De la pétition des ouvriers pour l'abolition immédiate de l'esclavage

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res, les passe-droits, les congés forcés de convalescence, la proscription, attendent celui qui écoute la justice. Puis, lorsqu'on se plaint au ministre ou à ses délégués d'un état de choses si évidemment contraire aux engagements solennels pris devant la chambre, ils vous répondent avec un air de modération et de justice : que le gouvernement ne veut que l'exécution de la loi et qu'il saura mettre le remède à côté du mal. En vérité, l'on croit rêver, lorsqu'on voit donner, comme sérieuses, de pareilles garanties! On s'étonne d'entendre parler ainsi des hommes qui ont habité les colonies, qui les ont pratiquées, qui les ont gouvernées I M . le ministre de la marine et ses bureaux savent aussi bien que nous, que, grâce à leur inqualifiable faiblesse pour les colons, il suffit de vouloir la sincère exécution de la loi, pour devenir aux colonies, un ennemi du pays. Ils savent fort bien qu'on ne défère aux conseils privés, comme attaquant le régime légal que les adversaires du régime illégal, que les juges d'instruction assez courageux pour mettre en lumière des monstruosités semblables à celles qu'a dévoilées le procès des frères Jaham Ils savent fort bien qu'on ne traduit à la barre des conseils coloniaux que les substituts assez fermes pour poursuivre les abominables sévices des maîtres . Ils savent fort bien qu'on signalera toujours comme brouillon dangereux , tout homme impartial, et que le plus fidèle gardien de la justice sera le créole ou le créolisé qui la violera dans l'intérêt de la faction dominante. 2

Jetez les yeux sur les promotions qui ont eu lieu pour le ressort de la cour royale de la Guadeloupe, et vous verrez que sur neuf nominations, sept sont échues à des magistrats créoles ou 1

Le rapport que le juge d'instruction, M. Hardouin, a présenté dans cette affaire, a été déféré au conseil privé de la Martinique, comme attaquant le régime légal, l'esclavage. (Réforme du 2 0 avril 1846). M. Chevalier, substitut du procureur du roi, a été obligé de se défendre devant le conseil colonial de la Martinique , pour avoir poursuivi l'affaireBruneau. C'est, dit-on, à la puissante intervention de M. le comte Beugnot, pair de France, que ce magistrat a dû d'avoir échappe à une destitution, 2


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