Vivre Marseille 13

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13 LE MAGAZINE DES MARSEILLAIS —

AUTOMNE 2022 / NUMÉRO 13 — VIVRE MARSEILLE Le magazine des Marseillais — Trimestriel — Septembre / Octobre / Novembre 2022

GASTRONOMIE

Les Beaux Mets, le nouveau resto au cœur de la prison des Baumettes

MUSIQUE

TOP 10

L’interview sans filtre de Soso Maness

Les ateliers Do It Yourself marseillais

Nouvelle formule

Maud Bourdin

“Ma peinture dénonce l’injustice féminine”

La déferlante des MICROBRASSERIES marseillaises L 18911 - 13 - F: 5,00 € - RD


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ÉDI TO

Jamais 2 sans 3... T

rois ans d’existence dans la presse écrite, c’est forcément le résultat d’une aventure humaine forte, d’un peu de folie et d’une ténacité certaine… Trois ans que Vivre Marseille est en kiosque. Beaucoup et rien en regard du chemin à parcourir. La somme du travail accompli est néanmoins plus qu’honorable. L’équipe a prouvé, s’il en était besoin, sa capacité à produire des articles et des dossiers qui suscitent à chaque parution votre intérêt, puisque de plus en plus nombreux à nous lire vous êtes… Merci. Alors que cette période pourrait être morose, nous avons décidé de trouver de bonnes raisons de vous réjouir : maintenant que vous avez passé trois ans à nous lire chez vous, au bureau, à la plage ou à la montagne, à découvrir nos invités, nos bons plans, nos adresses, vous avez le privilège d’en connaître toujours plus sur Marseille… Ville Monde, ville infiniment effervescente, ensorcelante et attachante. Chaque année, en cette période agitée de la rentrée, de l’énergie ravivée, le teint hâlé et les bonnes résolutions sont au rendez-vous. Celle-ci ne fait pas exception à la règle. Pour vous permettre de continuer à surfer sur cette dynamique, votre magazine préféré vous a concocté un numéro à la fois léger et gourmand, particulièrement stimulant et vivant. Ça y est, vous avez de nouveau votre allant, repris votre alacrité ? Maintenant il s’agit de les transmettre aux autres ! Bien sûr, nous vous invitons à les bousculer et à les inciter à nous lire.

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Mais le point clé, sinon suprême, consiste à mettre du fun dans vos vies et à le partager. De grâce soyez contagieux ! Force, honneur et joie dans le cœur seront vos meilleurs alliés pour faire fondre la morosité ambiante. Même si les vacances sont derrière nous, tout va bien... Place à l’été indien. Toute l’équipe se joint à moi pour vous souhaiter une belle saison pleine d’optimisme et une bonne lecture de ce numéro 13 qui, non seulement, vous donnera le sourire mais vous portera bonheur aussi... Bien à Vous.

Nadège Laurens-Paget Rédactrice en chef


Siège social 55, boulevard Pereire 75017 Paris RCS 517 815 908

RÉDACTION Vivre Marseille 106, chemin de la Colline Saint-Joseph 13009 Marseille

Gérant : Yann Crabé

Directeur de la publication Yann Crabé redac@vivremarseille.fr Rédactrice en chef Nadège Laurens-Paget nadege.l@vivremarseille.fr Direction artistique & Design graphique Grand National Studio hello@grandnationalstudio.com Secrétaire de rédaction Frédérique Jacquemin

PUBLICITÉ CMI Media Régions Stéphane Povinelli 68, rue Sainte 13001 Marseille 04 91 21 48 47 Distribution France MLP Numéro commission paritaire 1122 K 94048 ISSN : 2680-2236 IMPRIMERIE Rotimpress Girona, Espagne

Journalistes & photographes Alexandra Bischof Patricia Clerc Marine Conti Tristan de La Fléchère Frédérique Jacquemin Élodie Lienard Astghik Shahbazyan

Photo de couverture Jeremy Battista Remerciement À Pascal Nicolaï pour sa gentillesse, sa générosité et son accueil chaleureux.

Administration et finance Marjorie Batikian marjorie@vivremarseille.fr

facebook.com/ vivremarseille

instagram.com/ vivremarseille

ABONNEMENTS Vivre Marseille marjorie@vivremarseille.fr

Le papier de ce magazine est issu de forêts gérées durablement et de sources contrôlées. pefc-france.org

VIVRE MARSEILLE est édité par Capitale Publishing SARL de presse au capital de 5 000 €

La reproduction, même partielle, des textes, photos et illustrations est interdite sans l’autorisation de CAPITALE PUBLISHING. Le contenu des textes n’engage que la responsabilité de leurs auteurs respectifs.

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Depuis 10 ans, la Caisse d’Epargne CEPAC place la transition écologique au cœur de ses priorités. Avec près d’1,5 milliard d’euros engagés en 2021, elle est l’un des principaux financeurs d’énergies renouvelables. Elle accompagne ses clients dans leurs projets de rénovation, de mobilité et d’épargne durables.

Caisse d’Epargne CEPAC, Banque coopérative régie par les articles L.512.85 et suivants du Code Monétaire et Financier, Société anonyme à Directoire et Conseil d’Orientation et de Surveillance au captal de 1.100.000.000 euros - Siège social Place Estrangin-Pastré - 13006 Marseille - 775 559 404 RCS Marseille. Crédit photo : Getty images.




SOMMA I RE

Culture — Hugues charrier Livre Octobre Rose p.14 Charly Ha + Les collages fantastiques p. 16 La Criée change de mains p. 17 Cinehorizontes + Clyde de Mars p. 18 Maud Bourdin p. 20 Soso Maness c’est ça p. 24 Nicolas Herbé un artiste libre p. 30

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V I V RE M A RSEI LLE AU TO MNE 2022

Food —

Green —

Les tasses Bajak ! p. 34

Mon petit cartable + Plus verte la Plaine p. 50

Le Rhinocéros + Du CBD à boire p. 35

Sailcoop : la voile alternative p. 51

Pukhet + Superette Fama p. 36

L’appli qui simplifie le bon p. 52

Krokola, bon et bon p. 37

Le Platypus : bateau innovant + potager urbain, Prado p. 53

Micro-brasseries : Nouvelle ère de la bière à Marseille ! p. 38

Hagen Bauer, l’art se porte bien p. 54

Agriculture urbaine à Marseille p. 42

Etok Project p. 58

Dossier —

Un restaurant aux Baumettes p. 46

Du rap et du rock p. 62

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choosemarseille 1h

Envoyé à 15h12

Oh le Panier ! Je n’y suis pas allée depuis l’an pèbre !

Envoyé à 15h23

L’Office de Tourisme propose des visites, réserve vite sur marseilleexperience.com

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SOMMA I RE

© Léa Moratille

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© Astghik Shahbazyan

V I V RE M A RSEI LLE AU TO MNE 2022

Top 10 —

Mode —

Adrienne Angelvin p. 102

Les Architectrices p. 118

Bien-être —

Pataugas & Maison Lancry p. 103

Dans l’appartement de Caroline Cacciatore p. 123

Les ateliers DIY p. 80

Boutique La Corvette + Nideco p. 88

Parfum Ynepsie p. 89 Coiffeur Fabrice M + Salon à tout faire p. 90 Jeûne et rando p. 92 Workbreath, la nouvelle tendance p. 96

Élisabeth Pese & Enamoura p. 116

Boutique atelier vintage Be Valentina ! p. 104 Materia p. 105

Escapade — Montréal : l’atout charme transatlantique p. 128

Manuela Valverde p. 110

+

Déco —

Carnet d’adresses p. 122

Ma maison bien rangée p. 114

Le Marseille de… Alexandre Mazzia p. 130

Trésor d’embrun & Coussins p. 115

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Culture ×

“La culture... ce qui a fait de l’homme autre chose qu’un accident de l’univers…” André Malraux, écrivain, aventurier, homme politique et intellectuel français (3 novembre 1901-23 novembre 1976)

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La beauté d’un combat

© Hugues Charrier

BIENFAISANCE. À l’approche d’octobre rose, mois de sensibilisation et de prévention contre le cancer du sein, Hugues Charrier s’exprime au travers d’une approche photographique humaniste et généreuse, portant un regard artistique sur le cancer du sein. Dans un livre aux 75 photographies artistiques, « Histoires de seins » - Mises en Lumières de Combattant(E)s », il révèle 15 portraits, ceux de 14 femmes et d’un homme, qui se sont mis à nu devant son objectif. Les photographies sont accompagnées des témoignages de ces Cambattants(E)s et de leurs aidants, pour offrir un ouvrage sans concession, direct, mais touchant. Empreint de respect et d’empathie, ce recueil dévoile les cicatrices visibles et moins visibles laissées par le cancer, la reconstruction physique et psychologique, comme le retour à l’estime de soi. Un ouvrage où Hugues Charrier prouve que le cancer du sein n’est pas synonyme de perte de féminité ou de masculinité. FJ

© DR

Des expositions se tiendront sur Marseille, à l’Unité d’Habitation du Corbusier, et sur Paris, aux Gobelins, l’école de la Photographie.

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HÔTEL 5 ÉTOILES ET SPA | RESTAURANT ÉTOILÉ LE ART | BRASSERIE LA SOURCE | RESTAURANT KAISEKI | BRASSERIE LE K 3959 route des Pinchinats 13100 Aix-en-Provence - chateaudelagaude.com - 04 84 930 930


Passage de témoin La Criée change de mains. De Macha Makeieff à Robin Renucci, c’est l’histoire d’une passion pour le théâtre qui se prolonge par une remise de clés et d’un héritage au sein d’un des plus beaux théâtres de Marseille. Interview croisée.

Quel sera le programme pendant cette olympiade ? La saison 22/23 - et merci à Macha qui a préparé toute cette programmation- est celle des artistes visionnaires. Une saison très féminine aussi et qui apportera des réponses poétiques, à l’image d’un Goncharov sur la paresse. Vous avez prévu des « Hors le murs »… Je veux voir la jeunesse dans la salle et sur scène. Elle est extrêmement performante dans les domaines du rap, de la danse, du spam. Je veux leur faire découvrir l’outil du théâtre. Je rêve aussi de voir les petits Marseillais venir faire leur devoir sur les tables que nous installons pour eux à La Criée.

© Fabrice Robin

Robin, vous vous installez pour 4 ans dans le fauteuil de directeur de la Criée. Quel est l’ADN Robin Renucci ? Ce que j’aime, c’est avant tout la rencontre avec le public. La Criée est un grand théâtre où nous allons faire venir de grands artistes européens, des compagnies locales, mais aussi aller à la rencontre des Marseillais dans les 111 quartiers de la ville.

Après 11 ans de règne de Macha Makeieff, quel héritage tirez-vous ? J’espère profiter de sa grande fantaisie et de sa marche de la joie pour aller vers un théâtre encore plus humain, solidaire et de partage. Il nous faudra notamment travailler sur les coulisses, avec entre autres, une salle de répétions à créer.

aventure qui me passionne déjà. C’est inventer, toujours, à une autre échelle mais avec le même désir.

Macha, vous fermez un chapitre pour en ouvrir un autre… Êtes-vous heureuse de pouvoir à nouveau envisager des projets personnels ? La Criée était mon projet. Reprendre une compagnie de théâtre et d’arts visuels est une nouvelle

Que souhaitez-vous à votre successeur, Robin Renucci? Une belle traversée avec une équipe formidable d’humanité, dans un lieu symboliquement très exigeant à Marseille et sur le territoire. Une nobleMaison pour s’épanouir et grandir.TDLF

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Quel bilan faites-vous après 11 années passées au cœur d’un des plus beaux théâtres marseillais ? Ce théâtre, nous l’avons beaucoup transformé : le lieu, son élégance, sa fréquentation, le lien nouveau avec des partenaires et les autres arts.


© Céline Chergui

Collages et surréalisme POETIQUE. Un cube de savon de Marseille, une silhouette des années 1920 posée sur des sardines, le tout venant remplir le panier d’un vélo dans le quartier du Panier : voilà un aperçu des créations imaginées par la plasticienne marseillaise Céline Chergui. Influencée par le surréalisme, le confinement lui a inspiré une nouvelle technique artistique, faite de découpages et d’assemblages d’images récupérées dans des magazines de mode et d’art. Ses illustrations, où le corps féminin occupe une place prépondérante, mêlent et entremêlent les époques, les lieux et les formes d’art avec toujours une pointe marseillaise et d’humour. Décliné en cartes postales, pochettes, totes bags et cahiers, son travail, empreint de différentes références artistiques, renvoie chacun à une interprétation personnelle. AS Site internet : illustrationcelinechergui.com / Instagram : @celinechergui.art

Viva España

© DR

HOMMAGE. Pour sa 21éme édition, le Festival de Cinéma Espagnol de Marseille - CineHorizontes célébre les 90 ans du réalisateur Carlos Saura. 20 films de ce ponte du cinéma hispanique seront ainsi projettés à Marseille (et ailleurs dans la région Sud) pour rendre hommage à celui qui est considéré comme l’un des cinéastes vivants les plus importants d’Espagne et d’Europe. NLP Du 12 au 24 novembre cinehorizontes.com 017


TRANQUILLE. Clyde de Mars, le rappeur made in Marseille, revient avec un nouvel album qui traduit une renaissance, un accomplissement personnel, une maturité certaine. Une création qui révèle une évolution de lui-même et une vision de la vie différente. « J’ai transformé mes vieilles blessures et mes douleurs en force positive. », confie-t-il. Ce nouvel opus est un mélange de deux genres qui lui tiennent particulièrement à cœur : le Hip-hop et la Pop urbaine. Pour l’écriture des textes, Clyde s’est inspiré à 60% de ses expériences personnelles, de son passé pas toujours simple. Cette sortie fait suite à un premier EP au printemps dernier, « On s’en fout », qui se voulait être une sorte d’hymne à l’amour et au bonheur retrouvé après des mois anxiogènes et moroses. Quand le rappeur relate que la musique fait partie de sa vie depuis sa plus tendre enfance, il ne tarit pas d’éloges à l’égard des rappeurs Booba, Damso ou Nekfeu, « des artistes qui me portent et qui me donnent l’envie. » Depuis ses débuts, Clyde de Mars a indéniablement su créer son propre univers musical, entrainant, positif et éclectique, véhiculant des valeurs délicieusement sucrées. FJ Instagram : @clydedemars

© DR

Le retour

© Chloé Vollmer-Lo

Audrey nous émerveille FÉE. Aix-en-Provence a sa JK Rowling ! Audrey Alwett, auteure jeunesse à succès et sudiste depuis 15 ans, sort cet automne (le 3 novembre) le dernier tome de sa trilogie Magic Charly. « C’est un livre pour les enfants à partir de 10 ans. Mais j’ai un très grand lectorat d’adultes, car en fonction de l’âge auquel on lit le livre, on n’y trouve pas la même chose. » Celle qui s’intéresse beaucoup au traitement des minorités dans la littérature jeunesse a fait de son héros principal un jeune garçon noir, quand son héroïne n’est pas normée. Les rapports entre filles et garçons, comme les violences sexuelles, y sont aussi abordés. « Il y a beaucoup de personnages avec des problématiques propres, c’est très rythmé. Mais je ne veux pas plomber mes lecteurs, j’aime bien les livres positifs », commente celle pour qui « le merveilleux est quelque chose de très important, qui permet de se construire et de se reconstruire si on a connu des traumatismes. C’est une part de notre humanité, dans un monde où la rationalité est à son sommet, qui nous permet de renouer avec notre instinct. » MC 018


P U B LI-IN FOR MATION

Euroméditerranée pour une ville résiliente, performante et durable La poursuite de l’opération Euroméditerranée vers le Nord de la ville confirme la transformation urbaine de la cité phocéenne. La feuille de route est ambitieuse : créer 20.000 emplois et 12.000 logements neufs, attirer 25.000 habitants supplémentaires... Plusieurs projets phares y verront le jour : le parc Bougainville puis celui des Aygalades, l’éco-quartier des Fabriques, la réhabilitation de friches industrielles et la refonte des espaces publics au cœur du noyau villageois des Crottes ainsi que le “Cours métropolitain”, grand boulevard végétalisé entre Cap

Pinède et Capitaine Gèze. Le défi se poursuit en faveur d’un urbanisme adapté au contexte local et au climat méditerranéen, favoriser les énergies renouvelables locales, soutenir et contribuer à la croissance économique et la création d’emplois. Ainsi, des logements confortables, sobres en énergie

comme en coût d’utilisation et des espaces publics adaptés aux nouveaux usages sont proposés aux citoyens. Ses attentes sont au cœur des réflexions, des concertations, des aménagements, des solutions initiées menés par Euroméditerranée pour un cadre de vie adapté aux préoccupations actuelles.

Anaïs Cadier, directrice de l’Aménagement - EPA Euroméditerranée « Un aménageur public est un ensemblier qui travaille sur le long terme en tenant compte de l’histoire du territoire et de l’évolution des modes de vie. Il doit intégrer toutes les mutations des usages, sans jamais perdre de vue la pérennité des aménagements. On ne construit pas une ville pour trois ans ! Au-delà de la qualité architecturale, la gestion des espaces publics dans la durée est primordiale. Dans le cas d’Euroméditerranée, il ne s’agit pas créer une « ville nouvelle », mais de répondre aux besoins en création de logements, de bureaux, de commerces, d’équipements publics du territoire marseillais tout en créant de nouveaux espaces propices au vivre ensemble dans des quartiers – Arenc, la Joliette, la Belle de Mai, la porte d’Aix, les Crottes, porteurs d’une identité forgée par le temps. Cette mission complexe se situe au croisement de multiples enjeux : appréhender les attentes des habitants et usagers, travailler avec les partenaires publics en portant des ambitions environnementales et sociétales fortes, le tout dans un contexte en perpétuelle évolution... Sur le périmètre de l’extension, il s’agit de revitaliser de grandes parcelles qui accueillent friches et activités industrielles en déclin. L’espace est également jalonné de grandes infrastructures de transport qui représentent autant de coupures dans la trame des quartiers. L’enjeu est de recoudre ce tissu en créant des liens et en confortant des continuités Est/Ouest et Nord/Sud. »

À PROPOS D’EUROMÉDITERRANÉE Depuis 27 ans, l’Établissement Public d’Aménagement (EPA) Euroméditerranée conçoit, développe et construit la ville méditerranéenne durable de demain au cœur de la métropole Aix MarseilleProvence. Labélisé « ÉcoCité » depuis 2009, le territoire d’intervention d’Euroméditerranée de 480 ha est un véritable laboratoire d’expérimentation pour tester des solutions, services et dispositifs innovants qui feront partie intégrante de la ville de demain.

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Philosophie artistique Maud Bourdin fait de la peinture depuis toujours. Enfant, dès la primaire, la seule chose qui l’intéressait était le dessin de Noël, celui qui allait être accroché au mur de l’école. Féministe convaincue au caractère exalté et des principes chevillés au corps, sa peinture nous rappelle que rien n’est acquis.

Texte Nadège Laurens-Paget & Astghik Shahbazyan Photos Joseph Bagur / Jovanna

Je suis amoureuse de Marseille” s’écrie celle qui est arrivée sur la scène artistique marseillaise il y a sept ans. « C’est une ville hyper passionnante, qui bouillonne. Quand j’en parle à Lyon d’où je viens, ils ont tous envie d’y venir en vacances. Alors j’en parle moins (rires)”. La simple évocation des lettres géantes “MARSEILLE”, plantées sur une colline nord qui surplombe l’autouroute en arrivant de la Côte-bleue, rempli les yeux de Maud Bourdin d’étoiles. Sa vision de Marseille est celle d’une ville puissante, faite de codes, d’affects et plus encore de tripes. “Ce n’est pas une ville facile. Mais sincèrement, je trouve qu’elle est assez authentique”. C’est d’ailleurs ici que cette artiste-peintre s’est nouée de grandes amitiés avec des femmes “inspirantes”.

De l’indignation et beaucoup d’inspiration Autodidacte, Maud Bourdin fait de la peinture depuis son plus jeune âge. Elle est pourtant poussée par ses parents à poursuivre des études de commerce en vue d’apprendre à 020

vendre son art plus tard. Elle obtient son diplôme de technico-commerciale santé et commence à travailler dans le domaine médical. “J’ai vendu des choses très techniques, et pourtant je suis incapable de vendre ma peinture !». Faute de pouvoir vendre son art, l’artiste sait en parler et n’hésite pas à prendre la parole pour s’exprimer sur ses œuvres. Elle peint exclusivement des femmes « aux gros seins, très festives, hautes en couleurs ». Ses influences sont multiples, du cinéma d’Almodovar et de David Lynch, aux sons électro, à la Gay Pride, le carnaval de Rio ou encore la bande dessinée Litteul Kevin de Coyote, dont elle est fan depuis son enfance. “Quand on peint depuis longtemps, quand on expose, vraiment, on se met à nu. Déjà, quand on montre notre travail, il faut entendre les choses bonnes et mauvaises. Il y a une forme de revanche qui porte déjà ses fruits.” Ce qui l’encourage, ce n’est pas plus ceux qui achètent ses œuvres que ceux qui s’expriment. “Il y en a qui vous font un pavé et qui n’achètent pas . Mais ils vous confient



“J’ai pas mal voyagé. Partout où je suis allée, j’ai observé comment la femme était traitée et la manière dont elle vivait. Je m’aperçois qu’un peu partout, il existe une réelle injustice féminine. Mon travail, c’est de le dire.”

que quand ils auront des sous... Et ça c’est le top, c’est hyper encourageant.”

Derrière chaque muse se cache un homme Dans ces tableaux où la femme est l’unique protagoniste, la figure masculine joue aussi un rôle. Selon Maud Bourdin, c’est souvent l’homme qui est à l’origine de ce mal sociétal qu’est la surconsommation de chirurgie esthétique, qui a pris de l’ampleur depuis ces dernières années. Et ça, l’ancienne technico-commerciale, forte de ses huit années d’expérience en chirurgie, le sait très bien. Elle a pu observer ces femmes qui débarquent et 022

veulent se refaire une plastique, parce qu’elles viennent de se faire plaquer. Etant par ailleurs sophrologue praticienne, l’artiste cherche des réponses. Et elle s’aperçoit que cette réponse est toujours la même : la quête de l’amour. Derrière la toile de la femme pulpeuse et rigolote, se cache donc en réalité une femme en mal d’amour. “Il y a vraiment ce discours derrière où je trouve que la femme est victime. J’ai pas mal voyagé. Dans tous les pays où je suis allée, j’ai observé comment la femme était traitée et la manière dont elle vivait. Je m’aperçois qu’un peu partout, il existe une réelle injustice féminine, que ce soit dans les pays riches ou dans les pays pauvres. Mon travail, c’est de le dire ». Une dénonciation qu’elle exprime depuis plus de 20 ans au travers de ses créations artistiques, et qui se veut parfois visionnaire. « Je n’arrête pas de dire que rien n’est acquis. Voyez ce qu’il s’est passé récemment aux États-Unis, qui a décidé d’abolir le droit à l’avortement.” Àux côtés de ses tableaux de femmes très festives et aux formes généreuses, elle dessine également des femmes à petites poitrines, des femmes presque enfermées, pour montrer qu’elles sont “casées dans des boîtes”. De ces observations, elle tire une lecture quasi-parfaite des goûts masculins. “Quand un homme prend une commande, je sais le style de femme qui va lui plaire. Et je ne me suis jamais trompée de ce côté-là. Je sais s’il va lui falloir une blonde, une rousse, une brune. Quelque part, peut-être que ma muse, c’est les hommes !”.


Photo ©Anthony Ghnassia / VisionbyAG DeBonneville-Orlandini NostaInstit-ClubDanse-210x280-VivreBordeauxMarseille.indd 1

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Texte Nadège Laurens-Paget & Astghik Shahbazyan Photos Roxanne Peyronnenc

SOSO C’EST ÇA ! Soso Maness s’impose comme un artiste majeur de la scène rap francophone. Un « workaolic » qui pense, vit, respire musique. Fidèle, têtu et déterminé, il se livre avec clairvoyance et pertinence sur son parcours atypique, sa ville, ses projets… Une rencontre à son image, étonnante, détonante, authentique et généreuse.

On connaît le Soso Maness qui fait danser dans les boîtes de nuit. Mais aussi celui qui parle de la cruelle réalité : d’où vient cette dualité ? Certainement d’une réelle envie d’oublier tout ce qu’on avait pu faire la journée. On vendait, on guettait, et quand on finissait à minuit, on allait nighter en boîte, au Bazar, au Millenium, au Vertigo. Il y avait tout le temps ce besoin d’avoir un exutoire, un dérivatif au stress de 12 heures passées dans un bloc. On claquait en 1 heure ce que l’on avait mis 12 heures à gagner.

Vous aviez quel âge à cette époque ? Ça a vraiment commencé à 17-18 ans. À 20 ans, j’ai commencé à connaître du beau monde, à rentrer dans des endroits très sélectifs à l’époque. C’est pour cela que j’ai beaucoup de singles. J’arrive à mettre les singles pleine lucarne parce que j’ai un passé de discothèque. Petrouchka, à la base, c’est un son que j’écoutais au Jacks. Il passait Petrouchka, elle boit de la vodka , un bon gros son de camping. Zumba cafew, c’est un son de 2005 repris par Pitbull. Ce sont des inspirations de clubs marseillais. 0 25

Vous parlez beaucoup du regard des gens qui a changé sur vous… Ça ne me plaît pas parce que je culpabilise. C’est difficile de « s’élever » socialement en étant issu d’un endroit où les gens ne l’ont pas fait. Tu culpabilises, parce que ton mode de vie change, tu rencontres d’autres personnes. Tu ne te rends pas compte mais tu as une vie extraordinaire, à Dubaï, au Mexique, en festival tous les jours. Je viens d’un endroit risqué quand même ! Aux US, quand Jay-Z ou Biggie qui venaient d’endroits « chauds » de New York ont réussi,


on les a tout de suite portés. Alors qu’ici, dans les quartiers nord de Marseille, même si heureusement ce n’est pas vrai pour tout le monde, il y a toujours la pomme pourrie qui va contaminer tout le panier avec des phrases du style : « Il est en showcase, tu crois qu’il est millionnaire ? » . Je leur réponds : Oui, et en dinars, si tu veux savoir ! Vous avez dit que ce qui vous intéressait, c’était de voir la foule vibrer sur vos sons et oublier ses problèmes. Qu’est-ce que vous écoutez, pour oublier vos problèmes ? The Temptations, Marvin Gaye. J’aime aussi beaucoup la Motown le matin, ça réveille bien. En fait, ça dépend quel problème je veux oublier. Je peux rapidement passer sur Johnny ou sur des gros classiques

« J’aimerais créer à Marseille un endroit où centraliser des idées de production, de réalisation, de reportages, de films et séries, de musiques. »

de hip-hop. Ou encore écouter mes potes Jul et SCH. Je suis vraiment un passionné de musique. Vous avez commencé le rap très jeune et avez percé sur le tard... Une chance finalement pour pouvoir vivre les expériences de la vie. J’ai été connu dans toute la France à 32 ans. Avant, j’étais comme tout le monde. Donc j’ai appris la vie, le vice des gens, l’amour, les déceptions, le respect, la joie, la faim... Toutes ces “expériences” servent mon écriture. Vous avez été guetteur, dealer, vous êtes passé par la case prison... Quel parcours ! J’ai eu une prise de conscience, la maturité, la mort, le temps qui passe, ma femme...J’ai la chance d’avoir une femme brillante, vraiment. Où avez-vous trouvé la lumière en tant que “rescapé” ? La lumière, je pense que je la cherche encore. Mais j’ai des petits flashs lumineux : la naissance de mes enfants, c’est la fierté de mon grand-père et de mon père de 85 ans, qui a eu 12 enfants. Je voulais tellement lui donner tort. Tu ne veux pas me calculer ? Eh bien tu vas voir. Je suis le dernier, celui qui réussit. Quel regard portez-vous sur votre parcours ? Je peux dire fier. Fier, pour mon Père. Soso Maness, maire de Marseille en 2026, ça donnerait quoi ? Marseille manque d’un investissement des politiques. Je déteste cette manière de les voir venir nous emboucaner ! Une fois élus, plus grand-chose ne se passe. Je pense que j’investirais vraiment dans les écoles, pour plus de classes, moins d’élèves, plus de mixité…À 35 dans une classe, où l’on a tous 0 26

la même situation sociale, les mêmes origines, la même façon de penser, de parler, d’imaginer, de créer, c’est un moule, c’est une catastrophe... Moi, j’ai commencé à créer et devenir artiste quand j’ai pu voyager. J’aurais vraiment de bonnes idées pour la culture aussi, pour développer la matière grise de ces jeunes qui en ont plein. L’amour qu’ils donnent au bloc, s’ils le donnent à leurs études, ce serait fou… C’est très important de ne pas oublier d’où l’on vient, il faut leur donner de l’espoir. Enfin, je ferais en sorte que les parents soient plus investis dans l’éducation. Quand tu fais un enfant, tu te lèves, tu l’assumes. Tu ne dis pas “je vais descendre en pyjama, le déposer et rester devant l’école avec les mamans”. Comment vous voyez-vous dans 10 ans ? Oh, la question de Thierry Ardisson (rires) ! J’ai beaucoup de rêves. J’ai déjà réalisé, produit et joué dans 4 épisodes d’une série dans laquelle je mets en avant des jeunes de FontVert. Presque 20 millions de vues. Cette série m’a beaucoup servi pour attaquer le long métrage que j’ai écrit avec SCH. J’aimerais créer à Marseille un endroit où centraliser toutes ces idées de production, de réalisation, de reportages, de films et séries, de musiques. Essayer d’être, c’est très prétentieux ce que je vais dire, mai d’être Only Pro (entreprise de management d’artistes, ndlr). Justement. Le rap de Soprano ? Ce n’est plus du rap, je pense qu’il en est conscient. Je ne remets pas en cause ses qualités de rappeur, c’est un très bon rappeur, un modèle pour nous. Je ne le connais pas, je ne l’ai jamais vu, mais c’est quelqu’un d’inspirant. Même quand il n’y avait personne à Marseille, il y avait Soprano. Cette manière de switcher à la variété, ça a été fort.



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Avez-vous des regrets ? Les études. Jai arrêté en troisième. J’aurais aimé aller plus loin, je suis quelqu’un qui aime apprendre. Dans le rap, on parle beaucoup de rage. Avez-vous eu la rage ? Oui, normal ! Sept étages, l’ascenseur qui ne marche pas, ça pue la pisse, les condés qui viennent t’insulter ou te contrôler pour rien… Mais je n’ai pas envie d’en parler, parce qu’il y a aussides policiers vraiment bien. En quoi le rap marseillais est-il spécifique ? À Marseille, on est 875 000 habitants. À Paris, ils sont 12 millions. Dans le 93, il y a 1 600 000 habitants, deux fois plus d’habitants qu’à Marseille. Ici, c’est un rap de proximité.

Quand Jul rape un truc super simple, l’image va direct venir. On va dire un rap de proximité et sanglant. Sanglant ? Bien sûr ! On parle d’une ville où il y a un réglement de compte toutes les 24h ! C’est un rap plus joyeux, non ? Mais non. Il faut que t’écoutes les paroles : c’est la prod qui te fait penser ça. Mais dans Petroucka je dis “dans la zone, on vend la drogue ça fait TP, ça crie ara, sac chanel, elle me donne le go, ma gadji c’est Petrouchka”. “Elle me donne le go”, ce n’est pas pour aller jouer aux billes ! On en revient à ce que je racontais au début : on vit 12h dans le bloc, ensuite on va faire la

fête pour oublier ce qu’il s’y passe. On est bloqué dans une boucle. Je raconte mes problèmes en faisant danser. Votre Marseille. En 2020, quand on ne pouvait plus voyager, tout le monde est venu à Marseille, ville énergique et magnifique. La chanson « Bande organisée» est sortie : quadruple diamant, je crois que même Johnny n’a pas fait ça (rires). 2020 a été une année charnière pour Marseille. Et pour finir… Même si ça s’arrête demain, j’aurai vécu un truc de fou. Je suis pote avec DJ Snake, je croise Simon Jacquemus, j’ai rencontré Zizou…

“Ici, c’est un rap de proximité. On va dire, un rap de proximité et sanglant. On parle d’une ville où il y a un réglement de compte toutes les 24 heures !”

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Créer pour connecter Passionné et créatif, à 33 ans, Nicolas Herbé possède un univers artistique très personnel. Avec pour sources d’inspiration l’émotion et le partage, ce jeune peintre souhaite véhiculer de l’énergie positive. Rencontre avec un artiste au monde empreint de fragilité, de voyages et de connexions.

Texte Alexandra Bischof Photos DR


L’art est un passeport identitaire et culturel qui nous connecte aux autres, aux histoires, au passé, au présent et au futur ». Au travers d’œuvres très riches en couleurs et un lettrage particulier, semblable au graphisme, Nicolas a rapidement su imposer son propre style, « une performance qui recherche de la performance.» Si la toile constitue une majeure partie de son activité, l’artiste crée sur diverses matières comme l’aluminium, le bois et autres objets. « Je les rénove au goût du jour avec des couleurs. Par exemple, des vieux meubles moulés où je retravaille les éclats de peinture. Je m’exprime comme si j’inscrivais une émotion sur quelque chose, le support est juste un moyen d’expression. » Captivant et captivé, l’artiste aime greffer une partie de lui au sein de ses productions. « J’écris avec un langage pictural ce qu’il y a en moi. » Ce jeune homme est avant tout observateur, puisant son art en s’imprégnant du monde qui l’entoure. “Je capte ce qui se passe autour de moi : le lieu, le moment, les personnes, ce que je fais… » Une communication, une compréhension et une perception particulière du monde qui transpirent dans ses tableaux. « Un artiste peint dans un cadre et aime vivre hors du cadre en même temps ! L’art est une passerelle. Une connexion positive, on échange, on voyage, on partage ! » Il s’agit ici de créer une véritable passerelle entre lui et les autres. « Ma drogue, c’est la connexion, l’écoute, l’émotion, le frisson… J’ai une mémoire phénoménale des images, ce qui me

permet d’avoir plein d’images dans la tête, qui voyagent, et plein de couleurs en fermant les yeux. » La musique, et plus particulièrement le Hip-hop américain des années 1990, occupe une place centrale dans la réalisation de ses toiles. « Je peins sans ligne directrice, l’instinct canalise mes sentiments. Il s’agit d’une pulsion, d’une excitation en rythme, d’une joie émotionnelle. » Une recette de l’imaginaire qui l’aide à se projeter. « On crée des mondes à travers des bandes dessinées, de la musique. En fermant les yeux, j’arrive à voir, à sentir au travers de fréquences.»

L’art dans la peau La peinture n’a cependant pas toujours été son unique activité. Chef cuisinier de formation, Nicolas a exercé durant plusieurs 031

“Un artiste peint dans un cadre et aime vivre hors du cadre en même temps. L’art est une passerelle.”


“Il n’y a rien de plus identique à mon art que Marseille. Comme elle, je partage à travers lui la mixité, le mélange des genres, de milieux.” années avant de se consacrer pleinement à sa passion. « En tant que chef, je tentais d’exprimer artistiquement mes assiettes. J’ai toujours peint. Malgré mon temps limité à cause de ma profession, je trouvais toujours du temps pour peindre à mes heures perdues, mais pas suffisamment pour mettre en avant mes créations. Je recevais néanmoins beaucoup de sollicitations. » Après une première collaboration avec l’association Le point Rose à Aix, Nicolas a souhaité se lancer et changer de vie. « Des contacts se sont présentés. Avec le recul, j’ai réalisé que c’était bien ça que je voulais faire. Je me suis lancé. Depuis le mois de janvier 2022, je m’y consacre pleinement. »

trouve dans ses productions. « Les œuvres ne voyagent pas sans le partage.J’ai d’ailleurs développé une symbolique autour de l’abeille car l’abeille colonisée transmet ses codes culturels, ce qui amène le positif ! » La cité phocéenne garde une place essentielle dans sa créativité. « Il n’y a rien de plus identique à mon art que Marseille. Comme elle, à travers lui, je partage la mixité, le mélange des genres, de milieux. L’affront, le contresens, le fait de ne pas vivre comme tout le monde. Ce qui me ressemble beaucoup ! »

L’art, toujours à démocratiser Vernissages, expositions (notamment à la Villa d’Avignon ou à la Maison Bronzini à Villeneuve-lez-Avignon), salons (le SM’ART à Aix en Provence ou le SIAC au Parc Chanot), artiste officiel de l’Open du pays d’Aix... Nicolas connaît depuis quelques mois une ascension fulgurante. « Je suis disponible pour toute sorte d’événements. Je réalise aussi beaucoup de live, des soirées toiles en direct devant les gens, pour leur enseigner l’art. » Un domaine qui reste encore à démocratiser selon cet artiste audacieux. « Je veux des lieux accessibles à tous pour rendre les choses visibles. Les gens n’osent pas toujours rentrer dans une galerie, souvent perçue comme trop solennelle et nécessitant d’avoir un fort pouvoir d’achat ! » Un désir de partage, d’échange, que l’on re032


Food ×

“L’une des choses les plus agréables dans la vie est la façon dont nous devons régulièrement arrêter ce que nous faisons et consacrer notre attention à manger.” Luciano Pavarotti, ténor italien (12 octobre 1935-6 septembre 2007)

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© DR

bajak.fr Instagram : @bajak_cookies

Un shot de cookies GOURMAND. Boire un café ou manger une glace dans une tasse en pâte de cookie : c’est le concept de Bajak cookies, créé par Lori Yalic, une Allaudienne de 23 ans. Des verres à croquer, réalisés à partir de pâte beurrée et recouverts d’un glaçage au chocolat noir, au lait, blanc ou aux trois chocolats. « Les cookies, c’est ma grande spécialité et je suis littéralement addict au café », confie cette jeune entrepreneure qui a donné vie durant le confinement à Bajak. Un nom qui signifie tasse en arménien, et qui s’impose comme un clin d’oeil à ses origines. Livrés dans une boîte de 4, 6, 8 ou 12 pièces, ces cookies shots sont à retrouver sur le site internet de Bajak et dans plusieurs points de vente marseillais. Mais aussi sur vos événements, grâce au stand de cookies, glaces et cafés glacés que Lori met à votre disposition. AS 034


LOCAL. Dans la savane, le lion est roi. Au pays du vin, c’est Le rhinocéros. Ce restaurant et bar à vin à l’élégance intemporelle et aux saveurs inspirées promet de devenir le nouveau repaire hédoniste de la ville ! Que ce soit pour sa carte aux 150 vins, dont la plupart est d’origine française, ou pour ses planchas de fromage et de charcuterie, à partir de 14€, tout est pensé local et frais. Des saveurs de bistrot dont les maîtres mots sont authenticité et gourmandise. Le tout dans une décoration mi-savane, mi-industrielle, de la salle, à la terrasse, en passant par le patio, imaginée par les Architectrices. Un lieu authentique, chaleureux et immersif où le « fait maison » est à l’honneur. Une volonté de ses fondateurs et amis marseillais, Fabrice Necas et Michaël Cohen. FJ 33 rue Sainte - Marseille 1er

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Aux pays des épicuriens

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Du CBD à boire ou soupoudré RELAX. Des boissons non alcoolisées au cannabidiol, à partir d’ingrédients sourcés en France : c’est le concept de l’entreprise Baga. Trois de ses infusions bio ont séduit le marseillais Stéphane Elbeze, fondateur de Les Sushis du Panier, restaurant à emporter qui les propose à la vente, en plus de ses plateaux de sushis et burgers saupoudrés de CBD. AS 4 Rue des Phocéens, 2e lesushisdupanier.fr Instagram : @sushisdupanier


Bon et bon

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Pas facile de s’aligner entre ses convictions sur le bien-manger des enfants et l’envie de leur faire plaisir. La marseillaise Amélie Coulombe, maman de 2 petits garçons, s’est emparée du problème pour fonder Krokola. Une marque locale qui entend initier les enfants au goût du bon chocolat... tout en déculpabilisant les parents !

krokola.fr

Racontez-nous vos débuts… En 2020, je quitte mon poste chez Haribo pour passer mon CAP chocolatier. Je réf léchis à comment rendre le chocolat plus adapté aux enfants et satisfaisant pour les parents. En avril 2021, je lance la première production de Krokola. En janvier 2022, Alexandre, mon associé, rejoint l’aventure pour développer la distribution. Aujourd’hui nous sommes présents dans plus de 1500 points de vente. Qu’est-ce qu’un bon chocolat ? Pour moi, c’est déjà un chocolat naturel, bien équilibré au niveau organoleptique, où l’on sent le vrai

goût de cacao, un chocolat qui ne se cache pas derrière trop de sucre, d’arômes, ou d’additifs. Un bon chocolat, c’est aussi un produit respectueux des producteurs et de l’environnement. Il y a beaucoup d’enjeux derrière le chocolat (déforestation, travail des enfants, usage de pesticides…), c’est important d’en avoir conscience et de s’assurer qu’il a été cultivé de manière responsable. Où et comment sont fabriqués les chocolats Krokola ? La fabrication se fait à côté d’Avignon, dans un atelier artisanal partenaire. Nous travaillons main dans la main avec eux sur le choix 036

des ingrédients et le développement des recettes sans lécithine de soja, sans arôme, ni additif. C’est vraiment important pour moi de valoriser ce savoir-faire chocolatier français dans notre fabrication. Parlez-nous de votre combat ? Que Krokola se fasse sa place dans la grande et moyenne distribution ! Nous sommes face à des géants de l’agro-alimentaire qui imposent leurs produits ultra-transformés avec des budgets de communication massifs… Mais la révolution des petits gourmands est en marche et l’aventure Krokola ne fait que commencer ! MC


Fama fait revivre Samatan

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NOUVEAU. Le quartier de Samatan (Endoume, 7éme) a enfin sa supérette ! Du nom de la déesse Fama, dont la statue trônait non loin jadis. Elle propose une centaine de produits choisis avec soin par deux marseillaises très amicales, Sophie Abdaoui et Emmanuelle Deparis. On y trouve de quoi faire ses principales courses : des fruits et légumes de saison, de la charcuterie, des fromages, des vins sourcés, des produits d’hygiène et même le pain, le tout à des prix abordables. Du bio, une formule sandwich et de l’agriculture raisonnées. “Le but est que les gens du quartier puissent venir faire leurs courses régulièrement”. Mais Fama, c’est aussi prendre le goûter avec ses enfants, savourer un café en terrasse, déguster des huîtres en présence d’un ostréiculteur, rencontrer des vignerons, faire une chasse aux œufs à Pâques... Un véritable lieu de vie en somme. AS 1 Rue Samatan, 7e. Instagram : @fama.superette

© DR

Trois adresses sinon rien

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ASIATIQUE. La street food Thaï débarque dans les quartiers urbains de Marseille, avec trois restaurants Phuket situés aux Rosiers dans le 14e, Cours Julien dans le centre et à La Capelette dans le 10e. Préparée par des cuisiniers thaïlandais, l’enseigne propose une vingtaine de recettes minute à déguster sur place, à emporter ou à faire livrer. FJ Instagram : @phuketstreetfoodoff


Les microbrasseries de Marseille Haut lieu de la bière depuis le XIXème siècle, Marseille fait aujourd’hui la part belle aux brasseries artisanales qui ont chacune leurs spécificités, apportant leur touche de terroir sudiste à cette boisson venue du nord Texte Élodie Liénard

© Federico Reparaz

Photos DR


12 recettes permanentes et bien d’autres saisonnières.

Salem Haji et Sylvain Perrot ont lancé la première microbrasserie marseillaise en 2013.

Méditerranée sont devenues l’une des plus importantes firmes industrielles de Marseille. Rien que ça !

Fabrication artisanale et ancrage local Aujourd’hui, Marseille reste un haut lieu de la bière en France. Heineken a racheté la Brasserie le Phénix et produit une très grande partie de sa production nationale à La Valentine. Mais c’est surtout du côté des brasseries artisanales qu’il faut regarder pour trouver les breuvages les plus intéressants. Brasserie des Maltfaiteurs, Brasserie communale du Cours Ju, Brasserie La Minotte, qui a déménagé à Vitrolles… Tout a commencé en 2013, lorsque Salem Haji , un ancien de la Marine marchande, et Sylvain Perrot, pharmacien, lancent la Brasserie de la Plaine. Soit, la première micro-brasserie marseillaise. Les deux amis débutent en brassant chez eux, essayant différentes recettes pour leurs copains du quartier. Le nom donné à leur brasserie s’est imposé simplement… « Nous avons trouvé notre premier local en bas de chez nous. C’était important cet ancrage dans le quartier » souligne Salem. Au point d’ajouter à leur label bio, l’AOQ, l’Appellation d’Origine de Quartier ! La Brasserie de la Plaine propose aujourd’hui 12 recettes permanentes, et bien d’autres bières saisonnières et éphémères. « Nous avons des bières plutôt classiques, qui peuvent plaire à tout le monde. L’idée, c’est que les personnes les apprécient et nous fassent assez confiance pour ensuite goûter d’autres recettes plus originales. Nous avons par exemple une bière sour (acide) au thym, ou une bière noire acidulée au poivre, ou encore une bière vieillie en fût de whisky, que nous proposons même en 039

© Émilie Dubrul

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n ne le sait pas forcément mais Marseille a une très longue et très riche histoire avec la bière. Phénix, Zénith, Marx… Ces noms, dont on a oublié le sens aujourd’hui, sont en fait ceux d’anciennes brasseries marseillaises très réputées. Subsiste encore celui de Velten, grâce au Coco Velten, le centre culturel solidaire dont le toit-terrasse offre une vue panoramique sur Marseille, mais que l’on n’associe plus depuis longtemps à l’univers de la brasserie. Et pourtant… C’est au début du XIXème siècle que l’alsacien Jacques Velten est venu créer à Marseille La brasserie Velten, devenue ensuite Les Brasseries de la Méditerranée. Son poids dans le tissu industriel phocéen n’allait faire que grandir. C’est à ce précurseur que l’on doit la technique de la fermentation basse, qui, associée aux récentes méthodes de réfrigération, a permis de produire des bières toute l’année. Au cours du XXème siècle, Les Brasseries de la

La Brasserie de la Plaine brasse chaque année 1500 hectolitres de bière. pression… ». Les recettes ont obtenu de nombreux prix et médailles. La brasserie produit aujourd’hui plus de 1500 hectolitres et s’attache à collaborer avec différents acteurs du territoire. « Nous travaillons avec la ferme urbaine Terre de Mars qui nous fournit un houblon formidable. Leur production n’est pas encore très importante, mais cela nous permet de sortir une bière Triple toute l’année (la Sainte-Marthe) et une bière de récolte (avec du houblon frais et non séché) une fois par an » précise Salem. La Brasserie soutient la filière houblonnière française naissante, mais aussi les producteurs de malt et d’orge locaux. « L’avenir des micro-brasseries françaises passe aussi par là » explique Salem. Et pour la Brasserie de la Plaine,


➁ OÙ TROUVER DE BONNES BOUTEILLES À MARSEILLE ? • Chez Bière Academy, une sélection de bières très conséquente, avec des nouveautés à découvrir très régulièrement, un bar pour déguster sur place et des ateliers pour apprendre à brasser soi-même. biereacademy.com • Chez Cane Bière, 400 bières en bouteille à emporter ou à déguster sur place et 8 pressions différentes chaque jour. la-cane-biere.fr • Victor Bière propose le plus grand choix de boissons artisanales à Marseille, dont les bières bien sûr. Pale Ale, IPA, Stouts… Il y en a pour tous les goûts et sous toutes les formes (bouteilles, canettes ou fûts). victor-biere.com • Fietje c’est une sélection de centaines bières artisanales du monde entier, dont certaines ne sont disponibles que difficilement sur internet. Vous pouvez composer vous-même votre coffret cadeau avec les bouteilles que vous préférez… Cave Fietje sur Facebook.

l’avenir proche, c’est notamment la sensibilisation au brassage artisanal. « Nous proposons des cours d’une demijournée ou d’une journée pour apprendre à brasser sa propre bière dans nos locaux. Nous vendons également le matériel nécessaire pour s’essayer au brassage à la maison ».

Ingrédients bio et goûts singuliers Apprendre à brasser soi-même permet de découvrir de nouveaux parfums et de s’habituer à sortir des goûts uniformisés proposés par les grandes marques. C’est aussi l’objectif que suit Jérôme Talin. Le fondateur de Zoumaï a commencé en brassant des bières à la maison, pour ses amis. « Je travaillais dans l’informatique et j’en avais marre. Le brassage, c’est à la croisée des chemins de plusieurs 040

de mes passions : la science, la cuisine, l’art… ». Le brew pub de Zumaï naît en 2018 tout près de Castellane, dans l’ancienne The Carrosserie. « Nous proposons près d’une vingtaine de bières, avec une prédilection pour les recettes anglo-saxonnes, Pale Ale, Ipa, Stout… Tous les ingrédients sont bio, les malts et les orges viennent de France. À terme, nous aimerions nous fournir en houblon français, quand la filière sera assez conséquente ». Mais Zoumaï n’est pas seulement une brasserie locale, c’est aussi un lieu multiculturel et hétéroclite qui organise très régulièrement des concerts, des conférences et un marché bio chaque semaine. Avec l’agrandissement récent de sa surface, Jérôme entend bien doubler sa production de 2000 hectolitres de mousse l’année prochaine. Santé !


➀ Il est possible

d’apprendre à brasser sa propre bière à la Brasserie de la Plaine.

➁ Zoumaï produit 2000

hectolitres par an et a pour objectif de doubler sa production l’année prochaine.

➂ Brew pub mais

aussi lieu multiculturel avec des concerts, des conférences, un marché bio hebdomadaire…

brasseriedelaplaine.fr brasseriezoumai.fr

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Texte Élodie Liénard Photos DR

Agriculture urbaine Friches industrielles revalorisées, toits-terrasses transformés en potagers, jardins communautaires… Plus de 100 initiatives d’agriculture urbaine fleurissent à Marseille. Et si un jour, les 120 hectares de terres agricoles que comptent la ville pouvaient la nourrir ?

D

es champs d’épinards, de blettes, d’aubergines et de tomates s’étendent au-dessus de l’autoroute L2, en plein 12ième arrondissement de Marseille. Il y a encore 4 ans, cet espace n’était qu’un dépôt de gravats, un lieu totalement perdu pour la collectivité. Aujourd’hui, la ferme urbaine participative Le Talus y a élu domicile, exploitant 540 m2 de surface agricole utile. Ici, on pratique le micro-maraîchage bio intensif sur sol vivant, sans aucune utilisation d’engrais ni de traitements chimiques. Mais Le Talus est bien plus qu’une terre agricole urbaine. « C’est un projet de partage, solidaire, qui a pour mission de dynamiser le

lien social » souligne Rosalie Lecaille, l’une des dix salariés de la ferme urbaine. « Le Talus se développe sur plusieurs axes. L’agroécologie biensûr, avec la production de fruits et légumes, la vente sur place tous les mercredis matin, et l’auto-cueillette ouverte à tous. Mais nous œuvrons aussi à la sensibilisation et à la formation de nos adhérents à la permaculture. Nous menons des actions pédagogiques avec l’école primaire d’Air Bel. Dès les beaux jours, près de 80 personnes viennent aux chantiers participatifs une fois par semaine. La ferme met même des bacs potagers en location à 1 € et un rucher pédagogique. » Tous les samedis, Le Talus 042

organise également des scènes ouvertes dont l’objectif est de collaborer avec tous les acteurs culturels de la région. « Cela donne une mixité intergénérationnelle formidable. Au sein du village d’initiatives aménagé dans des conteneurs maritimes, nous transformons les invendus alimentaires en plats cuisinés à destination des ephads ou en petits pots pour bébés. Nous avons une recyclerie et animons des ateliers bricolage. Hélène, la spécialiste de l’alimentation durable, propose des ateliers cuisine avec les centres sociaux et les maisons pour tous du quartier, pour apprendre à fabriquer son Granola maison ou un hamburger sans viande », ajoute Rosalie.



“Des restaurateurs comme l’Epuisette, la Femme du Boucher, Ourea ou Sépia se fournissent chez nous pour la qualité des produits, mais aussi pour notre démarche humaine et durable.” urbaine en 2020 et 2021 - a permis la mise ou remise en culture de plus de 40 ha de terre à Marseille et l’installation ou le financement de plus de 20 exploitations agricoles… Un bon début. Mais il reste encore beaucoup à faire sur un territoire à fort potentiel, qui compte près de 120 ha de terres agricoles non valorisées.

De la graine à l’assiette

Poumon vert et cohésion sociale

L’exploitation Terre de Mars emploie jusqu’à 3 salariés, 4 saisonniers et un apprenti.

Véritable tiers lieu citoyen, Le Talus répond totalement aux objectifs que s’est fixé la Métropole dans son plan d’action en faveur de l’agriculture urbaine mis en place en 2019. Le but est de produire local et frais et de faire entrer l’agriculture dans la ville pour sensibiliser à une alimentation saine. Mais également d’obtenir une ville plus verte où l’agriculture est mobilisée pour lutter contre les îlots de chaleur et préserver la biodiversité. Enfin, dernier but et non des moindres : rendre la ville plus solidaire en dynamisant le lien social et en améliorant le cadre de vie des habitants. Le plan de la Métropole – 2,1 millions d’euros dédiés à l’agriculture 044

Dans le 14ème, ce ne sont pas moins de 2,6 ha qui sont exploités en maraîchage bio par Terre De Mars. Lancé en 2015 par trois jeunes associés – Maxime Diedat, Arthur de Gouy et Augustin Tempier – la ferme urbaine propose plus de 300 variétés cultivées, dont certaines très rares, comme des poivres et des aubergines par exemple. « Des restaurateurs comme l’Epuisette, la Femme du Boucher, Ourea ou Sépia se fournissent chez nous pour la qualité des produits, mais aussi pour notre démarche humaine et durable » explique Maxime Diedat. Producteur de houblon, Terre de Mars a même créé une bière en collaboration avec la Brasserie Zoumaï, et une autre avec La brasserie de la Plaine. Mais la grande originalité de cette ferme urbaine réside dans son activité de traiteur. « Toute notre implication de maraîcher bio se retrouve dans nos menus traiteur faits maison à Marseille. Les plats sont élaborés en prise directe avec les saisons et les récoltes de l’exploitation » précise Maxime. Dans l’assiette, la cuisine traditionnelle méditerranéenne est revisitée, le produit est joliment mis en valeur. Une réussite ! D’ailleurs le Mucem et la société Ricard ne s’y sont pas


trompés et font régulièrement appel à Terre de Mars pour ses cocktails. Pourtant, malgré ces succès, l’exploitation est en danger. Le terrain sur lequel elle est installée pourrait leur être soustrait dans les mois qui viennent. Les trois associés étudient donc toute proposition de terrain agricole situé près de leur implantation actuelle. À bon entendeur…

Transmission et pédagogie Heureusement, les initiatives pour rendre la ville plus verte et plus solidaire fleurissent un peu partout dans la cité phocéenne : jardins familiaux Joseph et Magali Aiguier, jardins collectifs Longchamp, jardins de Ruffi... Depuis peu, il existe même un jardin potager pédagogique sur le toit du centre commercial Prado Shopping. Après les ruches installées

letalus.com & terredemars.fr

sur son toit, les élèves de l’école Cité Azoulay ont planté des fruits et légumes et installé des vermi-composteurs. Ils suivront l’évolution de leurs plantations tout au long de l’année et pourront même récolter le fruit de leur travail. La relève pour une ville plus verte est en marche !

LA CITÉ DE L’AGRICULTURE L’association marseillaise créée en 2015 défend l’écologie et la justice sociale au sein de la ville de Marseille, où elle soutient des projets d’agriculture urbaine et d’accessibilité à l’alimentation durable. Elle organise par exemple des évènements comme les 48h de l’agriculture ubaine et est à l’origine de la ferme urbaine Capri, dans le 15ème arrondissement, qui produit des fruits et légumes, mais a également et surtout un objectif pédagogique et de sensibilisation auprès du grand public. 6, square Stalingrad. Marseille 1er. Tel. : 04 28 70 97 70 cite-agri.fr

Toutes les semaines Le Talus organise des scènes ouvertes culturelles.

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Un resto en prison C’est le genre d’initiative qu’on aime. Aller déjeuner dans la prison des Baumettes à Marseille. Au menu : filets de rougets, mousseline de pomme de terre au piment d’Espelette, carpaccio de Saint-Jacques auréolé de grenades, craquant aux graines de Pavot et farandole de fruits. Top départ cet automne pour une première en France !

Texte Tristan de la Fléchère Photos DR

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e décor est planté derrière les barbelés des Baumettes. Un restaurant semi-gastronomique où treize détenus assurent deux services, du lundi au vendredi, le midi à 12h15 et 13 heures, en accès direct depuis la détention. Un travail minutieux en cuisine comme en salle, autour de la cheffe Sandrine Sollier, jadis passée chez Gérald Passedat et Fonfon. Elle mise sur la transmission pédagogique avec sa nouvelle brigade. « On va commencer avec des techniques simples. L’idée est d’aborder la cuisine sereinement pour pouvoir transmettre les savoir-être, les savoir-vivre et les hiérarchies inhérentes au restaurant et à l’hôtellerie ». Les saveurs méditerranéennes sont donc mises à l’honneur, autour de petits plats concoctés avec des produits frais et de saison. « Le poisson est un produit assez fin à travailler. Ça permet d’acquérir de la patience et de la dextérité. Et c’est un aliment emblématique de chez nous. ». Au menu des Beaux Mets : trois entrées, trois plats et trois desserts qui changeront tous les six mois. 047

« J’aime travailler les produits de la région avec une approche contemporaine. Je suis fan de design, donc ça me plait de jouer avec le dressage par exemple. On a la chance d’être dans une région riche niveau produits. On va donc profiter au maximum de ce que la saison nous donne au niveau local pour travailler nos menus ! » confirme la cheffe.

Gastronomie et Insertion Le projet emmené par l’association Festin (anciennement Départ) promet un accompagnement socio-professionnel renforcé. Les détenus seront en lien avec Pôle emploi, la Mission locale et le Service pénitentiaire d’insertion et de probation (Spip). « Le projet est né il y a plusieurs années. Le temps est indispensable dans ce type de mission », ajoute Carole Guillerm, responsable chantier d’insertion Les Beaux Mets. « Nous nous sommes inspirés du projet the Clink à Londres, et un autre en Italie. On a voulu l’adapter à Marseille aux Baumettes. L’expérience est fixée pour les déte-


comme l’estime de soi, la recherche de logement à la sortie et la future vie professionnelle », précise Carole Chevalier, cheffe du département des politiques d’insertion, de probation et de prévention de la récidive (DPIPPR).

© Tangram

Un restaurant tourné vers l’extérieur

“Sur un an, une quarantaine de personnes est susceptible de passer par ce chantier d’insertion.”

Les Beaux Mets Centre pénitentière de Marseille 239 Chemin de Morgiou 9ième

nus sur une durée de quatre mois. La Brigade en cuisine sera constituée de 13 détenus : 50 % au travail , 50 % en accompagnement et en alternance. C’est un travail global pour les amener vers une réinsertion professionnelle. Il faut absolument remettre un pied à l’étrier. Confiance, savoir-être après la sortie de détention.» Au total, sur un an, une quarantaine de personnes en moyenne sera susceptible de pouvoir passer par cet atelier chantier d’insertion. Au cœur d’un dispositif d’avenir, l’objectif est de mettre en place un accompagnement renforcé à la sortie de prison, orchestré par la Structure d’Accompagnement vers la Sortie des Baumettes. « La SAS a pour mission d’accueillir des détenus volontaires en fin de peine pour optimiser la logique du dedans-dehors et du suivi. Nous travaillons sur plusieurs thèmes avec eux, 048

« Avec cette idée novatrice d’un restaurant en détention, il faut aussi rassurer les clients. Simplement en expliquant le projet. C’est un moment de rencontre. Il y aura bien sûr un système de sécurité strict. Des caméras de vidéosurveillance ont été installées et un protocole spécifique mis en place, notamment pour l’usage des couteaux de cuisine ». Quelques règles viendront également encadrer la venue des premiers clients : pièce d’identité et casier judiciaire contrôlés, téléphones portables proscrits (ils devront rester à l’entrée). Ne seront autorisés, ni les mineurs, ni la conommation d’alcool. Côté décoration, l’agencement et le design a été choisi par « Rougerie+Tangram », avec Maï Atelier. Les Beaux Mets se veut ainsi être une passerelle entre l’intérieur du milieu carcéral et l’extérieur, comme une forme d’espoir et d’avenir. Du blanc pour les tables de marbre, un parquet en chêne et son comptoir en Silestone gris donneront un ton épuré et avant-gardiste au restaurant. Quant à la réservation, elle se fera tout simplement en ligne dès le mois d’octobre.


Green ×

“Toutes les richesses viennent de la terre.” Proverbe arménien

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À vos sacs, prêts, rentrez ! RÉTRO. Pour sa 10ème rentrée, Mon petit cartable s’inspire de l’univers marin pour faire la liste scolaire complète de maternelle. Marins, moussaillons et ancres viennent ainsi décorer les nouveaux sacs, blouses, trousses et autres tote bags. Entièrement faits en plastique recyclé avec un intérieur en coton, ils ont vocation à durer et à se transmettre. C’est l’engagement de la créatrice Clémentine Alaguillaume, une ardéchoise installée à Marseille, qui veut sensibiliser les enfants à ne plus utiliser de plastique. En bonus, la possibilité de graver le nom de l’enfant sur le cartable ou d’en choisir les couleurs. AS cartable-enfant.com. Instagram : @petitcartable

Plus verte la Plaine

© TDLF

SAIN. Il faut manger au moins 5 fruits et légumes par jour, mais où les trouver ? À la Plaine pardi ! Après le retour des forains historiques en son fief, la Ville mise sur l’arrivée des producteurs locaux pour dynamiser le secteur et offrir une proposition healthy aux habitants du quartier. Le rendez-vous est pris sur la place Jean-Jaurès, tous les vendredis après-midi, de 15 à 19 heures. Miam. AS 0 50


Sailcoop met les voiles sur des transports verts

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GO. À l’heure où diminuer l’impact carbone de nos déplacements est une urgence, Maxime de Rostolan, fondateur engagé de Ferme d’avenir (association prônant l’agroécologie) et de Bluebees (plateforme de financement solidaire de la transition écologique) ambitionne d’imposer le voilier comme alternative aux ferries et aux avions. Embraquant à son bord deux acolytes, Maxime Blondeau, président du syndicat le Printemps écologique, et le navigateur Arthur Le Vaillant, il lance Sailcoop en mai dernier. Une coopérative vouée à développer un réseau de transport en voiliers, vers la France et l’étranger, au travers de trois formules. La première, un « BlaBlacar de la mer », voué à mettre en relation des navigateurs et des voyageurs. La seconde, un déploiement de lignes régulières vers des destinations proches, comme la Corse, et d’autres îles françaises ou britanniques, via la location de voiliers et autres petits monocoques à des particuliers. Sachant que 98% de ces bateaux restent à quai durant l’année… 400 personnes en partance pour l’Ile de Beauté cet automne ont déjà été séduites par le concept et le prix, compris entre 50 à 120€ par passager et par jour de navigation. La troisième formule consiste enfin à lancer des voyages en flotille (15 à 50 bateaux) vers des contrées plus lointaines au printemps prochain. Une initiative résolument verte qui invite à voyager autrement. FJ sailcoop.fr

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Aliments sains et clean

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Une appli qui permet de repérer les commerçants locaux engagés dans la transparence alimentaire, c’est le concept génial porté par Nicolas Bosson, un ancien physicien des particules. Son pari : tout miser sur la reconnexion producteurs-consommateurs.

Présentez-nous My food story… En 2017, j’ai eu l’envie de monter un projet qui aide les gens à mieux manger, en créant un réseau social qui vise à reconnecter les producteurs et les consommateurs entre eux. Une plateforme de transparence alimentaire à destination des acteurs vertueux du secteur et des circuits courts, pour que chacun puisse acheter ses produits locaux en toute confiance et transparence. Comment fonctionne cette plateforme ? Une interface est réservée aux professionnels, les invitant à raconter leur histoire, à indiquer le lieu comme leurs modes de production, les étapes de fabrication de leurs

produits… Cette fiche est consultable par les consommateurs qui ont alors toutes les garanties sur l’origine et la qualité des aliments qu’ils se procurent localement, comme sur leur impact sur l’écologie, la santé et le bien-être animal. À ce jour, 300 producteurs nous ont rejoint dans le Sud et en région parisienne. Et du côté des consommateurs ? Ils sont invités à télécharger notre application pour pouvoir identifier et localiser les commerces de proximité inscrits dans la démarche. Les commerçants impliqués sont identifiables via un sticker « My food story » sur leur vitrine, comme sur l’emballage du produit. Ce sont majoritairement des petits commerçants, 0 52

mais des grands groupes, comme le magasin Leclerc à Sormiou, sont également partenaires. Quels sont les projets de My food story ? Continuer à nous développer et améliorer l’offre, notamment sur l’application que nous avons lancée en 2020, pour faire progresser le nombre d’utilisateurs, qui est de 5 000 à ce jour. Nous planchons également sur un serious game, en partenariat avec les commerçants, autour de notre consommation de viande. L’idée étant de moins en manger, et d’en manger mieux. FJ myfoodstory.org. Appli disponible sur App store et Google Play


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Sous l’océan ! CHASSEUR. Le Platypus vient de poser sa coque à Marseille avec une seule idée en tête : traquer la pollution en Méditerranée et sensibiliser. Après une expédition scientifique de 3 semaines menée cet été entre Monaco et la cité phocéenne sur 360 kilomètres, dont 60 sous l’eau, le constat est pour une fois moins alarmiste : « La pollution par les macro-déchets est moins visible que ce que l’on pouvait imaginer. La posidonie est en bel état et la faune est revenue en de nombreux endroits », confirme François-Alexandre Bertrand, le concepteur du bateau. 50% bateau, 50% sous-marin, Le Platypus est un concept novateur imaginée par la société Blue Odyssey. Ce trimaran à moteur peut immerger sa partie centrale à 2 mètres sous l’eau. Ses passagers peuvent observer les fonds marins en étant reliés à des compresseurs d’air intégrés au navire pour respirer. Et le chapitre est loin d’être fini : « Nous espérons continuer, soit en reprenant le parcours déjà réalisé après la saison touristique - a priori en septembre - soit en explorant de nouvelles zones en Méditerranée en 2023. » Une belle initiative verte pour envisager à nouveau la vie en rose ! TDLF

Un potager sur le toit

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HAUTEUR. Depuis la rentrée, les minots de CE1-CE2 de l’école Cité Azoulay (8ème) ont rendez-vous en plein air et en altitude. Sur le toit de leur voisin, le centre commercial Prado Shopping. Le mastodonte du groupe Klepierre a décidé de créer un potager urbain sur son toit-terrasse. Il servira tout au long de l’année scolaire comme support pédagogique, avec un double objectif : apprendre la saisonnalité et récolter ce qu’on sème. On dit bravo, un écosystème de plus est né à Marseille. Plus verte la ville ! TDLF 0 53


Artistes-créateurs, leur réussite tient à un respect de l’autre et des choses. Anne-Sophie Haghebaert, à la créa, et Pierre Charlot, à la technique, sont un tandem sémillant depuis seize ans. Leur marque Hagen Bauer s’inscrit dans une idée assez simple : redonner du sens à l’objet. Rencontre.

Texte Nadège LaurensPaget Photos DR

L’art de proposer des objets sensés


Comment vous est venue l’idée de créer Hagen Bauer ? Rien que le nom de notre marque retrace déjà notre histoire. C’était mon surnom d’artiste aux atelier Beaux-Arts, comme mon nom « Haghebaert » était imprononçable. L’aventure Hagen Bauer, c’est l’histoire d’une rencontre avec Gustavo Lins, un ami couturier dans la haute couture. En voyant le travail plastique d’Anne-Sophie, il l’a spontanément envisagé sur des articles de mode. C’est véritablement comme ça que notre marque d’accessoires à forte empreinte artistique a vu le jour, à la terrasse d’un café parisien. Anne-Sophie, vous êtes artiste-peintre depuis 30 ans, pourquoi avoir choisi de transposer vos œuvres sur des sacs ? C’est pour moi une suite logique à mon travail au style Street Art. En utilisant notre sac comme support, nous avons trouvé une manière différente de se retrouver dans la rue, chez les autres. Il permet d’interagir. Par quel processus une bouteille d’eau peut être transformée en sac ? La matière rPet, qu’est-ce ? Pourquoi ce choix ? La transformation d’une bouteille en plastique, faite à chaud, la réduit en une bille retravaillée par la suite en fil, puis tissé en toile. Nous recherchions une matière recyclée, durable, résistante, souple, blanche et facilement imprimable… Notre choix pour le plastique recyclé - le rPET- est dû à sa texture proche de celle d’une toile de peinture et au fait qu’il est peu énergivore dans sa transformation. Pourquoi avoir choisi de faire des sacs et pas un autre objet ? D’où vient cette esthétique urbaine ? Citadins, nous avions l’utilité du

Anne-Sophie et Pierre, complémentaires et complices dans la création artistique.

sac pratique, le côté « usuel du cabas » nous tenait à cœur. Nous l’avons employé afin d’y exposer mon travail d’artiste. C’était l’objet idéal pour faire circuler ma peinture dans la rue. Ce qui le définit totalement Street Art. Cet esthétisme urbain vient certainement de ma formation d’architecte. L’architecture, la ville, l’underground me fascinent. Des personnalités qui valoriserait votre sac ? Je pense à un univers musical, le groupe « Deluxe ». Ils sont pleins d’énergie, font tout eux même. Ils sont décalés, originaux et viennent d’Aix-en-Provence. Ou à l’architecte Rudy Ricciotti, qui a fait notre fabuleux Mucem. Je trouve ce lieu tellement formidable, ouvert sur la Méditerranée et le monde. Pour terminer, je ne peux que penser à JR. Lui qui expose si librement ses collages photographiques dans la rue, j’aime son travail humaniste. 0 55

“Le sac était l’objet idéal pour faire circuler ma peinture dans la rue .” La slow-fashion, est-ce l’avenir ? L’économie s’effondre, oui c’est un fait. Nous n’avons plus le choix de changer nos habitudes. Nous devons apprendre, jour après jour, à faire avec moins. C’est un nouveau monde qui s’ouvre à nous, c’est une richesse aussi. L’un de vos sacs se nomme «L’art de consommer» et fait référence à la surconsommation… L’art est un métier de transmission, il nous permet d’entrer en conversation avec les autres, de susciter les débats. Certains problèmes de société sont difficilement abordables. Notre démarche est une intervention plastique qui vise à dénoncer les problèmes de la société. C’est important de dire les choses.


“On ne se voyait pas créer un objet sans intervention concrète. C’est l’histoire de toute notre vie.” Être responsable dans sa manière de créer, faire fabriquer de manière éthique, avec toutes les contraintes que ça engendre, n’est-ce un frein à la créativité ? C’est aussi par les designers euxmêmes qu’arrivera le changement. Notre travail de créateur est d’anticiper et de proposer des alternatives. D’apporter quelque chose de différent, en phase avec notre environnement. Bien au contraire, cette façon de travailler a nourri notre créativité. On a dessiné ce sac pour notre propre utilité. Plus notre cahier des charges devenait

exigeant, plus on a pu y déployer notre imaginaire. On ne se voyait pas créer un objet sans intervention concrète. C’est l’histoire de toute notre vie, de tout mettre en œuvre pour trouver des solutions. C’est motivant de faire les choses correctement. On ne donne pas seulement de l’importance à la pièce finie mais à tout le processus. Une prochaine collection est-elle prévue ? Une série de 3 nouveaux graphismes est actuellement en cours de production. 0 56

Et demain… À l’avenir, nous aimerions grandir dans un monde qui nous ressemble un peu plus. Nous souhaitons simplement prendre notre place dans ce monde qui est le nôtre, en le faisant dans le respect de l’environnement. Nous souhaitons partager, développer d’autres produits, d’autres matières. Notre but est de continuer à proposer des objets sensés, à travailler sur des collaborations en tous genres et sans frontière. Surtout, de pouvoir continuer notre voyage imaginaire en nous inspirant les uns des autres… Et vivre de chouettes rencontres.


hagenbauer.com

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L’éthique Etok De l’art-à-porter éthique, ou comme l’appellent les anglo-saxons, du artwear : c’est le slogan d’Etok Project. Il réunit les deux passions de Gaëlle Fleur Debeaux, artiste-plasticienne issue des Arts Appliqués à Sèvres, avant de s’installer avec ses enfants à Marseille en 2014. S’y ajoute l’expérience de communicante de sa sœur Marie, et la créativité de sa fille, Maïmouna Flora, qui produit les contenus. Voilà la recette de Epok, qui veut dire époque éthique. Texte Nadège Laurens-Paget Photos Etok Project

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out est cousu à la main dans un petit atelier marseillais, par des couturières et tricoteuses indépendantes. «Nous voulons rappeler aux consommateurs qu’un vêtement nécessite des heures de travail, de réflexion, de réalisation et de savoir-faire.» Pour les créatrices, éthique rime avec respect. Le respect envers ces «femmes et ces hommes qui produisent des pièces d’exception en respectant leur temps de travail, leur art et en les rémunérant justement». Mais aussi le respect de l’environnement : «Le mal est déjà fait : nous avons trop produit. Il est désormais de notre 0 59

devoir de faire en sorte que quelque chose de vertueux ressorte de tout ça, en cessant la surproduction et en utilisant des matériaux ou colorants naturels, mais également en valorisant au maximum l’upcycling, qui est à la base de notre projet». Cette technique de «recyclage vers le haut» consiste à récupérer des matériaux qui ne sont plus utilisés et à leur donner une nouvelle utilité sous forme d’un produit nouveau. La liste des matériaux qu’Etok Project récupère et retravaille ne se limite pas aux rouleaux de tissus, aux chutes de cuir, de laine, de plastique ou de laiton. Ce qui a constitué le


“L’idée est finalement de créer des œuvres d’art à porter sur soi.”

point de départ de la marque, ce sont les matériaux de chantiers, de bâches, de voilures. C’est en promenant son chien que Gaëlle repère un filet de chantier qui dépassait d’une poubelle, jeté suite aux ravalements de façades à Marseille de 2020. «Je suis finalement revenue le chercher me disant que je pouvais peut-être créer quelque chose en l’utilisant. Je l’ai lavé et en ai fait un sac cabas que j’ai posté sur Facebook. Le succès a été retentissant. Ce cabas en filet de protection de façade a finalement été le départ d’Etok Project et a défini notre ligne directrice.»

Trois modèles de cabas sont aini créés à partir de filet de chantier, présentant des détails en cuir et des anses en jean robuste. Le matériau récupéré est aussi utilisé pour faire un kimono, des jupes brodées de pelotes collectées, ou un crop top avec des fils de polyester orange fluo, pour rester dans l’univers du chantier. L’upcycling représente ainsi pour la marque « un champ d’expérimentation inépuisable » pour ses créatrices. «Créer avec des matériaux existants offre une vision différente, une plus grande valeur à la recherche ».

Des pièces uniques conçues comme des œuvres d’art «Ce qui nous différencie le plus des autres marques sur notre segment, c’est de proposer essentiellement des pièces uniques.» Une cinquantaine de créations englobant les sacs en filet de chantier et des bijoux upcyclés. Les boucles d’oreilles sont en laiton, parfois aussi en cuir, en plastique recyclé issu de manteaux imperméables, en ronds de rideaux ou encore habillés de tulle. Les sautoirs, en corde recouverte de fils de laine, les mêmes fils qui viennent orner les jupes, kimonos et autres vestes. «Chaque pièce est éditée en un seul et unique exemplaire et ne sera jamais reproduite à l’identique, comme toute œuvre d’art. L’idée est finalement de créer des œuvres d’art à porter sur soi.» Les pièces sont nommées au même titre que les 9 gravures sur cuivre imprimées sur papier. «L’intention est de renforcer le lien entre l’art et la mode. Allier les deux, dans un esprit avant-gardiste, respectueux et pédagogique est important pour nous.» C’est dans cet état d’esprit qu’est née la collaboration avec Martín Omar Privitera aka ROMA, artiste argentin spécialiste des graffitis, installé à Marseille. Sur les kimonos, tops, et ensembles veste et pantalon, conçus à partir d’un ancien drap de coton ou sur les cabas en bâche de chantier, l’artiste œuvre à la peinture à l’huile

De gauche à droite Maimouna, Gaëlle, Marie.

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ou à la bombe. «Nous faisons aussi des collaborations à l’étranger pour certaines réalisations de tissus. Nos tissus bogolans sont réalisés au Mali en collaboration avec les artisanes Théra Khalifa et Elisabeth Samake.»

Un style autour de la gestuelle et du mouvement «Le style Etok Project est singulier: nous appliquons des techniques artisanales et artistiques comme le graff, la peinture ou le tissage à la mode. Nos créations sont toujours élaborées autour de la gestuelle et du mouvement. Nos pièces sont faites pour vivre dans ce monde à mille à l’heure et sublimer ceux qui les portent». La danse est vue comme «un laboratoire de recherche et d’inspiration» qui donne aux vêtements un caractère aérien lorsqu’ils sont portés par les danseurs

et performeurs Valeria Vellei et Gilles Viandier le temps d’une vidéo. Parmi les autres sources d’inspiration, il y a la nature, les forêts, les océans, aussi bien que la rue, ses looks, le street art. L’Afrique et l’Asie pour cette marque multiculturelle. Et Marseille. «L’essence d’Etok Project est marseillaise ! Marseille est une ville à part, unique, avec une énergie solaire qui lui est propre. C’est une ville qui donne et qui prend de l’énergie, dont la lumière est sublime. J’adore l’architecture marseillaise, où des joyaux sont mélangés à des réalisations contemporaines. Ce n’est pas une ville d’harmonie mais de découvertes permanentes. Sa richesse vient de sa mixité, c’est un lieu de rencontres, de confluents. On l’aime ou on la déteste, il n’y a pas de demi-mesure à Marseille. C’est ce qui la rend unique ! »

Filet récupéré sur les chantiers de ravalement de façades à Marseille.

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Réalisée par Patricia Clerc et Nadège Laurens-Paget Photos DR sauf mentions

MAR SEILLE DE RAP ET DE ROCK 062



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n première analyse, Marseille est une ville rap, pratiquement LA ville rap française. Le rock n’y existe pas. En première analyse… Pourtant, si l’on plonge dans les racines de la musique populaire marseillaise, force est de constater que rap et rock sont (ici comme ailleurs) imbriqués dans une histoire de plusieurs décennies qui en font des frères bien plus que des étrangers. En voici quelques exemples, à travers le regretté Lux Botté et son camarade Gari, du Massilia Sound System, ou encore l’architecte des sons de IAM, Imhotep… Mais commençons notre histoire dans la salle de rédaction d’un quo064

tidien marseillais, il y a 35 ans. Ce jour-là, René Mazzarino, alias Papet J, membre éminent du Massilia Sound System, vient présenter à de jeunes journalistes musicaux la première cassette enregistrée d’un nouveau groupe de rap, les « Imperial Asiatic Men » alias IAM. Enregistrée « dans mon salon », racontera-t-il. Que cela soit vrai ou non, peu importe. L’important est que « Concept » a été enregistrée sous le label Roker Promocion. Car oui, dès son début, l’histoire d’IAM, tout comme celle du Massilia Sound System, se place sous le signe du rock. Sous le signe aussi de la musique occitane, par d’autres filiations, mais c’est encore un récit qu’il faudrait développer, Marseille ayant tissé beaucoup de passerelles entres musiques et cultures. Revenons au Massilia, qui, par le reggae et le raggamuffin, est véritablement un des liens qui unit rap et rock. Ses membres ont tous, ou presque, une histoire avec le rock ou la folk : Gari Greù est fondateur du groupe punk rock OaïStar, dont a fait partie aussi feu Lux Botté, dont la carrière a commencé avec le groupe rock avant-gardiste Les Fourmis Magnétiques… Sans oublier Tatou, alias Moussu T, dont le groupe Moussu T et lei Jovents sonne parfois très rock. Très rock, aussi, c’est bien comme cela qu’il faut définir la première carrière de Pascal Perez, « l’architecte sonore » d’IAM. Les Nantais le savent, et celles et ceux qui ont vu l’expo sur le rock nantais le savent aussi, il était un des membres fondateurs du groupe (nantais) Ticket, considéré là-bas comme un des groupes moteurs du mouvement rock à Nantes. Et puis, il y a Jo Corbeau. Alpha et omega de la musique marseillais de ces cinquante dernières années, Georges Ohanessian, le « rasta de Mourepiane », est à lui seul un pont entre rock sixties et reggae. Une pelote qu’il suffit de dérouler pour comprendre combien à Marseille, à l’instar de Kingston ou de Londres, les musiques contemporaines populaires font toutes partie de la même famille (et encore, on ne vous


Le rap, genre le plus écouté et rentable du pays, met un coup de projecteur flatteur sur la ville depuis plus de 30 ans ” parle pas de la musique arabo-andalouse, du raï, ou de la variété italienne.) Mais à tout seigneur tout honneur, ouvrons le bal hip hop.

Le rap, sur le devant de la scène C’est dans les années 1990 que le rap phocéen a bâti son histoire singulière. Élément constitutif de l’âme de Marseille, c’est une musique qui ne craint pas les mélanges et voit l’art comme une expérience en mutation permanente et non comme une réponse figée. Un mouvement culturel qui réenchante la ville et incarne le reflet de l’environnement dans laquelle il s’inscrit. Alors qu’est-ce que cette musique nous dit de Marseille ? Le rap, genre le plus écouté et le plus rentable du pays, met un coup de projecteur flatteur sur notre ville depuis plus de trente ans. Dès 1989, on assiste avec le groupe IAM à l’avènement d’une nouvelle microsociété toute en paradoxe, à la fois indomptable, exubérante, sincère, qui a su réinventer notre univers musical. Un mouvement culturel, un reflet de la ville dans laquelle il s’exprime. À Marseille, le phénomène est bien plus intense et pour cause… Marseille est une ville électrique, éclectique et pleine de couleurs, très loin des clichés véhiculés par des médias en mal de sensations tapageuses, racoleuses et… vendeuses. Le Marseillais s’incarne bien au-delà de l’image facile (et commode) de la « grande gueule » de service ! Il est fier, provocateur, agitateur. Un ADN qui colle aux modèles du rap.

Un rap « survolté » Si l’on ne considère que cette année 2022, force de constater que le rap marseillais domine. Quelle (bonne) surprise quand nous avons retrouvé SCH lors de la 37ème cérémonie des Victoires de la musique dans la catégorie “album le plus streamé masculin”. Fait exceptionnel pour l’institution des Victoires qui peine encore à inclure le paysage rap dans son univers quelque peu circonscrit.

Quelle ambiance les 4, 18 et 19 juin dernier dans l’enceinte du Stade Vélodrome. Une ambiance survoltée qui s’est jouée, non pas sur une action de Payet ou un arrête de Mandanda, mais sur les rimes et les rythmes d’un Ovni nommé Jul et de Soprano. Le premier truste le toit du monde musical, s’imposant comme le plus gros vendeur de l’histoire du rap français. Le second, véritable dynamite transgénérationnelle depuis 20 ans, est apprécié des parents comme des ados ! Plus de 50 000 spectateurs pour chacune des dates. Combien peuvent s’en vanter ?

De IAM à Jul Les premiers albums du groupe IAM, après la cassette Concept, à savoir, De la planète Mars, Ombre est Lumière et L’école du micro d’argent, sont des références absolues du rap français et participent largement à la bascule populaire du genre. Le groupe jongle avec les mots et la vigueur sonore qui les caractérisent, puis ouvre la voie avec un rap cosmopolite dans lequel la rébellion colle à Marseille. L’insécurité, les inégalités ou la pauvreté de la cité phocéenne sont les réalités d’un port multiethnique et multiculturel qui s’inscrit résolument et définitivement dans le discours du « vivre-ensemble ». Quand les sujets de violence, de clientélisme, ou de propreté continuent d’alimenter la mauvaise réputation de Marseille, la scène rap actuelle est féconde et agit comme garde-fou à ce tapage national. Le foisonnement d’artistes comme Jul, Soprano, SCH, Naps, Soso Maness ou encore l’Algérino, ou encore le plus discret Muge Knight, s’accorde sur le puzzle composite de la ville, où l’on ne retrouve pas de clivage nord-sud, et se veut à l’image multiculturelle, généreuse et joyeuse de la cité phocéenne. Une base musicale joviale et entraînante, agrémentée de refrains ou de parties chantées. L’idiome employé emprunte à l’argot marseillais mais vise à être compréhensible par le 065


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“Le rap marseillais est fort, créatif et vaillant (...) C’est du rap tranquille.” plus grand nombre. Parmi les thématiques communément abordées, on relève une prédominance de sujets universels ou « légers » (l’amour, l’amitié, la fête, les vacances au pays d’origine des parents). De ce fait, on trouve ici des rappeurs présentant des profils très variés qui assument fièrement leurs différences et leur indépendance (avec comme slogan « Marseille, c’est pas la France » !). Clyde de Mars, artiste du rap, évolue depuis vingt ans dans cet univers et apporte son éclairage de l’intérieur depuis le boulevard National où il vit : « Le rap marseillais est fort, créatif et vaillant. Le bon délire du rap marseillais est éloigné du « sum » parisien. C’est les quartiers bercés par le soleil, la mer, le bled, les vacances. C’est du rap tranquille. Les moyens de réussir dans la rue se sont transposés dans le show business, l’entertainment, d’où la création de labels dans toute la ville.»

Réinventer l’altruisme, la solidarité, le goût des autres Un rap serein mais social. Inutile d’être un grand sémiologue pour deviner que le rap et Marseille ont une influence réciproque de fait. Lorsque, dans les années 1990, le monde hip-hop se fait lanceur d’alerte, à Marseille il ne se conforme pas aux codes de la « rapologie » consacrée, préférant ne pas se réduire aux caricatures (galère, errance, soumission sociale, manque de perspective). Il dessine ses propres contours avec une musicalité singulière, sans pour autant se départir d’une écriture militante et profonde. Il sait réagir et raviver ses fondements militants en s’indignant des faits d’actualité ou politiques qui l’ébranlent. Si ensoleillé soit-il, qui pourrait encore prétendre faire du rap marseillais et oublier de prendre position ? Au contraire, il sait plus qu’ailleurs réinventer l’altruisme, la solidarité, le goût des autres. Comme en 1995 lors du meurtre d’Ibrahim Ali par un colleur d’affiches du Front national, qui déclenche d’énormes manifestations dans la ville et, par la suite, l’implosion 066

du groupe de rap historique B.Vice, qui décide de se consacrer à l’associatif. Plus récemment, en 2018, lors des funestes effondrements d’immeubles de la rue d’Aubagne, lors du concert solidaire donné quelques jours après, l’un des membres du Massilia Sound System, institution du rap et du ragga marseillais, commence l’hommage par le titre Ma ville est malade, que le groupe dédicace à la Mairie. Tout un symbole. « La justice n’a vraiment jamais existé dans ces rues », telle est la vision accusatrice du message diffusé le même soir par Akhenaton. Sentiment de colère sur refrain entêtant, le ton se fait alors plus grave. Le contexte confus de la pandémie a lui aussi eu sa résonance chantante avec Soprano qui a rendu un bel hommage au personnel soignant avec son tube À nos héros du quotidien (« Oui c’est vous qui m’avez réanimé, grâce à vous ma flamme s’est allumée… »). Et avec Faf Larage également et son très émouvant Un bien sombre printemps. « C’est pas la capitale, c’est Marseille bébé » À l’instar de l’OM – point de ralliement et fierté des Marseillais –, le rap incarne à son tour une communion dans et pour la ville. Quelques décennies ont suffi pour que le rap imprègne toutes les générations, tous les milieux et colle plus qu’ailleurs à la tradition de fraternité, de partage et de transmission chères au sud et à la culture hip hop, dont le credo est de toujours « redonner la force aux autres ». C’est clairement pour cela qu’IAM a voulu créer son label la Cosca, qui a fait émerger les « Psy 4 de la Rime » dont est issu Soprano. Akhenaton va jusqu’à hypothéquer sa propre maison pour sortir leur premier album, on connaît la suite… De son enfance dans les quartiers nord de Marseille, Soprano a gardé son amour pour son clan, ses frères, sœur, amis d’enfance, avec lesquels il travaille toujours. « C’est une musique qui vient


Soprano IAM & JUL

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“Poser ‘Marseille ville rock’ est beaucoup moins insensé que ce que l’on peut imaginer.”

© Philippe Maquelle

Belphegorz

© François Guéry

© Catherine Biasetto

Jim Younger’s Spirit

Parade

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de la galère. Quand tu as connu la galère, tu pars du principe qu’il faut s’entraider, sinon on ne s’en sort pas. On a cette mentalité du système D », commente Aurélie, aka Pomponette, manager et productrice qui gère la partie showcase de Soso Maness. Lors d’une interview à Brut, ce dernier a déclaré être désireux « d’ouvrir une très grande bibliothèque dans les quartiers nord de Marseille. Apprendre, se cultiver, ça c’est des vraies armes. La culture m’a sauvé », y déclare-t-il. Une main tendue salvatrice et salutaire d’une idole du rap phocéen pour des jeunes pour qui l’accès à la culture s’avère souvent compliqué. Et quand l’esprit de partage évolue en une démonstration de force avec l’album 13’Organisé, c’est la consécration ! Avec 413 457 870 de vues sur Youtube, cet album fédérateur d’une cinquantaine de rappeurs marseillais hisse les symboles de la ville avec des punchlines d’anthologie reprises en cœur comme autant d’éléments de référence et d’appartenance à leur ville chérie. Un cercle vertueux de sonorités diablement rythmées dont l’immense succès a été le catalyseur de carrière pour certains. À l’initiative de Jul, la noblesse du projet tient aussi à la stricte égalité des droits répartis entre les 51 artistes participant à ce projet inédit. Autant de projets et d’histoires de collaboration artistique, de complicité et de solidarité qui nous montrent que l’intelligence, l’exigence et la créativité sont encore des valeurs d’actualité. Une vraie revanche pour Marseille comme pour le rap, qui traînent depuis longtemps une réputation sulfureuse. Conjointement, ils constituent un ensemble de questionnements et de problématiques liés à une société en pleine confusion.

Le rock, la face cachée « Marseille ville rap » est certes une vérité incontournable, comme on l’a vu. Mais écrire « Mar-

seille ville reggae », « Marseille ville jazz », « Marseille et les musiques africaines », aurait aussi du sens. Poser « Marseille ville rock » est beaucoup moins insensé que ce que l’on peut imaginer. Les deux tomes, écrits par deux auteurs différents, du livre Histoire du rock à Marseille (éditions Le Mot et le Reste) en ont attesté récemment, quand une exposition, qui s’ouvre à l’Alcazar (la Bibliothèque municipale à Vocation Régionale) le 8 octobre, en est une autre preuve. Robert Rossi, dit « Rock » Rossi, fondateur et chanteur du groupe Quartiers Nord dans les années 1970, un des groupes marseillais « historiques », est aussi le commissaire de cette exposition. Sa vision de « Marseille ville rock » est une évidence. Mais avant tout une évidence qui se rapporte aux années qui précèdent la dernière décennie du XXe siècle. Des autoroutes underground Voici ce qu’il nous en dit : « L’expo est née du bouquin. Pour moi, c’était véritablement une nécessité qu’il existe une « Histoire du Rock à Marseille », qu’on n’oublie pas ce que nos aînés ont vécu. D’où le livre. Dès le départ, mon éditeur souhaitait qu’il y ait aussi une exposition, comme il y avait eu celle sur le rock nantais, mais à Marseille », sourit Rossi avec amertume. « On bétonne les carrières grâce auxquelles on a fondé notre cité, alors le rock… » N’empêche, ayant plus d’accointances avec la nouvelle mairie qu’avec l’ancienne, ou pour toute autre raison, Robert Rossi a finalement pu soumettre l’idée de l’expo à l’actuel adjoint à la Culture de la municipalité Payan, Jean-Marc Coppola. L’adjoint ayant trouvé l’idée « très bonne », l’expo a pris vie grâce, aussi, à la volonté des responsables de l’Alcazar. « J’avais beaucoup de documents, explique Robert Rossi, collectés mois après mois et année après année pour écrire mon livre. Il a pourtant fallu en trouver encore plus. Les photos manquaient de qualité pour en faire des grands ti069


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Cops and Robbers

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“Malgré l’omniprésence du rap, le rock a ses nombreux adeptes dans la ville.” tion des mœurs, la contestation sociale. C’était une affirmation politique et philosophique autant que musicale ». Les concerts des groupes marseillais se faisaient « devant des centaines de personnes, dans les MJC, les amphis des facs ». Aujourd’hui, avance-t-il non sans une certaine nostalgie, « les lieux du rock à Marseille sont devenus des lieux de résistance. Le rap a pris toute la place et toutes les subventions ». Pour autant, le rock a-t-il sa place au musée ? Franchement, peut-on croire que le rock marseillais, ou plus exactement le rock à Marseille, soit une vieillerie, un truc qui se serait arrêté avec le siècle précédent ? Etrangement, malgré l’omniprésence médiatique et commerciale du rap, le rock a ses nombreux adeptes dans la ville. De nombreux groupes le font vivre, des salles petites et moyennes l’animent et le bousculent, des studios, des marchands de musique, des fanzines, constituent sa chair et son sang au même titre que les appels binaires des guitares. Âme et voix d’un des ces fanzines – Good Friends – Jean-Louis Boyer porte sur la planète rock le regard d’un éternel amoureux. Stéphane du Lollipop Music Store.

rages, il a fallu les améliorer. On a réussi à collecter des costumes de scène, des pochettes de disques. Des musiciens ont apporté leurs propres souvenirs. Il y aura du son, avec des bornes, et même de l’image, avec un film que j’avais moi-même réalisé », conclut Rossi. Le rock à Marseille jusqu’aux années 1980 va donc reprendre vie à l’Alcazar où la jeunesse contemporaine pourra découvrir à quel point la ville a été une effervescence rock durant plusieurs décennies. « Le rock a toujours été une musique underground, concède Robert Rossi. Mais dans les années 1960 et 1970, c’était des autoroutes underground qui ont accompagné la libéra-

Good Friends of Rock Pour Boyer, tout commence dans les années 1990. C’est une question de génération. Si pour Robert Rossi, c’est le moment où il arrête son « étude » (son livre et l’expo dont il est le commissaire), pour Boyer, fondateur, rédacteur, maquettiste et « commercial » du fanzine Good Friends, le rock marseillais est une affaire qui remonte à 20/30 ans. Là où il s’arrête pour Rossi. Chacun son époque. « J’ai découvert le rock à 18 ans, racontet-il, mais j’en ai toujours eu dans les oreilles. C’est de famille, mon père était batteur dans un groupe dans les années 1960. De mon côté, j’ai découvert le punk-rock un peu par hasard, puis le noise, le garage, la pop... De là j’ai commencé à sortir des disques avec mon petit label, Paranoïa, et même si 071


D OSSI ER

“Il y a des groupes vraiment très bons, comme Catalogue, The Sobers, Conger ! Conger ! ” ils se mettent même à trois ou quatre pour monter leurs propres tournées. Mais on les voit très peu à Marseille et il n’y a plus de festival non plus. Du coup, c’est devenu très underground, ça fonctionne beaucoup au bouche à oreille.» Pour Jean-Louis Boyer, le rock à Marseille, même s’il reste underground, vit une sorte de nouvel âge d’or, qu’il suit avec son fanzine, disponible gratuitement en version papier, ou sur internet, en lecture sur Calameo. « J’ai commencé avec 21 Again. Dans les années 2000 je faisais 80 pages, format A4. Puis j’ai monté Paranoïa, plus axé sur les groupes français. Aujourd’hui, après une pause, Good Friends, dans le même esprit, rock français, régional inclus. »

Il y a toujours eu de bons groupes

Nitrate

aujourd’hui ça se passe beaucoup sur internet, je continue à sortir des vinyles. Mais je trouve ça bien que les groupes balancent leur musique sur Bandcamp ». Reprenons donc le train du rock en gare dans les années 1990 : « Il y a eu une belle scène à ce moment-là, commente Jean-Louis Boyer, avec des groupes comme les Kryptons, les Dirteez. Autour des années 2000, on a eu comme un blanc. Puis le renouveau est venu, tout doucement, parce que le rap avait pris le dessus. Il a fallu du temps pour que ça se remette en place. Mais ça revient d’une force! Il y a des groupes vraiment très très bons, comme Catalogue, The Sobers, Conger ! Conger !, ou des plus jeunes, comme Pog y et les Kéfars ou Flathead. Il y a une scène hyperactive, avec des labels - Crapoulet Records, Ganache Records - et l’incontournable magasin de disques (ndlr : label également) Lollipop. Et puis des salles, comme la Salle Gueule, le Molotov, le 6Mic à Aix, et bien sûr le Lollipop. » Un bémol tout de même : « C’est vrai, avoue-t-il, que ça a été plus ouvert dans le passé, quand l’Espace Julien faisait faire des premières parties par exemple. Cela dit, nos groupes tournent, en France et à l’étranger, 072

Oui, le rock est vivant et actif. D’ailleurs, de nombreux groupes abondent sur la scène locale. De Nitrate, « anciens » de Belphégorz, héritiers de la « légende » du rock local des années 1980, aux bien plus récents de Pleasures et leur son pop-rock seventies marqué ; de Moon Râ, dans une veine plus progressive, à Jim Younger’s Spirit et son folk-rock intelligent, en passant par les Conger ! Conger !, Temenik Electric, Oh Tiger Moutain ou Parade, pour n’en citer qu’une poignée, le rock n’a pas cessé de tourner dans la cité phocéenne. Il continue allègrement, alimentant des événements comme « Phocea Rocks » ou « La Rue du Rock » qui lui sont consacrés. S’il n’est pas question de citer ici tous les groupes de la scène locale, donnons la parole à Stéphane « Neurotic », membre de Pleasures et « co-tenancier » d’un des lieux les plus incontournables de la Marseille rock, le Lollipop Music Store. À la fois musicien, tenancier de bistrot, dealer de vinyles, organisateur de concerts, animateur de label musical, Stéphane n’est pas de ceux que l’on doit chatouiller en disant que Marseille n’est pas une ville rock. « Au niveau de la qualité, il y a toujours eu de bons groupes, mais


In memoriam Leda Atomica, Nitrate, Sepher, Martin Dupont, Terrifik Frenchies, Wolfgang, Bootleggers, Special Service, Cops and Robbers, Emma Peel, Albert et sa Fanfare Polyorcétique, John Eddy Milton et Son Parcmètre, Rocky Volcano,, Les 5 Gentlemen, Lawlessness, Barricade, Cellophane, Canada, Lo, Nation All Dust, Jumpin’ Bears, Marilyn & The Rockin’Bombs, etc.

DES LIVRES À LIRE M.a.r.s. histoires et légendes du hip-hop marseillais par Julien Valnet, éditions WildProject Destination Rock par Serge Bertrand, éditions Le Lys Bleu Massilia Sound System : la façon de Marseille par Camille Martel La Californie par Robert Rossi, éditions du Fioupélan Entre la pierre et la plume par IAM, chez Stock

Histoire du rock à Marseille, 1960– 1980 par Robert Rossi, éditions Le Mot et le Reste Histoire du rock à Marseille, 19802019 par Pascal Escobar, éditions Le Mot et le Reste 14 histoires de musiques à Marseille, recueil de nouvelles dirigé par Patrick Coulomb, éditions Gaussen, Melmac Collection Une sociologie du rap à Marseille par Béatrice Sberna, chez L’Harmattan

Le chevalier hilare par Bob Passion, éditions Vents Noir Nous serons les rois de Marseille par Serge Scotto, éditions L’Ecailler Espace Julien, l’aventure musicale, 1985-2020 par Marie-Hélène Balivet et Patrick Coulomb, éditions Parenthèses Le funk et moi par DJ Kheops et Olivier Cachin, aux éditions Gaussen

Robert Rossi

© Patrick Coulomb

dans la dernière vague, ceux qui ont entre 20 et 30 ans, il y a vraiment du très bon : Parade, Technopolice, Glitch, SOvOX, Avenoir, Flathead, Kael, Pog y & les Kéfars, Bachir Al Acid,... Ils sont moins codifiés, ils mélangent grunge, emo, punk, aussi bien au niveau vestimentaire que musical, mais ça donne de la fraîcheur ». Le mode de fonctionnement des années 1960 et 1970, évoqué par Robert Rossi, ces « concerts avec plusieurs centaines de spectateurs dans des MJC », lui, a bien changé. « Ils fonctionnent avec les moyens d’aujourd’hui, reprend Stéphane, les réseaux sociaux en particulier. Ils donnent des concerts dans le circuit de salles rock qui existe aujourd’hui à Marseille : la Salle Gueule, l’Intermédiaire, le Molotov, le 6Mic à Aix, ou chez nous, au Lollipop. Quand on a commencé, on trouvait que ce qui manquait c’était des lieux qui soutiennent la scène actuelle. C’est notre but, l’aider à se développer. » Pour se développer précisément, les groupes marseillais n’hésitent pas à « s’expatrier ». À l’image de Pleasures, le groupe de Stéphane, qui a joué « à Toulouse, à Paris, à Lyon. C’est formateur pour les jeunes groupes de faire beaucoup de dates, dans des petites salles ». Stéphane n’échappe pas non plus à la comparaison avec le rap, qui a pris à Marseille « toute la place médiatique et le public. Les groupes marseillais font plus de monde à Lyon que chez eux. » Pourtant, affirme-t-il, « le groupe rock marseillais ‘moyen’ d’aujourd’hui est meilleur techniquement et vocalement que celui d’il y a 25 ans. » Ce qui ne veut pas dire qu’il a de meilleurs compos, ni qu’il réussira mieux. Car aujourd’hui comme hier, ce que dit le rock de Marseille, c’est son envers, ses secrets, la profondeur de son âme. En surface, Marseille est peut-être soleil, lumière, pastis, plages, rap et friches culturelles. En son moi profond, elle est toujours rebelle, fière et indomptée. Et même si le rap revendique aussi cet esprit identitaire, c’est de cela que parle, d’une autre manière, le rock’n’roll marseillais.

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La photo est la littérature d’Olivier Dumonteil



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rtiste détonant, sacrément vivant et franc-tireur de nature, Olivier Dumonteil connaît sa vocation depuis toujours. Sans retouche aucune, il a longtemps immortalisé les personnalités Bardot, Nougaro, Lagerfeld, Piccoli, Chirac sur papier glacé et fixé sur la pellicule l’actualité des années 1990. « La photographie raconte l’histoire, il y a toujours quelque chose à dire !» Après Paris, retour à Marseille. Entre expositions à SaintTropez et reportages à Paris Match, ce photographe affranchi choisit d’écouter son cœur et ses aspirations généreuses en développant plusieurs séries thématiques humanistes et sociétales. « La créativité se trouve partout. Il faut juste réfléchir. C’est de la chasse ! » À 56 ans, Olivier Dumonteil est un artiste accompli au regard rieur et réflexif, dont l’esprit libre, quelque peu disruptif, voire explosif, entend faire bouger les lignes et donner à cogiter. « La beauté n’existe pas, elle est subjective. J’aime me laisser « porter », sans calculer.» Se laisser porter oui, mais en étant dans l’action et la prospective. Il y a quelques années, ce photographe a eu l’envie et le talent d’imaginer et d’entamer plusieurs séries de photographies autour de thèmes profonds, comme la fragilité, qu’il compte encore et toujours développer. « J’ai travaillé sur « Cartons fragiles » en choisissant d’utiliser la photo à des fins thérapeutiques, en photographiant des gens atteint d’un cancer. Le but étant de leur redonner une image positive d’eux même. » Un projet sincère et altruiste, réalisé à but non lucratif. « J’aime faire du bien autour de moi ! Cette fragilité est valable pour tout le monde, je me suis mis à photographier plein de personnes dans cette idée. 500 personnes au total sont passées devant mon objectif.» Les sujets de prédilection de l’artiste peuvent faire

Artiste aux multiples expositions, reporter indépendant pour Paris Match, il est lauréat du magazine « Photo » en 2015 et 2016. @olivierdumonteilphotographe

l'objet d'un traitement sur plusieurs années. « Depuis quelques temps, je travaille sur un thème égalitariste en photographiant des personnes sur leurs toilettes. Le but est d’envoyer un message d’équilibre, de démontrer que nous sommes tous égaux. » Parmi les autres thèmes étudiés, on retrouve une série de nus intitulée Sexpause, ou encore des reflets de Saint-Tropez dans l’eau, Somewhere beyond the sea. De nombreux projets iconoclastes et profonds que l’artiste aime approfondir à l’infini, toujours dans l’objectif d’échanger, de conter des histoires… de capter la vie en somme. NLP

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PORTFOLI O

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SÉLEC TI ON

LES 10 MEILLEURS ATELIERS DIY Un art de vivre, une façon de faire et un besoin de comprendre. Le « Do It Yourself » est définitivement rentré dans les mœurs. Un petit conseil : autant s’y mettre dès maintenant pour ne pas paraitre ringard lors de votre prochain dîner. Il n’est pas trop tard ! En plus vous allez apprendre des tas de techniques qui vous rendront plus riches, dans tous les sens du terme… Texte Tristan de La Fléchère

© DR

Photos Voir mentions


Ma poterie chez AMO Vauban reste l’un des quartiers les plus créatifs de la cité phocéenne. Preuve en est avec la poterie Amo. Des cours de porteries fun, design et modernes y sont proposés pour toutes et tous, ouverts aux débutants comme aux initiés. Modelage, tournage… la technique comme le format sont laissés au choix : découverte, workshop, stages week-end, vacances et les cours au trimestre. Coup de cœur pour la découverte modelage parent-enfant. Unmoment unique autour d’une pratique instinctive. L’idéal pour que tout le monde puisse s’amuser en mettant les mains dans la terre. Vous réalisez une pièce à 4 mains qui sera cuite et émaillée en transparent, et que vous pourrez bien sûr récupérer par la suite. Comme un « souvenir… souvenir… ».

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Comptez 50 €, à partir de 4 ans. Durée 1h30 amopoterie.com

Cosmétiques maison

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Fabriquer ses cosmétiques maison au naturel, rien de plus sain et de plus tendance ! C’est ce que propose Julie Farhoudi, une jeune lilloise installée à Marseille depuis un an. Intervenant à domicile ou en entreprise à destination de groupes, cette ancienne étudiante en Marketing digital, formée sur Paris à la confection des cosmétiques green et home made, propose des ateliers thématiques pour réaliser des cosmétos 100% personnalisés : crème visage, corps, soins capillaires… Son site internet regorge par ailleurs de recettes beauté, bien-être, entretien de la maison et remèdes à base de plantes. Autant d’idées à piocher pour réaliser vos créations en mode écologique et économique ! Le plus ? La vocation locale, les matières brutes naturelles utilisées provenant de sites spécialisés comme la marque Joliessence.com, dont le siège est à La Roque-d’Anthéron. Une empreinte bien de chez nous que l’on retrouvera bientôt sur un autre site web créé par la jeune entrepreneuse, qui rassemblera des fabricants locaux de cosmétiques naturels prêts en l’emploi. bonjourvenus.com 081


SÉLEC TI ON

Ma pression sans pression Ce que l’on aime chez bière Academy, c’est cette douceur du temps qui passe sans se stresser. Et ça fait du bien. Le monde de la bière et du brassage n’aura plus aucun (ou presque) secret pour vous après avoir choisi l’un des 2 ateliers DIY proposés par le bar. 5h (le plus long) pour vous mettre dans la peau d’un véritable brasseur ancestral. Pratique autour des fûts, dégustation, déjeuner et mise en bouteilles de 48 breuvages que vous viendrez récupérer ensuite à la boutique. La version plus courte propose de venir braser une bière qui sera mise en pression et que vous pourrez déguster. Là encore, un exemplaire de votre élixir vous sera remis après avoir été brassé.

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Stage « Brassage » (5h) 190€ pour 2 165€ en individuel, le samedi 10h-15h Stage « Brassam » (2h) 55€, le dimanche 16h-18h 22, rue Beauvau (1er)). Résas au 07 67 74 36 59, par mail : events@biereacademy.com ou sur biereacademy.com

Tel un maître savonnier

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L’illustre savonnerie Fer à Cheval propose une immersion dans son usine de Sainte-Marthe. Chaque dernier mercredi du mois, elle vous donne rendez-vous pour participer à des ateliers Do It Yourself et Zéro déchet dans sa boutique usine. Au programme : des recettes pour entretenir sa maison et chouchouter sa famille, le tout à base de savon de Marseille composé de 100% d’ingrédients d’origine naturelle, de bicarbonate et de cristaux de soude, ou même de savon noir. Des ateliers ludiques, créatifs, manuels où chaque recette est personnalisable : « Le savon de Marseille est connu depuis des générations pour ses vertus multi-usages. Il peut être utilisé pour l’hygiène corporelle, faire sa lessive ou encore sa vaisselle », déclare Raphaël Seghin, président de la savonnerie Fer à Cheval. « Il s’inscrit pleinement dans les nouvelles tendances de consommation : c’est un produit écologique, économique et fabriqué en France. » Les ateliers ssont gratuits mais limités à 6 personnes, sur réservation. Savonnerie Fer à Cheval, 66, chemin de SainteMarthe (14éme) savon-de-marseille.com 082


Ma tarte au citron C’est avant tout une rencontre culinaire et personnelle avec la cheffe Sabrina Guez. Avec un objectif : que l’élève dépasse le maître. Partir à la découverte d’un métier, visiter une cuisine professionnelle et développer toutes les étapes de réalisation de la tarte au citron meringuée. En pratique, on commence par confectionner sa pâte sablée, puis on s’attaque à la préparation du citron et on monte la meringue. Les plus gourmands se feront un plaisir de tout goûter, étape par étape, jusqu’à l’apposition divine de la crème au citron avec une douille ! Sabrina s’impose comme un coach hors norme. En fin de parcours, vous saurez dégainer le chalumeau pour venir dorer et cuire à peine la meringue. N’oubliez pas les zestes de citron par-dessus ! Un peu de patience jusqu’à la dégustation de cette merveille dans votre home sweet home. Vous allez illuminer la table !

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70 € par personne pour 2h30 d’atelier wecandoo.fr


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Des baskets uniques

Comptez environ 50 € par personne et par paire à customiser. ladlb-weekly.fr

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Vous en avez marre de porter les mêmes sneakers que les autres ? Vous avez une paire fétiche que vous voulez sauver et redesigner ? Alors foncez à l’Atelier de la Basket, à deux pas de la Préfecture. Thomas et Grégory, son associé (fils de cordonnier-chausseur), vous proposent un coaching immersif pour comprendre comment nettoyer, réparer et customiser. «Aujourd’hui, une paire de basket est quasi devenue un produit de luxe. En prendre soin, c’est primordial. Les cordonniers aujourd’hui ne touchent plus aux baskets car le produit est devenu trop complexe. Nous avons l’expérience et une expertise insolite à partager avec nos clients. C’est pour ça que nous avons créé également nos propres produits à la vente », ajoute Thomas Obrador, co-fondateur de l’atelier. Avec une équipe de dessinateurs/ tatoueurs professionnels, votre plus belle paire de Nike, Prada, Alexander Mac Queen ou Golden Goose n’aura jamais été aussi belle et singulière.


Un petit sac à main fait main ! Bienvenue dans le temple du DIY maroquinerie à Marseille ! Le concept cartonne en s’adressant à toutes et tous, notamment avec l’atelier « Accessoires en cuir » : 2h30 pour réaliser 2 accessoires en cuir au choix et entièrement personnalisés. Porteclés, porte-cartes, pochettes, bracelets à double tour, étuis à lunettes... Vous serez le concepteur d’un accessoire qui vous ressemble. Pour les plus courageux… N’hésitez pas à vous lancer durant 4h dans l’atelier « Sac sceau en cuir 288 ». Le concept est simple : vous fabriquez vous-même le sac de vos rêves. Matières, design, couleurs, accessoires... vous personnalisez entièrement votre sac selon vos goûts et vos envie, en étant accompagné pas à pas par Naouel. La « Créationist » déniche surtout des trésors dans les stocks dormants des fournisseurs de luxe et s’inscrit dans la logique de l’upcycling, d’économie circulaire et écoresponsable. So chic !

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Prix des ateliers entre 79 et 129 € lacreationist.com

Un maître ébéniste... Une planche apéro, une table basse ou, carrément plus fou, un kayak ! Tout (ou presque) est possible en travaillant le bois. C’est ce que Christophe Claeys va vous apprendre au cours de son stage en ébénisterie. L’atelier dure 4h, casque anti bruit sur les oreilles, on passe de machine en machine : rabots, scie à rubans… On comprend le fonctionnement des machines, on apprend les gestes de sécurité et on plonge dans l’univers merveilleux de l’ébénisterie à travers ses histoires et ses termes techniques. Après avoir bien écouté le patron, qui a travaillé aux Etats Unis et au Japon, tout le monde repart avec son œuvre. À la maison, on est fier de crier : « Yes! I did it ! » © DR

A partir de 65 € - Ebenisterie Figures de Bois 06 21 00 26 93. figuresdebois@gmail.com figuresdebois.fr 085


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Self Made Mode chez Inari Parce qu’on a toujours rêvé d’être une princesse ou un prince, pourquoi ne pas porter une tenue unique, faite de ses propres mains ? L’atelier fil Blanc by Inari, c’est un petit atelier comme on les aime, niché dans la rue du Petit chantier (7ème). Inari, une jolie franco-finlandaise originaire d’un petit village du Luberon, vous assure un atelier ludique et créatif. Coup de cœur adapté à la gente féminine comme masculine, l’atelier « Je couds ma première pochette ». Un cours de couture qui vous permettra d’apprendre les étapes essentielles de la couture au travers d’un premier projet simple, la pochette doublée. Une piqûre de rappel sur les techniques de couture en angle, la doublure simple et la pose d’un bouton pression. Depuis la rentrée, Inari est également un organisme de formation.

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Comptez 30 €. Durée 1h30 5, rue du Petit Chantier (7ème) inari.fr

Ma Mozzarella à moi... La Laiterie Marseillaise lance enfin ses ateliers DIY. Au menu : confection de mozzarella, stracciatella et burrata pour les adultes, et des ateliers de fabrication de beurre et de flan au lait pour les enfants. Ce n’est pas tous les jours que l’on a l’occasion de se plonger dans l’univers délicieusement moëlleux de la burrata, cette mozzarella qui renferme en son coeur de la crème, ni dans celui de la mozzarella effilée, appelée stracciatella. Audrey et son équipe vous convient à 3 préparations. On termine avec une dégustation, tout le monde repartant avec sa recette pour s’exercer à la maison. Côté minots, l’atelier consiste à développer une première expérience culinaire sur le lait. Après avoir baratté leur crème, les enfants obtiennnent leur propre beurre et repartent avec leurs confections de flans. © DR

Comptez 50 € / personne (par groupe de 5 max). Durée 1h30. 86, 06 88 80 44 65. lalaiteriemarseillaise.fr 086


Bien-être ×

“Notre corps est notre jardin et notre volonté est le jardinier.” William Shakespeare, dramaturge, poète et acteur anglais (baptisé le 26 avril 1564-23 avril 1616)

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La corvette jette l’ancre

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TRADITION. En plein coeur du VieuxPort s’est s’installée La Corvette, la nouvelle boutique de la Savonnerie du Midi. On y retrouve les classiques 120 savons de Marseille, quand leurs déclinaisons côtoient les huiles du Château Virant, la verrerie de Biot ou encore des produits de la Marine nationale. À découvrir aussi, 4 coffrets “rituel” inspirés de la Provence. AS 28 Place aux Huiles (1er) la-corvette.com @savonnerie_lacorvette

Nés de vos besoins

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CIBLÉ. Les cosmétique de la marque aubagnaise Nidéco sont formulés à 96% d’ingrédients naturels, sans actifs controversés et certifiés crueltyfree, gage d’absence de test sur les animaux. Pour élaborer sa gamme et optimiser ses formules, Nidéco a sondé quelque 4000 personnes via des questionnaires et bêta-tests. Vous rêvez d’un produit cosmétique spécifique ? Vous pouvez le soumettre au vote sur son site internet. C’est de cette façon que la marque a donné vie à ses gels, masques, crèmes et autres produits plus ciblés, comme le soin pour le confort des seins, celui pour tonifier les fesses, ou encore la crème rééquilibrante à appliquer en période prémenstruelle. Chaque cosmétique est formulé pour débarrasser peau et cheveux de leurs impuretés, livré dans un packaging eco-friendly et produit en petite série à Aubagne, fief de Simon Ménard, l’un des cinq fondateurs de la marque. FJ nideco.com 088


Senteurs audacieuses NICHE. Manufacturier de parfums marseillais depuis 1934, Corania vient de lancer Ynepsie. Une nouvelle marque de fragrances qui déploie un éventail de 12 parfums d’exception multi-senteurs à base de notes boisées, florales, marines ou encore orientales. À la tête de la troisième génération de parfumeurs de la marque, l’entrepeneur Laurent Cohen a imaginé et conçu cette gamme de niche en misant sur un prix accessible de 34€. Les recettes olfactives ont été confiées à Irène Farmachidi et à Bertrand Duchafour, deux artistes parfumeurs expérimentés, qui ont eu carte blanche pour « créer des accords inattendus et surprendre avec des parfums de qualité, signés et intemporels.» Jouant sur le savoir-faire, les contrastes ou les oppositions, à l’instar des notes douces de la fleur d’oranger mêlées à la force du musc, le champ des possibles est devenu immense. Rechargeables et composés à 92% d’ingrédients naturels, ces parfums 100% marseillais sont fabriqués dans l’atelier du parfumeur et distribués sur son site internet. NLP ynepsie.com

Légende photos La gamme Ynepsie déploie 12 parfums d’exception au prix très accessible. 089


Un salon pas comme les autres

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CHEVEUX. Dans le vaste océan des produits pour cheveux colorés, se distinguent ceux de Fabrice Mongiliardi. Composée de shampoings, masques, sérums, produits de coiffage et de trois cosmétiques solaires dotés d’un indice de protection contre les rayons UV, la nouvelle gamme bio du coloriste contient des huiles végétales pures. Végan, produits en France mais vendus dans toute l’Europe, ses soins capillaires sont également utilisés dans son salon de coiffure où il réalise des balayages à l’argile et des colorations végétales sans ammoniaque depuis plus de 20 ans. « Je suis amoureux de mon métier et pour moi, il était indispensable de travailler différemment des autres salons.» AS 2, Bd André Aune (6ème) fabricemongilardi.com

Salon étonnant

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MULTIPLE. Dans le quotidien d’une rentrée au rythme infernal, confiez votre corps à Charline Cazorla dans le cadre d’une pause beauté classique ou plus audacieuse. Esthéticienne, mais aussi tatoueuse, à 19 ans, elle se dit spécialiste de la métamorphose. Dotée de doigts de fée, elle vous fera profiter de ses moults savoir-faire et de son envie de vous chouchouter. FJ 364, avenue du Président John Fitzgerald Kennedy, La Ciotat. @chabeauty_tatoo pour les tatouages cha-beauty.com 090


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Jeûner en randonnant ! Pour débarrasser son organisme des toxines accumulées, rien de mieux que le jeûne ! Cette diète alimentaire temporaire se révèle en effet des plus bénéfiques pour la santé. Plus encore lorsqu’elle est alliée à la pratique de la randonnée. C’est ce que nous dévoile la naturopathe Anne Swiader au travers des séjours bien-être jeûne ou monodiète qu’elle encadre à Marseille et dans l’Aveyron. Le programme parfait pour une cure détox automnale !

Texte Frédérique Jacquemin Photos Voir mentions

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ans l’idéal, chaque changement de saison devrait s’accompagner de sa cure détox. Une pratique qui consiste à nettoyer l’organisme des toxines stockées lors de la saison écoulée pour débuter celle qui s’annonce sous le signe de la vitalité. Rituel ancestral s’il en est, le

Certifiée guide Jeûne et Randonnée, Anne Swiader vous accompagne dans votre détox d’automne.

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jeûne se présente comme la cure détox par excellence. Une parenthèse alimentaire régulée et temporaire dont les bienfaits sont optimisés lorsqu’elle est associée à la randonnée. « Sa pratique favorise une mise en mouvement du corps toujours bénéfique, tout en permettant d’éviter une perte musculaire due à la privation de protéines », commente l’ancienne ingénieure agronome Anne Swiader. Convaincue des bienfaits offerts par l’alliance des deux pratiques, elle opère en 2017 un tournant professionnel à 180°, devenant guide certifiée au sein de la Fédération francophone Jeûne et Randonnée et l’Institut supérieur de naturopathie. Depuis, elle organise des séjours détox, jeûne ou monodiète, sous le nom de Terre d’Eugénia. À Marseille, réservant la partie rando à l’écrin naturel des calanques, et dans le parc national des Grands Causses, au pied du Larzac, histoire de se rassasier du paysage verdoyant aveyronnais.


© Shyntartanya


© Foxys Forest Manufacture

“Quand on prive temporairement le corps de nourriture, on sollicite le métabolisme naturel que l’on a dans nos gènes pour rétablir les conditions de santé.”

Jeûner ne s’improvise pas mais se prépare. Pour une semaine de jeûne, il faut compter environ trois semaines de process. On effectue d’abord une descente alimentaire progressive, généralement sur 5 à 10 jours, où on écarte à tour les protéines animales et végétales, les laitages et les céréales de l’alimentation. Le cerveau est ainsi conditionné au changement alimentaire sans stress. Durant la semaine de jeûne proprement dite, les jus de légumes, les tisanes et le bouillon s’imposent comme les repas de base. S’en suit une remontée progressive des aliments sur une semaine pour que le corps reprenne son rythme alimentaire normal, tout en douceur.

© Rido

DESCENTE ET REMONTÉE ALIMENTAIRE

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Un repos de l’intestin bienvenu Rien de mieux en effet que de priver son corps de nourriture durant quelques jours pour reposer et régénérer l’ensemble de l’organisme, du système digestif aux vaisseaux sanguins, en passant par la peau. « On peut comparer le jeûne à la révision d’une voiture : on « décrasse » les différents tuyaux et on assainit ce qui doit l’être pour pouvoir rouler en toute sécurité. Quand on prive temporairement le corps de nourriture, on sollicite le métabolisme naturel que l’on a dans nos gènes pour rétablir les conditions naturelles de santé », précise Anne. Le corps agit alors comme « un médecin intérieur », se débarrassant naturellement de l’accumulation des toxines pour se préserver de l’apparition de pathologies diverses comme l’arthrose, l’arthrite ou encore le diabète (ou les soulager). Et plus généralement, pour soutenir notre capital immunitaire. « 70% de notre immunité se trouve dans notre intestin. Le mettre en pause par le biais du jeûne lui fait donc le plus grand bien. La pratique démontre qu’au bout de trois jours, l’immunité est déjà stimulée », avance la spécialiste.

LES SÉJOURS DÉTOX DE L’AUTOMNE

la guide naturopathe. Les séjours proposés, qu’ils se déroulent sur Marseille, à son domicile dans le 7éme, ou en Aveyron, dans un somptueux château à Saint-Jean d’Alcapiès, sont en effet ponctués de moments où Anne, entourée d’intervenants experts dans leur domaine, transmet sa passion : la découverte des bienfaits de la pratique du jeûne diététique « bienêtre » selon la méthode Buchinger. Des cures de 3 ou 7 jours (pour les adeptes ou les néophites), se déroulant en petits groupes, certains étant médicalement assistés, en collaboration avec l’Académie médicale du jeûne. Des périodes ressources et ressourçantes, pour le corps et l’esprit, qui amènent à conscientiser nos modes de vie en vue adopter une alimentation plus saine de façon pérenne.

• À Marseille (3 jours/4 nuits) Du 22 au 25 sept. Du 27 au 30 oct. Du 24 au 25 nov. Du 1er au 4 déc. Forfait à 289€ (+ hébergement de 59 à 99€) • Grands Causses Aveyron (6 jours / 7 nuits à Castel d’Alzac, Gîtes au château) Du 1er au 7 oct. + Médicalement accompagné Du 15 au 21 oct. Du 5 au 11 nov. Du 19 au 25 nov. Forfait à 890€, hébergement compris ; 995€ pour le séjour médicalement assisté. Infos et réservations sur terredeugenia.com ou auprès de Anne Swiader : 07 78 05 04 79

Jeûne ou monodiète, à chacun son rythme

© Shyntartanya

Reste que jeûner n’est pas forcément un exercice facile, notre corps étant habitué à recevoir « sa dose » de nourriture journalière. « Le pratiquer en groupe permet de le vivre plus facilement. S’adonner à des activités comme la randonnée en pleine nature, mais aussi à des cours de cuisine santé, des conférences ou encore à des exercices de Pilate- Yoga, détourne le cerveau du sentiment d’abstinence, lui évitant d’être en état de stress », poursuit 095


Texte Nadège Laurens-Paget

Photos Éric Viennot

Je respire, donc je suis Chacun peut construire sa propre spiritualité en se reconnectant à soi, à sa vraie nature. Le développement personnel n’est pas un luxe mais un indispensable ! Quand le trop-plein de négatif s’impose, le breathwork, technique de respiration consciente, permet de nous libérer des tensions dès les premières minutes. Une belle leçon de bien-être que nous enseigne Sarah Forgeat.

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© LightField Studios

“Le Breathwork m’a transformée, comme si ma véritable nature attendait cette respiration fluide pour enfin déployer mes ailes.”

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n 2020, au moment du confinement, Sarah Forgeat s’initie au magnétisme. Comme si l’éloignement physique l’avait poussé vers une autre forme de rapprochement. En quête permanente d’expériences et de découvertes, elle s’inscrit presque par hasard à une séance de breathwork en ligne avec Lucille Fauque. « Le Breathwork m’a transformée, comme si ma véritable nature attendait cette respiration fluide pour enfin déployer mes ailes ». En septembre 2021, elle quitte vingt ans de travail et se lance dans cette méthode de respiration volontaire et active, différente de la pratique de relaxation.

Un outil, des vertus multiples Le Breathwork, c’est un outil permettant d’aller vers un objectif sur le plan physique, psychique, voire spirituel, en rentrant dans un état 098

de conscience modifiée. Un outil de développement personnel, de connaissance de soi, qui passe par le corps. La séance dure 2 heures, en individuel, ou en collectif. Elle se déroule en présentiel (à son cabinet ou à domicile) ou à distance. Sarah prend le temps dans un premier temps de bien l’expliquer, comme d’évoquer ce qu’elle peut apporter à notre vie. Très simple, son mécanisme se met en route dans les 5 premières minutes. Elle consiste à inspirer profondément et expirer en se relâchant totalement, à l’image d’un soupir. Puis à ré-inspirer immédiatement, sans marquer de pause entre inspiration et expiration, alors que cette pause se produit naturellement dans la respiration «normale». Le Breathwork est ainsi ce qu’on appelle une respiration connectée, une véritable alternance d’inspirations-expirations fluides et enchainées.

Relâcher pour s’exprimer pleinement Durant une sénce, les personnes respirent 1 heure puis ont 15 minutes de relaxation pour laisser le corps et l’esprit intégrer tout ce qui vient de se passer. Elle se termine par un moment de partage, pour ceux qui souhaitent poser quelques mots sur leur expérience. « Chaque fois que vous avez retenu une émotion, vous avez retenu votre respiration et vice versa. Vous bloquez la circulation d’énergie dans le corps. Quand vous vous empêchez de pleurer ou de rire, vous retenez votre respiration, vous contractez le corps et refermez la gorge. C’est un mécanisme réflexe. Avec le breathwork, on apprend au corps à faire différemment ». Concrètement, le fait de respirer en continu et de relâcher à l’expiration va amener notre mental à lâcher le contrôle et le corps va pouvoir to-


LES BIENFAITS DU “BREATHWORK” • Sur le plan physique : relâchement des tensions physiques et douleurs chroniques, rééquilibrage du pH du sang, reconnexion avec son corps, élimination des toxines, régulation du système hormonal, meilleure vitalité et sommeil régulé. • Sur le plan énergétique : meilleure circulation de nos énergies, nettoyage, détoxination pour un rééquilibrage énergétique global du corps. • Sur le plan psychique : réduction de l’anxiété et du stress, retour à la concentration et à la confiance en soi, prise de recul, libération des émotions et des traumas plus ou moins importants du passé, disparition des peurs et des croyances limitantes. Développement de la créativité, de la motivation. • Sur le plan spirituel : vivre le moment présent, être moins dans son mental en écoutant davantage son intuition ; nouvelle vision plus fluide sur le monde, sur soi ; apprendre à s’écouter, à s’aimer et être plus authentique et en adéquation avec sa vraie nature.

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talement s’exprimer. Nos émotions s’expriment de plusieurs manières : à travers la chimie de notre corps (libération d’hormones comme le cortisol et l’adrénaline en cas de stress...), par les contractions de nos viscères (la fameuse boule au ventre), par les tensions de nos muscles (douleur dans le dos, aux épaules, dans la mâchoire…). C’est pourquoi, on ressent des sensations, tensions et émotions plus ou moins fortes. Ensuite, on rentre en hyperventilation. Celle-ci conduit très rapidement à une désaturation progressive en CO2 (hypocapnie), jouant probablement un rôle majeur dans la modification de l’état de conscience par l’effet vasoconstricteur au niveau cérébral.

Un chemin vers son essentiel

est en train de vivre. Sarah reste disponible après la séance, demandant toujours à ses participants comment ils se entent 2 jours après la séance. « Notre intellect a tendance à vouloir tout décortiquer, analyser, interpréter. J’aide mes clients à prendre du recul, à faire des parallèles avec leur vie. Je ne cherche pas à interpréter ou à conclure, seulement à les ouvrir à une autre réalité. Je déplace le regard, avec douceur et bienveillance. Nous sommes dans cette expérience de l’ordre du subtil. J’aide à ce que la vie soit plus facile à vivre, à revenir naturellement à une respiration calme et sereine, même dans les moments compliqués. Ce qui permet d’être plus dans le présent, dans ce que l’on fait, d’aller à l’essentiel, à notre essentiel ».

© Christophe Wu

Le cortex est particulièrement sensible aux variations de ce type et les processus inconscients semblent plus accessibles dans ces conditions. « On est tous différents, de par notre personnalité, notre vécu. C’est pourquoi les ressentis sont différents. En revanche, nos corps fonctionnement toujours de la même manière, raison pour lesquelles les témoignages se recoupent.» Les uns parlent de contractures, certains pleurent, d’autres racontent qu’ils ont eu des flashs... les réactions sont diverses. C’est pourquoi Sarah s’attache à mettre un cadre de sécurité et de confiance essentiel pour laisser place au lâcher-prise. « Quand les respirants s’interrogent sur leurs sensations, se sentent dépassés par leurs émotions, je suis entièrement là pour eux. Je leur parle, les rassure.» Un échange (car oui on peut parler pendant la séance), une parole, peut débloquer quelque chose, peut permettre d’aller au bout du processus que le respirant

“J’aide à ce que la vie soit plus facile à vivre, à revenir naturellement à une respiration sereine.”

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Mode ×

“La mode n’est ni morale, ni amorale, mais elle est faite pour remonter le moral.” Karl Lagerfeld, couturier, photographe, dessinateur, designer, réalisateur et éditeur allemand (10 septembre 1933-19 février 2019)

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Créer pour raconter

© DR

Établie entre Marseille et Saint-Tropez, Adrienne Angelvin puise son inspiration dans son environnement, ses racines multiculturelles, ses voyages. Ses études d’anthropologie, de linguistique et de théâtre classique sont un véritable socle dans ses créations. Dans un esprit à la fois élégant et casual, inspirée par les personnalités qui ont marqué sa vie, elle entend véhiculer l’image de la femme libérée.Laissez-vous embarquer dans l’univers chic et bohème de cette créatrice hors du temps. Une bien jolie rencontre.

adrienne-angelvin.com

Parlez-nous de votre marque… « Carried by the wind » s’incrit dans une démarche de slow-fashion, avec un souci particulier de l’impact écologique de la fabrication de ses articles. La marque produit une faible quantité de chacune de ses pièces en vue d’encourager la durabilité tout en luttant contre le gaspillage. Avec une faible emprunte carbone, la marque travaille le plus souvent avec des artisans locaux et utilise les voies d’expédition les plus écologiques possible. De la comédie à la mode, du Canada à Marseille... D’où vient votre envie ? J’ai toujours créé. Ma grand-mère Tabitha, couturière, m’a appris à

coudre et à tisser au crochet dès l’âge de 7 ans, car nous avons des origines jamaïcaines dans ma famille. Dans mon école de théâtre, nous avions des stages de couture. J’ai débuté en réalisant des sacs dans le garage de mon mari, vignoble à Saint-Tropez. Je voulais créer et faire du détail une priorité, tout en utilisant des matières nobles telles que la soie, le lin ou le bambou. Comment définissez-vous vos créations ? Mes collections symbolisent la liberté. Elles partagent des histoires, du vécu. Je ne crée que des lignes féminines, avec deux capsules par an de 50 pièces maximum. Chaque pièce raconte une histoire et porte le pré102

nom d’une femme qui m’a happée par sa personnalité. La collection d’hiver est vouée à faire ressortir le côté masculin, avec des blazers oversize et des pantalons. Quelles sont vos principales sources d’inspiration ? Je m’inspire avant tout de la femme libre, libérée, emportée par la brise et bien dans sa peau, qui s’adapte à tout. Celle qui peut aller et se trouver dans le monde, qui garde les pieds sur terre, qui regarde le ciel et rêve à des choses concrètes… Le théâtre, qui fait partie de ma vie et que j’ai étudié au Canada, m’inspire beaucoup : les mouvements, les postures, me donnent des idées, notamment pour les jupes. AB


On se cramponne

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OUVERTURE. Pataugas investit le cœur de la cité phocéenne dans un espace de 135 m2 sur deux niveaux. Le mobilier boisé fait sur-mesure intègre parfaitement la démarche de fabrication engagée : modulable et léger, il se déploie sans superflu pour laisser place à des matières organiques et à une simplicité affichée. NLP 60, rue paradis 6ème

Maison Lancry

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CAPSULE. Vous connaissiez la boutique éphémère « Maison Lancry », rue du Jeune Anarchasis (6éme) ? Découvrez désormais la collection capsule de sa gérante et créatrice, Charlotte Lancry, vendue exclusivement sur le net via un site dédié : maisonlancry.com. La jeune femme pétillante y décline 49 pièces de prêt-porter féminin à l’inspiration hispano-mauresque, byzantine et méditerranéenne. Toutes confectionnées à Marseille, au sein de deux ateliers de couture d’insertion. Sublimant le lin, le viscose et la soie, elle y décline les pièces maîtresse (robe Flamenca, pantalons paréo India soie, Top Séville…) d’une collection singulière aux allures d’un bel été indien. FJ maisonlancry.com 103


Bijoux de famille

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FAMILIAL. Bee Valentina, marque marseillaise de bijoux « d’âme », inspirés des grigris d’antan et médailles vintages, s’est installée à La Maison Montgrand. Croix, icônes et yeux « protecteurs » ornent les créations de la fondatrice Cristel Gaidon, qui travaille en famille, avec ses enfants et sa nièce, dans la boutique et l’atelier. AS beevalentina.com 35, rue Montgrand, 6ème

DÉCALAGE. Amandine Armand, créatrice d’Undated, revisite avec un style kitsch et coloré le tricot artisanal. Les pièces sont tricotées à Marseille sur une machine vintage fonctionnant sans électricité et la matière première est chinée et provient de stocks dormants. Pour Chloé Roques, inventrice de digger.club, friperie en ligne & organisateur d’événements vintage, tout a commencé dans une chambre à Aubervilliers avec quelques camarades et soirées pyjama ! De la rencontre des deux femmes est née Villa Cœur, boutique ouverte depuis le 29 juillet rue de Lodi (6ème). Un espace de 60m2 où l’on trouve plus de 200 « dingueries ». Le plus ? Les ateliers workshop pour apprendre à faire ses propres vêtements. AS Instagram: @digger.club/@villa.cœur/@undated.clothing 104

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Entre artisanat et friperie


L’art et la matière... brute CREATION. De l’art et de l’artisanat : voilà ce que l’on peut trouver chez Matéria, une boutique-atelier collectif ouverte en 2021. Dans l’espace de 47m2 sont exposés bijoux ancestraux, photographies, poteries et tableaux faits main. On y trouve aussi les espaces de travail de quatre créatrices réunies autour de leurs passions communes : la nature, Marseille et ce qui constitue la base de leur travail respectifs, la matière. La Colombienne Ana Montoya s’inspire des différents cycles naturels pour faire des tableaux avec des coquilles d’oeuf, des gousses d’arbre ou encore des oursins. La nature est aussi la muse de l’Argentine Agustina Rochi pour créer ses bijoux, et de Mathilde de Marteau, qui travaille la technique du filligrane avec de l’argent et du vermeil. De son côté, la Péruvienne Adriana Lau, elle, fabrique des bijoux en cire perdue et explore la broderie, la reliure et la cyanotypie. Ensembles, le quatuor féminin anime ateliers et évènements visant à faire connaître d’autres artistes. Leur souhait ? « Transmettre et valoriser les métiers d’art.» AS 5-17, rue du chevalier Roze 2ème. @atelier.materia

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L’espace accueille le travail de 4 créatrices inspirées par la nature. 105



L’éloge de la lenteur... Artiste et artisane, Emma Bruschi vit et travaille entre Marseille, Paris et Genève. Diplômée de la Haute école d’art et de design (HEAD) de Genève, d’un Master Design Mode et accessoires, elle est lauréate en 2020 du Prix 19M des Métiers d’art de Chanel. En juin dernier, elle remporte le Prix Fragonnard de la Fondation Mode méditerranée, dans la catégorie accessoire. Une rencontre toute en poésie… Texte Nadège Laurens-Paget Photos Voir mentions

© Cynthia Mai

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lle a grandi à Marseille et vit aujourd’hui en Savoie au plus près de la nature et de ses rêves. Un savoir-faire domestique transmis de génération en génération, avec l’amour du bel ouvrage, son objectif est de cultiver la terre et de travailler avec ses propres matières. Soit, allier un travail d’agricultrice et de designer. Les matières premières, l’artisanat, le savoir-faire, la transmission et l’expérimentation sont au cœur du travail d’Emma Bruschi. Elle utilise le territoire comme matière première en s’inspirant des lieux qui lui sont personnels et des personnes qui l’entourent : « J’ai grandi à Mar107

seille mais toute la famille du côté de ma mère est Haute-savoyarde. Ils sont paysans-agriculteurs. On y a passé toutes nos vacances et participé aux travaux du moment : patates, pommes, cidre, vendanges, traites ... C’est aussi ma grand-mère maternelle qui m’a transmis la couture, le tricot ou encore le crochet. Mes grands-parents m’ont surtout transmis un certain goût de l’autonomie et de la liberté. »

Un vrai sens esthétique et des valeurs Emma incarne une mode bohème et désinvolte, qui a l’art d’associer des pièces sophistiquées à d’autres


© Vinciane Lebrun

“Mon processus créatif trouve souvent son origine dans les matériaux et les techniques anciennes. J’aime ensuite les détourner en les mélangeant à d’autres.”

plus décontractées. Assurément pointilleuse et exigeante, elle recherche une mode d’avant-garde sans en oublier les codes. Elle élabore des collections originales dans un esprit créatif et toujours

à la pointe de l’authenticité. Mix subtil de designs percutants et de valeurs ajoutées qui ennoblissent les pièces qu’elle réalise à son rythme sans pression mais avec passion, apportant un soin particulier au choix de ses matières et une minutie extrême dans le travail de ses matières de prédilection. Cette artisane peut consacrer jusqu’à 400 heures de travail pour confectionner une chemise en paille et user de techniques multiples de broderies pour donner vie à ses vêtements. La paille, le raphia ou encore le lin sont souvent mis à l’honneur au travers de ses gammes de vêtements et d’accessoires. Depuis 2021, Emma cultive du seigle dans la ferme familiale avec l’aide de son oncle, Eric Vergain. Un seigle utilisable après une joyeuse journée de récolte à la faux, sous le regard de pépé Jean, pour produire ses vêtements, accessoires et autres bouquets de moisson. Un univers bucolique qu’elle affectionne depuis son plus jeune âge à Marseille, qui pourtant demeure bien loin des représentations campagnardes habituellement admises : « J’ai grandi dans une maison dans le quartier d’Endoume qui ressemble à un village en plein coeur de Marseille. Nous y avions un potager, quelques poules et même un canard pendant un temps ! »

emmabruschi.fr une boutique en ligne est à venir

© Lucie Zimmermann

© Cynthia Mai

Le temps comme trésor Une certaine nostalgie se dégage de ses collections. Emma s’inspire pour créer ses pièces vestimentaires du milieu rural et agricole, du vestiaire ouvrier, de la faune et de la flore, comme de tous les savoir-faire d’antan. « Mon processus créatif trouve


© Cynthia Mai © Cynthia Mai

souvent son origine dans les matériaux et les techniques anciennes. J’aime apprendre des techniques dans les règles de l’art, puis essayer de m’en détacher, de les détourner en les mélangeant à d’autres. La forme me viens ensuite plus naturellement. J’aime aussi produire mes propres matériaux et apprendre toutes les étapes, de la plante au vêtement. » Ses créations reposent alors sur le concept de composition : vêtements, sacs Baby ABAG, boucles d’oreilles, bracelets, vous pouvez ainsi plonger dans l’univers des collections, ressentir la pièce unique, tout en étant accompagnée à chaque étape de cette précieuse et délicieuse expérience. « Patience et longueur de temps font plus que force ni que rage ». Bien plus qu’une morale à toute épreuve, Emma en a fait un art créatif qu’elle entend poursuivre à son rythme bien sûr et sur le long terme... naturellement.

© Anaïs Barelli

Seigle, paille et autres élements naturels campagnards sont au centre des créations de l’artisane.

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Slow fashion à la marseillaise Manuela Valverde a créé sa marque éponyme d’accessoires et de prêt-à-porter pour femmes juste après le confinement de 2020. La Saint-Savournicaine de 25 ans, styliste-modéliste diplômée de l’IICC Mode Marseille, a mis sa sensibilité et son savoir-faire dans ses pièces durables, esthétiques et françaises. Rencontre.

Texte Astghik Shahbazyan Photos DR

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asser des heures à la recherche de la robe, du jean, du manteau qui convient à sa silhouette peut vite rendre une partie de shopping fastidieuse. Manuela Valverde lutte à sa manière contre ce manque d’inclusivité dans le milieu de la mode. Après avoir travaillé pour Les Petites Bombes, Eva Kayan ou encore Longboard et connu un licenciement économique, elle sait que l’une de ses priorités sera d’inclure toutes les silhouettes dans les créations portées par la marque qu’elle lance. Pour 20 euros de majoration, les robes, combinaisons, shorts, jupes, tops et manteaux peuvent être réalisés sur-mesure.

«Chaque femme est différente. On a toutes des morphologies uniques. Le prêt-à-porter classique ne permet pas de s’adapter à toutes les clientes. Bien au contraire : c’est nous qui devons nous adapter à nos vêtements, et donc ne pas porter tout ce dont on a envie.» Or, pour Manuela, c’est bien au vêtement de s’adapter au corps et non l’inverse. «Proposer du semi-sur-mesure et du sur-mesure est important pour moi, car ça permet à la cliente d’avoir des vêtements parfaitement taillés pour elle, en 1 à 2 mois. Je crois qu’être à l’aise dans un vêtement parfaitement coupé pour soi, c’est un premier pas pour avoir confiance en soi.» 110

Rien ne se perd, tout est faisable Sans stock ni grossiste, ses vêtements sont 100% faits main et à la demande. Tout est pensé pour éviter de surproduire. «Je veux faire le moins de pertes possible et tout réutiliser.» Les chutes de tissus, qu’il y a à foison, deviennent ainsi des accessoires. La maille d’un pull est réutilisée pour faire des pochettes de tablette et d’ordinateur. Le tissu en double gaze et nid d’abeille, un kimono. Un même denim est utilisé à la fois sur une veste et sur une pochette. Un ensemble rose pastel reprend vie dans la collection suivante, sous la forme d’un sweat. Des doudous, des tapis à langer nomades et des pochettes pour les ranger,


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“La fast-fashion a mis à mal le réel travail d’un styliste-modéliste.” L’influence du Sud

manuelavalverde.com

mais aussi des vanity et pochettes de maquillage, ou encore des pochons en coton lavable et leurs recharges, viennent compléter la gamme d’accessoires. Même les échantillons de tissus de fournisseurs se transforment en chouchous à cheveux. Les tissus sont « le plus naturels possible, en coton, et même quand c’est du synthétique, il faut que ça soit une matière agréable et toujours adaptée aux peaux atopiques.» Sensible et éco-responsable,

sa clientèle est à l’image de sa créatrice : « Une fille du Sud qui veut acheter peu, mais acheter bien. Je voulais créer une marque qui me ressemble vraiment. Peu de monde a conscience de tout le travail nécessaire pour confectionner un vêtement. La fast-fashion a mis à mal le travail réel d’un styliste-modéliste. » Produire moins mais beaucoup mieux : son crédo donc. Tout comme s’inspirer du Sud et de la nature provençale. 112

« C’est la nature provençale dans laquelle j’ai toujours évolué qui m’inspire le plus.» Passionnée des défilés parisiens, Manuela y puise son inspiration des formes, mais pour les couleurs, les matières et les ambiances, c’est le Sud qui prend toute la place. Le sable, le bleu de la mer, le doré des couchers de soleil déteignent sur toutes ses pièces. « Ce sont des racines que je ne peux pas les nier. » Le 24 juin dernier, elle tient un stand à l’expo-vente de la villa Perle Blanche (8e) avec quelques pièces phares de la dernière collection. « Quand j’ai regardé mon stand, je me suis rendu compte qu’il y avait une certaine palette de couleurs. Le rose pâle, le bleu ciel, les tons crème et sable. Toutes ces couleurs douces sont des couleurs qui me ressemblent. Je les choisis sans forcément veiller à ce qu’elles aillent bien ensemble. » Il y a du pastel, parfois une touche d’excentricité avec de l’argenté et du métallique, en clin d’oeil à sa passion pour la musique disco. Suivre les tendances actuelles ? Pourquoi pas. Mais seulement si elles lui plaisent. « Je ne vais pas faire des produits qui ne me ressemblent pas, juste parce que c’est à la mode. » Manuela en est convaincue, à Marseille, on peut faire d’aussi jolies choses qu’à Paris. « Si je suis restée à Marseille après mon diplôme, c’est que je crois beaucoup au potentiel mode de la ville. De plus en plus d’espaces sont dédiés aux nouveaux créateurs et j’espère que ce n’est que le début.» C’est d’ailleurs à Marseille qu’elle a décidé d’ouvrir un atelier de couture et de patronage. « J’aimerais vendre mes patrons pour que d’autres personnes puissent décliner mes produits à leur guise. Partager la passion du métier est important pour moi. »


Déco ×

“Les styles vont et viennent. Le bon design est un langage, pas un style.” Massimo Vignelli, designer italien (10 janvier 1931- 27 mai 2014)

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Ranger pour tout arranger

Ranger, trier, organiser... D’où vous est venu ce goût pour le rangement ? Tout simplement parce que je suis une bordélique qui se soigne ! Je vis avec quelqu’un de très ordonné et un matin, alors que je me dépêchais pour être à l’heure au travail, il m’a dit : « Mais tu n’en as pas marre de perdre du temps ? » Cela m’a fait réfléchir et j’ai commencé à réorganiser toute ma maison pour la rendre plus agréable à vivre et fonctionnelle. J’ai lu les livres de Marie Kondo sur le rangement et j’ai testé les différentes méthodes de pliage. Ça a marché ! Qui fait appel à vos services ? Tout le monde peut avoir besoin d’un coup de main pour désencombrer, trier ses objets, voire vider sa maison. J’ai commencé en me retrouvant chez mon amie qui, après son divorce, venait d’emménager dans son nouvel appartement avec ses deux enfants. Prise dans les tâches du quotidien, elle s’était laissée déborder par l’accumulation d’objets et de papiers. Touchée par son désarroi, j’ai décidé de l’aider à ranger sa maison. En deux jours elle a retrouvé sa bonne humeur !

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Tout s’enchevêtre, c’est la pagaille et plus rien ne va ! La bonne idée, c’est de déléguer cette fastidieuse mission qu’est le rangement à Frédérique Poquet, passionnée par tout ce qui touche à l’organisation de la maison.

mamaisonbienrangee.com, @mamaison.bienrangee Devis gratuit - Rendez-vous téléphonique de 30 min (offert)

Comment expliquez-vous cette difficulté à s’organiser ? Je pense que l’on est trop sollicité en permancence de toute part. Les informations arrivent de plus en plus vite et les « to do list » ne font que s’allonger entre la gestion des activités des enfants, de la maison et du stress au travail. Autant de facteurs qui font que notre réserve d’énergie se vide et qu’on laisse le désorde s’accumuler. Y a-t-il des astuces, des petits secrets pour mieux ranger ? Je dirais plutôt, un mantra : 114

« Chaque chose à sa place et une place pour chaque chose ». Le chaos s’installe quand rien n’est à sa place. Quand on range son intérieur, on lui redonne son potentiel et cela permet de retrouver la sérénité ! L’ultime argument pour se faire coacher ? Faire des économies ! Dans le cas d’un dressing, par la revente de vêtements. Dans celui d’une cuisine, des stoks alimentaires gérés, c’est dépenser moins et mieux. NLP


Passion bois flotté

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NATUREL. Les Trésors d’Embruns, ce sont des pièces en bois flotté qui habillent maisons, restaurants, hôtels, cabinets de dentiste ou d’esthétique. Des objets décoratifs et du mobilier créés à Mimet par Magali d’Antuoni, passionnée de décoration et de plongée sous-marine. Elle réalise des créations aux dimensions variées sur commande, allant de la cloison de jardin au petit bougeoir, redonnant par là une seconde vie à ce bois impétrucible. Chaque pièce est un véritable enchantement, qui plus est, unique : un papillon, un phare, des étoiles, des poulpes... Et tout est d’une élégance aérienne. Sa création phare ? Une baleine lumineuse de deux mètres de long et de 70 kilos, qui a nécessité un mois de travail. Le petit plus : des ateliers créatifs destinés aux grands et petits. L’occasion de se sensibiliser aux trésors de la nature. AS lestresorsdembruns.com @les_tresors_d_embruns

D’ici et d’ailleurs

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COLORAMA. Inspirée de ses voyages à Singapour, au Vietnam ou en Chine, la créatrice Zoé Borie crée un univers coloré et vitaminé, mixant textures et origines. Ses tissus Wax peuvent ainsi côtoyer les traditionnels Toiles de Jouy ou Jacquards, tout comme des textiles anciens chinés çà et là ! Ambiance enchanteresse et coussins dessinés au Studio7.6, le tout confectionné sur Marseille. FJ Studio7.6, au 76 rue de Tilsit, 6e 115


Au plaisir des sens !

maisonilli.com Instagram: @maison.illi

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DURABLE. Quand les créatrices Laura De Koon et Ingrid Guthoerl se recontrent, l’univers olfactif épouse celui de la décoration. Ces deux Marseillaises aux personnalités très complémentaires ont voulu fusionner leurs mondes respectifs au sein d’un site web pour s’imposer dans celui du cocooning et du bien-être chez soi. Leur antre en ligne, Maison Illi, propose ainsi une multitude d’objets de décoration inspirée de la nature, des bougies parfumées, des galets fondants, des parfums d’ambiance, ou encore des diffuseurs pour voiture et penderie... Imprégnés de délicieuses senteurs du sud composées à base d’essences du Pays de Grasse. Les matières brutes naturelles, comme le bois et les coquillages, trouvent une seconde vie en passant par les mains du duo féminin qui n’hésite pas à les détourner de leur usage premier pour les transformer en de jolis supports pour suspensions parfumées. Réalisées à la main en Provence, les créations de Laura et Ingrid se veulent respectueuses de l’environnement. Pesticides, phtalates et autres CMR sont évidemment bannis. À contrario, les cires, forcément végétales et le packaging, composé de verre, de bois et de couvercles en liège, est réutilisable. AS

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Précieuse porcelaine

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DÉLICATESSE. La marque de maisons de vacances et d’objets précieux Enamoura lance une collection de suspensions en porcelaine exclusivement vendues à l’Atelier 159. Magali Avignon, la fondatrice, s’est inspirée des luminaires provençaux d’antan pour ces créations conçues et émaillées à la main dans une manufacture à Limoges.NLP Atelier 159, 135 rue Breteuil, 6ème enamoura.com

La Bonne-Mère illustratrice

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FINESSE. Dans le paysage des illustratrices marseillaises, Elisabeth Pese se démarque par un coup de crayon qui sublime « le mythe d’une ville bienveillante », Marseille, où le regard de la BonneMère se veut le gardien de paysages méditerranéens empreints d’une certaine nostalgie. La Vierge de la Garde, la Méditerranée ou encore les pins, deviennent avec elle des personnages à part entière. Celle qui « dessine pour les gens, comme quelqu’un qui cuisine un plat pour ses invités », signe ainsi les affiches du Festival International Musique et Cinéma de Marseille, des cartes postales et des papiers peints pour la boutique L’Âne bleu, La Redoute, Maison du monde ou Leroy Merlin. C’est dans les locaux des « Bonnes-Mères », une asso qu’elle préside à Samatan (7ème) aux côtés d’autres artistes, qu’elle transmet aux plus jeunes les techniques du dessin et son amour pour Marseille. FJ Stage du 24/10 au 29/10. Résas : 06 28 01 17 67 117


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Complémentarité et créativité

Jadis chargée de communication et opticienne, Coralie Aubert et Stella Russo ont décidé de tout lâcher pour se consacrer à leurs passions pour le design et l’architecture d’intérieur. Formées à l’école parisienne MMI Décoration d’intérieur et Design d’Espace, elles sont aujourd’hui à la tête de leur agence, les Architectrices. Rencontre. Texte Nadège Laurens-Paget Photos DR (sauf mention)

Qu’est-ce qui vous a encouragé à faire ce métier ? La question serait plutôt, pourquoi ne l’avons-nous pas fait avant ? Mais pour vous répondre c’est l’importance de l’impact visuel, l’amour des matériaux, de la couleur et de ce que ces éléments combinés peuvent créer sur le plan émotionnel. Nous sommes des sensibles ! Ce métier répond à notre besoin de créativité, à notre faculté à gérer des projets dans leur globalité. Il nous permet d’ être en contact permanent avec l’ensemble de nos collaborateurs, que ce soient nos clients, nos artisans ou encore l’ensemble des fournisseurs que nous consultons. C’est si enrichissant ! Outre votre complémentarité, qu’est-ce qui vous a décidé à travailler ensemble ? Nous avons parfois le sentiment de ne pas vraiment l’avoir choisi,

comme si cela s’était imposé à nous. Nous nous sommes retrouvées sur le chemin de l’une et de l’autre avec les mêmes valeurs, la même ferveur, la même énergie, voire la même naïveté, rien n’était impossible... Nous avions décidé de vivre de cette activité coûte que coûte, en dépit de parcours moins conventionnels, ce qui nous a poussé à écrire les premières lignes de notre nouvelle vie professionnelle ensemble. « Seul on va plus vite, ensemble on va plus loin. » Vous avez appris votre métier à Paris, pourquoi être revenues à Marseille ? Notre ville de cœur et de naissance. Il était inconcevable de commencer notre activité ailleurs. Nous vivons et connaissons les codes de Marseille, qui a enfin été « rendue » à ses habitants et valorisée à la hauteur de son potentiel grâce à son sacrement de Capitale Européenne de la Culture en 2013. Marseille est une vraie source d’inspiration pour tous les créatifs, leur donnant accès à de multiples terrains de jeux de façon triangulaire, entre la mer, la ville et les collines qui l’entourent. Son ambiance chaleureuse 119

104 rue d’Endoume, 7ème architectrices.com

et survoltée n’a pas toujours fait l’unanimité. Elle en est pourtant sa plus grande force. Comment parvenez-vous à combiner confort et esthétique ? Le confort est une variable très subjective. La clé reste de dessiner sur mesure la majeure partie de nos aménagements. Pour être tout à fait honnêtes,


nous avons tendance à privilégier l’esthétisme de nos lignes, que nous rendons par la suite confortables en fonction des critères de nos clients, de l’histoire et de la destination du projet. Nous nous attachons, certainement influencées une fois de plus par notre environnement, à conserver la beauté brute et authentique des matériaux. Confrontées aux éléments naturels tels que la mer ou le soleil, il nous devient nécessaire d’apporter du confort, mais toujours de manière épurée. Comment créer du bien-être dans un intérieur ? Créer du bien-être, c’est avant tout

s’adapter aux habitudes et besoins de nos clients. Des espaces bien délimités, un éclairage et une acoustique travaillés, l’équilibre des matériaux, la luminosité, les formes... sont autant d’éléments qui contribuent à rendre le lieu agréable. Nous mettons en pratique les fondements du Feng shui, une méthode ancestrale chinoise qui a pour but d’agencer un intérieur sur base de la circulation fluide des énergies. Par exemple, il ne faut jamais mettre un miroir face à une porte d’entrée, sans quoi les énergies positives contenues dans la maison prennent illico la porte de sortie. Rien ne doit être laissé au hasard !

“Nous mettons en pratique les fondements du Feng shui pour agencer un intérieur sur base de la circulation des énergies.”

Quel type de projets préférezvous travailler et pourquoi ? De manière générale, nous avons une préférence pour les projets professionnels qui ont vocation à être ouverts au public. Ce sont des lieux de vie et de passage où la créativité est illimitée et guidée par la volonté de faire vivre aux visiteurs une expérience unique. Comment tirer son épingle du jeu, garder son indépendance, au milieu des grands groupes d’architecture ? Sans essayer de concurrencer qui que ce soit ! Nous avons notre propre personnalité et ne pourrions nous comparer à de grands groupes d’architecture. Ce n’est ni notre métier, ni notre ambition ! Nous aurions plutôt tendance à collaborer avec eux dans le cadre de projets de grande ampleur par exemple. Le choix de nos chantiers, majoritairement orientés vers le privé, nous laisse la liberté d’exercer notre métier comme on l’entend et à notre échelle. Les projets que nous réalisons sont à notre image et restent notre meilleure vitrine, raison pour laquelle nous sommes sollicitées. Et en plus on est super sympas ! (Rires) Quels sont vos futurs projets ? En dehors des projets de rénovations à venir, nous diversifions notre activité à la recherche de nouveaux challenges. En collaborant avec certains fournisseurs et artisans, nous travaillons actuellement sur la création d’un nuancier de couleurs et d’une ligne de revêtements signés Architectrices. Un autre moyen pour nous d’aller encore plus loin dans la créativité et de nous approprier nos projets. Un sacré programme!

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C A RNET D ’ A D R E S S E S

Food

Rhinocéros 33 rue Sainte 13001 Marseille Les Sushis du Panier 4 Rue des Phocéens 13002 Marseille Phuket Street Food 3 Cr Julien 13006 Marseille 4 Pl. Léonard Dalmas 13014 Marseille 191 Av. de la Capelette 13010 Marseille Chez Bière Academy 22 Rue Beauvau 13001 Marseille biereacademy.com Chez Cane Bière, 32 Bd Philippon 13004 Marseille la-cane-biere.fr Victor Bière 20 rue d’Endoume 13007 Marseille victor-biere.com Fietje 36 Rue 3 Frères Barthélémy 13006 Marseille Brasserie de la Plaine 49 Rue 3 Frères Barthélémy 13006 Marseille Zoumaï 7 Cr Gouffé 13006 Marseille Keg & Can 314 Bd du Redon 13009 Marseille

Bière la Bazarette 121 Rue Breteuil 13006 Marseille Royal Beer Pub 105 Rue Roger Brun, 13005 Marseille Beer District Marseille 4 Rue de la République 13001 Marseille Bière la Bazarette 121 Rue Breteuil 13006 Marseille Boissons Soiffe 65 Bd Longchamp 13002 Marseille

Mes cosmétos maison Aromazone 74-76 rue Saint-Ferréol 13006 Marseille aroma-zone.com Tel un maître savonnier Savonnerie Fer à Cheval 66, chemin de Sainte-Marthe 13014 Marseille savon-de-marseille.com Un maître ébéniste… 3 Bd Adrien Rousseau 13011 Marseille figuresdebois.fr

La Voie Maltée 7 Rue Crudère 13006 Marseille

Christophe Ebenisterie Figures de Bois 06 21 00 26 93 figuresdebois@gmail.com figuresdebois@sfr.fr

Corner 7 Rue de la Paix Marcel Paul 13001 Marseille

Ma tarte au citron wecandoo.fr

3 Brasseurs Marseille 2 Mnt Commandant de Robien 13011 Marseille O’Malley’s 9 Quai de Rive Neuve 13001 Marseille La Cité de l’Agriculture 6, square Stalingrad 13001 Marseille 04 28 70 97 70 cite-agri.fr

Top 10

Des baskets uniques 4 Rue Montgrand, 13006 Marseille ladlb-weekly.fr

La créationist 14 boulevard André Aune 13006 Marseille lacreationist.com lacreationist.com/ ateliers-maroquineriediy-marseille 06 74 87 51 38 Ma pression sans pression 22 rue Beauvau 13001 Marseille biereacademy.com Bière Academy Celia 07 67 74 36 59 events@ biereacademy.com Ma Mozzarella à moi 86, rue Sainte 13007 Marseille lalaiteriemarseillaise.fr

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lalaiteriemarseillaise @gmail.com Audrey 06 88 80 44 65 Ma Poterie chez Amo 25 bd Vauban 13006 Marseille amopoterie.com « Self Made Mode » chez Inari 5 rue du petit Chantier 13007 Marseille inari.fr

Bien-être

La corvette 28 Place aux Huiles 13001 Marseille Salon Fabrice Mongiliardi 2, Bd André Aune 13006 Marseille

Mode

Pataugas 60, rue paradis 13006 Marseille Be Valentina 35, rue Montgrand 13006 Marseille Atelier Materia 5-17, rue du chevalier Roze 13002 Marseille Villa Cœur 39 rue de Lodi 13006 Marseille


Texte Nadège Laurens-Paget Photos Archik

Une visite inspirante Diplomée en droit de l’urbanisme et de l’immobilier, Caroline Cacciatore occupe depuis des années un poste de chargée d’opération habitat et renouvellement urbain à la Métropole Aix-Marseille-Provence. Dotée d’un sens pratique et esthétique indéniable, cette Marseillaise au dynamisme contagieux se lance à mi-temps dans sa passion : la décoration d’intérieur. Des idées, des tendances, du style... Soyez les bienvenus !

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Caroline évolue dans ce 5 pièces haussmannien chic et intemporel aux côtés de son mari et de leurs 2 garçons

C’

est en 2018 que tout a commencé. Un grand appartement de 240m2 entièrement à rénover en plein cœur de Marseille, entre la Préfecture et Vauban, au pied de Notre-Dame-dela-Garde, lui donne envie de se lancer dans le métier de designer d’intérieur. Avec l’idée d’aider ceux qui ont des projets de rénovation et de créer des lieux où l’on se sent bien et chez soi. « Je souhaitais m’installer dans un quartier central de Marseille où tout est à proximité : les commerces, mon lieu de travail, les bars et restaurants, et surtout nos amis, qui ont une place importante dans notre vie. » Depuis, Caroline évolue joyeusement dans ce 5 pièces haussmannien chic et chaleureux, aéré et lumineux, aux côtés de Kad, son mari, et de leurs deux

garçons, Paul et Oscar. L’ambiance y est sereine, la décoration sobre et fonctionnelle. Le charme de l’ancien bonifié par toutes les nouvelles fonctionnalités d’aujourd’hui. « Nous sommes toujours ravis de rentrer chez nous et de retrouver notre intérieur. »

Se projeter pour réagencer L’appartement haussmannien, situé dans un immeuble du tout début du XXe siècle, se trouve dans le 6ème arrondissement. Il possède des volumes incroyables et un jardin. En plein centre-ville, autant le dire, c’est un rêve ! « Nous avons immédiatement eu le coup de cœur. Lorsque nous l’avons acheté, il était totalement dans son jus, vieillot à souhait. La tâche allait être de taille, mais nous ne sommes pas de nature à nous décourager, ni à baisser

Dans le salon Canapés, tables basses et bout de canapé Etnicraftethnicraft.fr 189 All. Gabriel Lippmann, 13130 Berre-l’Étang mais plus de 200 revendeurs aussi à Marseille. Coussins Haomy haomy.fr disponible à l’Atelier 159 au 135 Rue Breteuil, 6ème Appliques et suspension Honoré Déco honoredeco.com 121 Rue Sainte, 7ème Menuiseries extérieures Technal, technal.fr 12 Bd Frédéric Sauvage, 14ème Parquet chevron en chêne massif (centre bois massif Aix-en-Provence, bois d’origine France)

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les bras. Alors on a relevé le challenge.» La famille emménage dans ce lieu, où les enfants ont immédiatement eu l’impression « d’ être en vacances », en 2019. Les travaux durent plus d’un an. Grâce à sa faculté à se projeter, Caroline a repensé la disposition et l’agencement

de chaque pièce et créé de nouveaux espaces de vie : un coin nuit pour les enfants, une suite parentale, et surtout une grande cuisine dans laquelle ils passent beaucoup de temps pour honorer les repas, les devoirs des enfants, le télétravail, les soirées entre copains…

Dans le cuisine Marbre de carrare de chez Mattout Carrelage mattoutcarrelage.fr et av. des Caniers, 13400 Aubagne Cuisine Nolte achetée chez Paul Rigaud, 64 Bd Téllène, 7ème

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« L’enjeu, pour nous, était surtout de conserver tout le charme de l’ancien : les moulures, les angelots en médaillons dans le séjour, les cheminées, les doubles portes vitrées, les grands espaces de circulation, etc.. » Du sol au plafond, pari réussi pour une rénovation de toute beauté. Le tout grâce à l’usage de matériaux naturels et durables, intemporels, nobles et d’époque, tels que le parquet en chevrons posé dans l’ensemble de la maison, ou le damier en marbre dans la cuisine. Ce qui passionne spécifiquement notre hôte est l’agencement et la réorganisation des espaces, la création des rangements pour rendre les lieux fonctionnels et pratiques. Une fois cette étape réalisée, elle s’attache à créer une ambiance chaleureuse et apaisante qui prend en compte l’histoire du bâti, met en valeur ses atouts, en cachant parfois ses défauts. « Dans chacun de mes projets, j’attache beaucoup d’importance à prévoir un aménagement sur mesure et/ ou intégré avec des éléments bâtis et un

Applique Atelier Poupe atelierpoupe.com

au 19 rue Venture et

Suspensions Labo labo-lifestore.fr 5 Pl. de la Corderie Henry Bergasse, 6ème

Table Ethnicraft

Etagères String Fourniture stringfurniture.com Good Design Store

Berre-l’Étang

SAS TRES au 6 rue des amoureux, 6ème

ethnicraft.fr 189 All. Gabriel Lippmann, 13130 et dans plus de 200 boutiques à Marseille


Dans la chambre Edredon et coussins lin Haomy. haomy.fr. L’Atelier 159 au 135 Rue Breteuil, 6ème Appliques noire porcelaine Zangra. zangra.com Miroir Charlotte Juillard pour Archik. archik.fr 50 Rue Edmond Rostand, 6ème Suspension Ay Illuminate chez Nedgis. nedgis.com Boite Margaux Keller pour Monoprix margauxkeller.com et monoprix.fr

Coin lavabo Papier peint Maison Seriès. maisonseries.fr 108 rue Breteuil, 6ème Lavabo rétro sur pied et robinet Hudson Reed hudsonreed.com Miroir laiton Made.com Applique Zangra Atelier 159 au 135 Rue Breteuil, 6ème Savon Aesop chez Jogging. joggingjogging.com 103 Rue Paradis, 6ème

maximum de rangement. Ça apporte de la fonctionnalité et permet de miser sur un minimum de mobilier pour compléter la décoration.»

La décoration comme vocation Un projet doit se concevoir dès le départ dans son ensemble pour obtenir l’ambiance imaginée. Dans l’approche de Caroline la lumière est une des composantes majeures d’un projet réussi : « Dans tout projet de rénovation ou de construction, il est primordial d’apporter une attention particulière à l’éclairage des lieux, au choix des luminaires et à la luminosité qu’ils diffusent pour créer des ambiances personnalisées dans chaque espace de vie.» De beaux luminaires permettent d’apporter une touche délicate et chic et créent une ambiance et une identité forte pour chaque pièce. C’est d’ailleurs souvent ce qui coûte le plus cher. Il faudrait donc systématiquement les budgétiser dès la conception du projet. «C’est l’erreur que nous avons faite et le conseil que je donnerai à chacun de mes clients.» Sensible aux jolis lieux, aux ambiances, et au patrimoine ancien, Caroline adore se projeter dans des espaces à rénover, réfléchir à l’agencement des pièces, à la fonctionnalité des espaces. La décoration vient pour elle compléter un projet de travaux, rendre un endroit chaleureux et accueillant. 1 26

conférer une âme au lieu afin que l’on s’y sente bien. Mais aussi ressembler à ses occupants et répondre à leurs besoins. Enfin, il faut savoir que dans sa réflexion globale d’un projet, Caroline tient à un approvisionnement dans un périmètre géographie reststreint, « Pour la décoration, nous achetons de préférence dans les commerces de proximité, chez des créateurs et artisans marseillais ou des alentours, pour favoriser l’économie locale et les circuits courts. Mes créateurs made in Marseille préférés sont Enamoura, Monochromic, Theline, ou encore Greg and Co, Atelier Melt et Atelier Poupe ».


× “Le monde est un livre, et ceux qui ne voyagent pas n’en lisent qu’une page.” Saint Augustin, philosophe et théologien romain (13 novembre 354-28 août 430)

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Parés pour une traversée transatlantique ? La ligne MarseilleMontréal a repris du service pour le plus grand bonheur des globetrotteurs ! Direction le Canada via un vol direct sur Air Transat : 7 heures pour une escapade inoubliable. « Cerise sur le sundae » (on commence à apprendre les meilleures expressions québécoises) : plusieurs vols hebdomadaires sont désormais ouverts !

Sous le charme de Montréal Texte Marine Conti Photos Voir mentions

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M

NOS BONS PLANS :

© Marine Conti

ontreal, c’est un dépaysement total, tout en restant un peu chez nous ! La capitale canadienne est un parfait mélange entre charme à l’européenne et postmodernité américaine. On y va pour ses immenses gratte-ciels qui côtoient les bâtiments historiques et lui donnent un petit air Gotham City. Pour son mythique fleuve Saint-Laurent, où l’on fait des croisières en voilier. Ou encore pour l’incroyable rue des banques 1900, son quartier latin, son marché Les bagels de la boulangerie St-Viateur

Jean Talon et ses spécialités locales (haaa le sirop d’érable !), son parcours de street art avec ses imposantes fresques murales. Sans oublier ses restaurants gastronomiques, ses innombrables cafés ou encore le fameux Mont Royal qui domine la ville, où l’on prend un bol d’air avec les ratons laveurs. Sans parler de la gentillesse légendaire de ses habitants, ni les fantastiques expressions québécoises, comme les innombrables festivals et évènements culturels qui animent la ville, où l’on se rend grâce au métro grandiose (pas de problème pour respirer ici !) qui dessert toute la cité. Vous aurez forcément envie d’y poser vos valises. Pour une semaine ou pour une vie.

• Montreal, c’est 645 kilomètres de piste. On vous conseille Vélo Quebéc pour un tour guidé hors des sentiers battus, à travers les innombrables ruelles vertes, le Mile-End artistique ou encore la Petite Italie. Demandez Martin, insatiable en anecdotes ! Pause inévitable à la boulangerie St-Viateur pour déguster les meilleurs bagels du canada ! velo.qc.ca • Un spa amarré sur le fleuve St-Laurent : le Bota Bota. Un ancien cargo avec une vue dingue pour se ressourcer et se recentrer. On teste les différents bains à tous les étages et la terrasse avec piscine à remous. La règle d’or : on ne parle pas ! botabota.ca • Le schwartz’s : une charcuterie hébraïque fondée en 1928 et qui est restée dans son jus. On y va pour déguster la meilleure viande fumée de la ville et pour faire un saut dans le temps. 3895 Boulevard Saint-Laurent

© EQRoy

© Evan De Sousa

• Le Monarque : splendide restaurant au cœur du vieux Montréal, on aime les lieux et la cuisine gourmande et inspirée ! restaurantmonarque.ca

L’hôtel Bonaventure

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• L’hôtel Bonaventure, un classique dans la capitale, célèbre pour sa piscine chauffée toute l’année et ses jardins luxuriants au 10ème étage ! hotelbonaventure.com


LE MA RSEI LLE D E …

Alexandre Mazzia

Le chef en vogue à qui tout sourit, c’est Alexandre Mazzia. Triplement étoilé au Michelin, il revient cette saison avec un restaurant flambant neuf et des projets plein les mains !

C’

SES ADRESSES Pour dîner C’est chez moi le love to love ! AM by Alexandre Mazzia. Sinon je vais sur la colline de Montredon. Un piquenique chic et simple avec ma femme : des petits fromages, un bon pain, des abricots ou des pêches et un bon vin. AM 9 rue François Rocca, 8ème

© Matthieu Cellard

est l’histoire d’un petit bonhomme aux cheveux roux. Un « Petit Prince » des plages de Pointe Noire, au Congo, où il a passé son enfance. Alexandre joue dans le sable, voit les pêcheurs revenir au port et les femmes du village cuisiner au feu de bois. Un héritage qu’il n’oubliera pas, tout comme ses vacances à l’Île de Ré, son expérience en Espagne, et son arrivée à Marseille au Corbusier. En 2014, il s’installe dans un local encore confidentiel de la rue Rocca. Par amour, il dit oui à Marseille et non à New York. Alexandre est connecté à sa ville et aux réalités. Une qualité acquise sur les terrains de basket haut niveau qu’il a pratiqué. Comme la vie en équipe, la solidarité, la rivalité, le goût de l’effort et du dépassement. Des valeurs humaines que l’on retrouve dans la cuisine d’un capitaine inspirant : « J’admire les chef.fe.s qui arrivent à se poser devant leur carte en regardant le soleil. Ceux qui la préparent un an à l’avance. Moi, j’en suis incapable. Je ne suis pas scolaire. J’ai du mal à expliquer ma cuisine, il faut la déguster, la vivre. Je ne passe jamais de commande sur un tableau Excel. Je prends le meilleur de ce que mes artisans pêcheurs et petits maraîchers me livrent pour mes menus voyage». Assurément la recette du succès pour cet esthète intuitif . Preuve supplémentaire en est,

le succès de son food-truck « Michel » (du prénom de son grand père), imaginé avant la pandémie pour rendre sa cuisine accessible. « J’aime la tradition des camions à pizza marseillais. J’ai aussi des souvenirs de New York City, ces hot dogs que l’on achète à chaque coin de rue, ou ce camion en bas de la 5éme qui vous sert une pita étrange. J’ai des clients qui viennent au food-truck en transit express depuis l’aéroport. C’est génial ! » Marseille, le bon choix pour Alexandre Mazzia qui vient d’entrer dans The World 50’s Best restaurants et dont les talents culinaires sont convoités pour les athlètes des JO de Paris 2024. AM ou une belle histoire d’«AM-our » avec Marseille. TDLF 130

Pour déjeuner Chez Paul aux Goudes pour découvrir l’univers de Thierry et David. Ils respirent la joie de vivre. Un poisson et une soupe de poissons terribles. 35 rue Désiré Pelaprat, 8ème Pour prendre l’apéro Sur la colline de Goudes entre la baie des Singes et Marseilleveyre. Sinon au Bar des Goudes. Apéro tranquille à 18h avec les anciens et un bon Casanis. Grand Bar des Goudes 28 rue Désiré Pelaprat, 8ème À connaître Studio 19. Les luminaires de Tarek Hakim pour ses collections de vases Murano. 3 rue Edmond Rostand, 6ème


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Vivre_Paris_2206-631-5-210x280_COCO_MADEMOISELLE_France.INDD 1

16/08/2022 17:16


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