Vie d'Anne Gertrude pieuse créole de Cayenne

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— 72 — De si constants efforts et de si grandes fatigues ne tardèrent point à être couronnés de succès. Trois ans s'étaient à peine écoulés depuis qu'Anne avait changé d'habitation, et déjà elle avait gagné de quoi payer la rançon de sa mère. Elle partit alors pleine de joie, pour aller demander qu'on voulût bien la lui vendre, et elle offrit un prix si avantageux, que le marché fut conclu immédiatement et sans aucune difficulté. Qui n'admirerait la piété filiale de cette digne créole, qui s'oublie ainsi elle-même et consent à rester encore captive, pourvu qu'elle puisse racheter sa mère chérie? Combien peu de personnes, au milieu même des nations les plus civilisées, voudraient s'imposer un pareil sacrifice ! Combien n'y a-t-il pas d'hommes, au contraire, qui, après s'être engraissés, si je puis parler ainsi, de la substance de leurs parents, auxquels ils doivent tout, les abandonnent ensuite et les laissent mou-


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