Vie d'Anne Gertrude pieuse créole de Cayenne

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— 148 — jusque dans les rues; et, quelque soin qu'elle prit pour les dérober aux regards des hommes, elle n'y réussissait pas tellement, qu'elles ne trahissent, bien souvent, sa modestie et son humilité. Au reste, elle en avait versé, depuis sa conversion, une si grande abondance, que sa figure en était, en quelque sorte, toute sillonnée, et qu'on en découvrait sur ses joues décharnées l'empreinte profonde. Mais, c'était au confessionnal surtout, que, se rappelant tous ses anciens désordres et les immenses miséricordes de Dieu, qui avait daigné l'en retirer, elle redoublait ses pleurs et laissait échapper de sa poitrine oppressée des soupirs et des sanglots qu'on pouvait entendre dans toute l'enceinte sacrée. Telle était, parfois, la puissance de sa douleur, qu'elle était forcée de s'arrêter tout-à-coup ne pouvant plus parler. On demandera peut-être ce qui put inspirer à cette humble créole de tels


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