Vie d'Anne Gertrude pieuse créole de Cayenne

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— 36 — blants, le Commandeur ( 1 ) proclamait les noms de ceux qui n'avaient point terminé leur tâche.— Aussitôt, sans s'informer s'il y a, ou non, de leur faute, cet homme barbare, les yeux étincelants, bondissant comme un lion en fureur, prononce d'une voix terrible : Junon , cinquante coups de fouet ; Jupiter, cent coups de fouet; Apollon, deux cents coups de fouet. — Il continue ainsi, jusqu'à ce qu'il arrive au dernier des prétendus coupables ; et cet arrêt est sans appel : la moindre réclamation , même la plus juste et la plus modérée, suffirait pour faire doubler la peine. Envain ces infortunés essayeraient-ils de prendre la fuite, pour échapper à des (1) On appelait Commandeur le nègre chargé de donner la tâche aux autres esclaves, de surveiller leurs travaux, de rendre compte au maître de la manière dont ils avaient été faits , et d'administrer les châtiments par lui infligés. Le Commandeur portait toujours le fouet attaché à son cou comme une marque distinctive de sa dignité.


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