Tout l'Ufc / n°148 - Le futur

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fc tout l’U L E M A G A Z I N E D E L ’ U N I V E R S I T É D E F R A N C H E - C O M T É / o c t . / n o v. / d é c . 2 011 / n u m é ro 14 8

s r u o t Rseur le futur


Les délégués étudiants réunis à Besançon lors du sommet mondial des universités ont élaboré une déclaration qui synthétise leurs préconisations pour l’avenir des universités.

Une déclaration Dans ce texte, ils marquent leur volonté de construire un espace universitaire international basé sur une véritable reconnaissance des diplômes. Ils préconisent la mise en place de standards en matière d’e-learning. Pour garantir l’accès à l’enseignement aux communautés les plus pauvres, ils parient sur l’accès aux bibliothèques et aux bases de données en ligne. Ils prônent une coopération entre les universités, les industries et les gouvernements, afin d’utiliser efficacement la recherche. Selon eux, les acteurs de l’université devraient être impliqués dans les décisions prises par les autorités locales. Ils insistent sur la mission sociale et citoyenne des universités et sur le fait que la connaissance et la recherche sont d’une grande valeur, sans être strictement rentables. Ils veulent encourager la coopération universitaire entre pays développés et pays en voie de développement.

L’intégralité du texte publié le 30 avril 2011 est accessible en ligne sur le site : http://www.university-summit2011.org/

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SOMMAIRE INSTITUTIONS

Pour promouvoir la mobilité étudiante, ils réclament une simplification des formalités administratives et une augmentation des financements. Ils pensent que les systèmes de mobilité pourraient être réorganisés de façon à profiter à tous les pays, tout en évitant la « fuite des cerveaux ». Ils proposent notamment la création d’un programme d’échanges mondial comparable au programme Erasmus.

LE MAGAZINE DE L’UNIVERSITÉ DE FRANCHE-COMTÉ / octobre 2011 / numéro 148

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INITIATIVES ÉTUDIANTES page 4 FORMATIONS

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Dossier :

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Retours sur le futur INTERNATIONAL

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RECHERCHE

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CULTURE SCIENTIFIQUE

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ART

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AGENDA

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Tout l'Ufc en ligne En complément de la formule papier du magazine Tout l'Ufc, retrouvez des brèves d'information, publiées régulièrement, ainsi qu’une version électronique des anciens numéros sur le site : http://tout-l-ufc.univ-fcomte.fr

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UNIVERSITÉ DE FRANCHE-COMTÉ

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Tout l'Ufc octobre 2011 N°148 Direction de la Communication Université de Franche-Comté 1 rue Goudimel 25030 Besançon Cedex communication@univ-fcomte.fr http://www.univ-fcomte.fr http://tout-l-ufc.univ-fcomte.fr

Directeur de la publication : Claude Condé, Président de l’Université Vice-Président chargé de la communication : Daniel Sechter Directrice de la Communication : Maryse Graner Rédaction : Delphine Gosset Tél. 03 81 66 58 87

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Photographies : Ludovic Godard Tél. 03 81 66 58 95 Conception graphique : Noir sur Blanc Impression : Imprimerie Simon (5 500 ex.) ISSN 1166 7672 Diffusion : Olivia Cœurdevey / Corinne Busi Tél. 03 81 66 58 86 / 58 09


INSTITUTIONtoutl’Ufc Honneurs Le 7 septembre, trois éminents scientifiques ont été reçus à l’Université de Franche-Comté pour y recevoir les titres de docteur honoris causa et de professeur honoraire. Parmi eux, deux prix Nobel de physiologie-médecine et un ancien ministre russe.

Distinctions Le 25 mai, Françoise Bévalot, ancienne présidente de l’Université de FrancheComté (de 2001 à 2006), a été promue au grade de Chevalier de la légion d’honneur. Actuelle responsable du département de pharmacognosie à l’UFC, elle est également conseiller d’établissement auprès de Patrick Hetzel, directeur général pour l’enseignement supérieur et de l’insertion professionnelle a u m i n i s t è re d e l ’ E n s e i g n e m e n t supérieur et de la recherche, qui lui a remis cette distinction.

Économiste et mathématicien réputé, Boris Georguievich Saltykov a contribué à la transformation de la recherche russe dans les années 1990, en tant que ministre de la science et de la technologie et vice premierministre. Il a joué un rôle important dans l’établissement de relations scientifiques et économiques avec le reste de la communauté internationale. Il a créé des centres scientifiques d’État et organisé une nouvelle législation pour la science dans laquelle figurent notamment des lois sur les dépôts de brevet. Il est l’actuel directeur général du musée polytechnique de Moscou. C’est Raymond Besson, chargé de mission pour les relations avec la Russie, qui a proposé que le professeur Saltykov reçoive le titre de docteur honoris causa1 de l’UFC. Christiane Mougin, directrice de l’unité de recherche Carcinogenèse épithéliale : facteurs prédictifs et pronostiques (EA 3181), a présenté le professeur Harald zur Hausen. Ce virologue doit sa célébrité à l’identification de l’ADN de deux virus : HPV 16 et HPV 181 impliqués dans le cancer du col de l’utérus.

En reconnaissance de son action au service de l’éducation, de l’enseignement et de la recherche, Claude Condé, actuel président de l’Université de Franche-Comté, a été promu au grade de chevalier de l’ordre national du mérite. Celui-ci lui a été décerné par Christian Decharrière, Préfet de région, le 30 juin 2011, dans les locaux de la maison de l’Université. Lors de son discours, Claude Condé a insisté sur la responsabilité sociale des universités, l’importance de la recherche fondamentale et l’intérêt du caractère pluridisciplinaire des formations.

Boris Georguievich Saltykov

Ces travaux qui lui ont valu le prix Nobel de physiologie-médecine en 2008. « La découverte du rôle des infections virales, bactériennes ou parasitaires dans le développement de certains cancers a été une petite révolution dans notre domaine. Elle nous a fourni des pistes pour prévenir et combattre ces maladies » raconte-t-il. Il existe en effet désormais des vaccins efficaces contre ces deux types de papillomavirus2. Françoise Barré-Sinoussi, elle-aussi lauréate du prix Nobel de physiologie-médecine en 2008, pour sa contribution à la découverte du virus de l’immuno-déficience humaine (VIH), a reçu quant à elle le titre de professeur honoraire3 de l’Université de Franche-Comté (cf. article page 20), à l’initiative de Jean-Luc Prétet, chercheur dans l’équipe EA 3181.

1 Le doctorat honoris causa est un titre honorifique décerné par une université à une personnalité étrangère qui a posé son empreinte dans un domaine particulier. 2 Le papillomavirus humain (human papillomavirus, HPV) est responsable d’infections sexuellement transmissibles. 3 Le titre de docteur honoris causa étant réservé aux personnalités étrangères, Françoise Barré-Sinoussi a reçu le titre de professeur honoraire.

Françoise Barré-Sinoussi

Harald zur Hausen

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FORMATIONStoutl’Ufc

L’UFR SMP est maintenant bien implantée sur le pôle TEMIS Santé, à côté de l’hôpital Jean-Minjoz où seront à terme rassemblés tous les services hospitaliers bisontins. Cette proximité est bénéfique pour la formation pratique des étudiants qui y accomplissent de nombreux stages.

Les étudiants en première année à l’UFR Sciences médicales et pharmaceutiques ont fait leur rentrée dans de nouveaux bâtiments situés à proximité de l’hôpital Jean-Minjoz.

Une rentrée sur TEMIS Santé Cette installation sur le site des Hauts du Chazal, rebaptisé TEMIS Santé, marque le quasi-achèvement d’un projet de déménagement engagé il y a plus de dix ans.

Historiquement, les bâtiments de la faculté de médecine et de pharmacie se situaient au centre-ville de Besançon, en face de l’hôpital Saint-Jacques, dans l’ancien Arsenal. La capacité d’accueil de ces locaux devenant insuffisante pour faire face à l’augmentation des effectifs étudiants1, un second site a été implanté sur le site dit « des Hauts du Chazal », à côté de l’Hôpital Jean-Minjoz. Une première phase de travaux a permis d’y installer une partie des étudiants, des enseignants-chercheurs et de l’administration, à partir de la rentrée 2004. Il manquait cependant des locaux pour accueillir les étudiants de premier cycle et les équipes de recherche en pharmacie, restées sur le site de l’Arsenal. C’est désormais chose faite grâce à la construction de nouveaux bâtiments2. Tous les étudiants en première année commune des études de santé3 et tous les étudiants en année préparatoire des métiers de la rééducation (APEMR)4, soit environ 950 étudiants, ont pu, dès la rentrée 2011, profiter de deux nouveaux bâtiments. Ceux-ci incluent trois amphithéâtres, 16 salles de cours, 5 salles de travaux pratiques, une salle d’étude équipée de postes informatiques et un espace convivialité.

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Ces bâtiments accueillent aussi, depuis la rentrée, les services administratifs et la scolarité de l’UFR. Deux amphithéâtres supplémentaires, construits en 2012, permettront d’accueillir la 3ème année de médecine, encore enseignée temporairement sur le site de l’Arsenal. Quant aux unités de recherche, elles attendent la fin imminente de la construction d’un troisième bâtiment pour emménager. La décoration de l’espace de vie étudiante a été confiée à l’artiste Stéphane Calais.

Le site de l’Arsenal ainsi libéré permettra l’installation de certains départements de l’UFR Sciences du langage, de l’homme et de la société (SLHS). 1 Cette année, les effectifs atteignent environ 4900 étudiants. 2 La construction des nouveaux bâtiments représente un budget global de 24 933 000 euros financés par l’État, la Région Franche-Comté et la Ville de Besançon dans le cadre de contrats de plan État-région (CPER). 3 La première année commune des études de santé rassemble les étudiants qui se destinent à l’étude de la médecine, de la pharmacie, de l’odontologie (avec poursuite d’études à Strasbourg) ou de la maïeutique (études de sage-femme). 4 L’année préparatoire des métiers de la rééducation (APEMR) regroupe les étudiants qui se destinent aux études de masseurkinésithérapeute, psychomotricien ou ergothérapeute.


FORMATIONStoutl’Ufc Les infirmières à l’université

Les formations en soins infirmiers développent leur dimension universitaire. Les futurs infirmiers bénéficient du statut étudiant et pourront obtenir un grade de licence.

Depuis 2010, les étudiants en soins infirmiers sont doublement inscrits à l’Université de Franche-Comté (UFC) et dans l’un des six instituts de formation (IFSI) régionaux. Ainsi, ceux et celles qui obtiendront leur diplôme d’État infirmier (DEI) à partir de 2012 accéderont au grade de licence. Ce statut leur ouvre l’accès aux services de l’UFC : bibliothèques et espace numérique de travail par exemple. Ils bénéficient également des services du CROUS. La formation est toujours dispensée dans les IFSI. Les transformations portent sur la partie universitaire du cursus qui, jusqu’à présent, différait selon les établissements. Les disciplines concernées sont surtout les sciences biologiques et médicales ainsi que les sciences humaines et le droit. Un travail s’appuyant sur la vidéo et l’enseignement numérique a été réalisé pour obtenir des contenus homogènes auxquels tous les futurs infirmiers auront accès. Les lieux de stage seront labellisés par l’université et celle-ci participera au jury d’attribution du DEI.

Contacts : Fabrice Vuillier UFR Sciences médicales et pharmaceutiques fabrice.vuillier@univ-fcomte.fr http://medecine-pharmacie.univ-fcomte.fr

De nouveaux apprentis Quatre formations de l’université ouvrent à l’apprentissage cette année. Elles concernent les secteurs du bâtiment, de l’énergie, des relations internationales et des ressources humaines. La deuxième année du DUT Génie civil ainsi que les licences professionnelles spécialités Énergies renouvelables1, Piloter les ressources humaines dans les petites et moyennes organisations2 et Attaché au développement international des organisations3 (ADIO), accueillent des apprentis depuis la rentrée 2011. Cela porte à 21 le nombre de formations ouvertes à l’apprentissage à l’Université de Franche-Comté. « Cette formule va continuer à se développer. Nous espérons atteindre les 350 apprentis, répartis dans 25 formations, en 2013», prévoit Christian Myotte-Duquet, directeur du Centre de formation des apprentis du supérieur (CFA-Sup)4.

Il s’agit pour l’université de capter un public de jeunes séduits par l’alternance. La formule offre les avantages d’un double statut d’étudiant-salarié et garantit des compétences professionnelles acquises sur le terrain. Les apprentis qui passent de longues périodes en entreprise se voient en effet confier plus de responsabilités que de simples stagiaires. Les demandes d’ouverture à l’apprentissage sont gérées par le CFA-Sup. La Région Franche-Comté donne ensuite son aval, en fonction du soutien exprimé par les professionnels du secteur en question. Condition sine-qua-non pour obtenir cet accord : suffisamment d’employeurs doivent s’engager à prendre des apprentis.

1 Il s’agit d’une spécialité de la licence professionnelle Énergie et génie climatique, proposée à l’IUT Belfort-Montbéliard. 2 Il s’agit d’une spécialité de la licence professionnelle Gestion des ressources humaines de l’IUT Besançon-Vesoul 3 Spécialité de la licence professionnelle Commerce proposée à l’IUT de Belfort-Montbéliard. 4 Voir le numéro 141 de Tout l’Ufc qui comporte dossier thématique sur l’alternance.

Contacts : CFA Sup-FC 26 avenue de Montrapon 25000 Besançon Tél. 03 81 56 76 88 contact@cfasup-fc.com http://www.cfasup-fc.com

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FORMATIONStoutl’Ufc

Damienne Bonnamy, directrice de l’Université ouverte.

Déjà trentenaire « L’idée d’une université ouverte à tous est née en 1976, à la suite du succès rencontré par un cours sur l’histoire régionale auprès des bisontins. La structure a été créée en 1981 pour répondre à la demande conjointe du public et des collectivités. Elle rassemble aujourd’hui 3700 inscrits», explique Damienne Bonnamy, directrice de l’Université ouverte. L’objectif de l’UO est de mettre les savoirs universitaires à la portée du grand public. Toute la région est concernée, avec 8 antennes : à Besançon, Montbéliard, Vesoul, Lons-le-Saunier, Dole, Gray, Lure et dans le Haut Jura, sans compter toutes les autres villes qui accueillent des conférences. Moyennant un droit d’inscription forfaitaire1, chacun peut assister librement à autant de cours qu’il le souhaite. L’offre est vaste : beaucoup d’histoire mais aussi de l’astronomie, de la littérature, des langues vivantes et anciennes, des sciences… L’UO propose même des voyages pédagogiques2, avec des conférenciers accompagnateurs. L’an dernier, certains auditeurs sont partis en Syrie, d’autres dans les capitales Baltes. L’année précédente, des destinations comme la Russie, les USA, l’Angleterre, l’Algérie et la Jordanie étaient proposées. 8

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L’Université ouverte (UO), née pour vulgariser les savoirs, fête ses 30 ans cet automne. Elle a saisi l’occasion pour donner un coup de jeune à son programme. Pour son trentième anniversaire, l’UO organise une rentrée festive (cf. encadré ci-dessous). Cette année sera surtout l’occasion d’exploiter des partenariats récents avec certains musées régionaux et de développer le programme avec de nouvelles disciplines : du japonais, de la sociologie… Au menu également, de nouvelles formules : les éclectiques conférences des « mardis des savoirs partagés », de la poésie le jeudi, de la science pour les « mercredi Pasteur »3. Transgénérationnelle, l’UO propose même aux grands-parents et à leurs petits enfants de visiter ensemble la Fabrika sciences, qui est une salle d’exposition de l’UFC dédiée à la culture scientifique.

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1 Ce droit s’élève à 81 euros à Besançon, moins dans les autres antennes. Les personnes non imposables en sont exonérées. 2 Les frais de voyage sont à la charge de l’auditeur. 3 Ces conférences bénéficient du Label Pasteur créé par la Région Franche-Comté pour promouvoir la culture scientifique.

Contacts : Administration Mauricette Vaillet Tél. 03 81 66 51 02 mauricette.vaillet@univ-fcomte.fr Inscriptions Anne Baudry Tél. 03 81 66 51 05 anne.baudry@univ-fcomte.fr

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À cette occasion les anciens directeurs de l’UO donneront une série de conférences. Mercredi 19 octobre à 16 h au Grand Kursaal Présentation générale du programme Mercredi 19 octobre à 17h30 au Grand Kursaal "Au galop avec les cavaliers grecs" par Michel Woronoff. Jeudi 20 octobre à 17h30 à l’amphithéâtre Petit de l’UFR SLHS "Madame Mahaut, comtesse de Bourgogne et dame de Salins (1285-1329)" conférence de Jacky Theurot Vendredi 21 octobre à 17h30 à l’amphithéâtre Petit de l’UFR SLHS "Ce que la Révolution française fait à la philosophie", conférence de Frédéric Brahami Samedi 22 octobre concert surprise


LE DOSSIERtoutl’Ufc

Retours

sur le futur

Retour sur quelques-uns des grands classiques de la science-fiction : robots, matière transformable, mondes virtuels…

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Rseutroleufrustur Un robot particulièrement avenant a fait son entrée à l’UFR Sciences et techniques pour amener les étudiants à envisager l’informatique et l’automatique sous un jour nouveau.

Sounkalo Dembélé

« Un robot, c’est une machine capable d’interagir avec son environnement et de prendre des décisions de manière relativement autonome », explique Nicolas Andreff, enseignant à l’UFR ST et chercheur au département AS2M1 de l’institut FEMTO-ST 2. Sur sa proposition, le département d’enseignement GAP 3 de l’UFR Sciences et techniques a fait l’acquisition d’un robot pédagogique. Celui-ci a été spécialement conçu par la société française Aldebaran Robotics pour des besoins universitaires. Ce robot, baptisé Nao, peut être programmé pour réaliser de nombreuses actions : aller chercher un objet dans une pièce adjacente, repérer un ballon pour shooter dedans ou encore faire une démonstration de tai-chichuan… Son apparence humanoïde a fait de lui la vedette des travaux pratiques de première année de licence Sciences et techniques. « Les étudiants se photographiaient avec lui à la fin de la séance ! » s’amuse Sounkalo Dembélé, enseignant au département GAP. Il ajoute : « C’est un excellent moyen pour illustrer nos cours. Il nous permet de montrer tout ce que le fonctionnement d’une machine intelligente

suppose en matière de mécanique, d’automatique, d’électronique et bien-sûr de programmation. » Nicolas Andreff précise : « C’est aussi l’occasion de leur faire comprendre que l’informatique ne se limite pas aux ordinateurs et qu’elle est présente dans de nombreuses machines ». En première année, les étudiants tentent de faire exécuter au robot un geste simple qu’ils ont préalablement programmé sur un simulateur. En master, Nao, pourra illustrer les cours consacrés à la vision artificielle. Ce robot, doté de deux caméra est en effet capable de repérer et de reconnaître certains objets, tout comme le font les machines équipées de systèmes d’acquisition et de traitement d’image qui permettent de trier des objets sur une chaîne dans une usine. S’ils sont en apparence moins spectaculaires que les humanoïdes, les robots industriels avec lesquels les étudiants se familiarisent au cours de leur cursus en Sciences pour l’ingénieur sont tout aussi complexes. Nao est une entrée en matière plus attrayante. Dans l’industrie comme ailleurs, l’utilisation des robots continue de se développer. « Ils finiront par faire partie intégrante de notre quotidien, au même titre que les ordinateurs. Après l’informatique, la robotique s’annonce comme la prochaine grande révolution technologique », affirment d’une seule voix les deux enseignants chercheurs. 1 Automatique et systèmes micro-mécatroniques 2 Franche-Comté électronique, mécanique, thermique et optique-sciences et technologies 3 Groupe automatique et productique

Contacts : Nicolas Andreff, Tél. 03 81 40 29 61 nicolas.andreff@univ-fcomte.fr Sounkalo Dembélé Tél. 03 81 40 28 13 sounkalo.dembele@femto-st.fr UFR Sciences et techniques Groupe automatique et productique (GAP) Institut FEMTO-ST UMR CNRS 6174 Département Automatique et systèmes micro-mécatroniques (AS2M)

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LE DOSSIERtoutl’Ufc

Programmer la matière Des chercheurs du laboratoire d’informatique de Franche-Comté collaborent avec une université américaine pour créer des objets transformables. Des billes qui s’assemblent spontanément pour prendre la forme de différents objets ? On n’est pas loin du T-1000 du film « Terminator 2 », ce robot polymorphe constitué d’un assemblage de machines microscopiques. Le projet de recherche Claytronics vise lui-aussi à créer de la matière programmable à partir de microrobots capables de se mouvoir et de s’assembler selon différentes configurations.

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À la base de cette technologie du futur : des MEMS intelligents distribués. MEMS est l’acronyme anglais pour « systèmes microélectromécaniques ». La plupart sont des capteurs et/ou actionneurs de très petite taille qui peuvent recevoir puis exécuter une commande. On en trouve déjà dans les voitures ou dans les téléphones portables. Le caractère « intelligent » des MEMS utilisé dans le projet Claytronics tient à leur capacité à communiquer et à traiter de l’information. On parle de MEMS « distribués » quand ils sont très nombreux et qu’ils collaborent ensemble.

« Un mètre cube de MEMS intelligents distribués représente, en termes de quantité de relais où s’échange de l’information, la même complexité que l’ensemble de l’internet », commente Julien Bourgeois, chercheur au Laboratoire d’informatique de Franche-Comté (LIFC) impliqué dans le projet Claytronics. Il poursuit : « Cependant, l’internet est hiérarchisé et dispose d’éléments extrêmement puissants qui font transiter beaucoup d’informations, tandis que les MEMS sont tous identiques et ont des fonctionnalités relativement simples. »


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Des blocs intelligents

Programmer l’ensemble pour que les tâches se répartissent efficacement sur chaque élément représente donc un vrai casse-tête informatique qui relève de l’algorithmique distribuée. « Il nous faut aussi prendre en compte des contraintes mécaniques et électriques liées à la nature des robots. Ce projet nous oblige à travailler de façon véritablement pluridisciplinaire » note-t-il. À l’Université Carnegie Mellon (USA), qui pilote le projet, les chercheurs ont mis au point des robots cylindriques de un millimètre de diamètre. Ceux-ci se déplacent, communiquent entre eux, s’alimentent en énergie et s’accrochent les uns aux autres grâce aux forces électrostatiques. « Nous avons encore beaucoup de travail devant nous », reconnaît Julien Bourgeois. « Nous allons établir les concepts et montrer qu’il est possible de réaliser et de programmer efficacement cette matière transformable.

Les applications des MEMS intelligents distribués sont très vastes. Forts de l’expérience acquise lors du projet Smart surface monté il y a 4 ans, Julien Bourgeois et ses collaborateurs ont lancé le projet Smart Blocks, qui bénéficie d’un financement de l’Agence nationale pour la recherche (ANR). Il s’agit d’une surface constituée de petits blocs d’1cm² comprenant une centaine de MEMS. Ces blocs seront capables non seulement de détecter une pièce et de la convoyer, mais aussi de s’auto-organiser pour remplacer un éventuel bloc défectueux. L’Université de Franche-Comté est leader de ce projet qui fait l’objet d’une collaboration entre l’institut FEMTO-ST et le LIFC.

Mais pour que la technologie émerge rapidement, un partenaire industriel devra s’investir massivement dans le projet. Pour le moment, nous collaborons avec Intel Research ». Il faudra donc attendre encore quelques années avant de voir un robot se décomposer pour se glisser sous une porte et se reformer de l’autre côté, mais cela devient envisageable. La fiction est en train de rejoindre la réalité. 1 Film de James Cameron sorti en 1991

Contact : Julien Bourgeois Equipe OMNI (Optimization, mobility, networking) LIFC Tél. 03 81 99 47 75 julien.bourgeois@univ-fcomte.fr http://lifc.univ-fcomte.fr/~bourgeoi http://www.cs.cmu.edu/~claytronics

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LE DOSSIERtoutl’Ufc « La réalité augmentée nécessite encore l’utilisation de marqueurs comme cette plaque que le programme informatique utilise comme repère mais bientôt, on pourra s’en passer » déclare Benoît Piranda

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Augmenter la réalité Sur le campus des portes du Jura, on mêle les arts plastiques à l’informatique pour fabriquer des « miroirs magiques »… Dans les mains de Benoît Piranda : une simple plaque de carton blanc où figurent quelques marques noires. L’écran d’ordinateur en face de lui renvoie son image en miroir. Sur ce reflet, la plaque de carton s’est métamorphosée en maquette d’une ville en trois dimensions. Quand il incline la plaque, on survole la cité. Un geste de la main et on zoome sur les bâtiments. Un autre geste et on voit l’eau envahir les rues de la ville, simulant une crue… Cette réalisation du LaSeLDi1 illustre le principe de ce qu’on appelle aujourd’hui la « réalité augmentée » : des environnements interactifs qui intègrent des éléments virtuels dans un décor réel. Ce « miroir magique » est assez complexe à réaliser. L’environnement réel est filmé par une caméra. Le flux d’images vidéo est traité de façon quasi-instantanée par un ordinateur. Le programme informatique reconnaît certains objets dans l’image, analyse leur position et incruste à la place des images de synthèse. Ces images sont animées de façon à conserver une orientation, une perspective et des mouvements cohérents par rapport au décor dans lequel elles s’insèrent.

« Les bases mathématiques qui permettent ce genre de chose existent depuis une dizaine d’années, mais on était jusqu’à présent limité par les capacités des ordinateurs » explique Benoît Piranda, chercheur au LaSeLDi. Il précise : « Je cherche actuellement à améliorer la qualité de l’incrustation

en programmant les ombres et les lumières de l’objet virtuel de façon à ce qu’elles s’adaptent à l’éclairage du décor réel. » Les étudiants en deuxième année de master Produits et services multimédia s’intéressent à la réalité augmentée au cours de leur formation. C’est un domaine particulier, à la frontière entre l’informatique et les arts plastiques. « Ceux qui sont attirés par l’aspect graphique ne doivent pas être rebutés par l’informatique, les mathématiques et la physique indispensables à ces réalisations. A l’inverse, les informaticiens doivent être à l’aise avec l’aspect esthétique des choses », remarque Benoît Piranda, qui enseigne dans ce master dispensé à l’UFR STGI.

Ici, la petite boîte se transforme sur l’écran d’ordinateur en une arène où un petit robot se déplaçant sur une roue évolue en fonction des mouvements qu’on imprime à la boite. Les étudiants en deuxième année de master Produits et services multimédia ont contribué à cette réalisation.

Très ludique, la réalité augmentée commence à être utilisée dans les parcs d’attraction et dans les musées comme élément scénographique. Elle se développe aussi dans le marketing et la publicité. « On pourrait échanger des objets virtuels en trois dimensions dans des visioconférences pour discuter de projets d’urbanisme ou d’architecture par exemple » imagine-t-il. 1 Laboratoire de sémiolinguistique, didactique et informatique

Contact : Benoît Piranda LaSeLDI Département PSM/UFR STGI Campus Portes du Jura Montbéliard Tél.03 81 99 47 48 benoit.piranda@univ-fcomte.fr http://psm-serv.pu-pm.univ-fcomte.fr

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n o i r ma

e n Watteyn to : Mario o h p it d ré C

Un paysage de Laponie, à Abisko.

Marion Watteyne a profité de son séjour à Göteborg pour acquérir très rapidement de bonnes bases en suédois. L’an passé, elle a renouvelé l’expérience sous la forme d’un stage de travail au service des relations internationales de l’Université de Keele, dans le cadre de son master Médiation culturelle et linguistique.

Anne-Sophie Plasman, 23 ans, a passé une année universitaire à Birmingham en 2008-2009. Elle a validé un master Métiers de l’enseignement et de la formation et vient d’obtenir le CAPES pour devenir professeur d’anglais.

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Emilie Perrot, partie aux USA en 2009-2010 est en master Métiers de l’enseignement et de la formation (MEF), à l’IUFM. Elle passe le CAPES tout en se préparant à partir un an en Australie, à partir du moins de janvier, pour y enseigner en tant qu’assistante.

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Old Main, un bâtiment du Knox College, aux USA, où Emilie Perrot suivait ses cours d’histoire et de littérature.

Crédit Photo : Emilie Perrot

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INTERNATIONALtoutl’Ufc Destinations : Göteborg, en Suède, Birmingham, Angleterre et Galesburg, aux USA. Trois étudiantes racontent leurs années universitaires à l’étranger.

La langue en bagage Dans la filière Langues, littératures et civilisations étrangères (LLCE), les séjours linguistiques représentent un passage obligé. L’envie de voyager est partagée par les étudiants dès leur première année de licence, mais c’est généralement en troisième année qu’ils profitent des systèmes de mobilité internationale proposés par l’Université1. Anne-Sophie Plasman et Marion Watteyne ont bénéficié du programme Erasmus et sont parties respectivement à Birmingham, au nord de l’Angleterre et à Götebgorg, en Suède. Emilie Perrot a rejoint une école privée réputée : le Knox College à Gallesburg (Illinois), aux États Unis, dans le cadre d’accords interuniversitaires. Même quand on vient d’une filière où la majorité des enseignements est dispensée en anglais, il faut un petit temps d’adaptation à la langue. « Au début, je n’osais pas prendre la parole en cours ! » raconte Emilie Perrot. « Si on se compare aux Suédois, qui sont majoritairement bilingues et anglophones, on fait encore beaucoup de fautes » avoue Marion Watteyne. Rien de tel que le partage d’une colocation avec cinq étudiants autochtones, comme l’a fait Anne-Sophie Plasman, pour parfaire son anglais. Cela suppose cependant de tolérer une certaine promiscuité. Sur les campus américains, les étudiantes sont logées deux par deux dans des chambres exigües, « il vaut mieux s’entendre avec sa camarade de chambre ! » ironise Emilie Perrot, qui en a côtoyé trois. Marion Watteyne a apprécié le caractère avenant des suédois dans sa résidence universitaire. « Ils me venaient spontanément en aide. Mais pour engager une véritable conversation, c’était un peu plus difficile » regrette-t-elle. La pratique sportive est parfois l’occasion de lier connaissance. Emilie Perrot a rencontré beaucoup d’amis en rejoignant l’équipe de natation et de polo de Knox. Anne-Sophie Plasman témoigne elle-aussi de l’importance du sport dans les pays anglo-saxons : «Les jeunes anglais indiquent plus volontiers le club de sport auxquels ils appartiennent que leurs petits

boulots sur leur CV ! » remarque-t-elle. Pour elles, les rencontres étaient d’autant plus faciles qu’en Angleterre, « on sort beaucoup le soir, on ne reste pas chez soi à regarder la télévision ». Selon Emilie Perrot, le campus américain est bien à l’image de ceux des séries télévisées, avec ses fraternités d’étudiants et ses joueurs populaires de football américain. D’abord surprise par la difficulté à trouver de l’eau plutôt que du soda à la cafétéria, par la démesure des portions servies dans les restaurants, ou par les panneaux demandant de déposer les armes à l’entrée de certains magasins, elle reconnait que les clichés reflètent une certaine réalité. L’étudiant français n’est pas non plus épargné par les stéréotypes : « J’ai tout de suite été identifiée comme une française en allant acheter du Nutella dans un supermarché ! » raconte Marion Watteyne.

apprend à développer une opinion et à en changer ! » affirme Marion Watteyne. Toutes trois ont profité de leur séjour pour visiter les alentours. La Laponie, les lacs et les forêts suédoises, ont laissé des souvenirs inoubliables à Marion Watteyne : « Autant j’hésitais avant de partir, autant je suis maintenant persuadée qu’il faut le faire. C’était une expérience unique ». 1 Différents programmes (Erasmus, ISEP, CREPUQ et AIU) sont proposés 2 Les bourses sur critères sociaux sont cumulables avec les allocations Erasmus et les aides à la mobilité bourses offertes par la Région Franche-Comté (AQUISIS).

Côté financier, le cumul des différentes bourses2 assure un revenu correct. « Il est tout de même préférable d’avoir des économies. Les études sont chères en Angleterre. D’ailleurs, la plupart des jeunes travaillent pendant un an avant d’entrer à l’université » précise Anne-Sophie Plasman. Emilie Perrot s’est débrouillée pour trouver un job sur place. Assistante au département de français du Knox College, elle remplaçait les enseignants absents, tenait des permanences et animait le club de langue. Dans les universités américaines, anglaises et suédoises, la pédagogie diffère de celle qui est pratiquée en France. « A l’Université de Birmingham, les cours ont lieu en petits groupes, dans une ambiance décontractée : on peut venir avec un café pour discuter autour d’une table », explique Anne-Sophie Plasman. Emilie Perrot a également trouvé les cours moins formels, plus interactifs. Elle a apprécié la disponibilité des professeurs : « On pouvait les rencontrer facilement, en dehors des cours pour discuter de notre travail. » Quant à l’enseignement suédois, il s’appuie beaucoup sur le travail de groupe : « c’est intéressant car on

Informations sur les programmes d’échanges internationaux : Délégation générale aux relations internationales et à la francophonie (DGRIF) 2, place Saint Jacques 25030 Besançon Cedex http://www.univ-fcomte.fr rubrique International ou rubrique « étudier à l’étranger » du guide de l’étudiant de l’UFC.

UN N II V VE ER RS S II T TÉ É D DE E F FR RA AN NC CH HE E -- C CO OM MT TÉ É U

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Le vécu d’une grande découverte. Françoise Barré-Sinoussi, prix Nobel de physiologie médecine, a rencontré de jeunes chercheurs de l’Université de Franche-Comté lors de sa venue le 7 septembre. Jean-Luc Prétet, chercheur dans l’équipe « Carcinogenèse épithéliale, facteurs prédictifs et pronostiques » est l’instigateur de cette rencontre.

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UNIVERSITÉ DE FRANCHE-COMTÉ


illustration : US National Institute of Health, via Wikimedia Commons

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À l’occasion de sa venue à l’Université de Franche-Comté, Françoise Barré-Sinoussi, prix Nobel de physiologiemédecine1, a rencontré de jeunes chercheurs. Répondant aux questions émises dans la salle, elle a raconté son état d’esprit lors de la découverte du virus de l’immunodéficience humaine (VIH).

On a littéralement squatté une pièce vide à l’institut Pasteur pour y installer du matériel et travailler dans l’isolement. La prudence était de mise : on savait que le virus se transmettait par le sang, mais on ignorait s’il existait d’autres modes de contamination. Notre état d’esprit, c’était l’urgence : il fallait se mobiliser dans un contexte où beaucoup ne voulaient pas voir, ne voulaient pas croire, y compris dans les populations à risque. Les politiques n’étaient pas à l’écoute et les médias se focalisaient sur certaines populations. C’était une situation très stressante. On savait que le virus se transmettait par le sang et les dérivés sanguins. Il fallait développer des tests diagnostiques, tester les hémophiles, régler la question de la transmission de la mère à l’enfant…

« Au début, c’était un coup de sonde. Notre équipe travaillait à l’époque sur les rétrovirus2 et le cancer. Des collègues cliniciens étaient venus nous voir avec leurs interrogations sur cette nouvelle maladie dont on commençait à entendre parler. Ils voulaient savoir s’il pouvait s’agir d’un rétrovirus du type de ceux qui causent certaines leucémies chez l’adulte. Nos moyens techniques nous permettaient de le vérifier, mais on n’y croyait guère.

Des patients venaient nous rencontrer dans notre laboratoire. Des personnes jeunes, touchées par la maladie, dont on savait qu’elles allaient mourir. Je me voyais expliquer le fonctionnement du virus, avec de petits schémas, à des patients plein d’espoirs, tout en sachant au fond de moi que ces patients-là n’auraient pas le temps de bénéficier des thérapeutiques issues de nos travaux. C’était éprouvant.

Nous avons mis en culture des cellules lymphocytaires3 obtenues à partir d’un prélèvement de ganglion réalisé sur un patient. Des signes d’activité rétrovirale sont apparus au bout de quelques jours, mais ensuite, les cellules se sont mises à mourir. Notre première réaction a été la panique : on a cru perdre le rétrovirus à cause d’un problème technique. On s’est empressé de rejoindre la banque de sang de l’Institut Pasteur, de l’autre côté de la rue, pour aller chercher du sang de donneur et rajouter des lymphocytes dans la culture. Mais de nouveau, on a observé une activité rétrovirale, puis la mort cellulaire. C’est là qu’on a compris qu’on tenait quelque chose. Nos collaborateurs américains nous ont fourni les réactifs qui nous permettraient de vérifier s’il s’agissait d’un rétrovirus de la famille HTLV14 suspectée par nos collègues cliniciens. Les tests ont montré qu’il s’agissait d’autre chose.

« Notre état d’esprit, c’était l’urgence » C’était en février 1983. Les pièces du puzzle commençaient à s’assembler. Je me rappelle avoir eu au téléphone un ami américain à qui j’ai voulu faire partager mon enthousiasme : « Je crois qu’on tient le virus responsable de cette nouvelle maladie qu’on appelle le SIDA ! » Il m’a répondu : « Si c’est vraiment le cas, à ta place, je jetterais ce virus à la poubelle ». Il faut dire qu’à l’époque, on ne mesurait pas encore l’ampleur de l’épidémie : on ne comptait qu’une cinquantaine de patients en France. Un an plus tard, des informations venues d’Afrique nous ont montré son étendue. Nous n’avions aucun financement pour cette recherche. C’était de l’artisanat total.

Aujourd’hui, 28 ans plus tard, on cherche encore des pistes pour combattre le VIH. Si les trithérapies représentent un progrès énorme, elles ne sont pas sans effets secondaires. Je ne sais pas si on peut compter sur un vaccin, mais l’idée que l’on puisse traiter les patients un certain temps, puis qu’ils soient en rémission, me parait vraisemblable. »

1 Cf. article page 3. Françoise Barré-Sinoussi est co-lauréate du prix Nobel de physiologie médecine avec Luc Montagnier en 2008. 2 Il s’agit d’une famille de virus dont la particularité est d’avoir un patrimoine génétique ARN et non pas ADN. Après infection de la cellule, une réaction dite « de transcription inverse » transforme l’ARN viral en ADN viral. Cet ADN est ensuite intégré dans l’ADN de la cellule hôte. 3 Les lymphocytes sont des cellules qui jouent un rôle essentiel dans le système immunitaire. 4 Les rétrovirus HTLV1 (de l’anglais Human T-lymphotropic virus) est un rétrovirus impliqué dans certains cancers du type : leucémies et lymphomes. 5 L’équipe de Françoise Barré-Sinoussi travaille à partir de modèles de protection naturelle : les populations de patients infectés qui ne développent pas le SIDA, les populations de patients exposés au VIH mais non infectés et les infections non pathogènes chez le singe vert d’Afrique.

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AGENDAtoutl’Ufc Sport

Musique > Big Band et Bandajazz 1er décembre à 20h30 Petit théâtre de la Bouloie

> Record de l’heure 20 octobre Campus de la Bouloie Course relais par équipes > Coupe Bourgogne Franche-Comté des IUT 3 novembre de 10h à 12h30 et de 13h à 16h IUT de Vesoul Handball, basketball, volleyball, football, rugby

> Récital avec deux pianistes 30 octobre à 15h30 Par les sœurs Glawdys et Lorraine Wild avec l’association Dev’art Gymnase, espace culturel de l’IUFM Réservation : association.devart2@gmail.com

> Championnats

inter-régionaux et académiques de sport collectif 10 novembre Campus de la Bouloie sauf football sur le terrain synthétique de Saint Claude. Handball, basketball, volleyball, football, rugby > Cross académique 1er décembre Campus de la Bouloie

universitaire

Contact Comité régional du sport universitaire (CRSU) Tél. 03 81 66 61 16/43 http://sport-u-besancon.com

> Concours du jeune musicien 27 novembre à partir de 9h Maison des étudiants (Campus de la Bouloie) Auditions ouvertes au public http://oubfc.jimdo.com > Soirée TGV-Génériq 8 décembre Petit théâtre de la Bouloie Avec Connan Mockasin www.generiq-festival.com > Quatuor de saxophone 18 décembre à 15h30 Gymnase, espace culturel de l’IUFM Réservation : association.devart2@gmail.com

Jazz au Campus > Jazzomatix 13 septembre à 20h30 CLA > Fayçal Salhi Quintet 11 octobre à 20h30 Petit théâtre de la Bouloie > Cédric Perrot Quintet 8 novembre à 20h30 CLA > Alexis Requet Quartet 13 décembre à 20h30 CLA Contact Tél. 03 81 48 46 61 Service culturel du CROUS http://www.jazzaucampus.jimdo.com Gratuit pour les étudiants

et encore ... > Musiques de RU Tremplin étudiant ouvert à tous les genres musicaux. Date limite du concours : 14 janvier 2012 http://www.crous-besancon.fr rubrique culture


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