Le Temps | Le Valais aussi est gangrené

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LeTemps.ch | «Le Valais aussi est gangrené»

25.01.13 21:38

votation du 3 mars Vendredi25 janvier 2013

«Le Valais aussi est gangrené» Par Yelmarc Roulet

L’association Altitude1400 soutient la révision de la loi fédérale sur l’aménagement du territoire (LAT) L’association Altitude1400 soutient la révision de la loi fédérale sur l’aménagement du territoire (LAT). Questions à son vice-président, Lucien Barras, architecte et urbaniste à Sion L’association Altitude 1400, qui milite «pour une urbanisation des Alpes harmonieuse et durable», soutient la révision de la loi fédérale sur l’aménagement du territoire (LAT), si contestée en Valais. Cette association, qui revendique 200 membres cotisants et 450 sympathisants, a pris à l’unanimité de son comité cette position, qui découle de ses précédents engagements. Le Temps: Votre canton a autant besoin de cette loi que les autres, dites-vous. Pourquoi? Lucien Barras: Le Valais est un peu périphérique, mais il n’est ni seul au monde ni hors du temps. La surface improductive qui recouvre les trois quarts du territoire ne doit pas occulter les 25% utilisables, qui sont soumis à une forte pression. Le développement s’est beaucoup fait en plaine, où l’on connaît, avec une acuité différente, les mêmes problèmes que sur le Plateau suisse. Le mitage a gangrené peu à peu tout le pays, y compris le Valais. – Vous n’avez-pas l’air de croire aux drames familiaux annoncés par Christophe Darbellay? – C’est un argument émotionnel qui tend à éviter le débat de fond. Le surdimensionnement de la zone à bâtir a créé artificiellement de la richesse pour les propriétaires, qui ont considéré le territoire comme une caisse d’épargne. Dans le Valais rural, il est vrai que la maison et les biens étaient transmis de père en fils. Mais la société a évolué. Cela ne peut plus être l’aspiration de tout un chacun de construire une nouvelle maison sur une nouvelle parcelle, en dehors des centres villageois. En Valais aussi, le terrain devient limité et une utilisation rationnelle s’impose. – Le Plateau qui impose des restrictions aux régions de montagne pour pouvoir se développer lui-même, que pensez-vous de cet argument? – Il s’agit moins d’un clivage entre le Plateau et les Alpes que d’un clivage entre zones urbaines et zones rurales, auquel le Valais n’échappe pas. Il y a la plaine du Rhône face aux vallées, comme il y a Berne face à l’Oberland ou l’Arc lémanique face à son arrière-pays. – Les besoins spécifiques des régions de montagne ne sont-ils pas incontestables? – Une loi fédérale ne peut pas tenir compte des particularités. Nous saluons cette révision, qui remet http://www.letemps.ch/Facet/print/Uuid/6dd57816-6639-11e2-9e0f-0488a6bb7e67/Le_Valais_aussi_est_gangrené

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justement aux cantons la responsabilité de réussir leur aménagement du territoire en choisissant leurs outils dans leur plan directeur. En Valais, le véritable enjeu sera de voir si le canton s’empare de ce rôle, après avoir laissé tant de latitude aux communes, au-delà de ce qu’elles sont capables de faire faute de vision globale. – Voyez-vous le Valais refuser d’appliquer la nouvelle loi? – Il y a un risque, vu ce qu’on constate après le vote de l’initiative Weber. Mais j’ai un espoir: la situation actuelle découle d’une mauvaise application de la loi de 1979, quand le canton ne se sentait pas concerné. Après trente ans de développement mal maîtrisé, les gens sont de plus en plus sensibles aux dégâts qu’occasionnent trop de trafic et de constructions. Le besoin d’outils et de gens compétents pour faire le travail se fait sentir. – Quelles surfaces faut-il dézoner et comment procéder? Il y a confusion sur les chiffres… – On ne règle pas un problème complexe avec un chiffre. 1000 ha? 4000 ha? Le canton définira sa méthode pour déterminer les besoins et l’on verra commune par commune ce qui peut être fait. La marge de mise en œuvre est grande. Il est faux de dire qu’on devra tout dézoner, les possibilités de construire demeurent. Le but de cette loi n’est pas de bloquer les régions, mais de favoriser leur développement harmonieux. Au lieu de voir l’aménagement du territoire comme une contrainte bureaucratique pour embêter les gens, voyons l’outil des collectivités publiques pour accompagner leur croissance. Vu sous cet angle, ne devrait-on pas s’attendre à ce que les règles les plus strictes viennent des communes elles-mêmes? – Le Valais officiel a mal défendu sa cause, selon vous. Qu’aurait-il dû faire? – Les Chambres fédérales ont travaillé longtemps sur la loi et le Valais aurait dû en profiter pour faire valoir les spécificités dont ils se réclament aujourd’hui. Il a choisi la stratégie du rejet sans entrée en matière. C’était un pari téméraire. L’exception valaisanne est surtout celle de sa classe politique.

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