FOCUS MAGAZINE 95

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PHOTOGRAPHIE

je viens de la BD, de la narration ou même de l’opéra : je ne suis pas assez bon photographe pour me passer de tous ces artifices. La photographie est le moyen que j’ai pour « écrire », pour « incarner » tout ça, et en effet, il arrive à la fin d’un processus plus long que la photo elle-même.

Bonjour Sébastien, enfin Le Turk plutôt ! Retracez-nous votre histoire en quelques lignes… Enfance à la Tom Sawyer, passée à dessiner et faire des cabanes. Adolescence à draguer, faire des petits films et de la musique. Puis découverte de la photo en 2009. Je suis simplement issu de la flopée de photographes née avec l’arrivée de l’ère numérique. J’y ai trouvé là un médium efficace pour raconter des histoires.

On est bien loin du « simple shooting »… il y a un véritable travail de création sur la mise en scène, les décors, les personnages…. Vous êtes d’ailleurs dessinateur et décorateur avant tout ? Car la photographie n’est finalement que l’étape finale de ce processus ? Oui, c’est sans doute car je viens de la BD, de la narration ou même de l’opéra : je ne suis pas assez bon photographe pour me passer de tous ces artifices. La photographie est le moyen que j’ai pour « écrire », pour « incarner » tout ça, et en effet, il arrive à la fin d’un processus plus long que la photo elle-même.

Pourquoi avoir choisi ce pseudonyme Le Turk ? Que signifie-t-il ? C’est idiot : c’est le surnom que j’avais quand je faisais des concours de bras de fer.

Vous vous inspirez beaucoup de l’Histoire, du théâtre, de l’univers du cirque, de la musique classique et du cinéma ? Oui, car au final, je suis sans doute un musicien, un metteur en scène ou un cinéaste pas tout à fait accompli. Pourtant, mes véritables fantasmes sont là, mais il faut pouvoir créer avec ses moyens. Et puis en s’inspirant de manière indirecte on échappe un peu au mimétisme très présent dans le monde de la photo où beaucoup essaient de refaire l’image du voisin.

Pouvez-vous nous expliquer comment vous créez ces tableaux photographiques ? C’est assez simple : tout part d’une sensation, d’une nostalgie à décrire. Alors de la même manière qu’on mettrait en scène un souvenir à la fois vague et précis je me laisse guider et je passe au concret. Le « fantasme » ne représente qu’un pour cent de la création, tout le reste n’est que choix esthétiques très basiques et boulot. 69


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