De la pétition des ouvriers pour l'abolition immédiate de l'esclavage

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CHAPITRE

V.

Les patrons officiels des esclaves se refusent à requérir d'office l'application de l'art. 47 de l'édit de 1685 favorable à la liberté. — Les avocats ne veulent pas accorder leur concours aux mères et aux enfants qui réclament le bénélice de cette disposition légale. — Les maires ne donnent pas aux esclaves les certificats d'indigence dont ils ont besoin pour se présenter en justice.— Pourquoi les esclaves s'adressent de préférence au ministère public.

La connivence des bureaux de la marine, des magistrats et du barreau des colonies bien établie, et nous croyons l'avoir fait, on arrive naturellement à s'expliquer tous les obstacles que rencontrent les demandes d'affranchissement basées sur l'art. 4 7 . Laissons parler les victimes , elles diront parfaitement, dans leurs réclamations au ministre de la justice, comment on s'y prend pour les frustrer de leurs droits. Basse-Terre, le 2 7 juillet 1 8 4 5 .

« Monsieur le ministre, « Mon grand père Jean Pierre, âgé do quatre-vingt-deux ans, « m'a achetée pour la somme de 300 fr. à l'âge do deux ans, « entre les mains de M. Demeurs Surmont, habitant proprié« taire aux Trois-Rivières. « Il y a quelques mois, mon tuteur légal intenta un procès à « M. Demeurs, afin d'appeler à la liberté, ma mère qui était « toujours esclave de mon ancien maître. Celui-ci, pour éviter « les frais d'un procès, et reconnaissant la justice de ma de« mande basée sur l'art. 47 de l'édit de 1685, qui prohibe la « séparation de la mère et de ses enfants impubères, ainsi que « sur plusieurs arrêts de la cour de la Guadeloupe , corroborés « par l'arrêt de la cour de cassation, en date du 2 2 novem« bre 1 8 4 4 , qui ne permet plus de douter du sens et de la « force de l'art. 4 7 , me fit volontairement remise de ma mère.


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