteure fait de sa vie son œuvre, résilience personnelle, intellectuelle et sexuelle. Elle décrit en propos poétiques et politiques, en éclats de rire parfois salvateurs et jamais cyniques, la vie glauque de trois générations de femmes au pays des white trash de Caroline du Nord. Elle est capable, en quelques phrases, de dire la vérité des êtres dans leur violence, leur cruauté, leur fragilité et leur complexité. CB

Paprika, 2022. 92 min.

Si vous avez été stressé.e par le film A plein temps d’Eric Gravel (voir plus loin), quoi de mieux que se plonger, avec Vincent Munier et Sylvain Tesson, dans la contemplation de la nature, à la recherche de l’insaisissable panthère des neiges ? Un rythme lent, le silence, la patience et les paysages glacials, à couper le souffle, des hauts plateaux tibétains sont les ingrédients de ce documentaire qui remet l’humain à sa place (toute petite !) dans une nature sauvage et sublime. DM

Cote APPE

Olivier, 2020. 297 p.

L’auteur jette un regard tendre et lucide sur ce qui ressemble à ses dernières vacances en famille. 1938, Erwin, 10 ans, et ses parents sont au bord du fleuve Pruth entre l’Ukraine et la Roumanie. Un écrivain (certainement Appelfeld adulte) observe. Le père est un homme qui critique les autres vacanciers et vit en retrait, rejetant la religion tandis que sa femme est attachée aux traditions et se lie facilement. Sur fond d’antisémitisme : « Les Juifs n’ont rien à faire au bord de la rivière ». RL

Actes Sud, 2021 (Lettres hispaniques). 396 p.

À Barcelone, Isaïe a un petit boulot, une femme qu’il aime et qui porte son enfant, presque tout pour être heureux. Il tente d’oublier l’Ouganda qu’il a fui après avoir été enfant soldat dans l’Armée de résistance du Seigneur menée par Joseph Kony (toujours recherché pour être jugé).

Cote ARBO

DISPONIBLE EN LANGUE ORIGINALE EN ESPAGNOL : ANTES DE LOS AÑOS TERRIBLES

Rongé par la culpabilité, Isaïe accepte de revenir au pays pour participer à un colloque de réconciliation qui l’aidera peut-être à tourner la page. Il part avec son épouse sans se douter que ses fantômes l’attendent. RL

Albin Michel, 2022 (Les grandes traductions).

387 p.

En Sicile dans les années 60, la place de la femme est soumise à des traditions ancestrales, asservie à l’homme, interdite d’études ou de quelque indépendance que ce soit. La jeune Oliva en subira de graves conséquences puisque l’homme qui l’aime la viole pour qu’elle lui appartienne, car « une femme c’est comme une carafe, qui la casse la ramasse ». Il lui reste le choix de subir ce mariage « réparateur » ou de porter plainte contre son agresseur. Avec des conséquences sociales dévastatrices… DM

Actes Sud, 2021. 183 p.

Ligne de train Imazu, entre Takarazuka et Nishinomiya. Huit gares, huit chapitres. A chaque arrêt, des passagers montent, se croisent, s’observent et parfois se rencontrent. On les découvre au printemps, dans le sens aller et chaque bout d’histoire est touchant. Dans la deuxième partie du livre, on les retrouve à l’automne, dans le sens du retour. Amitié, amour, vengeance, comportement impoli… Un roman aux multiples récits, à la construction originale. C’est extrêmement doux et ça fait du bien ! GS

Métailié, 2018 (Bibliothèque nordique). 300 p.

Ce volume, dernier d’une trilogie, met en scène le commissaire Konrad, tout nouveau retraité. Comme souvent chez l’auteur, l’enquête renvoie le policier à son enfance. Son père escroquait les endeuillés en se prétendant spirite, et il a aussi grugé les parents de Rosamunda, assassinée dans les années 50 lorsque des soldats américains étaient basés en Islande, et dont le meurtre n’a jamais été élucidé. Un grand Arnaldur, noir, elfique, pas totalement désespéré. FA

Liana Levi, 2022 (Littérature étrangère). 524 p.

Années 2000. Bea soutient Elena quand elle arrive en Toscane pour vivre chez son père. Cette amitié naissante aidera la jeune fille paumée, mise à l’écart. Elles ont 14 ans et même leurs amours semblent moins importantes que leur lien. Pourtant, c’est bien la jalousie qui les séparera. Bea deviendra l’influenceuse la plus connue d’Italie pendant qu’Elena fera une carrière universitaire. Vingt ans plus tard, Elena relit ses journaux intimes. Elle aimerait comprendre cette rupture encore douloureuse.

Serpent à plumes, 2010 (Motifs 137). 164 p.

Ecrit en 1979, ce texte est une référence littéraire au Sénégal et plus largement en Afrique. Ramatoulaye, qui vient de perdre son mari, entre dans une période de veuvage. Durant cette période, elle adresse une lettre à son amie d’enfance dans laquelle elle revient sur sa vie, son mariage et ses enfants mais surtout sur la condition des femmes dans une société patriarcale. Incontournable. PB

Gallimard, 2021 (Folio, 7044). 293 p.

Au hasard d’une conversation avec un cousin l’autrice découvre quelques dessins de grands maîtres ayant appartenu à Jules Strauss, son arrière-grand-père, marchand et collectionneur d’art éclairé, dont la collection a été spoliée par les nazis en 1942. Pendant trois ans elle va enquêter pour retrouver cette collection disparue. Une quête qui la mènera dans toute l’Europe et lui révèlera un petit peu du destin de sa famille. Un roman émouvant qui se lit comme un polar. CLR

LE ROMAN DE JIM

POL, 2021. 253 p.

À l’occasion d’un concert, Aymeric retrouve Florence avec qui il avait travaillé quelques années plus tôt. Malgré son célibat, la jeune femme est enceinte de six mois. Trois mois plus tard, Aymeric assiste à la naissance du petit Jim et, durant les premières années de sa vie, il s’investit auprès de lui comme s’il en était le père. La famille recomposée vit en pleine nature dans un climat harmonieux jusqu’au jour où Christophe, le père biologique de Jim, réapparait. Un texte triste et puissant !

AS

OH CANADA

Actes sud, 2022 (Lettres anglo-américaines).

328 p.

C’est avec caméra et micro que Leonard Fife, célèbre documentariste octogénaire en fin de vie, livre son testament. Plus que le récit d’une vie, c’est une confession qu’il a à cœur de livrer, en présence de sa femme Emma, indispensable pilier de son existence à qui il n’a peut-être pas tout dit de ses deux précédents mariages, des enfants qui en sont nés, et de sa fuite au Canada pour échapper à la guerre du Vietnam. On retrouve avec bonheur le style magistral de Banks, décédé en janvier 2023. DM

Ce témoignage ferait un très bon film d’espionnage ! Yoann Barbereau emménage à Irkoutsk, la capitale de la Sibérie, avec sa femme et leur fille pour devenir le directeur de l’Alliance française, mais… Un matin, des hommes cagoulés et armés font irruption dans leur appartement et l’emmène. Questionné, torturé, il sera incarcéré, apprenant qu’il est accusé de pédophilie. Il comprend vite qu’il est au centre d’une machination implacable montée par l’ex-KGB : le kompromat. Un récit haletant qui ne laisse pas indemne. PB

Les Escales, 2022 (Domaine français). 402 p.

Flor de Oro Trujillo est la fille aînée de Rafael, le dictateur dominicain qui régna sans partage pendant 30 ans. Si Flor a profité de ses largesses, elle en a payé le prix fort : espionnée en permanence, le moindre de ses faits et gestes était rapporté à son père. En vaine quête d’amour, Flor se mariera neuf fois, décevra inlassablement son père, beaucoup plus à cheval sur les convenances lorsqu’il s’agit du comportement de sa fille que du sien propre ! Un récit passionnant qui mêle la vie de Flor avec l’Histoire. DM

P.O.L, 2022. 504 p.

Trois voix : d’abord celle de Farah, une ado qui se demande qui elle est (fille, garçon, les deux ?), d’où elle vient (qui est sa mère ?). Son unique certitude : elle est la fille de Lenny, le gourou de la communauté de La treizième heure. Ce dernier s’exprime sur son enfance solitaire, son amour de la poésie et sur sa passion pour la charismatique Hind qui, elle, questionne son ambiguïté. Ecrit avec beaucoup d’humour, ce roman a reçu le prix Médicis de cette rentrée d’automne 2022. RL

Le Tripode, 2022. 152 p.

Au 19e siècle, pour civiliser l’Algérie, le gouvernement français y envoya des colons à qui il promettait un eldorado et une terre à cultiver. Séraphine, la narratrice, est partie tenter l’aventure avec sa famille et échoue dans un campement spartiate où les conditions de vie sont épouvantables. Tour à tour, les colons devront faire face au paludisme, au choléra, au climat et aux soldats algériens qui n’hésitent pas à trancher des têtes. Un récit dur, qui remet en mémoire cet épisode un peu oublié. DM

2021. 110 min

Après le suicide de son fils, Jorge, son père bolivien, décide de partir pour New York, pour rencontrer Sebastian, son compagnon. Il désire comprendre les raisons qui ont poussé son fils à se donner la mort, mais aussi découvrir où et comment il vivait. Ce père blessé, enfermé dans un carcan religieux, parviendra-t-il à retrouver des bribes de son fils ? Adapté d’une pièce de théâtre qui a rencontré un énorme succès en Amérique latine, ce film mélange habilement deux temporalités. Extrêmement touchant. PB

Ad Vitam, 2021. 89 min.

Nour est embauchée comme infirmière dans l’usine chimique où travaille son père, délégué syndical. Alors que l’entreprise est en plein contrôle sanitaire, elle découvre que l’usine, pilier de l’économie locale, cache bien des choses : rejets polluants, accidents de travail dissimulés et dossiers médicaux trafiqués. La jeune infirmière va se trouver face à un dilemme : se taire pour protéger les emplois de la région ou agir pour préserver la santé des employés ? AS

LOUISE BOURGEOIS : FEMME COUTEAU

Flammarion, 2019 (Grandes biographies). 518 p.

Une biographie est une fenêtre ouverte sur une vie, et même si on sait comment ça finit, ça n’en reste pas moins émouvant et passionnant. Née dans une famille à la fois bourgeoise et socialiste anticléricale, commerçante et rousseauiste, l’artiste a documenté son existence en tenant toute sa vie un journal. On assiste, au fil des pages et du siècle, à la naissance d’une artiste majeure prolifique qui sculpte l’amour, le désir, la sexualité dans des œuvres souvent complexes et organiques toujours. CB

TF1, 2004. 104 mns

2095 : Horus a fâché ses collègues. Il n’a que sept jours pour agir en tant que dieu. Son obsession : féconder une femme pour se perpétuer. Problème, New York est en pleine campagne électorale, la compagnie Eugénics contrôle les corps et les esprits. Horus choisit Jill la mutante aux larmes bleues comme mère de son futur enfant et le dissident Nikopol comme enveloppe charnelle. En adaptant sa Trilogie Nikopol, Bilal a pris un sacré risque technique, pourtant le film m’a captivée de bout en bout. FA

Nous sommes à Paris durant l’année 2040. Une pandémie sans précédent a permis aux élites de contrôler la population. Le monde est devenu un empire mondialiste ou les firmes privées détiennent le plein pouvoir. Le peuple est entièrement soumis à ce nouveau régime. La culture et la connaissance n’est plus admise et pour ce faire les écoles, les bibliothèques et les librairies ont été détruites. Une résistance s’organise pour contrer cette dictature. Arrivera-t-elle à conserver le savoir ? MC

Jancovici est l’inventeur du concept de bilan carbone. En spécialiste émérite et vulgarisateur hors pair, il explique comment la société actuelle, grande consommatrice d’énergie, court à sa perte ou presque. Le dessinateur Blain se met en scène en néophyte candide et ses illustrations humoristiques allègent le propos plombant de cette enquête grandeur nature. Parfois de manière clivante mais toujours intelligente, cette BD donne à voir la complexité de la transition écologique à venir. CB

Zoé, 2022. 200 p.

La mère de la narratrice habite une île bretonne qu’elle doit quitter pour subir des traitements contre le cancer. Sa fille l’accueille à la maison pour vivre ensemble cette épreuve qui pourrait bien être la dernière. Pendant cette période, des secrets se disent, jusqu’à ceux qui ont traversé des générations de femmes dans la famille. Des îles, des marins, la mer, l’océan et les sirènes, métaphore du lien mère-fille. Un texte tendre mais aussi douloureux, même quand la parole se libère. RL

Rivages, 2022. 198 p.

Personne ne se souvient d‘Augustin Mouchot, pourtant pionnier de l’énergie solaire. Né en 1825, celui qui deviendra professeur de mathématiques puis abandonnera sa profession au profit de ses expérimentations, est un petit homme souffreteux, malingre, dépourvu de charisme et d’éloquence. Remarqué par Bonaparte, puis récompensé à l’Exposition universelle de 1878, il finira pourtant sa vie dans la misère, oublié de tous. En vrai conteur, M. Bonnefoy réinvente sa légende et on se régale. DM

Cote 850.9 BRU

Rivages, 2017. 206 p.

Ça commence par le naufrage d’un bateau de pirates dans les Caraïbes. Trois cents ans plus tard, au même endroit, Serena Otero est la propriétaire d’une plantation de canne à sucre qui emploie des dizaines de travailleurs et qui offre le meilleur rhum de la région. Mais le trésor du Capitaine Morgan est toujours dans les esprits et vaudra à Serena quelques visites. Une langue sublime, luxuriante, sensuelle nous emmène dans ce conte aux accents de réalisme magique cher aux Sud-Américains.

Sous-Sol, 2022. 167 p.

Edith Bruck, grande dame toujours vivante, a survécu aux camps de la mort. A la manière de Primo Levi, dont elle a été la correspondante et l’amie, elle raconte avec lucidité, simplicité et poésie l’avant, en Hongrie avec sa famille, puis l’enfer des camps et l’après, le presque impossible retour. « Il faudrait des mots nouveaux, y compris pour raconter Auschwitz, une langue nouvelle, une langue qui blesse moins que la mienne, maternelle. »

A la fin des années 1980, dans un pays qui n’est pas nommé (mais toute ressemblance avec le Congo est volontaire), la rumeur court que le vieux dictateur T’zée aurait été tué. Sur fond de guerre civile, cette bande dessinée en cinq actes est à la fois une saga, une critique du pouvoir dictatorial, mais également une tragédie humaine avec un amour impossible. Les teintes utilisées et les dessins, particuliers, conviennent parfaitement à cette ambiance de fin de règne. PB

BSN Press, 2022 (Fictio. Roman noir). 149 p.

Dieu et la musique sauveront le monde, sauf s’il ne le mérite pas et le mérite-t-il ? C’est un peu la question existentielle qui traverse le livre et la communauté utopique à la mort de son fondateur. Un condensé du monde se retrouve au village avec ses turpitudes, ses mesquineries et ses instants de grâce. L’auteur prend un malin plaisir, par le regard de son narrateur omniscient et musicophile, à malaxer les concepts et les affects avec humour et riffs de guitare. CB

Fiévreuse, la petite Mayuko est tirée de son sommeil par Kitsune le renard qui l’emmène dans un pays fantastique, celui des yokais, monstres légendaires japonais. On y croise Tengu au long nez, Kappa, le monstre du lac, Tanuki, qui ressemble à un blaireau… Certaines scènes assez sanglantes sont contrebalancées par un dessin naïf et graphique. Les couleurs franches, notamment le rouge et le vert, le graphisme épuré font de cet Alice au pays des merveilles nippon un magnifique objet d’art. DM

Rustica, 2022. 143 p.

Cet ouvrage vous permettra de vous familiariser avec 20 types de plantes différentes. Vous apprendrez que le nom scientifique de l’ail des ours n’est autre que Allium ursinum et qu’il appartient à la famille des Amaryllidacées. Vous apprendrez également à savoir comment identifier ces nombreuses plantes, comment les cueillir et à quelle période. Que ce soit pour se nourrir, se soigner ou fabriquer des crèmes, il est certain que ce petit guide vous apportera toutes les informations dont vous aurez besoin. MC

Gallimard, 2015 (L’imaginaire ; 133). 98 p.

Henri Calet (1904-1956) nous balade dans le Paris de son enfance. Au hasard des rues du quatorzième arrondissement, on visite le Luna-Park, un immense parc d’attractions, remplacé bien plus tard par le Palais des Congrès. Ces promenades fleurent bon l’avant-guerre. L’auteur prend conscience du temps qui passe et nous encore plus, septante ans plus tard : « Je me souviens très bien du temps où les Champs Elysées étaient presque déserts, et sombres dès que tombait le soir ». RL

Quidam, 2020. 97 p.

A l’Helvezia, il y a l’Alexi, la Silvia, l’Otto, le Luis… et puis la Tante, patronne de l’estaminet. On fume, on boit, on raconte les histoires du village. On est dans les Grisons, dans un de ces villages un peu isolés où passe le car postal, où la beuverie est un sport national. Avec Arno Camenisch on s’y croirait ! L’écriture est originale, pleine d’humour - et la traduction toujours aussi impeccable. Bref, il faut lire cet auteur extraordinaire. DM

Cote CARL

CLARA LIT PROUST

Gallimard, 2022 (Blanche). 179 p.

Un salon de coiffure à Chalon-sur-Saône, un microcosme dans lequel évolue une galerie de personnages délicatement décrits, la patronne mélancolique, les habitués, les employés, Radio Nostalgie, et au milieu de tous, Clara. Lorsqu’un jour cette dernière trouve par hasard A la recherche du temps perdu oublié au salon par un client de passage, elle ne se doute pas que sa vie va changer. Ce court roman, drôle et tendre, est une ode au pouvoir émancipateur de la littérature et de la lecture. CB

V13

POL, 2022. 363 p.

Cote 303.62 CAR

Pour l’Obs, durant neuf mois, E. Carrère a assisté au procès des attentats du 13 novembre 2015, surnommé V13. Durant les audiences, plus de 300 témoins ont été entendus, et les 20 accusés jugés. Ce livre douloureux, puissant, est insoutenable parfois, lorsqu’il reprend les voix des rescapés du Bataclan, des terrasses des cafés ou du stade de France. Plus qu’une retranscription, la grande force de Carrère est de poser des questions sur les motivations des assaillants ou la culpabilité. Un livre indispensable. PB

2021. 329 p.

« Il n’avait pas payé et je lui en voulais. Payer, ce n’était pas connaître la prison, mais devoir se regarder en face. Et me dire la vérité. Il a comparu devant des juges, pas devant son fils. » A l’occasion du procès Barbie qu’il couvre pour Libération en 1987, l’auteur affronte aussi sa blessure intime, celle de se sentir trahi par son propre père, du mauvais côté pendant la seconde guerre. FA

En 976 à Cordoue, le radical et illettré vizir Amir prend le pouvoir. Férocement opposé à la culture, il décide de réduire en cendres la plus grande bibliothèque du monde. Tarid, le bibliothécaire, Lubna, une jeune copiste, et Marwan, un ancien apprenti, réunissent autant de livres qu’ils le peuvent sur le dos d’une mule et entreprennent une folle aventure : traverser l’Espagne dans l’espoir de sauver ce qui peut l’être. Une bande dessinée drôle, ludique et bien ficelée. AS

Stock, 2022 (Ma nuit au musée). 180 p.

Ce livre est une invitation à passer une nuit au Muséum d’histoire naturelle, dans la Grande galerie de l’évolution. L’auteur nous convie à une déambulation désabusée, une énumération érudite à l’humour tendrement ironique mais jamais cynique. De cette balade aux pays des espèces disparues, nait une mélancolie qu’on chérit au sortir de la nuit. Et comme il dit « Pour ressusciter les espèces éteintes, mieux que l’incertain clonage cellulaire, ne serait-il pas judicieux de s’en remettre à la poésie ? » CB

Universal, 2021. 112 min.

Saviez-vous qu’il existe une loi aux Etats-Unis rendant apatrides des personnes adoptées et n’ayant pas rempli un formulaire administratif une fois leur majorité atteinte ? C’est le cas d’Antonio Leblanc, un jeune tatoueur qui travaille d’arrache-pied pour subvenir aux besoins de sa famille et qui apprend lors d’une garde à vue qu’il risque d’être expulsé vers la Corée du Sud. Un très beau film sur la quête d’identité mais aussi sur la magnifique relation entre un père et sa belle-fille. AS

Les Arènes, 2021, 247 p.

Non, notre ancêtre n’était pas une faible femme que son mâle tirait par les cheveux! Elle était grande, athlétique, foncée de peau, cheveux crépus et, étonnamment, pouvait avoir les yeux bleus (idem pour les messieurs).

Les auteur.e.s font certes preuve d’optimisme en ce qui concerne la place des femmes à la préhistoire. Mais ils nous exposent clairement les dernières découvertes techniques et archéologiques. L’image véhiculée par les peintres et scientifiques des 19e et 20e siècles n’y résiste pas ! FA

TOUTE MINEUR, VOIRE NÉGLIGEABLE, DANS L’HISTOIRE D’UNE FAMILLE TRÈS CÉLÈBRE

Grasset, 2022. 346 p.

Seul professeur juif au sein de son université, où il enseigne l’économie, Ruben Blum est pressenti pour étudier la candidature d’un certain Ben Zion Nétanyahou, spécialiste de l’histoire ibérique. Il est précédé de courriers de « recommandation » qui le décrivent comme un personnage douteux aux idées parfois nauséabondes. Lorsqu’il débarque avec sa femme et ses trois fils turbulents (dont Bibi, alias Benyamin), Blum doit l’accueillir en faisant bonne figure… Drôle, dynamique, ce roman se savoure. DM