De la pétition des ouvriers pour l'abolition immédiate de l'esclavage

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» que son commerce lui permet de rassembler en ce mo» m e n t : douze mille francs. » Cette lettre, que je remercie M. Bissette de m'avoir fourni l'occasion de produire, respirait un si noble s e n timent que je fus tenté d'accepter. Mais ne prévoyant pas une époque prochaine à laquelle j e pusse rendre à M. Nicolas la somme qu'il venait si généreusement m'offrir; je compris que ce serait entraver d'une manière sérieuse les premières années de son avenir commercial, que d'enlever à ses affaires, dans les circonstances difficiles où nous étions, une grande partie de ses r e s sources pécuniaires. J e le remerciai de m'avoir montré une aussi vive amitié, et je préférai accepter l'offre du plus grand nombre, qui, sans gêner ceux qui m'obligeaient, me permettait de prendre le temps dont j ' a vais besoin pour faire face à mes engagemens. En agissant ainsi, j'ai si peu cru manquer, je ne dirai pas seulement aux devoirs de m a position, mais aux plus simples lois des convenances, qu'après mon arrivée à Paris, je m'exprimais ainsi, dans une lettre officielle écrite à M. de Tracy le 3 mai 1 8 4 9 , en réclamant un solde de compte :

» » » » » » » » » »

« Monsieur le m i n i s t r e , j e suis sans f o r t u n e , et n o n - s e u l e m e n t j'ai épuisé m e s faibles é c o n o m i e s p o u r a c c o m p l i r m a mission à la Martinique, m a i s j'ai dû, malgré tout ce qu'il m'en a coûté, puiser dans la bourse de mes amis spontanément ouverte, pour r e v e n i r h o n o r a b l e m e n t en F r a n c e . J e dirai plus, j'ai e n c o r e à p a y e r u n e p a r t i e des d é p e n s e s que m ' a c o û t é e s c e t t e mission p o u r laquelle j ' a i plutôt consulté m o n d é v o u e m e n t que m e s i n t é r ê t s . E n r é s u m é , c e n'est p a s u n e f a v e u r , c'est un droit que je r é c l a m e , d r o i t auquel j ' a u r a i s r e n o n c é de g r a n d coeur, si d e s r e s s o u r c e s sur lesquelles j ' a v a i s c o m p t é à m o n a r r i v é e en F r a n c e ne m'avaient complétement manqué. »

Enfin, dans le but d'éviter aux dépositaires du pouvoir aux colonies les plus cruelles angoisses que j'aie connues dans m a vie, je constatais le même fait au sein de la sous-commission du budget dont je faisais partie en 1 8 4 9 . L a lettre suivante, signée de mes honorables collègues


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