Vie d'Anne Gertrude pieuse créole de Cayenne

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— 140 — hospitalité si généreuse. Après son dîner, elle s'occupait jusqu'à midi, autant que le comportait sa faiblesse, du soin de son humble ménage et d'un petit commerce de fruits, qu'elle revendait, afin de pouvoir gagner quelques sous marqués, selon son expression naïve, pour faire ses bonnes œuvres. Puis, elle courait, durant trois ou quatre heures, pour visiter les malades, pour consoler les affligés et pour soulager l'infortune dans la mesure de ses pauvres moyens. Pour comprendre tout le mérite de ces visites, où la poussait, tous les jours, son ardente charité, il est à propos de savoir que les malheureux qu'elle cherchait ainsi à consoler et à soulager, étaient, pour la plupart, des lépreux, c'est-àdire, les hommes les plus affligés, les plus cruellement tourmentés qu'il soit possible de trouver sur la terre. La lèpre, en effet, est la plus aigüe, la plus cuisante, la plus terrible de toutes les ma-


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