De la pétition des ouvriers pour l'abolition immédiate de l'esclavage

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mon pauvre nègre mourant, et, en échange de la vie qu'il m'avait sauvée dans mon enfance, je n'avais pu lui donner la liberté. En ce qui concerne Aglaé, Roselise et Édzéa, les choses étaient encore dans le même état l o r s qu'en 1 8 4 2 je fis un second voyage à la Martinique. J ' a p pris que la première, devenue mère depuis un an ou deux, avait été vendue avec son enfant au médecin en chef de l'hôpital de St-Pierre, M. Catel, qui s'était empressé d'affranchir la mère et la fille ; je n'avais donc rien à faire pour celles-là. Toutefois, par suite d'acquisition, Roselise était devenue l'esclave d'une de nos amies, M Féfé, et Édzéa se louait à une personne de la ville pour compte de m a mère. J e commençai par prendre ce d e r nier à mon service en lui payant tous ses gages, car il était libre à mes yeux, et pendant ce temps je négociai sa libération avec m a mère. Cet excellent homme, plein de cœur et de dévouement, m'a suivi en France et est encore en ce moment chez moi. Quant à Roselise, dès que je pus le faire, j'écrivis à St-Pierre à M. L . Martial, correspondant de m a belle-mère, de l'acheter en mon nom avec ses quatre enfans et de leur donner immédiatement la liberté, ce qui eut lieu à la date du 1 9 juin 1 8 4 4 , comme le Constate le compte de M. L. Martial avec m a belle-mère. J'ai pour preuve de ce fait, parfaitement connu de tous mes amis à la Martinique, ce compte, que je tiens à la dispo sition de tout le monde. D'ailleurs, ce que j'ai fait était tout naturel, et je n'ai pas à en tirer grand m é rite ; n'était-ce pas, en effet, pour moi un devoir de fils de réparer autant qu'il était en moi le tort que m a mere avait causé. Ce devoir me paraissait tellement impérieux, que, par une sorte de compensation, j'ai voulu rendre à la liberté, en faisant tomber mon choix sur la famille d'un de ceux qui e n avaient souffert, autant de personnes que la faute de m a mère avait pu lui en enlever. Sans attendre ses ordres, en 1 8 4 2 ou 1 8 4 3 , j'ai fait déclarer libre la fille d'un de ses esclaves, nièce d'Edzéa, avec la certitude que cette enfant appellerait avant peu sa mère à lle


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