Crans-Montana sans règlement

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LUNDI 29 SEPTEMBRE 2014 LE NOUVELLISTE

SIERRE RÉGION 11

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RÉSIDENCES SECONDAIRES Cinq communes sur six refusent la taxe sur les résidences secondaires du Haut-Plateau.

Crans-Montana sans règlement PASCAL CLAIVAZ

Cinq des six communes du Haut-Plateau de Crans-Montana ont refusé la taxe sur les résidences secondaire (R2). C’est une surprise, et de taille. Avant la votation de ce dimanche, on s’attendait au refus d’une ou deux communes, au maximum. Icogne a refusé la taxe R2 à 54%, Lens à 54%, Chermignon à 54%, Montana à 51%, Randogne à 56%. Seule Mollens l’a acceptée à 55%.

Manquesde relais Jean-Claude Savoy, président de Chermignon et de l’Association des communes de CransMontana (ACCM) qui a mené la campagne en faveur de la taxe R2, se dit déçu: «Lorsque nous avons introduit cette taxe, il nous a manqué le relais des corps constitués. Fondamentalement, ces gens ne veulent pas de nouvelles taxes.» Ces corps constitués sont les associations locales qui se sont regroupées pour faire opposition à la taxe R2: les Arts et Métiers, les professionnels de l’immobilier, la confrérie du bâtiment et les cafetiers-restaurateurs. Ils ont mené une campagne intense dès septembre. Jean-Claude Savoy regrette La taxe sur les résidences secondaires a été refusée par cinq des six communes du Haut-Plateau. Une seule l’a acceptée: Mollens. Elle devra l’appliquer. également que les partis politi- Icogne, Lens, Chermignon, Montana et Randogne devront y renoncer. LE NOUVELLISTE ques ne se soient pas assez engagés. Mais il ne panique pas: «Aujourd’hui nous n’avons pas le couteau sous la gorge puisque les remontées mécaniques ont été prises en charge par un investisseur privé.» Cependant, il va manquer des millions pour financer les infrastructures. «Il n’y a pas de miracle: soit l’on augmente les impôts, soit l’on en demande daNANCY CONSTANTIN MEMBRE DU COMITÉ DES ARTS ET MÉTIERS vantage aux utilisateurs d’infra- JEAN-CLAUDE SAVOY PRÉSIDENT DE CHERMIGNON structures, soit on fait appel à des mécènes ou à des investisseurs privés.» Jean-Claude Savoy n’aura pas besoin d’appliquer la taxe R2 à Chermignon. En effet, la nouvelle taxe devient obligatoire, ou non, dans chaque commune en particulier, en fonction du vote de ses citoyens.

Le paradoxe Mollens En revanche Stéphane Pont, président de Mollens, se re-

Lorsque nous avons «introduit cette taxe, il

Nous pouvons utiliser «l’argent plus justement.

nous a manqué le relais des corps constitués.»

La priorité, c’est de faire revenir notre clientèle.»

devrons«nousPeut-être demander un délai

On peut trouver de «nouveaux financements,

pour appliquer cette taxe à Mollens.»

pas forcément avec des fonds publics.»

PIERRE-ANTOINE ZANONI PRÉSIDENT DE LA CONFRÉRIE DU BÂTIMENT

STÉPHANE PONT PRÉSIDENT DE MOLLENS

trouve dans une situation paradoxale. C’est la seule commune qui a dit oui à la taxe R2. «Bien sûr, nous sommes obligés de l’appliquer, constate-t-il. Mais il reste la question des outils de contrôle. Peut-être pourrait-on demander de surseoir à l’application de la nouvelle loi, jusqu’à ce que nous soyons au clair.» A chaud, Claude-Gérard Lamon constate que la question des outils de contrôle et la peur de perdre des clients ont pris le dessus dans la décision de ses concitoyens: «Maintenant, nous devons nous pencher sur d’autres solutions pour rendre notre station vivante et attrayante.» A Icogne le vice-président Jean-Michel Mayor craignait les complications si une commune disait non. Mais la situation actuelle semble avoir débroussaillé le terrain. La vice-présidente de Randogne Madeleine VocatMayor trouve dommage que ses concitoyens aient refusé la taxe R2, car les communes étaient porteuses de ce projet. David Bagnoud, président de Lens, nourrit des craintes pour le futur financement des infrastructures.

Opposants très contents Nancy Constantin, membre du comité de l’association des Arts et Métiers de Crans-Montana, a été l’une des porte-parole de cette campagne du non. Elle se dit surprise du résultat, mais évidemment très contente. «C’est dommage que Mollens ne nous ait pas rejoints», ajoutet-elle. Elle est d’avis que la station n’est pas en crise dans l’immédiat: «Aujourd’hui, nous pouvons viser moins haut et utiliser l’argent plus justement. La priorité est de faire revenir notre clientèle avec les moyens existants.» Selon le président de la Confrérie du bâtiment Pierre-Antoine Zanoni, lui aussi très surpris et content du résultat, il est possible trouver de nouveaux financements, «pas forcément à l’aide de fonds publics». Il est persuadé que nombre d’investisseurs privés ne demandent qu’à investir dans sa station.

RÉACTIONS... ET MAINTENANT, QUE FAIRE POUR FINANCER LES INFRASTRUCTURES DE CRANS-MONTANA? JEAN-DANIEL CLIVAZ PRÉSIDENT DE CRANS-MONTANA TOURISME

ARTHUR CLIVAZ

ALAIN DUC

DIRECTEUR DE CMA SA, LES REMONTÉES MÉCANIQUES

PRÉSIDENT DES HÔTELIERS DE CRANS-MONTANA

DANIEL SALZMANN PRÉSIDENT DE L’APACH

Projet peu clair

Loi sur le tourisme Comme à Bagnes

Pour l’équilibre

La votation d’aujourd’hui est un message positif pour les propriétaires de résidences secondaires, qui forment largement plus de la moitié de notre clientèle. Nos concitoyens leur ont démontré qu’ils constituaient un pilier important de notre tourisme. Ce qui a manqué dans la campagne du oui, c’est la clarté du projet de taxe en faveur des infrastructures. Il nous faudra trouver d’autres moyens pour les financer.

Ce qui est intéressant, c’est l’unité dans la population. C’est un signal positif. Concernant les infrastructures, il existe une possibilité grâce à la nouvelle loi sur le tourisme. Elle prévoit ce type de financement. Et elle va certainement entrer en force bientôt. Il faut remarquer que cette taxe R2 a été conçue avant l’arrivée de la nouvelle loi sur le tourisme. La balle est maintenant dans le camp des politiques. Il s’agit de réfléchir sur cette base.

En tant que président de l’APACH (Association des propriétaires de résidences et de chalets), je suis très heureux de constater que les habitants du Haut-Plateau n’ont pas envie de pénaliser leurs hôtes. Je constate également que la position de l’APACH a permis de très bonnes relations avec les autorités. Cependant, la manière de présenter la taxe n’a pas été très adroite. On ne voyait pas ses avantages pour les résidences secondaires.

Peut-être que l’abandon de la taxe sur les résidences secondaires en Anniviers a joué un rôle dans la votation de ce dimanche sur le HautPlateau. En tant qu’hôtelier, je place beaucoup d’espoir dans la conception d’une taxe unique pour le tourisme, sur le modèle de ce qui est étudié à Bagnes et à Verbier. C’est quand même l’une des stations qui fonctionnent le mieux en Valais. Une seule taxe payée par tous, ce serait plus juste.

Peu de gens s’attendaient à une secousse pareille. Les citoyens de cinq des six communes qui se partagent le haut plateau de Crans-Montana ont été sensibles à l’argument principal des opposants à la taxe R2: il ne faut pas tuer la poule aux œufs d’or. De son côté, Arthur Clivaz, qui dirige les remontées mécaniques CMA SA sur le Haut-Plateau et qui préside l’Association valaisanne des remontées mécaniques, s’étonne que personne n’ait songé aux possibilités offertes par la nouvelle loi sur le tourisme. Elle a été adoptée par le Grand Conseil en mai passé et elle entrera certainement en force, le délai référendaire étant expiré. Or la nouvelle loi spécifie qu’elle offre des ouvertures aux stations en matière d’investissements dans les infrastructures. Elle dispose même d’un fonds cantonal pour le tourisme, alimenté par des apports publics et privés. Il doit financer les infrastructures touristiques. Le président de Lens David Bagnoud disait son inquiétude: l’abolition des forfaits fiscaux sera l’objet de la votation fédérale le 30 novembre prochain. Et si le peuple suisse dit oui, il manquera 15 millions de francs au financement de l’ACCM (Association des six communes du Haut-Plateau). De nouvelles pistes de réflexion semblent cependant s’ouvrir à ses délégués. En tout cas l’ambiance était à l’apaisement, hier, entre ceux qui ont voté oui et ceux qui ont voté non à la taxe sur les résidences secondaires.


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