( 185) cours des fleuves, leur
existence m ê m e subissent
incessam
ment des modifications extraordinaires qui se traduisent tantôt par des érosions, tantôt par des atterrissements. Un exemple de ces brusques changements est celui qui nous est fourni pal le baron Walckenaer, et qui a été cité par le Mémoire brési lien (1), celui d'une rivière grande et profonde qui n'était pas connue jusqu'à ce jour, «Il y a quelques années, c'était un ruis seau. . . Aujourd'hui, c'est un fleuve dans lequel on trouve de vingt à vingt-cinq pieds de basse m e r . » Nous
pourrions
emprunter des traits du m ê m e genre à
Élisée Reclus qui a décrit en termes frappants le « t r o u d'éro s i o n » de
l'Amazone
et le
«liseré
boueux des côtes de la
Guyane(2)». Mais en voilà assez pour montrer quelles sont les conditions hydrographiques exceptionnelles et anormales de ce pays instable. Pour faire saisir sur le vif ce caractère d'insta bilité, il nous suffira de reproduire encore donné aux navigateurs par
l'avertissement
suivant
nos Instructions nautiques:
«Les
atterrages de la Guyane sont sujets à des changements inces sants à cause de la mobilité des bancs de sable que les courants font cheminer, et les déplacements sont si rapides que les cartes ne peuvent être tenues au courant, malgré les efforts faits dans celte vue (3)». Ces quelques renseignements empruntés à la science hydro graphique aideront à comprendre comment la grande île de Maraca
a pu
é m e r g e r au
cours
du XVIIIe siècle, comment
le bassin profond du Carapaporis, qui s'ouvre à l'est de cette
(1) Mémoire brésilien, page 39. (2) Nouvelle géographie
universelle,
(3) Instructions nautiques française,
tome X I X . page 1.