Vie d'Anne Gertrude pieuse créole de Cayenne

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— 121 — voir à ses besoins et à ceux de la vieille Gertrude.— C'était bien là, en effet, ce qu'aurait dû lui inspirer un si grand bienfait, si un pareil monstre eût été capable de quelque bon sentiment. Mais, au lieu de la reconnaissance et de l'amour qu'il devait à celte mère généreuse, il ne cessa, au contraire, tout le temps qu'il vécut, de l'abreuver d'amertume. Loin de travailler pour elle, il vivait dans l'oisiveté la plus complète, et il souffrait que cette pauvre femme, malgré son grand âge, fit tout pour l'entretenir lui-même. Tous les jours, il venait manger ce qu'elle avait préparé ; et puis, s'il trouvait de l'argent qu'elle n'eût pas eu soin de lui cacher, il s'en emparait pour aller le dévorer dans les cabarets, et il revenait le soir pour manger encore et pour insulter cette bonne mère. — Anne souffrait tout avec une patience invincible, et se contentait de pleurer et de prier pour cet ingrat. Souvent elle se jetait à ses pieds pour le conjurer 11.


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