Vivre le Bassin 7

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AUTOMNE 2022 NUMÉRO 7 —

LE MAGAZINE DES GENS DU BASSIN —

VIVRE LE BASSIN Le magazine des gens du Bassin — Trimestriel — Septembre / Octobre / Novembre 2022

ENQUÊTE

INCENDIES, quel avenir

Nouvelle formule

pour la forêt testerine ?

Babache, les foulards made in Bassin GUJAN-MESTRAS

Jeanne,

la voix envoûtante du Bassin ARÈS

BIGANOS

ARCACHON

Les secrets de l’île Malprat !

L’incroyable histoire du théâtre Le Zèbre L 11962 - 7 - F: 5,00 € - RD



ÉDI TO

Vivre le Bassin 501, avenue Gustave Eiffel 33260 LA TESTE-DE-BUCH Directeur de la publication Rédacteur en chef Yann Crabé infos@vivrelebassin.fr Administration et finance Marjorie Batikian marjorie@vivrelebassin.fr Direction artistique & Design graphique Grand National Studio hello@grandnationalstudio.com RÉDACTION Journalistes & photographes Pascal Bataille, Patrice Bouscarrut, Philippe Guillaume, Armelle Hervieu, Ineh, Jean-Christophe Lauchas, Sabine Luong, Mélanny Rodrigues, Brigitte Vergès Secrétaire de rédaction Isabelle Calmets ABONNEMENTS Vivre le Bassin www.editionsvivre.fr marjorie@editionsvivre.fr VIVRE LE BASSIN est édité par Capitale Publishing SARL de presse au capital de 5 000 € Siège social 55, boulevard Pereire 75017 PARIS RCS Nanterre 517 815 908 Gérant : Yann Crabé PUBLICITÉ & PARTENARIATS Karyn Juge : 06 74 35 94 41 karyn@vivrelebassin.fr Distribution France MLP Numéro commission paritaire CPPAP : 0324 K 94831 ISSN : 2781-8357 IMPRIMERIE ROTIMPRES Girona, Espagne

Tout avait pourtant bien commencé

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ardi 12 juillet… Chaque année avec mon fils, nous faisons notre petite sortie estivale en mode « aventuriers ». Le programme est toujours le même. C’est notre moment à nous, une façon de Vivre le Bassin. 6 h du mat, direction la dune du Pilat pour assister au lever du soleil de son sommet. Magique ! Ensuite, direction l’océan, à la Salie-Sud ; on traverse la belle forêt, on emprunte ce petit chemin qui mène à la plage. Les cigales ont déjà commencé leur concert… Sac à dos avec le petit déj à l’intérieur, on se pose ensuite sur le sable. On admire, on écoute l’océan qui se déchaîne… Ce bruit des vagues est le meilleur son que je connaisse. Personne ; la plage semble nous appartenir, l’espace de quelques minutes. Là aussi, c’est magique. 11 h, nous rentrons, heureux de ces moments partagés dans cette nature que nous aimons tant, puis cette terrible nouvelle qui tombe l’aprèsmidi. Ce fichu feu, et le cauchemar qui allait commencer et durer de longues semaines. Que dire aujourd’hui ? D’abord un grand MERCI à nos sapeurspompiers (professionnels et bénévoles) qui se sont battus sans relâche pour vaincre cet incendie, aux équipes de l’ONF (Office national des forêts), aux forces de l’ordre, à tous ceux qui se sont mobilisés pour être utiles. De cette catastrophe et de ces jours pénibles, nous avons mesuré l’incroyable solidarité de toute une population : les habitants du Bassin, tous les élus unis, les collectivités publiques, les touristes, les bénévoles qui ont permis aux pompiers de travailler

dans de meilleures conditions, les commerces et entreprises qui ont fait des dons, entre autres. C’est admirable ! Il faudra du temps pour reconstruire, replanter, retrouver une vie « comme avant », et là encore, nous devons rester solidaires, patients, combattants, utiles et surtout optimistes en s’éloignant des polémiques stériles et non constructives. Le bassin d’Arcachon et le Val de l’Eyre se relèveront ; ceux qui le font vivre se relèveront aussi ! Ces hommes et ces femmes qui animent notre belle région et font honneur à notre territoire sont toujours et encore mis en avant dans cette nouvelle édition. Ils le méritent vraiment, ils ont tant à dire, à montrer et à partager ; c’est eux, avec charisme et originalité, qui font Vivre le Bassin. Ils se prénomment Jeanne, Clémentine, Myriam, Aurélie, Anaïs, Frédérique, Béatrice, Laurent, Claude… et ils vont vous surprendre. Bonne lecture et profitez de cette jolie période de l’année qu’est l’été indien !

Jean-Christophe Lauchas

Photo de couverture Patrice Bouscarrut

La reproduction, même partielle, des textes, photos et illustrations est interdite sans l’autorisation de CAPITALE PUBLISHING. Le contenu des textes n’engage que la responsabilité de leurs auteurs respectifs.

facebook.com/ vivrelebassin Le papier de ce magazine est issu de forêts gérées durablement et de sources contrôlées. pefc-france.org

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EDITIONSVIVRE.FR




SOMMA I RE

© Sabine Luong

© Frédélian

© Patrice Bouscarrut

V I V RE L E BASSI N AU TO MNE 2022

Culture —

Food —

Patrick Filipe, l’infirmier devenu romancier p. 14

Une nouvelle âme à Frédélian p. 26

Aurélie Aïdam et les danses angolaises p. 12

Au café-théâtre Le Zèbre, le rire est assuré p. 16 Jeanne Wintherlig, le son folk en bandoulière p. 20

Reportage —

De mère en fille, Lou Peech innove p. 24

L’île de Malprat livre ses secrets p. 42

Portfolio —

Frédérique Caignard s’occupe de tout p. 30

Ocirimal, l’œil au creux de la vague p. 50

Mer —

Enquête —

La sentinelle des cétacés p. 34

La forêt usagère peut-elle renaître de ses cendres p. 58

Un chantier qui fait honneur au patrimoine maritime p. 36

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SOMMA I RE

Mode Déco —

Les bougies de Clémentine Aurières p. 74 Myriam et ses élégants foulards sur mesure p. 75 L’aménagement sur mesure de Quadro p. 76 L’univers « perché Spirit » de Tchanquéeman p. 78 Béatrice redonne vie à du bois de palette p. 82

© Mélanny Rodrigues

© Arnaud Cormontagne

© Jean-Christophe Lauchas

V I V RE L E BASSI N AU TO MNE 2022

Green —

Moisson de médailles pour l’aviron d’Arcachon p. 100

Anaïs reine du tri p. 86

Enfants —

Mobilité p. 88

Wapifun Park, le petit poucet des parcs de loisirs p. 104

Monsieur Pivoine dans sa Maison d’ici p. 90

Accompagner la croissance de l’enfant p. 106

Sport —

L’école de l’eau p. 110

Capzen, la perle des instituts p. 94

+ Le billet de Pascal Bataille p. 114

Fl’eau, une canadienne sur la Leyre p. 95 La « famille Europe » n’en finit plus de s’agrandir au CVA p. 96

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Culture ×

“La culture... ce qui a fait de l’homme autre chose qu’un accident de l’univers…” André Malraux, écrivain, aventurier, homme politique et intellectuel français (3 novembre 1901-23 novembre 1976)

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Contact Instagram et FB : Aurélie Aïdam Renseignements au 06 95 14 24 28 gingabassin@gmail.com

© Sabine Luong

Cours tous les lundis à partir de 19h30 au Club : 153 route des Grands Lacs à Gujan-Mestras

Aurélie Aïdam, les danses angolaises, c’est ce qu’elle aime GINGA À GUJAN. Aurélie Aïdam a tant la danse dans la peau qu’elle en a fait son métier. D’origine togolaise, elle est tombée amoureuse de la semba et de la kizomba qui lui rappellent la culture de son pays et les moments festifs dans les villages. Danseuse, chorégraphe et professeur depuis 2016, elle a fait ses marques à Montpellier et dans les nombreux festivals européens spécialisés, auxquels elle participe en tant que professeur de danse, ou lors de prestations artistiques en tant que guest. Installée sur le Bassin depuis 2020, c’est au Club à Gujan-Mestras qu’elle transmet sa passion, initiant les couples à la semba et la kizomba. Les femmes seules, elles, pratiquent la ginga, une danse qui prône l’expression corporelle féminine en des pas de danse en toute grâce. Pour faire découvrir plus largement ces danses ensoleillées, elle compte bien organiser des rendezvous mensuels appelés « les sociales », événement ouvert à tous un dimanche après-midi, où l’on vient comme l’on est, pour danser, parler, manger, boire, se rencontrer en toute convivialité comme cela se fait au Togo. Il y aura aussi des soirées plus apprêtées et des journées de stage d’initiation avec des professeurs émérites. « J’ai une préférence pour les cours de ginga car ma démarche est de faire plaisir aux femmes, et de leur permettre de libérer leur corps en dansant, faire en sorte qu’elles se sentent bien et féminines. » SL 012



© Sabine Luong

Patrick Filipe, l’infirmier devenu romancier

Contact 06 62 89 53 92 f.patrick29@gmail.com Instagram : patrick_filipe_33 Facebook : Patrick Filipe

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D’UN ROMAN À L’AUTRE. Infirmier jusqu’en 2019, Patrick Filipe a été bien inspiré lorsqu’il se décida à se mettre à son compte en tant que psycho-praticien juste avant la crise sanitaire. Le confinement de 2020 n’a pas été vain, puisque de là est né un roman : Et si c’était ça, mon bonheur ! Il y aborde l’univers infirmier dans une histoire qui se déroule en 2019, en amont de l’actualité qui a mis sous les feux des projecteurs le travail des soignants. « Ce devait être le moment. J’ai eu envie de parler de cette profession d’avant la crise, comme un besoin viscéral. J’ai d’ailleurs écrit ce récit sans penser que ce serait un roman. Il est sorti tout seul en trois mois. » Cet ouvrage, publié en 2021 grâce au concours de l’association gujanaise A4PM qui aide à la publication de livres auto-édités, a désormais un petit frère depuis le 21 juin 2022. Ce second livre, Maintenant, je décide de vivre !, est un roman initiatique qui relate l’histoire d’un homme qui a perdu ses repères après avoir croisé le chemin d’une perverse narcissique. On ne l’arrête plus. Le troisième livre est en cours. « Je vais sortir de ma zone de confort et plutôt l’agrandir en abordant d’autres thèmes. J’aime amener les gens à se poser des questions. » Ainsi, la perception de l’autre, les faux-semblants et les a priori auront leur place. Patrick Filipe, très attaché aux approches philosophiques du bien-être, a déjà une signature connue puisqu’il a rédigé des articles dans le magazine Bon Sens Mag qui devrait à nouveau paraître. Ses ouvrages peuvent être achetés auprès de l’auteur et lors de séances de dédicaces. SL


Organisation sur mesure de vos mariages, séminaires, cocktails, buffets, petits déjeuners...


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Texte & Photos Sabine Luong (sauf mentions)

Au caféthéâtre le Zèbre, le rire est assuré ! Ouvert depuis onze ans à Arcachon, le café-théâtre le Zèbre continue de faire rire à gorge déployée le public amoureux de pièces de boulevard. À sa tête, Claude et Valérie Labat reviennent sur l’incroyable aventure d’un des rares petits théâtres privés de France. 017


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boucher que le local Vival vend son fonds de commerce. Parfait ! Juste à côté de chez eux, non loin de l’église Saint-Ferdinand. Ni une ni deux, ils rencontrent les gérants et sans se poser davantage de questions, achètent dès le lendemain. Les plans en tête, beaucoup de paperasse et de nombreux travaux à faire pour recevoir du public, quelques bâtons dans les roues plus tard, et après avoir rempli les conditions pour être entrepreneur, producteur et diffuseur de spectacles auprès de la Drac (Direction régionale des affaires culturelles), le Zèbre ouvre enfin ses portes en décembre 2011, sans aucune subvention. Il ne manquait plus qu’à trouver des pièces de boulevard et des comédiens pour faire vivre la salle.

Intermittents du spectacle et droits d’auteur « Les pièces de boulevard c’est un choix, confie Claude. On veut faire rire et pour ça je me suis appuyé sur des comédiens amateurs de la troupe Don qui choque et du club de théâtre de l’ATGM de Gujan-Mestras. Ainsi, ils ont pu obtenir en jouant au Zèbre leur premier cachet d’intermittents

© JJ Lafosse

“Nous sommes très proches des comédiens, on peut dire que le Zèbre est une affaire de famille”

l y a des histoires que l’on aime conter, parce qu’elles donnent du baume au cœur, encouragent et prouvent que les rêves, parfois, deviennent réalité. Souvent, ils restent en sommeil des années, comme cela a été le cas pour Claude Labat, passionné de théâtre et de comédie. Déjà tout petit, ce monde le fascinait. À 18 ans, il voulait même monter à Paris pour devenir comédien, vite calmé par l’autorité parentale. Il sera commerçant et tiendra une charcuterie, une épicerie fine, la première sous l’enseigne Fauchon à Arcachon, pendant que sa femme Valérie tiendra le magasin de vêtement Actuelle. En 2010, ils décident de vendre leurs affaires respectives afin de réfléchir à la suite. Cependant, durant ses loisirs, Claude Labat assouvit sa passion en jouant la comédie dans la troupe amateur des Don qui choque montée par Francine Hassoun et le désormais célèbre comédien de théâtre Franck Desmedt. Très rapidement, Claude reprend les rênes de la troupe, avec l’envie grandissante de créer le premier théâtre privé d’Arcachon. C’est alors que Valérie apprend chez son

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PROGRAMME 2022 Septembre : Je la sens bien cette histoire Octobre : Les glandeurs Natureélevés en plein air Vendredi 13 Novembre : Les voleur de culottes Décembre : Parents à charge Claude et Valérie Labat

Déjà 100 pièces ! Pour Noël 2021, ils ont produit leur 100e pièce, en tournant avec une douzaine de comédiens réguliers. Ce qui n’est pas rien, surtout après une fermeture de 14 mois et demi due à la crise sanitaire. « Je dois avouer que sans Valérie, rien n’aurait été possible, surtout qu’elle n’était pas passionnée de théâtre comme moi. Nous avons chacun notre rôle dans cette affaire. Moi je fais ce qui se

© JJ Lafosse

du spectacle. Les auteurs de pièces sont également payés en droits d’auteur. C’est ce que nous voulions, professionnaliser tous ceux qui jusqu’à présent jouaient sans toucher un centime. » S’est alors posé le souci de trouver des pièces à jouer. Claude et Valérie se rendent alors au festival d’Avignon pour trouver du sang neuf. Et le fait de payer les droits d’auteur leur a ouvert bien des portes. Si bien qu’aujourd’hui, les pièces leur sont envoyées avec une confiance aveugle. « Et ça, c’est inespéré ! Certains comédiens, Claude ainsi que son fils Valentin, se mettent également à l’écriture. D’ailleurs, la pièce Parents à charge qui sera jouée en décembre sera la quinzième pièce écrite par Claude, cette fois-ci en collaboration avec son fils. Il ne reste plus qu’à les monter et là encore, Claude endosse le costume de metteur en scène. Chaque année, c’est désormais une dizaine de pièces qui reste à l’affiche un mois ainsi que quelques soirées jazz avec le musicien Jérôme Gatius.

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zebrearcachon.fr Réservations au 06 85 96 59 87

voit dans la lumière et elle, elle fait tout le reste dans l’ombre, c’est-à-dire beaucoup. Nous sommes très proches des comédiens, et Valentin nous ayant rejoints, on peut dire que le Zèbre est une affaire de famille. » Depuis, ils ont acheté les murs et sont complètement chez eux. Il est vrai que cette pandémie a un peu cassé le rythme, mais tout est fait pour redonner de l’entrain à ce lieu qui amène tant de plaisir au public.


Fille du Bassin, Jeanne Wintherlig est prête à conquérir le monde avec sa guitare. Un univers musical tout en finesse.

Jeanne Wintherlig, le son folk en bandoulière Texte & Photos Patrice Bouscarrut

“J’écris souvent quand je suis un peu perdue. Je parle de la vie, de l’amour, des amis, de la famille…”

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n son de guitare folk, une voix envoûtante, douce mais puissante. Une chevelure blonde, des yeux bleu clair, un corps longiligne, toujours le sourire. Jeanne Wintherlig, 25 ans, arésienne, a tout pour conquérir le monde. Et en ce moment ça s’accélère pour sa carrière musicale. Une première partie lors du concert de Gaëtan Roussel (Louise Attaque) à l’Olympia au printemps dernier, un EP de six chansons, et une quinzaine de morceaux prêts pour sortir un album. Cet été, on a pu découvrir son univers musical lors de sa trentaine de prestations sur le Bassin. Sur YouTube, les réseaux sociaux ou les plateformes de streaming, son morceau phare, Step One, donne toute l’étendue du talent de cette auteure-compositrice-interprète.

Humour et sobriété « J’écris souvent quand je suis un peu perdue, confie Jeanne. Je parle de la vie, de l’amour, des amis, de 020

la famille… » Un des meilleurs exemples de ses textes sensibles est Rassure-toi, une chanson spécial confinement, qui a dû détendre bien des auditeurs coincés dans leur appart. Et si vous voulez pleurer un peu, tentez juste Maman, petite chanson d’anniversaire. Autre domaine dans lequel Jeanne Wintherlig a tout d’une grande, les clips vidéo de ses chansons. Elle s’y met en scène avec humour, sobriété et un professionnalisme rare. Logique : « J’ai participé à la première session des cours Florent à Bordeaux, j’ai toujours aimé faire du théâtre. » Douce comme sa voix, Jeanne a une présence, sans en imposer, naturelle. Côté guitare, « j’en joue depuis que je suis enfant, j’ai appris quelques accords de base à l’atelier de musique du collège d’Andernos, sans solfège. Mais aujourd’hui, lire des partitions serait pratique pour moi, quand je suis dans un groupe. » En effet, après quelques concerts, dès ses



“Je veux faire plus de gros concerts, démarcher des salles, porter ça le plus loin possible, que ce soit ma vie”

16 ans, souvent en solo, à la salle du Broustic à Andernos, pour Le Porge pouce le son, les fêtes de la musique, des soirées chez Pépé au port d’Arès… aujourd’hui, Jeanne s’entoure souvent de musiciens, comme Maxime Cohen au djembé et ses potes. Ensemble, ils ont gagné le tremplin musical de la brasserie Mira à La Teste. Jeanne avait voulu lancer sa carrière musicale « juste avant le Covid, ça m’a coupée dans mon élan mais aujourd’hui ça reprend bien ».

Au-delà du Bassin

facebook.com/ jeannewintherlig

Entre la sortie de son EP qui se vend bien, ses morceaux numériques, ses clips, Jeanne commence à être suffisamment visible pour bien décoller. Mais ce qui la passionne le plus, c’est 022

la scène. « J’adore jouer, chanter. J’aime toucher les gens le temps d’une soirée, apporter de la joie. Je préfère d’abord les concerts et ensuite les enregistrements », explique-telle. Et sur scène, elle est comme un poisson dans l’eau. « À l’Olympia d’Arcachon, je croyais que j’allais être stressée mais ça s’est très bien passé, j’ai kiffé. Plus il y a de public, mieux c’est car les gens sont dans le noir, et ça me fait moins peur », confie-t-elle. Jeanne Wintherlig a maintenant tous les atouts en main pour accroître sa notoriété au-delà des frontières du Bassin. D’autant que ses chansons sont parfois en anglais, parfois en français. « Maintenant, je veux faire plus de gros concerts, démarcher des salles, porter ça le plus loin possible, que ce soit ma vie », conclut Jeanne.


Food ×

“L’une des choses les plus agréables dans la vie est la façon dont nous devons régulièrement arrêter ce que nous faisons et consacrer notre attention à manger.” Luciano Pavarotti, ténor italien (12 octobre 1935-6 septembre 2007)

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Texte & Photos Karyn Juge

De mère en fille, Lou Peech innove

Issue d’une longue lignée de pêcheurs et poissonniers, Croisine, la fille de Valérie et Philippe Drobois, est la cinquième génération à travailler dans le métier. Depuis l’arrière-grand-père, tous ont des valeurs qui se retrouvent sur leurs bancs. La passion du métier coule dans leurs veines et cela se ressent immédiatement lorsque l’on va choisir son poisson chez Lou Peech.

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n 1991, Valérie a l’opportunité de prendre la direction d’une poissonnerie. Challenge relevé haut la main, puisqu’elle se forme auprès d’un poissonnier renommé à Andernos pendant six mois et revient armée pour l’ouverture de la poissonnerie Lou Peech. Elle fait aussi ses armes sur le tas et voilà Valérie à la tête d’une entreprise florissante. D’année en année, Lou Peech s’agrandit en faisant de nombreux marchés sur le Bassin (Arès, Gujan-Mestras, Salles, Andernos), des tournées dans le Médoc, et s’exporte jusqu’au marché de Brive-la-Gaillarde. Comme aime à le dire Philippe, passionné par son métier : « Nous montons tous les jours un nouveau spectacle comme un cirque, lorsque nous nous déplaçons avec notre remorque pour proposer des produits extra frais à nos clients. »

“Nous montons tous les jours un nouveau spectacle comme un cirque, lorsque nous nous déplaçons avec notre remorque pour proposer des produits extra frais à nos clients”

La relève assurée Lorsque Croisine annonce à ses parents qu’elle souhaite venir travailler avec eux, ils essaient de la dissuader prétextant la difficulté du métier pour une femme. Mais le caractère bien trempé de la jeune fille l’amènera à sortir major de sa promo en CAP poissonnier écailler traiteur et obtient dans la foulée une des médailles de Meilleur Apprenti de France dans sa catégorie. C’est donc en tant que repreneur de l’entreprise que Croisine intègre la poissonnerie familiale en 2021. Cette jeune cheffe d’entreprise n’en est pas à sa première expérience entrepreneuriale. Lors de son bac pro commerce, elle crée avec son compagnon une petite entreprise de vente de fouta comme pour prouver à ses parents qu’elle est capable. Six mois de travail, six mois de voyage pour continuer de grandir et devenir assez mature pour reprendre les rênes de la société familiale.

L’innovation en ligne de mire Soutenue activement par son compagnon dans cette aventure, Croisine n’entend pas rester les deux pieds dans le même sabot. Travaillant aux cotés de ses parents sur le

marché, elle observe et propose la bonne idée… Lou Peech 2.0 est né !! Le concept est simple : proposer la livraison dans toute la France par une boutique internet, avec le système Chrono-Fresh. Imaginezvous de retour de vacances, après avoir passé commande sur le site, être livré chez vous dès le lendemain. Répondre à ses clients est le leitmotiv qui lui permet de mettre en place le concept du Click&Collect au sein de la poissonnerie. Quoi de mieux que de commander sur le site internet et de venir récupérer le poisson sur le marché, sans attendre une minute ? Les innovations ne s’arrêtent pas là. En effet, au printemps, Philippe, 025

boucher charcutier de formation, apporte une vision différente de la poissonnerie grâce à son expérience acquise dès son plus jeune âge et, après un an de conception, de tests auprès de la clientèle, Lou Peech sort un pâté de poisson façon campagne. Un pâté à base de poisson blanc dont la recette restera secrète. Il ne vous reste plus qu’à les retrouver sur les différents marchés ou commander sur le site pour découvrir cette nouveauté. Poissonnerie Lou Peech & Gérard Zone artisanale Sylvabelle 33470 Le Teich - 05 56 83 15 81 loupeech.fr


Texte Patrice Bouscarrut Photos Le Photographe du dimanche (sauf mentions)

Une nouvelle âme à Frédélian Chef boulanger-pâtissier de renom, Jean-François Feuillette donne un nouvel élan à l’établissement emblématique du Cap-Ferret. Et Frédélian va aujourd’hui combler les gourmands toute l’année.

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e phare, chez Hortense et bien sûr Frédélian, voilà les spots iconiques au Cap-Ferret. Fondée par Alfred et Éliane Michaud, la boulangeriepâtisserie-confiserie en a vu passer des gourmands depuis 1939. Et des peoples aussi, que l’on peut croiser sur la terrasse. Bref, Frédélian est incontournable. Il

est toujours difficile de reprendre une institution, et la pâtisserie Frédélian ne déroge pas à la règle. C’est d’abord Nicolas et Fanny Longein qui ont fait ce pari, en 2005, quand le fils, Jean-François Michaud a voulu prendre sa retraite à 74 ans. Enfin, le couple a passé cet hiver le relais à l’un des plus médiatiques boulangers026

pâtissiers de France, JeanFrançois Feuillette.

En toute humilité Après ses classes chez Pierre Hermé au Georges V, il monte un véritable empire, avec aujourd’hui une cinquantaine de boulangeries en France et la volonté de s’étendre davantage. Il est aussi sous les feux


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© Frédélian


des projecteurs en enchaînant les émissions sur M6. Bref, une star de la boulangerie-pâtisserie qui n’a rien à voir avec le côté familial des fondateurs. « On arrive en toute humilité », tient à préciser le nouveau patron. Il a découvert le coin en passant un été chez des amis. « Ils m’avaient dit, on va te faire découvrir la meilleure gaufre. J’ai attendu 1 h 30 devant Frédélian avant de la déguster. J’ai compris que ça se méritait », sourit-il. Dans son empire boulanger, l’enseigne du Cap-Ferret a tout de suite eu un statut à part. Il n’a d’ailleurs pas apposé son nom sur l’enseigne, Frédélian reste unique. Alors qu’il a l’habitude de traverser la France pour ses nouveaux projets, cet été, Jean-François Feuillette s’est consacré à son bébé du Cap-Ferret, il le chouchoute. D’autant qu’il a fait le choix d’ouvrir Frédélian à l’année. Une véritable révolution quand on connaît l’ambiance plus confidentielle du Cap-Ferret hors saison. « J’ai dû muscler mon offre restauration et snacking », explique le chef. À côté des pâtisseries et

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“J’aimerais qu’on se retrouve ici à n’importe quelle heure, même à l’apéro, juste pour prendre un verre” gaufres, place aujourd’hui à des plats évocateurs : accras de thon, sauce aigre-douce à l’Espelette et citron vert, ou encore, caviar Perlita du Bassin, crème crue, blinis au sarrasin. On y trouve aussi un poulpe grillé à la plancha au piment d’Espelette et chorizo, beurre noir à l’encre de seiche. Jean-François Feuillette met donc le paquet pour séduire et rendre ce spot intemporel incontournable tous les mois de l’année.

Art déco revisité Reste que pour les habitués des lieux depuis des décennies, tout changement peut facilement perturber leur petite madeleine de Proust. Mais il faut bien avouer que l’impermanence des choses existe bien dans ce monde. « Quand je suis arrivé ici, on m’a parlé des Michaud, du dessert le Train du plaisir, mais beaucoup ne l’ont pas dégusté depuis des années, je me suis aperçu qu’ils sont juste restés sur des impressions », remarque le chef. « Les gens ont oublié que c’était aussi un bar. J’aimerais qu’on se retrouve ici à n’importe quelle heure, même à l’apéro, juste pour prendre un verre. » Jean-François Feuillette jongle entre saveurs du passé et modernité. Un savant mélange et un beau challenge. S’il y a bien un domaine où le chef est parti d’une page blanche, c’est bien la déco. C’est l’architecte d’intérieur Laurent Dray qui a eu


© Frédélian

la lourde tâche de tout repenser. « Je voulais qu’un habitant du Cap-Ferret qui rentre se dise que ça a toujours été comme ça », glisse l’architecte. Et c’est vrai que c’est impressionnant de sentir cette ambiance, comme si les lieux n’avaient pas bougé depuis des siècles. Dans un style Art déco revisité, Laurent Dray a retravaillé l’identité visuelle, des bandes vertes, des tons de terra cota, une coquille Saint-Jacques reprenant les motifs années 30 du bord de mer. Tout y est, jusqu’à la mosaïque au sol. « Nous avons eu une grande émotion, on avait choisi une mosaïque et quand on a creusé le sol, on a retrouvé quasiment la même. Elle avait toujours été là. On était dans l’esprit sans le savoir », sourit Laurent. Frédélian gardera éternellement ce côté à la fois magique et mystérieux.

fredeliancapferret.com 029


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© Karin Legros


Frédérique Caignard s’occupe de tout Recevoir chez soi, sans n’avoir rien à organiser, ni les courses, ni la cuisine, ni la décoration, ni la vaisselle, ni le ménage, voilà le concept que propose Frédérique Caignard, une cheffe à domicile qui réalise une cuisine savoureuse et visuellement gaie. Texte Sabine Luong Photos Voir mentions

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rédérique Caignard a eu plusieurs vies et c’est pourtant vers ses premiers amours que la voilà de retour. À 16 ans, l’aventure l’attire. Ce sera la Floride, la Martinique, l’Espagne, le Portugal, l’Italie, le Venezuela où elle ira assumer le rôle de cheffe dans divers restaurants. « En tant que cheffe français à l’étranger, j’étais sûre de trouver du travail. Ce métier m’a permis de beaucoup voyager, mais aussi d’acquérir de solides connaissances sur les cuisines du monde. »

Le goût du partage Au bout de dix ans, elle se pose seize ans à Madrid pour monter La cuisinerie de Pozuelo, un magasin d’ustensiles de cuisine haut de

gamme qui a fait un carton, tant le concept était novateur. Mais la vie étant ce qu’elle est, elle rentre en France auprès des siens. Il y a six ans, sa rencontre avec Dounia Silem de Do-Eat, cheffe à domicile, formée dans les entreprises Lenôtre, va lui redonner le goût des plaisirs de la table. Victime de son succès, Dounia a besoin de Frédérique qui vient renforcer son équipe lors de doubles prestations. Juste avant la pandémie, Dounia lui propose de la remplacer pour faire les achats culinaires de l’école Montessori à Mios, juste au moment où le chef part vers d’autres horizons. Frédérique saisit l’occasion et le remplace, tout en formant les élèves en cuisine. Pour elle, partager ses connaissances 031

nutritionnelles et ses recettes, c’est vital. Elle accepte les missions de formatrice et cheffe pendant deux ans. Dounia lui annonce alors qu’elle part s’installer dans le Gers et décide de lui envoyer toute sa clientèle du bassin d’Arcachon. Entre-temps, Frédérique a créé Cuisine & Vous et s’est équipée en vaisselle et ustensiles dont des couverts en argent.

“Ce métier m’a permis de beaucoup voyager, mais aussi d’acquérir de solides connaissances sur les cuisines du monde”


Photos © Frédérique Caignard

“Je ne proposerai jamais des tomates en hiver dans mes menus ! C’est un non-sens à la santé” L’art du dressage

Cuisine & vous Mail : bonsensprod@outlook.fr Instagram : _cuisine_vous_ FB : Cuisine & vous Devis personnalisé au 06 46 84 93 52

Dès lors, elle propose plusieurs formules et s’adapte aux demandes en respectant la personnalité de chacun. Ses clients n’ont plus qu’à choisir le menu avec elle, qu’elle cuisine sur place ou chez elle. Du service à table de menus sains, avec dressage de table décorée de fleurs et de végétaux pour 6 personnes minimum, au dépôt du buffet champêtre à partir de 10 personnes, les enterrements de vie de jeune fille, les mariages, les anniversaires et les fêtes prennent une autre dimension, surtout qu’il en reste toujours pour le lendemain. Elle a même l’idée de faire des animations avec des quiz et des 032

ateliers de cuisine tels que plier des samoussas ou faire des desserts. Et question desserts, son fils Antoine qui est chef pâtissier la seconde. Frédérique a plusieurs atouts qui font toute la différence : sa créativité est sans limite dans l’art du dressage et elle détient une connaissance pointue en nutrition. Elle associe des produits essentiellement bio, raisonnés et de saison et fait découvrir de nouvelles saveurs épicées avec originalité. Afin que les aliments ne perdent aucun bienfait, elle privilégie la cuisson à la vapeur, les aliments crus et les légumes. « Je ne proposerai jamais des tomates en hiver dans mes menus ! C’est un non-sens à la santé. » D’ailleurs le bon sens c’est son dada ! C’est elle qui a créé le magazine bien-être gratuit Bon Sens Mag il y a quelques années. En stand-by depuis la crise sanitaire, la bonne nouvelle, c’est qu’il sera bientôt de retour !


Mer ×

“La mer est un espace de rigueur et de liberté.” Victor Hugo

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Scientifique, spécialiste des cétacés, Victoria Pouey a créé One Ocean. Son association permet de mieux connaître ces grands mammifères marins et surtout de sensibiliser à leur préservation. Comment avez-vous eu l’idée de créer One Ocean ? J’avais pas mal travaillé sur les mammifères marins à l’étranger (Canada, Australie, Mexique et Nicaragua) et ici, presque personne ne savait qu’il y avait des cétacés. J’entendais tout le temps que ça faisait longtemps que les dauphins avaient quitté la région et en commençant à recueillir des témoignages de pêcheurs, je me suis aperçue que non. Il m’a alors semblé naturel de monter mon association ici sur le Bassin, qui est l’endroit où je suis née, et commencer un projet de recherche grâce aux expériences que j’avais acquises à l’étranger. Vous voyagez dans le monde. Dernière étape en date, au Mexique. Quelle était votre mission ? Je travaillais sur un projet de recherche qui vise à identifier les

© Patrice Bouscarrut

Sentinelle des cétacés Victoria Pouey

routes migratoires des baleines à bosse dans le Pacifique Nord (du Canada jusqu’à l’Amérique centrale), ainsi que l’état de leur population. Bonne nouvelle, de nouveaux baleineaux naissent chaque année et la population semble stable.

le golfe. Nous intervenons aussi dans les écoles, lycées, clubs sportifs, centres de vacances et même maisons de retraite. Nous invitons aussi le grand public à rencontrer les professionnels de la mer, à nettoyer les plages…

Sur le Bassin, vous enchaînez les actions. Lesquelles ? Notre but est d’y voir un peu plus clair sur la dynamique des populations de cétacés du golfe de Gascogne. Ce que nous voulons, c’est travailler avec les usagers du littoral en les impliquant dans nos recherches. Ce projet de science participative s’appelle MIROIR. Nous avons une page internet en libre accès que tout le monde peut remplir en cas d’observation de cétacé. Nous avons publié un guide sur les différents cétacés. Il y a une bonne douzaine d’espèces de cétacés dans

Quels sont vos projets pour cette année ? Nous souhaitons développer nos partenariats avec les usagers du littoral et améliorer notre base de données tout en sensibilisant le plus grand nombre. Nous sommes en train de développer un projet d’application mobile qui sera encore plus simple d’utilisation que notre plateforme en ligne. Nous recherchons des bénévoles qui seraient susceptibles de nous aider dans le volet éducation. PB

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one-ocean-ngo.com



Un chantier qui fait honneur au patrimoine maritime 036


Le port du Canal, à Gujan-Mestras, abrite le Chantier naval du patrimoine maritime du bassin d’Arcachon. Il est piloté par une association et animé par des retraités bénévoles aux compétences multiples. Texte & Photos Jean-Christophe Lauchas

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“C’est du travail, certes, mais avant tout une passion et le plaisir de transmettre à la jeune génération”

rgonautique est l’association gujanaise connue pour contribuer à la conservation et au développement du patrimoine maritime du bassin d’Arcachon. Elle est à la tête du Chantier naval du patrimoine maritime (CNPM) qui se trouve sur le port du Canal à Gujan-Mestras. Le projet, porté par l’association, a été réalisé en collaboration avec les Pinasseyres et la municipalité. Le bâtiment de près 300 m2, qui a ouvert ses portes en 2015, est entièrement consacré au patrimoine maritime, à la construction et à la rénovation de bateaux traditionnels en bois. Le chantier naval, ouvert au public, abrite aussi un petit musée avec des maquettes et outils d’antan. « Nous avons plusieurs chantiers en cours, et sommes aujourd’hui vraiment à l’étroit », constate le président Bruno Mounissens, qui a une solution : « Nous aimerions bien emmener le musée sur le port de Larros, à côté de notre cabane ; ça nous libérerait de la place. » Affaire à suivre…

Valoriser le patrimoine maritime Le chantier fonctionne grâce à des retraités bénévoles qui y travaillent en permanence. Ils sont à peu près une trentaine à y venir pratiquement tous les jours. Des hommes et des femmes, avec chacun un savoir-faire et des compétences différentes, « passionnés et animés par l’envie de partager et d’être utiles », comme le précise le président de l’association, avant d’ajouter : « L’idée est aussi de créer du lien social, transmettre, animer, et mettre en valeur notre patrimoine maritime exceptionnel. » Michel Daburon, l’ancien président, se réjouit de « la bonne ambiance qu’il y règne et le bon état d’esprit, un esprit d’équipe ». Jean-Pierre est le responsable du musée. « C’est beaucoup de temps, à la maison et ici, sur place. C’est du travail, certes, mais avant tout une passion et du plaisir, plaisir aussi de transmettre à la jeune génération », explique ce dynamique retraité qui travaille depuis janvier sur la maquette de l’Argo, « bateau mythique de l’association, une maquette au 1/20e qui servira d’outil pédagogique ». Il est aidé par Denise, membre de l’association depuis six ans. « Je suis entourée de bateaux et d’hommes et ça se passe parfaitement bien. Chacun a sa place. C’est ma deuxième maison ici. Tous sont devenus des amis, des membres de ma famille », explique-telle, les yeux plein d’émotion.

Une histoire d’hommes L’association Argonautique est née en 2000. Son but est de construire, réparer et restaurer des bateaux du patrimoine du Bassin et de les faire naviguer. Elle organise toute l’année des sorties avec sa flotte et participe à des manifestations maritimes, comme la Fête du fleuve à Bordeaux, et dernièrement les Escales du Bassin. Tout a commencé par la volonté de trois charpentiers de marine à la retraite, Gérard Carrère, Jacques Lapeyre et Jean038


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Les membres de l’association travaillent sur la maquette de l’Argo qui servira d’outil pédagogique.

Jean-Pierre sait tout sur le patrimoine maritime. C’est le responsable du musée.

“Créer du lien social, animer, être utile et partager”

Pierre Dubourdieu, qui, avec Hugues Tessier, ont décidé et se sont donné les moyens de construire un bac sardinier à voile, baptisé Argo II. Le choix de ce bateau n’était pas le fruit du hasard. Jacques Lapeyre avait les plans du premier bac sardinier, l’Argo, qui avait été dessiné par son grand-oncle, l’architecte naval Émile Lapeyre, et fabriqué par le chantier Deycard à Gujan-Mestras, au tout début du siècle dernier. Ce premier Argo, qui était un bateau de pêche à la sardine, dit mixte parce qu’à voile mais aussi à moteur, innovait à l’époque principalement par deux aspects. Il n’était d’abord plus plat, comme les bacs traditionnels du Bassin, mais avait une carène qui le rendait parfaitement marin et lui permettait de sortir en mer, ce qui n’était pas le cas des autres bacs précités qui ne pouvaient pas franchir les passes en sécurité. Le deuxième aspect d’innovation était le fait d’être motorisé, ce qui n’était pas encore le cas des autres. Il aura fallu environ deux ans pour monter le projet, trouver des financements, 040

et un local. C’est véritablement en 2002 qu’a commencé la construction par les trois charpentiers, aidés de bénévoles et d’élèves du lycée de la Mer. Celle-ci a duré jusqu’en 2006 où le bateau a été mis à la mer, lors des traditionnelles fêtes de Larros.

Une chorale L’association est aussi à la tête d’un chœur de marins baptisé Argo Note et qui est dirigé par Pierre-François Boyer, l’un des fondateurs de la chorale Arcana. Ils sont aujourd’hui une vingtaine de chanteurs et musiciens enthousiastes, hommes et femmes, à se produire dans différentes manifestations comme le Salon nautique d’Arcachon, la Fête de la musique, ou sur scène comme ce fut le cas en mai dernier au théâtre Cravey de La Teste-de-Buch. Infos Pour connaître le planning des sorties des bateaux de la flotte de l’association Argonautique, ainsi que les animations organisées, consultez le site : argonautique.fr. 06 50 07 12 03



REPORTAGE

L’Île de Malprat livre ses secrets Texte & Photos Jean-Christophe Lauchas

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REPORTAGE

Le bassin d’Arcachon compte deux îles. Il y a bien évidemment l’incontournable île aux Oiseaux avec ses cabanes tchanquées. Il y en a une autre, moins connue, mais non dénuée de charmes, qui se trouve au milieu du delta de l’Eyre, à Biganos, entre terre et mer. C’est l’île de Malprat, un petit havre de paix, un site naturel ultra-protégé qui jouxte la réserve ornithologique du Teich. Une île artificielle L’île était à l’origine un ensemble de prés salés qui étaient à disposition des habitants. La physionomie du site, telle qu’on le connaît aujourd’hui, est en fait le résultat du projet d’endiguement de l’île par son propriétaire, le marquis de Civrac, cousin du roi Louis XV. Il décide, en 1762, dans un objectif productiviste primé, d’aménager ses terres en effectuant de gros travaux sur les prés salés (qui sont alors détruits) pour récolter du sel (de mauvaise qualité, pour la petite info). La suppression de l’exonération de la taxe sur le sel par Louis XV mettra fin à cette exploitation en 1793. Plus tard, au XIXe siècle, Ernest Valeton de Boissière hérite du domaine et décide d’utiliser les installations de l’île pour développer la pisciculture extensive avec des poissons qui arrivent du Bassin par les écluses et qui se nourrissent avec ce qui est présent naturellement dans les bassins. On y élève alors des bars, anguilles, daurades, mulets et même des crevettes ; ces élevages permettent de fournir Bordeaux et sa région en poissons frais. À partir de 1950, le coût du poisson ainsi que les travaux d’entretien et de main-d’œuvre ayant fortement augmenté, la pisciculture va péricliter et s’arrêter vers 1980. Seuls quelques chasseurs assureront un bien maigre revenu aux dernières propriétaires du domaine : les marquises de Moneys. En 1997, la dernière propriétaire décède et depuis le 18 janvier 2002 c’est le Conservatoire du littoral 044


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REPORTAG E

“C’est important de se garder encore des endroits où la nature est reine, des endroits où c’est elle qui décide” qui en est le nouveau propriétaire et en assure la protection ; celui-ci a confié la gestion de l’île de Malprat à la commune de Biganos qui a pour cela comme principal partenaire financier le département de la Gironde.

Un garde passionné Depuis 2006, un garde du littoral rattaché aux services techniques de la ville surveille l’écosystème de l’île, participe à son entretien régulier par des travaux d’aménagement et de réhabilitation, mais surtout veille à la préservation de ce site rare et authentique. La mission a été confiée à Christophe Cazeaux, en poste depuis 2013. C’est un enfant du Bassin, un amoureux de la nature qui aime et sait en parler. Ce site 100 % nature, il le connaît par cœur. Sur les chemins qui traversent l’île, dans son véhicule de fonction, il voit tout, il écoute, il sent et ressent. « Voyez, là, on s’aperçoit qu’avec ces fortes chaleurs, la végétation a beaucoup souffert, les prunelliers par exemple, les rosiers sauvages, les mûriers ; ces arbres étant un super garde-manger pour les oiseaux, on imagine les conséquences », constate Christophe, avant de montrer quelques aigrettes en train de se nourrir. « Elle se régalent en ce moment car il y a très peu d’eau, donc c’est plus facile pour elles. » Toujours attentif, il est capable de reconnaître n’importe quel oiseau et est incollable sur la biodiversité des lieux. Il fait un beau métier et il le sait. Il avoue : « Je mesure ma chance car je suis un privilégié. » Sur l’île, d’une superficie de 150 hectares, il y est pratiquement cinq jours sur sept, toute l’année, qu’il pleuve, qu’il vente, qu’il fasse froid ou très chaud, en s’adaptant aux horaires des marées. Il ne s’ennuie jamais car il y a toujours quelque chose à faire. Dans ses missions, il doit notamment gérer le niveau d’eau, grâce à des écluses, « à l’aide des marées pour favoriser toute la vie de la faune, oiseaux et poissons, et pour limiter la prolifération des moustiques ». Les qualités requises pour son poste ? « Il faut être multitâche, aimer la solitude et être en très bonne forme physique. C’est beaucoup de kilomètres à pied par jour. Par exemple, je dois réaliser un comptage d’oiseaux tous les mois, et ça s’effectue à pied en faisant le tour de l’île. »

Christophe Cazeaux

La nature est reine Pour celui qui a la chance de découvrir la discrète île de Malprat, le spectacle qu’offre la nature est impressionnant et les sensations sont grandes. Ce qui frappe en premier lieu, c’est le silence ; juste le chant des oiseaux et le bruit du vent, c’est tout ! Ensuite, il faut contempler, silencieusement et en respectant les lieux. C’est un paysage horizontal, plat, qui attend le visiteur. Celui-ci chemine le long des prairies entourées de haies, puis arrive sur les anciens bassins et le paysage s’ouvre, le goût du large se fait sentir. Parvenu à l’extrémité nord-ouest de l’île, c’est le moment de découvrir les prés salés qui bordent l’extérieur du domaine et à perte de vue le bassin d’Arcachon. Un sanctuaire à préserver ? Pour Christophe, c’est évident. « C’est important de se garder encore des endroits où la nature est reine, des endroits où c’est elle qui décide. » Au sud, les prairies 0 47


REPORTAGE

“Il faut être multitâche, aimer la solitude et être en très bonne forme physique. C’est beaucoup de kilomètres à pied par jour. Par exemple, je dois réaliser un comptage d’oiseaux tous les mois, et ça s’effectue à pied en faisant le tour de l’île” humides sont bordées de haies où prunelliers, tamaris et quelques chênes offrent de précieux habitats pour les passereaux et petits mammifères. Symbole des domaines endigués, la gorgebleue à miroir y a élu domicile. Au nord ? Les bassins sont séparés par des bosses recouvertes de végétation. L’abandon progressif du site dans les années 1980 a laissé une plante invasive, le baccharis, se développer et fermer progressivement les milieux. Leur réouverture est un des objectifs de la gestion confiée à la commune de Biganos. À la pointe, où la digue séculaire s’est érodée depuis 1996, les prés salés soumis aux marées se sont doucement réinstallés, protecteurs et généreusement nourriciers. 048

Accès non autorisé Côté faune, la restauration du fonctionnement hydraulique et de sa mosaïque de milieux aquatiques constitue l’un des enjeux majeurs du site, car leurs potentialités sont grandes pour l’accueil des oiseaux, qu’ils soient migrateurs, hivernants ou nicheurs. Le parc ornithologique du Teich n’étant qu’à quelques centaines de mètres… On a recensé sur l’île plus d’une centaine de mammifères. Au fil de sa balade, au milieu des roseaux et jumelles sur le nez, le visiteur accompagné peut facilement observer un vison, une tortue cistude, un sanglier ou un renard de passage et pourquoi pas une loutre. Il faut savoir que l’accès à l’île de Malprat, dépendant des marées, pour des raisons de sécurité, n’est possible qu’en visite guidée. On peut l’apercevoir depuis le port des Tuiles de Biganos ou la découvrir lors d’animations ponctuelles ou de visites guidées organisées de temps en temps par l’office de tourisme Cœur du Bassin. Programme des visites guidées Office de tourisme Cœur du Bassin 05 57 70 67 56



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Une vague prête à offrir le plus beau des cadeaux…


Ocirimal, l’œil au creux de la vague

Texte Sabine Luong


PORTFOLI O

Rêve ou réalité…

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Connaissez-vous les prises de vues d’Ocirimal, ce photographe qui immortalise les surfeurs faisant corps avec la vague, les levers ou couchers de soleil rougeoyants et les vagues qui se meurent sur les plages enchanteresses ? Derrière ce nom d’artiste qui rime avec phénoménal, se cache l’ami Rico.

© Sabine Luong

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e surnom affectueux fait référence à la publicité culte mettant en scène l’ami Ricoré. En effet, Grégory Latu, de son vrai nom, est cet ami Rico qui depuis l’âge de 12 ans se lève comme le soleil. « Déjà, petit, dès l’aurore, je tannais mes parents pour qu’ils m’amènent surfer sur les vagues des plages océanes testerines. Le matin, c’est vraiment magique. » Son nom d’artiste est venu tout seul un 31 décembre. Ce sera Ocirimal qui n’est rien d’autre que l’envers de l’ami Rico. Dès 15 ans, l’envie d’immortaliser ces vagues fascinantes et les prouesses de ces amis surfeurs se fait plus forte. La photographie aquatique le happe alors dans un univers technique qu’il peaufine depuis vingt-huit ans maintenant. Au départ, sans réel moyen, les premiers clichés sont réalisés avec des appareils photo jetables dans des coques étanches. Puis, de fil en aiguille, la passion ne s’affaiblissant pas, Grégory investit dans des appareils plus sophistiqués. Il faut dire que les copains, compte tenu de la qualité de ses clichés aquatiques, sont de plus en plus nombreux à lui demander des photos de leur session sur la vague. D’ailleurs, il réalise la plupart des clichés de Pyla Surf School. Il est temps pour Grégory de transformer son loisir/plaisir en une activité professionnelle. Depuis un an, il a su faire évoluer son équipement dans ce sens, en investissant dans un matériel semi-professionnel, un Nikon D750 accompagné d’un caisson étanche Aquatech. L’homme est généreux, animé par l’envie de partager les sensations que peuvent vivre les amoureux de glisse. « Pour moi, c’est primordial ! Et puis, quand on est surfeur, on rêve d’avoir des photos de nous en train de pratiquer. » Les levers de soleil, ils les immortalisent pour ceux qui ne se lèvent jamais pour voir cette douce lumière du jour qui s’éveille. Prendre son appareil lors des grosses houles afin de saisir le backwash parfait contre les perrés de Pyla-sur-Mer est aussi un défi artistique qu’il relève. « Je prends autant de plaisir à faire des photos sur l’eau qu’au bord de l’eau. Mon sujet c’est

toujours l’eau, la vague, son mouvement et la lumière. » Pour obtenir ce genre de clichés, une bonne condition physique est nécessaire puisqu’il faut tout le temps être en mouvement, connaître le principe des séries de vagues, les anticiper pour bien se placer afin de concrétiser la photo qui fera rêver celui qui la regarde. Non, réaliser des clichés « à la Ocirimal » n’est pas donné à tout le monde. Cela requiert un mélange de compétences à la fois sportives et artistiques et une sensibilité que les fées n’ont pas manqué de donner à Grégory lorsqu’elles se sont penchées sur son berceau. Le résultat est qu’il a cet œil acéré qui sait mettre en valeur la beauté de la vague et la danse sensuelle que le surfeur réalise avec elle. Et il est vrai qu’en regardant ses clichés, c’est comme si on y était. Contact 06 72 72 88 24 Facebook : Ocirimal-Photographies Instagram : ocirimal_photographie

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La jetée du Moulleau aux premières loges

La dune du Pyla au petit matin

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La Salie Sud se réveille

Une histoire de bulle sur un livre

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Dessus-dessous

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Réalisée par Armelle Hervieu Photos Aymeric Vin Ramarony (Sauf mentions)

LA FORÊT USAGÈRE PEUT-ELLE RENAÎTRE DE SES CENDRES ?

Un mois après la fin du terrible incendie qui a ravagé 7 000 hectares de la forêt usagère, Vivre le Bassin s’est rendu en reportage au cœur de la forêt testerine. Sur place, l’équipe a pu constater, meurtrie, les dégâts immenses causés par les flammes et, dans le même temps, apercevoir un peu partout des départs de végétation qui sont autant de promesses d’espoir. Cette forêt millénaire peut-elle revivre ? Scientifique, forestier et maire de la commune nous répondent. 058


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Un peu plus loin, le pied d’un tronc de chêne brûlé se hérisse d’une dizaine de rejets. Plus loin encore, des arbousiers repartent vaillamment en bouquets… Trente petits jours auront donc suffi à la forêt pour se réveiller de cet immense cauchemar de feu et de fumée. Trente jours pour commencer à ressusciter après les flammes de 100 mètres de haut et les températures de plus de 1 000 degrés. Attention, cependant, la partie est loin d’être gagnée et le visage de notre forêt ne sera plus jamais le même. Certains arbres ne reviendront pas à la vie. Les pins bouteilles notamment, qui avaient été si longtemps gemmés et dont la base était gorgée de résine inflammable, ont littéralement explosé. Sur les milliers d’individus résiniers ou feuillus qui ont brûlé, tous ne font pas déjà de nouveaux bébés mais nombre d’entre eux y travaillent visiblement ou en secret.

« Encore extrêmement vivante »

ien sûr, le paysage est de suie. Bien sûr, le sol est jonché de cadavres de bois. Bien sûr, un silence de mort s’est emparé des lieux. On s’attendait à être confrontés à cette vision d’apocalypse en retournant pour la première fois sur le théâtre de l’incendie qui a dévasté, en juillet dernier, plus de 7 000 hectares de la forêt usagère et défigure notre poumon vert. On ne s’attendait pas, en revanche, à voir partout la vie renaître, un mois seulement après le drame. Et, pourtant, elle est bien là. Déjà ! Surgissant des cendres, elle émerge par touches de vert. Des sursauts de nature pointent partout le bout de leur tige. Ici, un tapis de fougères rhabille le sol. 060

« Cette forêt est encore extrêmement vivante », assure Ernst Zürcher, ingénieur forestier, professeur et chercheur suisse en science du bois. « Si elle est abîmée dans sa partie extérieure, son système racinaire, lui, est toujours fonctionnel. » C’est pourquoi, selon cette sommité en sciences de l’arbre, il est urgent d’attendre avant de décider quoi que ce soit concernant l’avenir de la forêt usagère. « Il faut d’abord observer comment elle réagit, la laisser réagir et ensuite l’accompagner dans sa réaction. » « De grâce, ne coupez pas tout ! », implore un bénévole de la DFCI (association régionale de Défense des forêts contre l’incendie) que nous avons suivi lors de l’une de ses patrouilles. « J’ai très peur. Le cours du bois est au plus haut. Je redoute que les autorités ordonnent une coupe rase pour sécuriser les lieux, rouvrir l’accès aux touristes


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Il faut d’abord observer comment la forêt réagit, la laisser réagir et ensuite l’accompagner dans sa réaction

Ernst Zürcher, ingénieur forestier, professeur et chercheur suisse en science du bois

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Ci-dessus : Autour des troncs déchiquetés, les fougères ont repoussé à une vitesse incroyable À droite : Rares sont les pins qui laissent entrevoir quelques repousses vertes

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S’il vous plaît, ne replantez pas sur le mode de la monoculture !

et vendre le bois à vil prix », insiste ce bénévole qui a grandi dans cette forêt et qui a jugé nécessaire, quand l’incendie est arrivé, de se mobiliser pour tenter de la sauver. « Je n’ai fait que mon devoir en éteignant tous les nouveaux départs de feu que j’ai vus. Aujourd’hui, je pense que le combat n’est pas fini. Il faut s’investir, en tant que citoyen, pour assurer le meilleur avenir possible à cette forêt. » Le quinqua fringuant et militant met en garde les élus. « S’il vous plaît, ne replantez pas sur le mode de la monoculture, à la façon des plantations de pins landaises ! On a vu ce que cela a donné à Landiras où le feu a progressé deux fois plus vite qu’ici et où 14 000 hectares ont brûlé ! Chez nous, au contraire, il faut tirer les conclusions de ce drame et faire en sorte que nos forêts progressent sur le plan de la biodiversité. »

Inquiétude pour l’après Renforcer la biodiversité de nos forêts pour les rendre plus fortes et résilientes en cas de sinistre, voilà une idée qui plaît à Éric Castex. Ce forestier landais a fait le choix de pratiquer une sylviculture écosystémique, ce qui signifie qu’il se sert justement de la richesse de la biodiversité pour faire pousser au mieux sa forêt. « Les différentes essences d’arbres s’entraident. Je les laisse se mélanger naturellement tout en les accompagnant. Chaque groupe d’arbres a sa fonction. » Éric Castex se dit inquiet lui aussi des choix qui vont être faits pour l’après-incendie. Cette forêt testerine, il y tient très fort. « C’était le réservoir de 065


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À gauche : Ici et là de nombreuses pousses redonnent un peu d’espoir Ci-dessus : Au milieu des arbres calcinés, quelques cimes vertes ont subsisté

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Éric Castex, forestier président de l’association Alter-Landes

biodiversité de la forêt dunaire entre deux déserts. Un désert de sable d’un côté et une monoculture de pin maritime de l’autre côté. » Elle représentait selon Éric une véritable oasis, une forêt proche du climax, état le plus abouti d’une forêt que l’on a laissé vivre sa vie. Ce forestier, formé par Prosilva France, président de l’association Alter-Landes et partisan d’une sylviculture non conventionnelle et donc non basée sur des coupes rases, est persuadé qu’il ne faut pas chercher de causes intrinsèques à l’incendie qui a ravagé la forêt historique de La Teste. « Elle n’a pas brûlé parce qu’elle était sale ou mal entretenue. Elle a brûlé parce qu’un camion y a pris feu ! Au contraire, le fait d’avoir eu beaucoup de végétaux à consommer au niveau du sol a permis que le feu y progresse moins vite qu’à Landiras », affirme Éric Castex.

Le maire veut de « l’ordre » Patrick Davet, le maire de La Teste qui a vu brûler son massif forestier avec une douleur teinté de colère, ne partage pas le même point de vue. L’élu avoue ne plus avoir qu’un mot à la bouche aujourd’hui. Il veut de « l’ordre ». « Jusqu’à présent, c’était une forêt en désordre qui était gérée d’une 068

Le fait d’avoir eu beaucoup de végétaux à consommer au niveau du sol a permis que le feu y progresse moins vite qu’à Landiras façon anarchique. » Et le premier édile testerin de poursuivre, plein de souffrance et d’amertume : « Cette forêt dont on me disait qu’elle était à même de se protéger a massivement brûlé. 7 000 hectares sont partis en fumée. Moi, je veux faire en sorte que cela ne se reproduise plus ! » Patrick Davet est remonté. Il nous fait comprendre qu’on ne l’y reprendra plus avec ce statut si particulier qui bloquait l’entretien et empêchait la percée de voies d’accès à la forêt. « On va faire en sorte, qu’en cas de nouvel incendie, il puisse être très rapidement stoppé, que les pompiers puissent intervenir sans difficulté et qu’on dispose de pare-feux dignes de ce nom. C’està-dire non pas de 6 ou 8 mètres de large mais de 100 mètres. » Au sol, le maire ne veut plus de ronces, ni de têtes de pins qu’on laisserait grignoter par les scolytes, insectes parasites de nombreux arbres. Il veut aussi avoir l’autorité de police sur sa forêt. Il a un rendez-vous fixé avec le président en


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© Armelle Hervieu

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Ci-dessus : De fraîches repousses au pied de cet arbousier (ou Arbutus) À droite : Au milieu des fougères vert bouteille, les chênes repartent eux aussi

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Patrick Davet, maire de La Teste-de-Buch

On va faire en sorte, qu’en cas de nouvel incendie, il puisse être très rapidement stoppé septembre pour en discuter à l’Élysée. Il affirme vouloir discuter avec un maximum de spécialistes non partisans pour trancher in fine sur l’avenir de sa forêt. « Ce n’est pas moi qui déciderai s’il faut couper tel ou tel arbre. Les spécialistes vont regarder. Tout ce que je sais, c’est qu’un pin fragilisé par le feu peut attraper et véhiculer des scolytes. 90 % de ceux qui seront coupés le seront à cause de cela. »

Accessible oui, propre non S’il dit ne pas avoir encore de certitude quant aux futurs choix qui seront faits, Patrick Davet affirme cependant qu’il ne sera pas question de planter des arbres fruitiers dans la forêt testerine, ainsi qu’aucune essence qui ne soit locale. Seule entorse possible à sa triade pins, arbousiers et genêts, le chêne liège « qui semble bien résister aux incendies ». 072

Pour Ernst Zürcher et Éric Castex, nous devons tirer les bonnes leçons de cet incendie, ce qui ne signifie pas pour autant tout couper et replanter « une forêt propre, en ordre ». « Une forêt propre ne veut rien dire. Les forêts “sales” sont les plus belles », martèle Éric. Ernst ajoute : « Les plus belles ce sont les forêts primaires, en évolution libre et auxquelles on ne touche pas. » Tous deux estiment que l’avenir de la forêt testerine ne doit pas passer par une coupe rase suivie d’une replantation « en ordre ». Tous deux assurent qu’il sera beaucoup plus rapide d’accompagner les arbres existants dans leur résilience. « Cela ne prendra pas plusieurs années. Vous verrez que, très vite, la nature va se régénérer et la faune revenir. » En revanche, tous deux sont certains aussi que, dans la forêt de demain, il faudra prévoir de percer des chemins d’accès pour que l’on puisse la pénétrer et ainsi mieux la protéger.


Mode Déco ×

“La mode n’est ni morale, ni amorale, mais elle est faite pour remonter le moral.” Karl Lagerfeld, couturier, photographe, dessinateur, designer, réalisateur et éditeur allemand (10 septembre 1933-19 février 2019)

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Photos © Mélanny Rodrigues

Les bougies de Clémentine Aurières

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DOUBLE VIE. Clémentine Aurières a le parcours atypique de celle qui, trop manuelle pour se contenter de rester derrière un bureau, a su brusquer son destin, développant en parallèle de ses études sa propre collection de bougies haut de gamme. Petite, si la jeune créatrice n’arrivait pas à faire sonner toutes les syllabes de son prénom, c’est aujourd’hui dans sa version raccourcie qu’elle l’appose avec fierté sur la céramique de ses délicats contenants. Originaire de Galice où son grand-père lui-même était céramiste, la Testerine rend avec Neene hommage à ses racines, travaillant de pair avec des artisans issus d’un petit village espagnol où la terre et l’argile se confondent avec les mains de ses habitants. Avec la fougue d’une flamme, d’un geste qu’elle sait précis, depuis septembre, elle parfume, coule, mèche et tamponne, faisant ainsi prospérer sa petite entreprise en vue d’une prochaine collection, étendue dans un plus large panaché de couleurs et de tailles. Végétales, renouvelables et écologiques, ses bougies de caractère sont uniques et peuvent être appropriées par tous, du format jusqu’au choix du parfum. Convertibles en pot de fleurs, une fois consumées, véritables objets décoratifs, elles se fondent avec élégance dans des intérieurs où flottent encore des effluves de fleur de coton, de monoï ou de vanille épicée. La créatrice exporte déjà ses bougies en Belgique, au Luxembourg et sur la côte normande, et en plus de la jolie boutique Zig&Puces du Moulleau, elle cherche désormais à échelle locale de belles adresses prêtent à accueillir et distribuer ses créations. MR 0 74


Myriam Gloaguen et ses élégants foulards sur mesure

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Photos © Mélanny Rodrigues

© DR

100 % COUSU MAIN. L’armoire remplie, les tiroirs débordants, c’est en faisant l’inventaire de ses quelque 150 foulards que Myriam Gloaguen, portée par les encouragements de ses filles Eva et Ludivine, décide de donner une nouvelle impulsion à sa vie. De la criée à la capitainerie, amarrée au port d’Arcachon depuis près de trente ans, Myriam qui ne savait jusque-là pas coudre un bouton se lance, sous l’étiquette Babache, dans la confection de ses propres carrés. Son premier prototype, décoré de baigneuses, était semblable au drapeau de ses origines bretonnes, mais aujourd’hui, parés de pompons, de pampilles, de rubans ou de dentelle, ses foulards sont l’œuvre d’une créatrice qui a su faire du cousu-main sa spécialité. Propulsée sur le marché de Noël de Gujan alors qu’elle ne disposait que d’une dizaine de pièces, elle se laisse finalement surprendre par l’engouement généré par ses élégantes étoles. Soutenue par son entourage et rassurée par les retours conquis de ses premiers clients, la Gujanaise s’inscrit en l’espace de quelques mois parmi les rares créateurs de foulards français. Pensée dans ses moindres finitions, en plus de la garantie d’être unique, chacune de ses créations quitte son atelier assortie d’une citation écrite sur mesure selon l’inspiration de la pétillante couturière. Ses foulards sont travaillés comme de larges patchworks de voile, de mousseline ou de soie. En accord avec ses habitudes, Myriam incorpore la feutrine à sa collection de matières et souhaite désormais proposer une gamme hivernale de cet accessoire, indissociable de son cou en toutes saisons et depuis tant d’années. MR

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Photos © DR

Un aménagement sur mesure

quadro.fr

FABRICATION FRANÇAISE. Besoin de gagner de l’espace et remplir les moindres petits coins de votre maison ? Direction chemin des Trougnes à Biganos où Karyne Serra et Jessica Dinh ont ouvert la boutique Quadro, marque de fabrication française sur mesure. Les deux conceptrices vous assistent dans vos projets d’aménagement intérieur. « Les gens viennent avec un projet et nous les accompagnons dans la création, la conception. Nous les aidons à optimiser l’espace au maximum en leur apportant des idées. Nous réalisons l’aménagement de toute la maison de la cave au grenier. » Oubliez les catalogues, chez Quadro, vous n’en trouverez pas. Karyne et Jessica font dans le sur-mesure haut de gamme. Elles vous reçoivent dans leur chaleureux showroom où vous pourrez découvrir des modèles de rangements design et astucieux. Dressings, bibliothèques, sous-escaliers, cuisines, verrières… Sur place, vous aurez de quoi vous permettre d’imaginer vos futurs projets d’aménagement. Quadro, c’est le spécialiste qui vous fera passer du rêve à la réalité. Ineh 0 76



Texte Sabine Luong Photos Voir mentions

L’univers « perché Spirit » de Tchanquéeman Laurent Bardou est un artiste incontournable de l’Aiguillon. Petit-fils de René Landry, le constructeur de la cabane tchanquée 03, il a été contraint de lâcher sa concession en octobre 2020, faute de moyen pour la rénover. Reprise par la mairie de La Teste-de-Buch, elle devrait être détruite et reconstruite. Nostalgique, Laurent compte bien faire vivre et immortaliser la cabane perchée de son enfance. Il lance sa marque de textile : Tchanquéeman. 078


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© Karin Legros


“Xoxoxoxoxooxoxoxo oxoxoxoxoxoxoox oxoxoxoxoxoxooxoxo oxxooxoxoxoxoxoxo”

Et la marque Tchanquéeman alors ? Racontez-nous. De savoir que la cabane va être détruite me fend le cœur. Alors ça fait un moment que je griffonne des logos à son effigie pour l’immortaliser. Je suis le descendant du constructeur, le seul Tchanquéeman légitime pour mettre en valeur ce qu’a fait mon grandpère et mes parents derrière lui. Je parle du vrai cœur de la cabane et de ce qu’il y a autour. Depuis juillet 2022, je fais des tee-shirts homme, femme, enfant à son effigie. Et vous n’allez faire que des teeshirts à son effigie ? Non. Je suis un créatif avant tout. Je peux décliner sur tous les supports textiles : sweatshirts, vareuses, pochettes, sacs, coussins, serviettes, foulards… tout

© Sabine Luong

Laurent Bardou, expliquez-nous qui est Tchanquéeman ? Ça fait un moment que je tourne autour. Tchanquéeman, c’est mon ADN, mon identité, mon univers. La cabane tchanquée aux volets rouges, c’est toute ma vie et celle de mes aïeux. Elle est la deuxième version de la cabane de 1883 dont on voit les vestiges aux pieds de celle construite par mon grand-père René Landry en 1946. J’y suis si attaché que mon ami peintre Dominique Dorié m’a surnommé Tchanquéeman et c’est resté. Je suis un artiste avant tout avec 10 000 idées à la seconde. (Rires) J’ai longtemps fait des affiches vintages, des tableaux, des collages mettant en valeur les coins célèbres du bassin d’Arcachon. J’ai même inventé un monde avec Arcatown que j’ai exposé aux ÉtatsUnis. Mais c’est très dur de vivre de son art. Mon style d’affiche se trouve partout maintenant. C’est difficile de se démarquer. Quant aux tableaux ce n’est pas évident d’en vivre. La collection de t-shirts Tchanquéeman

dépendra de la demande. La marque Tchanquéeman est évolutive, c’est un univers infini pour moi, je peux tout personnaliser, faire des pièces uniques, des séries limitées. Qu’entendez-vous par là ? Pour l’instant, ce sont plusieurs logos de la cabane dans un style très calligraphié, stylisé à la Hugo Pratt, très épuré. Un peu japonais même. Des traits vifs qui vont à l’essentiel, plutôt noirs avec une pointe de rouge sur fond blanc. Ce sera une des constantes mais j’y mets déjà d’autres couleurs. Mon but est de faire en sorte que lorsque l’on voit un de mes tee-shirts, on puisse se dire, ça c’est un Tchanquéeman ! Et dans ce style de traits, je peux décliner tout un univers autour de la 080

cabane : l’île aux Oiseaux, l’Aiguillon bien sûr, les pignots, les cormorans, les pignes de pin, tout ce que l’on devine depuis la cabane perchée. En plein milieu du Bassin, où que tu regardes, c’est beau et tu as la sensation de t’approprier le lieu tout entier, l’impression d’être le roi du Bassin ! La marque Tchanquéeman est un hommage à mes aïeux. Elle parle de mon grand-père, de mes parents, de moi enfant avec mon frère et ma sœur, des gens qui sont venus y passer un moment, des grandes tablées, de gastronomie, des recettes de ma mère, de convivialité, de baignades, de beaux bateaux qui te saluent. Pour moi, la cabane tchanquée c’est l’ADN d’une identité propre, forte, authentique du Bassin. Ma marque sera vivante,


Photos © Collection de Laurent Bardou

Laurent Bardou enfant

Composition de Laurent Bardou

communautaire, avec un groupe pour ceux qui sont venus un jour y passer un moment, et ce ne sera pas que la cabane déclinée sur du textile. J’ai plein d’autres idées. Mais chut… Est-ce que l’on peut faire appel à vous pour une création très personnalisée ? Tout à fait. Dans ce nouveau style épuré, je peux tout faire ! Même un tee-shirt de Bruce Springsteen pour les fans dont je suis. Les gens peuvent m’envoyer un dessin, me soumettre un sujet. À partir de lui, je fais tout un travail artisanal graphique unique, dans la journée s’il le faut, car je fais tout à la main dans mon atelier. Je suis le faiseur de textile personnalisé. On pourra reconnaître ceux qui sont venus sur la cabane car ils auront les drapeaux suisse et français sur leur textile. Alors, pourquoi le drapeau suisse ? Car mon grand-père l’était, tout simplement.

© Jean-Philippe Navarro

Renseignements et commandes FB : Les Créations de Tchanquéeman Présent sur la plateforme tousbassin.fr 06 89 16 29 83

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Béatrice redonne vie à du bois de palette Béatrice Sansen est une jeune retraitée testerine. Depuis quelques mois, elle crée divers objets de décoration avec des palettes de bois récupérées. C’est joli, créatif, écoresponsable, et ça plaît. Parfait pour se faire ou faire plaisir à petits prix.

Texte & Photos Jean-Christophe Lauchas

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e la cherchez pas dans son salon en train de regarder la télé, mais plutôt dans son petit atelier, juste à côté de sa maison située dans un quartier calme de La Teste-de-Buch. Béatrice Sansen scie, cloue, colle ou visse, bref ça bricole. Elle passe beaucoup de son temps libre dans son atelier. Pour y faire quoi ? Créer des objets de décoration destinés à joliment habiller murs ou portes. « Je récupère des palettes de bois, je les coupe, je les ponce, je les assemble par trois ou par deux. Auparavant, je fais mes petits dessins et croquis sur papier, je note mes idées », explique la jeune retraitée, visiblement très active.

Chaque pièce est unique Ses créations ? On les trouve pour le moment dans des vide-greniers où 0 82

elle les expose. « Je me rends compte que ce que je fais plaît. Je vois les gens sourire et les enfants ont les yeux qui pétillent ; c’est gratifiant, c’est magique ! » Chaque pièce qu’elle présente est unique, le pur fruit de son imagination et de sa créativité. Ce qui l’inspire, c’est la nature avec des morceaux de bois qui, après transformation, prennent vie sous forme d’un bateau, un vélo, un poisson… « Je débute juste, ça fait seulement quelques mois. Au début je faisais des objets pour moi, un poisson, un ouvre-bouteille, et j’ai eu de plus en plus de bons retours. J’en ai beaucoup offert aux amis et après j’ai décidé d’en proposer en vide-grenier. J’en ai vendu quelques-uns ; ça m’a encouragée », précise Béatrice, le regard bleu et le sourire généreux.



Contact Béatrice Sansen 07 83 59 25 74 bsansen@wanadoo.fr Facebook : @geppetta1720

Pour faire plaisir En faire un commerce ? « Sûrement pas. Le but n’est pas de faire du profit, c’est avant tout de faire plaisir et si j’en vends un peu, je pourrai m’acheter un gros objectif car j’adore la photo. Et puis c’est aussi un passetemps car je suis à la retraite et il faut bien s’occuper », s’exclame t-elle. Sa signature : 17 20. Quand on lui demande pourquoi, elle se contente de répondre que ces deux chiffres sont importants pour elle. Nous n’en saurons pas plus. « Non, ce n’est pas l’année de ma naissance », plaisante t-elle.

Une âme d’enfant Béatrice est donc à la retraite. Née à Berck, ville célèbre du Nord, elle a beaucoup bougé et voyagé.

“J’aime la vie d’ici, je me sens bien, j’aime l’océan, je fais du paddle, je me baigne, je marche, prends beaucoup de photos, et aujourd’hui je crée”

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« J’ai beaucoup travaillé aussi. J’ai commencé à 16 ans, avec mon père. Après, je suis partie en Suisse, dans le Jura, j’ai ouvert une discothèque puis une deuxième, je suis descendue à Menton, puis dans les Landes », raconte t-elle. Le bassin d’Arcachon, elle y venait souvent. « C’est là que j’ai décidé de me poser et de vivre ma retraite. J’aime la vie d’ici, je me sens bien, j’aime l’océan, je fais du paddle, je me baigne, je marche, prends beaucoup de photos, et aujourd’hui je crée », précise celle qui avoue avoir gardé une âme d’enfant. « Il faut car le monde est dur. Mon papa me disait souvent qu’il faut rester enfant le plus longtemps possible. »

Avec du bois brûlé ? La forêt testerine a cet été fait l’objet d’un énorme et dévastateur incendie. « Pourquoi ne pas utiliser ce bois brûlé pour créer d’autres objets ? » ; c’est la question que se pose Béatrice, en pleine réflexion.


Green ×

“Toutes les richesses viennent de la terre.” Proverbe arménien

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Anaïs, la reine du tri Altruiste dans l’âme, elle a quitté une situation confortable pour se mettre au service du bien-être des autres. Rencontre avec Anaïs Bresson, notre Marie Kondo du Bassin. Texte & Photos Ineh

«

Je trouve cela un peu prétentieux de me définir ainsi. Personnellement, je ne le ferai pas. En plus, je n’utilise pas que la technique de Marie Kondo. » Le ton est donné, l’humilité qu’incarne Anaïs au quotidien est à l’œuvre dès le début de notre entretien. L’ancienne cadre informatique aujourd’hui home organiser et ambassadrice de la Fée du tri « aide les personnes à se sentir bien dans leur maison, ce lieu où l’on se ressource et qui va conditionner notre état d’esprit général ». Qu’est-ce qui vous fait vibrer dans ce nouveau métier ? J’aime voir la transformation dans le regard des personnes et ce que cela génère dans leur quotidien. C’est d’abord une transformation psychologique avant d’être physique. Cela aide tellement à alléger la charge mentale des personnes et particulièrement celle des femmes. Elles ont beaucoup plus de temps et d’énergie à consacrer à ce qui leur fait plaisir, comme passer du temps avec leurs proches, avancer sur leurs projets personnel ou professionnel… C’est ce que j’adore.

Pour nos lecteurs qui ne connaissent peut-être pas vraiment votre activité, quelles sont vos missions ? Je réalise des missions de tri, toujours précédées d’un diagnostic au cours duquel j’analyse les problématiques du client, ses envies, ses besoins, le temps que nous allons consacrer à la mission. Puis nous nous retrouvons pour vider ensemble les placards, trier, catégoriser et j’aide la personne à savoir ce qu’elle souhaite réellement garder. L’objectif étant de faire en sorte de désencombrer et que les choses ne restent pas dans un coin de la maison. Vient ensuite la partie rangement et organisation qui est un peu comme la cerise sur le gâteau. Enfin, je peux prendre en charge les affaires destinées au don ou à la déchetterie et donner des conseils pour vendre efficacement. Mais en quoi désencombrer impacte-t-il notre bien-être ? Parce que les objets représentent aussi une charge mentale même si nous n’en avons pas conscience. Est-ce intéressant de les garder alors qu’ils peuvent être rattachés 086

à des souvenirs que nous aimerions oublier ? De même, le désordre empêche d’avoir l’esprit clair. Nos pensées sont inconsciemment parasitées par cette pollution visuelle. Vous cherchez vos affaires, vous perdez du temps et avez ainsi tendance à vous éparpiller puis du mal à vous organiser et inversement. C’est un cercle vicieux. Pour en sortir, il faut agir sur le matériel. Faire du tri chez soi influence toutes les sphères de la vie positivement. Les personnes qui font appel à vos services arrivent-elles à tenir le cap ? Une fois qu’elles ont fait un vrai tri avec moi, réalisé la quantité réelle d’objets possédés, le temps que cela prend et les bienfaits du tri et de la réorganisation, elles ne veulent surtout pas retomber dans cette situation. Elles reprennent très vite le dessus en appliquant notamment les conseils de gestion du temps, des tâches et des espaces, communiqués à la fin de chaque mission, afin de maintenir l’espace rangé dans le temps et de ne pas réencombrer. Quand faire appel à vos services ? Lorsque nous nous sentons débordés ? Il n’y a pas forcément besoin d’être débordé pour être surencombré. Nous subissons tous le temps. Nous faisons entrer des choses chez nous mais nous ne nous donnons pas la peine de faire le point sur ce qui ne nous correspond plus. Et à un moment donné, nous nous retrouvons avec trop d’affaires par rapport à ce dont nous avons réellement besoin. Des affaires qui pourraient d’ailleurs servir à d’autres. Ce qui serait une réponse au problème de surconsommation actuelle. C’est donc important de faire du tri régulièrement, notamment à des moments charnières de la vie comme l’arrivée d’un enfant, un déménagement…


“Je vous aide à faire de votre lieu de vie un lieu ressourçant et inspirant”

inspirharmonie.fr 06 15 30 68 44 Anaïs est aussi coach en organisation pour les « mampreneures »

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MOBI LI TÉ

TROIS SUV ÉLECTRIQUES PLUTÔT STYLÉS… Qui a dit que les autos électriques devaient être dessinées comme des galets sans aucune personnalité ? Flirtant avec le genre SUV, notre sélection de trois véhicules démontre que l’on peut craquer pour leur silence et leur absence d’émissions carbone, tout comme pour leur design… QUELQUES CHIFFRES CLÉS Moteur électrique 294 ch Batteries 99 kWh Autonomie théorique 610 km Autonomie réelle constatée 500 km À partir de 56 400 €

Le verdict La Mach-E fait entrer la Mustang dans le XXIe siècle. Et, pour l’instant, aucune loi ne vous interdit d’avoir l’ancienne et la nouvelle dans le garage…

Ford Mustang Mach-E UN BEL HÉRITAGE

Quelle légende, cette Ford Mustang ! Du lieutenant Bullit à Un homme et une femme, cette auto est entrée dans l’imaginaire populaire comme la représentante des muscle-car à l’américaine, le tout renforcé par une production qui a dépassé les 10 millions d’exemplaires depuis 1964. Seulement voilà, les temps changent : le géant Ford devait se convertir à l’électrique et s’est souvenu qu’il avait une icône dans son catalogue. Il suffisait donc de la moderniser, mais la refonte fut totale : on passe ainsi d’un coupé 2 portes de 4,78 m de long à un SUV 4 portes de 4,71 m, en ne gardant que quelques gimmicks esthétiques (feu arrière, aile arrière bombée, pli du capot avant…). Il a fière allure ? Oui ! La séduction continue 088

Texte Philippe Guillaume Photos DR/Constructeurs

à l’intérieur avec la présence d’une grande dalle tactile « façon Tesla » ; une dalle claire et lisible, aux informations remarquablement bien hiérarchisées, et en bas de laquelle semble flotter le bouton du volume de la sono. L’espace à bord est vraiment spacieux, avec un volume de coffre pouvant être modulable de 420 à 1420 litres (sièges repliés), tandis qu’un autre petit coffre de 81 litres vient en renfort sous le capot avant. De nombreuses déclinaisons de puissances et de batteries sont disponibles : le Ford Mustang Mach-E offre un éventail possible de 269, 294, 351 ou 485 chevaux, en propulsion ou en quatre roues motrices, avec des batteries d’une capacité de 76 à 99 kWh, et des autonomies (au fond, c’est peut-être cela le plus important ! ) allant de 400 à 610 kilomètres, du moins en théorie. Évidemment, un système de charge rapide est au programme, acceptant du 150 kW sur les bornes rapides. Côté qualités de conduite, silence et douceur sont au programme. Dynamisme aussi, au prix d’un confort de suspensions parfois un rien ferme…


QUELQUES CHIFFRES CLÉS Moteur électrique 170 ch Batteries 58 kWh Autonomie électrique théorique 384 km Autonomie réelle constatée 350 km À partir de 46 500 €

Hyundai Ioniq 5 L’AUTO DE L’ANNÉE, VERSION MONDE

Si c’est sa cousine technologique, la Kia EV6, qui a remporté le titre européen de « voiture de l’année », la Hyundai Ioniq 5 a, pour sa part décroché le même titre, mais au niveau mondial. Le premier choc est, déjà, esthétique : la Ioniq 5 tend vers des lignes néo-rétro, avec accents de vieille Lancia Delta voire de Golf I, sauf que celle-ci mesurait 3,70 m de long et que notre coréenne en fait 4,64 ! On apprécie également la signature visuelle particulièrement soignée,

tant à l’avant qu’à l’arrière. Bref, cette Ioniq 5 possède une forte identité, immédiatement reconnaissable. Elle n’offre, bien évidemment, que des motorisations électriques : au programme, 170, 229 ou 325 chevaux, des transmissions en propulsion ou 4 roues motrices, et des batteries de 58 ou 77 kWh. La force de cette auto, comme nous avons pu le constater au cours d’un long essai, c’est de conserver des consommations assez basses, à condition de jouer un peu les règles de l’éco-conduite, et donc d’offrir une autonomie très correcte. Quant à l’ambiance à bord, on coche les cases du confort et de la luminosité…

Le verdict Hybride, hybride rechargeable, hydrogène, électrique, Hyundai maîtrise tous les codes de l’e-mobilité et le prouve à nouveau avec cette Ioniq 5. QUELQUES CHIFFRES CLÉS Moteur électrique 408 ch Batteries : 78 kWh Autonomie théorique 400 km Autonomie réelle constatée 350 km À partir de 46 800 €

Volvo C40 Recharge Twin Engine AWD LA SUÉDOISE QUI S’ENCANAILLE…

Qui aurait pu penser que la très sérieuse marque suédoise se plierait à la mode des « SUV Coupés » et y installerait un moteur (certes électrique) de plus de 400 chevaux. C’est toutefois le pitch de ce C40 Recharge Twin Engine, fort de deux moteurs électriques,

et qui lui confère des performances étonnantes. Côté design, le C40 reprend la face avant du SUV XC40, que l’on croise à chaque coin de rue, et lui adjoint un pavillon arrière tronqué, plus bas de 6 centimètres. L’allure est plus dynamique, mais l’espace à bord n’est pas sacrifié. Ce dynamisme se retrouve sur la route : le C40 dispose de réglages de châssis plus fermes que ceux montés sur le XC40. Si cela vous incommode, une version « à simple moteur », de 231 chevaux, est disponible, avec toutefois une batterie un peu plus petite (69 kWh). Elle conserve le look, craquant. Et offre une belle dose de douceur en plus… 089

Le verdict Une Volvo électrique au comportement presque sportif ? Ça existe, et c’est le C40 Recharge…


Monsieur Pivoine dans sa Maison d’ici Texte & Photos Patrice Bouscarrut

© Dumont Legrand Architectes

Un fleuriste reprend les rênes de la boutique emblématique la Maison d’ici. Un nouveau souffle floral sur la déco.

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Jean-Medhi Cazaubon, alias Monsieur Pivoine

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h Monsieur Pivoine ! Tout un poème. Il ne quitte jamais son tablier en lin qui aurait pu être dessiné par un créateur de haute couture en délire. Il ne s’arrête jamais, butine entre ses bouquets de fleurs, s’assure de la parfaite présentation de la déco, de la vaisselle, toujours un brin stressé, comme tous ceux qui s’imposent la perfection. Jean-Medhi Cazaubon, 38 ans, alias Monsieur Pivoine, aura enchaîné les expériences, dans l’animation, la restauration, avant d’ouvrir sa première boutique de fleurs à Andernos, puis Lège… et tomber enfin sur son Graal, la boutique de déco la Maison d’ici à Petit Piquey.

Le meilleur spot de déco Un hasard heureux. Quand un client dans sa boutique éphémère à Petit Piquey lui glisse que la boutique

emblématique est à vendre, il saute sur l’occasion. Un rêve de gosse qu’il pensait inaccessible. D’ailleurs, la Maison d’ici, il la connaissait bien. « Tout ce que j’ai acheté pour chez moi vient d’ici, sourit JeanMedhi, jamais je n’aurais imaginé pouvoir un jour acheter la boutique, le meilleur spot de la déco ici. » On l’aura compris, avant d’être patron, le fleuriste était déjà un fan de la déco de la Maison d’ici. Donc pas de révolution à l’intérieur mais plutôt des ajustements, des coups de cœur en plus, sur du mobilier, du linge, des poteries. Mais déjà, Jean-Medhi a apporté sa touche florale. « Les plantes et les fleurs, pour moi c’est une drogue. Chez moi, il y a des fleurs partout, dans le jardin c’est une jungle et, plus c’est sauvage plus j’aime, je ne suis pas fan des jardins à la française », glisset-il. Alors évidemment, déjà sur la 091

“Chez moi, il y a des fleurs partout, dans le jardin c’est une jungle et, plus c’est sauvage plus j’aime”


“Petit, je piochais des idées dans le catalogue de La Redoute, je dessinais ma maison, la cuisine...” terrasse de la boutique, les fleurs sont arrivées en masse, donnant une nouvelle ambiance et suggérant une invitation au voyage qui n’est pas pour déplaire aux habitués des lieux.

Du rêve à la réalité Cet autodidacte des fleurs à puissé sa passion auprès de sa grand-mère portugaise. « Elle était pauvre mais avait un petit jardin de 100 m², à côté de Nazaré. Elle m’a transmis son adoration pour les plantes, c’était un truc de fou, avec une feuille, elle pouvait replanter », se souvient Jean-Medhi Cazaubon. D’ailleurs, son nom ne sonne pas vraiment portugais. C’était sa grand-mère d’adoption. Abandonné à l’âge de trois mois, il s’est retrouvé avec sa grande sœur 092

dans une famille landaise d’origine portugaise. « Ça m’a permis d’avoir deux cultures, une éducation des choses simples de la vie, je n’aime pas la sophistication », explique JeanMedhi. En culottes courtes, le petit garçon ouvrait des heures entières le catalogue de La Redoute : « Je piochais des idées, je dessinais ma maison, la cuisine, choisissais un canapé pour le salon, une table… » Mais pourtant, malgré ces passions précoces, Jean-Medhi n’a pas voulu se former comme fleuriste ou décorateur. « J’ai choisi la cuisine, j’adore ça, avoir des invités, j’aime les rendez-vous conviviaux », souritil. Aujourd’hui, ce petit garçon devenu grand n’est plus devant son catalogue de La Redoute sans pouvoir concrétiser ses rêves, il les vit en vrai. Pour le plus grand bonheur des amoureux de la déco. La Maison d’ici 75 route de Bordeaux, à Petit Piquey 05 56 03 68 84


Sport ×

“Notre corps est notre jardin et notre volonté est le jardinier.” William Shakespeare, dramaturge, poète et acteur anglais (baptisé le 26 avril 1564-23 avril 1616)

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Capzen, la perle des instituts

Emmanuelle Collin

Comment êtes-vous parvenue à mêler l’huître, communément revalorisée dans l’agroalimentaire, à l’esthétique ? Je me promenais sur les ports en me demandant comment exploiter ces monticules de coquilles. Je me suis rapprochée des ostréiculteurs locaux et j’ai remonté la chaine jusqu’à une société qui m’a proposé plusieurs échantillons de poudres concassées, stérilisées et broyées compatibles avec un usage cosmétique. Ça n’avait encore jamais été fait ! D’où l’importance de déposer un brevet ? Le produit fini est semblable à du sable fin, je n’ai rien inventé jusquelà. C’est la gestuelle que j’ai fait

breveter. C’est comme l’histoire de la tarte Tatin, j’ai expérimenté jusqu’à trouver la technique qui transforme la matière sur la peau, du grain à la cendre, en passant par la gomme.

j’ai choisi de travailler avec des marques proches de mes valeurs, dont Phytomer qui, comme moi, fait confiance aux bienfaits des actifs marins.

Et quels sont les bienfaits de ce gommage ? Loin de l’idée que l’on peut s’en faire, c’est un soin très agréable, qui fait l’effet d’une thalassothérapie ; ça reminéralise et apporte de la douceur à la peau !

En plus de votre soin signature, votre institut a-t-il d’autres particularités ? Capzen est un institut mixte où les soins sont accessibles à tous ! Après une technicienne du regard et une prothésiste ongulaire, depuis peu, Pascal a rejoint notre équipe et autant vous dire que c’est un argument de plus pour que les hommes osent venir se faire épiler et masser sans tabou ! MR

La mer occupe une large place dans votre carte de soins, vous nous expliquez ? Dans une vie antérieure, j’ai dû naître poisson, je me suis toujours sentie liée à l’océan. Par évidence, 094

capzeninstitut.com

Photos © Mélanny Rodrigues

Meilleure apprentie de France, médaillée d’or et d’argent, Emmanuelle Collin a réalisé un parcours sans faute avant de s’établir dans son propre institut, Capzen, en bordure du lac vert de Biganos. En 2020, elle fait breveter une technique de gommage à base de coquilles d’huîtres désormais devenue sa signature. Entretien avec cette esthéticienne ambitieuse et passionnée.


Photos © Mélanny Rodrigues

Florence Chambolle

FL’eau, une Canadienne sur la Leyre GLAMPING SUR LAC. Sur le canoë de son grand-père, en radeau avec les scouts, embarquée avec ses cousins, depuis son enfance, Florence Chambolle glisse sur la Leyre, l’arpente et l’apprivoise. Des années plus tard, sa passion transcendée sur les grands lacs canadiens, l’Arésienne revient sur la terre de ses racines proposant à son tour de faire découvrir, fl-eau.com lors de descente immersive, ce delta qui l’a vue donner ses premiers coups de pagaies. Attachée de développement touristique au sein de la maison de la Nature, cette femme d’action obtient l’agrément Atout France qui lui permet désormais d’organiser à son compte des séjours en itinérance sur le fleuve. Canoë-camping, bains de nature, tour du Bassin en vélo, ponctuées de visites et de dégustations, au fil de l’année, toutes ses prestations sont pensées avec le cœur de celle qui depuis toujours a su écouter sa région. Depuis le début du mois de septembre, la canoéiste innove et propose sur le lac de Cazaux, cette fois, une exclusivité régionale brevetée par trois Vendéens : un paddle convertible à la fois en kayak et en tente. Équipé de deux sacoches étanches, d’une assise amovible et d’une tente élaborée en partenariat avec Trigano, le spécialiste français du matériel de camping, ce paddle s’inscrit comme l’embarcation idéale pour bivouaquer, s’évader et découvrir toute l’étendue du lac en autonomie. L’aventure à portée de rames ! Vous pourrez sur ses conseils avisés passer la nuit à l’abri des roseaux, dans l’intimité d’une crique, confortablement couché sur votre planche. MR 095


Ils étaient trois en 2016, 29 l’an dernier et 32 à la rentrée ! Les frères et sœurs de la classe Europe, petit dériveur solitaire, sont plus nombreux chaque année à rejoindre le Cercle de la voile d’Arcachon pour pratiquer une navigation aussi élégante qu’exigeante.

La « famille Europe » n’en finit plus de s’agrandir au CVA Texte Armelle Hervieu Photos Arnaud Cormontagne (Sauf mentions)

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ous devions nous voir en vrai. Mais Didier Fosse, viceprésident en charge de la voile légère au CVA et coordinateur de la section Europe, est resté cloué chez lui par un incendie ce jour d’août où je l’ai finalement interviewé par téléphone. Le feu rodait autour de sa maison à Belin-Béliet et, quelques heures après, il devait évacuer et laisser, le cœur lourd, sa petite flotte de bateaux à la maison. Une flotte de dériveurs à laquelle ce bon père de famille est pourtant sacrément attaché. « J’ai acheté un Europe à chacun de mes fils parce qu’ils se sont tous passionnés pour ce monotype », nous confie Didier. Aujourd’hui, trois de ses garçons sont toujours compétiteurs. Son aîné, Nathan Fosse (champion de France espoir en 2017), a cessé la compétition pour suivre ses études mais ses puînés ont épousé son sillage de fort jolie façon. Guilhem (17 ans) et Philéas (15 ans) ont ainsi respectivement remporté 096

les deuxième et troisième places de l’open de France d’Europe cet été à Biscarrosse.

Pas qu’une question de sang ! Mais, attention, au CVA, l’Europe se pratique « en famille » mais il n’est pas qu’une question de sang ! Depuis l’arrivée des frères Fosse au club de voile d’Arcachon, la famille europiste s’est nettement élargie. Ils étaient trois en 2016 à s’entraîner et concourir sur ces petits bateaux de 3,35 m et 45 kilos seulement. Ils sont désormais 32. « On peut parler d’une croissance exponentielle ! », relève, heureux, Didier le coordonnateur de l’équipe, qui fait la popote et transporte matériel et compétiteurs partout en France, comme son épouse et les autres parents de la « famille ». « Moi je ne cours pas. Je me suis acheté un Europe pour mes 50 ans, l’ancien bateau de François Gabart, mais je ne suis franchement pas doué ! Les autres responsables du


Cyril Richard au championnat de France

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Championnat du monde

La famille Europe

“C’est surtout la convivialité qui réunit et unit la « famille Europe » du Sud Bassin. On vient d’assez loin pour s’entraîner tous les samedis”

Émilien Grand, benjamin de l’équipe

CVA me pardonnent et m’acceptent comme je suis et notamment notre président, Éric Limouzin, sans qui rien ne serait possible », salue Didier. Au sein de la section Europe arcachonnaise, il y a du très haut niveau. Ainsi, Cyril Richard, double tenant du titre de champion de France en Europe, remettra son titre en jeu aux vacances de la Toussaint à Canet en Roussillon. Le fin limier a aussi remporté, en mai, les championnats de France inter-séries, dans sa catégorie. « Cyril est très bon.

Il gagne à chaque fois ! », se réjouit Didier Fosse. Sabine Rageul n’est pas en reste, elle qui s’est imposée cet été en open de France. Et beaucoup d’autres europistes arcachonnais que l’on ne pourra pas citer ici.

Fragile, exigeant et complexe Mais, au-delà de la performance, c’est surtout la convivialité qui réunit et unit la « famille Europe » du Sud Bassin. On vient d’assez loin pour s’entraîner tous les samedis face à la base nautique Pierre Mallet. De 098

Le coach Arnaud Cormontagne

Pessac, Bordeaux, du Val de l’Eyre… Ces europistes sont d’autant plus méritants qu’ils doivent se déplacer chaque fois accompagnés de leur bateau. « L’Europe n’est pas une série fédérale. Le CVA n’en a pas à poste. Chaque compétiteur doit s’acheter son propre bateau (dont le coût pour une bonne unité d’occasion oscille autour de 2 500 euros). Cela demande de l’engagement, forcément », constate Didier qui souligne que la flottille ne peut rester au CVA pour des questions de place et de fragilité. Impossible d’empiler les Europe sur des racks. Ces frêles esquifs ne le supporteraient pas. L’Europe est un dériveur qui nécessite une grande finesse de barre, beaucoup d’expérience, d’habileté, de réflexion et de doigté. « C’est un bateau très exigeant. On peut tout régler. Il est très compliqué mais son potentiel est énorme », relève Didier. Et, qui sait ? C’est peut-être justement cette belle complexité qui rend littéralement fous d’Europe tous les pratiquants arcachonnais, quels que soient leur sexe, leur âge et leurs origines ! voile-arcachon.fr



Moisson de médailles pour l’aviron d’Arcachon

Du jamais-vu ! Les compétiteurs du club d’aviron d’Arcachon ont remporté une dizaine de médailles cette année. Un cru extraordinaire pour un club petit par la taille mais grand par le talent.

Texte Armelle Hervieu Photos Aviron arcachonnais

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«

Ce fut une année bénie pour nous ! », lance Patrick Villenave, le président de l’Aviron arcachonnais, la mine réjouie. À ses côtés pour nous parler des nombreuses victoires de l’année, Nadine Limouzin, ellemême la plus titrée de tous les athlètes du club. La sexagénaire, toujours bon pied bon œil et bon bras, a remporté plusieurs titres de championne de France indoor mais aussi sur mer et sur rivière. Dans la catégorie master d’aviron sur mer, elle était alignée sur la ligne de départ avec sa collègue Florence Careel, face à des athlètes de 20 ans de moins qu’elle ! Athlètes que la paire LimouzinCareel a laissé derrière, au plus grand étonnement de tous ceux qui n’auraient pas parié sur un duo aussi étrangement assorti. Nadine est un petit bout de bonne femme et sa comparse fait, au bas mot, deux têtes de plus qu’elle !

Des duos détonants « C’est tout le talent de notre entraineur Didier Carus que de savoir trouver des équipes qui fonctionnent », témoignent de concert Nadine et le président de l’Aviron arcachonnais. « Il a l’œil, le feeling pour créer des duos inattendus mais détonants », appuie Patrick Villenave qui prend le relais de l’entraîneur pendant les vacances d’été. Les jeunes du club ont aussi sacrément bien réussi leur saison 2021-2022 ! Au total, les athlètes arcachonnais ont remporté une dizaine de médailles dont cinq titres de champions de France. Parmi eux, Aurélien Martin, « un rameur unique » aux dires du président qui est satisfait d’avoir eu cette année « un bon petit groupe de juniors ». « Mais, ils ne sont

pas encore assez nombreux, relève Nadine. Il faut nous aider à en faire venir d’autres ! L’aviron est une discipline complète et l’ambiance est familiale ici. Tout le monde est bienvenu. » Parmi les 16-18 ans qui se sont démarqués, on compte donc Aurélien Martin qui a décroché une médaille de bronze aux championnats de France de septembre 2021 puis une médaille d’or à ceux du mois de mai 2022 en duo avec la talentueuse Albane Bru. Le jeune garçon est aussi champion de France en beach sprint, une nouvelle discipline d’aviron promise à un bel avenir puisqu’elle devrait être inscrite aux JO de 2028. Jeux olympiques auxquels 101

➀ Les jeunes compétiteurs à l’entraînement

➁ Le groupe de compétition ➂ Les quatre médaillés en 2021 ➃ Aurélien Martin, double champion de France 2022 en J18

“L’aviron est une discipline complète et l’ambiance est familiale ici. Tout le monde est bienvenu”


➀ Écotourisme ➁ Championnat indoor ➂ Pierre Bernolle, 4e au championnat de France mer

➃ Animation rame en 5e dans les collèges

“Malgré le fait qu’il ne compte que 18 compétiteurs sur 200 licenciés, le club d’aviron d’Arcachon figure parmi les quatre à cinq meilleurs de France”

Aurélien ambitionne de participer. En attendant, l’Arcachonnais est sélectionné en équipe de France pour le championnat du monde des nations qui aura lieu en octobre au Pays de Galles. Albane, elle, rentre au pôle espoir aviron de Bordeaux à la rentrée. Nadine lui voit un avenir prometteur.

victoire. Malgré le fait qu’il ne compte que 18 compétiteurs sur 200 licenciés, le club d’aviron d’Arcachon figure parmi les quatre à cinq meilleurs de France, derrière des monstres tels que les clubs de Marseille, Monaco, Sète ou Saint-Malo. Il faut dire que le club sportif, l’un des trois plus vieux d’Arcachon puisqu’il a fêté l’an dernier ses 125 ans, possède une histoire riche et glorieuse avec de nombreux champions tels que les frères Morel, médaillés olympiques dans les années 60 ou encore Pascal Touron, lui aussi médaillé au JO par deux fois dans les années 2000.

D’anciens champions olympiques Une autre jeune du club, Bertille Passemard, a performé en duo avec un athlète déficient visuel, Tadzio Besson, lors des championnats de France mixtes qui consistent à marier un valide à une personne handicapée ainsi qu’une fille à un garçon. Le tandem, créé par Didier Carus, a une nouvelle fois surpris tout le monde en s’adjugeant la 102

Aviron arcachonnais Port de plaisance, quai Goslar 33120 Arcachon aviron-arcachonnais.fr


Enfants ×

“Le monde est un terrain de jeu, tous les enfants savent ça, mais on finit par l’oublier en grandissant.” Réplique du film Yes man

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Wapifun park, le petit poucet des parcs de loisirs !

Photos © Ineh

C’est nouveau. C’est original. C’est agréable. Le lieu a tout pour plaire aux petits comme aux grands. Une ferme, quelques animaux, un trampoline et le tour est joué ! Matthieu et Lucie nous ont séduits !

Ils ont ouvert leurs portes courant juin après une avant-première réussie à laquelle nous avons pu assister. Ils, c’est Mathieu et Lucie, un couple de Miossais. Lui, c’est l’enfant du pays. Élevé près d’Arcachon mais puisant ses origines familiales à Mios, « Mon grand-père détenait la scierie de la ville », confie-t-il. Elle, c’est Lucie, sa compagne, native du Lot-et-Garonne. Ensemble, ils ont deux enfants et un troisième bébé qui a pris son temps à éclore : le Wapifun park. « C’est un projet que nous avons depuis près de six ans. Avec Lucie, nous avons souhaité valoriser les terres familiales. J’ai travaillé un temps dans l’animation et l’immobilier.

Tandis que Lucie, passionnée par les chevaux, a une expérience de quelques années dans les balades à poney acquise chez Walibi. » Wapifun park est donc le nouveau parc de loisirs situé au centre de la ville de Mios. En accès libre, le cadre est propice aux petits moments de vie simples en famille. On y va pour profiter d’une balade à poney, s’amuser sur le trampoline à deux niveaux ou sur la piste de kart, nourrir les animaux de la ferme. On y goûte à l’ombre et on ne voit absolument pas le temps passer. « Nous avions à cœur de proposer des activités essentiellement nature. Nous n’utilisons quasiment pas d’électricité mis à part pour la 104

buvette. Notre but est d’offrir un parc familial dans lequel tout le monde trouve son compte. Pour cette première année, nous nous sommes concentrés sur les petits car c’est notre cœur de cible. Mais nous ajouterons un mini-golf l’année prochaine. L’idée est de faire participer les parents afin qu’ils puissent réellement partager un moment avec leurs enfants. » Ineh Wapifun-park.fr 10 bis allée de Saint-Brice, Mios L’entrée du parc est gratuite. Comme pour un tour de manège, la balade à poney, la piste de kart et le trampoline nécessitent l’achat de jetons.




Accompagner la croissance de l’enfant

Texte Ineh Photos Mélanny Rodrigues

Au centre de soins l’Étoile, à La Teste-de-Buch, Laurent Truong, ostéopathe D.O. met ses compétences au service du développement de l’enfant.

P

résident de l’AOMH (Association des ostéopathes en milieu hospitalier), Laurent Truong est engagé bénévolement auprès du service maternité du pôle Santé. Sur 1 000 naissances, près d’un tiers des bébés nés au sein de l’établissement passent entre les mains des huit membres de l’association créée en 2006. Car, lors de l’accouchement, les nouveau-nés sont soumis à des tensions qui peuvent générer des traumatismes à l’origine de troubles contraignants pour leur développement et leur croissance. L’ostéopathe intervient sans prescription particulière, à la demande du pédiatre, de la sagefemme ou de la puéricultrice, pour corriger les traumatismes et rééquilibrer leur corps. « Nous ne travaillons pas pour les mamans mais pour leur facilité la tâche. Notre fonction première est de redonner de la mobilité, aider et accompagner ces nouveau-nés pour qu’ils puissent être bien dans

la vie », indique l’ostéopathe acupuncteur. L’objectif de l’association est de « développer l’ostéopathie pour les bébés en maternité et de leur offrir un soin afin d’essayer de régler les troubles qu’ils peuvent avoir tels que les problèmes d’endormissement, de succion, de maux de ventre, des difficultés pour la mise au sein… » 1 07

Ainsi, dès les premiers jours de la vie d’un nouveau-né, l’ostéopathie peut être une aide précieuse et facilitante pour les premiers contacts.

L’ostéopathie en prévention En ce qui concerne les enfants plus âgés, il peut être intéressant de consulter à tous les âges au sein d’un


“Le concept de l’ostéopathie, c’est le mouvement. Nous rendons la mobilité au corps dans son ensemble.”

Centre de soins l’Étoile, cabinet d’ostéopathie, 14 bis rue Desbiey, La Teste-de-Buch 06 99 85 52 42

cabinet privé. Laurent Truong, qui exerce depuis plus d’une quinzaine d’années, préconise une consultation ostéopathique au moins une fois par an. Une rencontre préventive qui permet de « vérifier toutes les fonctions d’un point de vue ostéopathique afin que la croissance se passe bien et d’éviter les départs de scoliose, par exemple. Malheureusement, on ne s’en rend compte que tardivement. Pourtant, ce sont ces petites manipulations qui vont permettre de redonner une mobilité inhérente au corps ». Grâce à des techniques de manipulation douce, l’ostéopathe rétablit ainsi le mouvement normal des articulations. Le praticien testerin précise pour terminer que « le concept 108

de l’ostéopathie, c’est le mouvement. Nous rendons la mobilité au corps dans son ensemble. À l’origine des troubles, il y a d’abord des pertes de mouvement. Ensuite, ce sont les adaptations qui se font qui engendrent des problèmes plus tard d’un point de vue morphologique. Ce qui peut également entraîner des soucis au niveau du ventre, du crâne, des viscères… Il est donc préférable de remettre le corps en état plutôt que d’attendre. Car plus vous attendez, plus il sera compliqué de dénouer les mauvaises choses déjà installées. » Ces consultations préventives accompagnent ainsi la croissance de l’enfant et lui assurent un développement harmonieux.



Texte & Photos B. Vergès (Sauf mention)

L’ÉCOLE DE L’EAU Dans sa piscine chauffée à 32 degrés, Mélanie Doat est à l’aise comme un poisson dans l’eau. Elle conjugue son métier passion avec la joie de faire découvrir les plaisirs de l’eau aux très jeunes enfants.

À

35 ans, cette maman de trois jeunes enfants, évidemment tous très à l’aise dans l’eau, dispense vingt cours de natation par semaine à 120 enfants allant de quelques mois à une dizaine d’années. Soit une dizaine d’heures dans l’eau par semaine, toute l’année. Auxquelles il faut ajouter les stages pendant les vacances scolaires. Autant dire que des enfants, elle en voit beaucoup et, Ô miracle, elle les connait tous par leur prénom. Après un diplôme d’études universitaires scientifiques et techniques des métiers de la forme, Mélanie s’est

formée au métier d’animateur (BP JEPS) spécialité activité aquatique. C’est en juin 2011 qu’elle a ouvert, avec son frère et associé Matthieu, le centre de remise en forme Vitalitude. Le déclic est venu de l’école Watsu France qui l’a contactée pour accueillir une formation dans son centre en 2010.

Le watsu, qu’est-ce que c’est ? Littéralement, c’est la contraction de water et de shiatsu, une méthode de relaxation aquatique. De façon plus claire, ce sont des séances de cocooning, de fusion et de partage avec bébé. Elles se pratiquent 110

dès que l’enfant est à jour de ses vaccinations, soit quatre mois jusqu’à la marche, et qu’il a envie de découvrir le monde debout ou ne supporte plus d’être guidé. Mélanie appelle ce cours le « Watsu BB ou mini BB » : il est composé de Louise, un an dans quelques jours, Léon, un an et demi, et Gabrielle, dix mois et demi. Louise vient depuis six mois une fois par semaine et, ce soir-là, elle est lovée dans les bras de son papa, pompier à Gujan : « Un enfant qui sait se retourner dans l’eau ne coule pas. C’est important en termes d’éveil et de motricité. C’est surtout très chouette de partager ce moment


© Denis Moskvinov


avec elle. Et puis, ça lui permet de déjà venir dans notre piscine avec nous. » Le cours de trente minutes se pratique dans les bras de l’un des deux parents. Il consiste en des enchaînements de bercement guidés dans une direction puis dans l’autre, la main entre les jambes de l’enfant et des exercices comme le plongeon la tête sous l’eau depuis la balançoire, le zigzag sur le dos.

L’eau, l’élément naturel

Mélanie Doat

“Je suis dans l’eau en permanence avec eux, j’aime être à leur hauteur, les yeux dans les yeux, c’est rassurant pour eux. Je n’aime pas les dominer.”

« Sauf incident à la naissance, plus on attend et plus il est difficile de retourner à l’eau, synonyme d’émotion. Plus on commence tôt et moins il y aura d’appréhension car l’enfant enchaîne avec ce qu’il a vécu dans le ventre de la mère. Il a tendance à boire la tasse, d’où l’importance de lui transmettre une image positive et d’être dans la bienveillance. On n’est pas encore dans la performance ou l’entraînement pour en faire des nageurs. On écoute le rythme de l’enfant jusqu’à ce qu’il soit prêt à passer aux bébés nageurs, l’étape suivante », explique Mélanie. Les petits ont entre un et quatre ans et tout le matériel pour jouer est 112

installé dans le bassin, toboggan, seau, balle, poisson, arrosoir. « C’est l’âge de la répétition, l’enfant aime refaire plusieurs fois la même chose. Ils n’ont plus envie d’être guidés et sont plus dans le jeu. Ils ne veulent plus être sur le dos car le plafond n’a plus d’attrait. On travaille le sous-l’eau et la propulsion arrière. Il apprend à bouger ses jambes pour retrouver le bord. Ils sont en autonomie, savent sortir de l’eau tout seuls et se tenir au bord. » Il est temps maintenant de passer aux choses sérieuses et de basculer en stage natation, pour lequel Mélanie propose quatre niveaux avec six enfants par cours. « Les premiers viennent de quitter les parents, ils sont à l’aise avec moi car on a créé un lien affectif. Avec les derniers, outre le fait qu’ils maîtrisent la brasse coulée, le papillon, le crawl, on découvre d’autres activités plus liées au plaisir. » Il faut être passionnée, patiente, aimer les enfants (cela va sans dire) et accepter qu’ils prennent le temps nécessaire. Toutes les qualités que possède Mélanie. vitalitude.fr 06 70 77 33 05


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LE BI LLET DE PA S C A L BATA ILLE

© Patrice Bouscarrut

Merci les ayatollahs !

L

’automne est, des quatre saisons, celle qui donne à notre Bassin ses plus beaux et ses plus séduisants atours. Couleurs, odeurs, lumières, changements de marées sont autant de sources d’émotions et de ravissements, comme si la nature tenait à offrir à ceux qui demeurent ici un privilège particulier dont ne bénéficieront jamais les touristes qui s’enfuient fin août. Ils ont bien tort d’ailleurs, car l’été indien, de Lanton au Cap-Ferret et d’Andernos à La Teste, est très certainement la plus agréable période pour profiter de tous les atouts de notre région. Pourtant, cet automne sur le Bassin sera sans doute moins émerveillant que d’habitude. En cause, évidemment, la canicule qui a épuisé la végétation et les sols, et les terribles incendies qui ont ravagé la rive sud, épargnant heureusement les vies humaines mais occasionnant de tragiques traumatismes sur la faune et la flore locales, dont les cicatrices mettront des années à disparaître. Des incendies qui ont été d’autant plus difficiles à maîtriser que la forêt n’était

pas – ou très peu – entretenue, résultat de la doctrine prêchée par certains « défenseurs de l’environnement » très persuasifs, ce qui a retardé systématiquement et rendu parfois impossible la progression des forces de secours et des pompiers. Certains ont osé le dire tout haut, beaucoup l’ont pensé en silence sans oser le formuler : les ayatollahs de la protection de la nature sont en partie responsables de l’ampleur du drame, qui a non seulement dévasté une partie de notre territoire, mais aussi porté un nouveau coup à l’industrie du tourisme, déjà bien meurtrie par deux années de Covid. Répétons-le, l’écologie extrémiste est, comme tous les extrémismes, contre-productive et nuisible. On en a vu les conséquences stériles et néfastes sur les populations de sternes du banc d’Arguin, on en paie aujourd’hui le lourd tribut avec les difficultés rencontrées dans la lutte contre les feux de forêt, on en subit les conséquences parfois stupides sur des sujets d’urbanisation ou d’aménagement du territoire à propos 114

desquels les diktats et les décisions bien trop radicales de certaines administrations, soumises ellesmêmes à la pression d’associations jusqu’au-boutistes, aboutissent à des résultats souvent contraires aux bénéfices recherchés et aux bonnes intentions affichées. Malheureusement, sur le Bassin comme partout dans le monde, la mode est aux ayatollahs ! La moindre parcelle de pouvoir concédée à un élu bouffi de certitudes se sentant investi d’une mission quasi divine ou à un responsable de service ivre de sa petite importance peut s’avérer dangereuse pour le bien commun. Vous qui me lisez avez certainement, hélas, bien des anecdotes illustrant cette regrettable dérive de l’abus de pouvoir permanent, empruntant pour se justifier les habits – pourtant si légitimes et nécessaires – de la défense de l’environnement, mais n’occasionnant finalement que des effets pervers et des dommages collatéraux, contraires à l’objectif essentiel et prioritaire qui est de préserver notre planète et notre qualité de vie. Que notre doux climat et nos paysages si heureusement paisibles puissent engendrer autant d’hystérie, de manque de mesure et d’absence d’intelligence dans l’application des réglementations et du – très liberticide – principe de précaution me surprendra toujours. Pensons-y à chaque fois que l’on a à choisir un futur élu ou à désigner un responsable qui aura à prendre chaque jour des décisions qui impactent l’avenir de notre bassin d’Arcachon et de ses habitants : ne laissons pas les talibans de l’écologie abîmer, au nom de leur croisade, à la fois notre territoire et le bonheur d’y vivre.



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16/08/2022 17:16


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