1708.
36 Voïage Officiers fubalternes. Après avoir affemblé ce matin les principaux Officiers fur l'arriére du Vaiffeau, on mit aux arrêts les Auteurs de ce C o m p l o t , où il ne fe trouva pas qu'aucun des Etrangers eut t r e m p é ; dix des plus M u t i n s furent condamnez aux fers, & il y eut un Matelot rudement feffé, pour avoir excité les autres à le joindre. Je punis avec moins de rigueur ceux qui n'étoient pas fi coupables; j'en reçus en grace quelques uns qui demanderent pardon, & je fis femblant de ne pas voir la faute des a u t r e s , parce que tout le refte de l'Equipage marquoit un peu trop favorifer les Mutins. Cependant les principaux Officiers demeurerent armez, pour fe mettre à l'abri de leurs infultes, & nos Gens manquerent leur c o u p , qui étoit de s'emparer du Vaiffeau Suedois, fous prétexte qu'il y avoit quantité de Marchandifes de Contrebande, qu'ils auroient dû le piller, & que nous n'avions aucun égard à leurs intérêts dans cette occafion. Je n'oubliai rien pour les convaincre de la néceffité qu'il y avoit de nous dépêcher, que fi nous avions retenu ce Vaiffeau, nous nous ferions trop dégarnis de monde pour l'envoïer dans quelque P o r t , & que fi à la fin il ne s'étoit pas trouvé de bonne prife, il en auroit pû revenir un gros dommage à nos Proprietaires & à nous-mêmes. Ce petit difcours les pacifia prefque t o u s , & quoi que les Gens de notre Affocié paruffent d'abord affez inquiets fur l'article, ils ne virent pas plûtôt le calme rétabli chez les miens, qu'ils ne murmurerent plus. Le