De la pétition des ouvriers pour l'abolition immédiate de l'esclavage

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J e voulais d'ailleurs prouver à ces condottieri de la presse coloniale, artisans de haines et d'outrages, que l'impunité qu'ils trouvent auprès des tribunaux à la Martinique et à la Guadeloupe ne leur serait p a r a c c o r dée dans le métropole par juges intègres. T e l l e s sont les raisons qui m'ont fait agir de deux m a nières différentes en des- circonstances où j'ai été attaqué avec la même arme : celle de la plus noire perfidie. En interdisant la publicité des débats et en n'autorisant pas la preuve des faits articulés, la loi a certainement agi avec sagesse dans la plupart des cas, mais quelquefois aussi, et c'est la position dans laquelle je m e trouve, le silence qu'elle prescrit aux journaux laisse planer sur celui qui est diffamé des soupçons et des doutes contre lesquels se révoltent mon honneur et m a dignité. Pour ceux qui ont le droit d'exposer sans rougir l'histoire de leur vie, mieux vaut mille fois le débat devant le pays tout entier que le débat restreint à l'auditoire d'une chambre de police correctionnelle. Cité à la barre de l'opinion, j ' y comparais avec mes témoins et mes preuves. J e ne viens pas seulement r é pondre à M . Bissette : je viens le confondre. Je vais démontrer que celui à qui j'ai affaire est dépourvu de sens moral; que sa bravoure n'est que de la fanfaronnade de poltron, sa susceptibilité de l'hypocrisie, sa dignité de l'outrecuidance, sa probité de l'indélicatesse, sa véracité de l'imposture, et sa misère, enfin, sa prétendue misère, un moyen de faire des dupes. Après avoir accablé mon indigne accusateur par ses propres actes, je laisserai au mépris des honnêtes gens le soin d'en faire justice, P a r i s , Juin 1850.

A -F. PERRINON.


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