Vie d'Anne Gertrude pieuse créole de Cayenne

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— 117 — donne, ne mettra-t-elle pas une réserve à son pardon ? Ne lui dira-t-elle pas ? « Oui, malheureux, je te pardonne, parce « que mon Dieu me le commando; mais « c'est à condition que tu ne paraîtras « plus en ma présence ; que tu iras te « reléguer au milieu des plus profondes « forêts, parmi les tigres auxquels tu « t'es rendu semblable ; que tu as même « dépassés par ta cruauté ! Mais, prends « garde que je ne le revoie jamais; car, « alors, je ne pourrais pas te répondre de moi-même ! » Non ; elle ne met point de conditions ni de bornes à son pardon. Voyant ce scélérat à ses pieds, elle essuie ses larmes, le relève, l'embrasse et lui dit : « Hé bien ! puisque tu as tué mon « fils, c'est toi désormais qui le rempla« ceras ! En présence de ce cadavre si « horriblement mutilé de ta main barbare « et sanguinaire, je t'adopte pour mon « enfant ! Tu comprendras par là à quel « prix je t'ai adopté ! »


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