De la pétition des ouvriers pour l'abolition immédiate de l'esclavage

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avaient été confiées à des hommes d'élite de la métropole, et non à des aventuriers qui n'avaient pu trouver place au foyer judiciaire de la France. Nous rappellerons à ce sujet qu'un conseiller de la Guadeloupe, mort aujourd'hui, avait été condamné par une cour d'assises avant de devenir magistrat colonial. (Recueil de Daloz.) L'opinion que nous venons d'émettre puise du reste toute sa force dans la conduite de quelques hommes de courage choisis en de meilleurs jours, et qui luttent depuis longtemps contre l'arbitraire sans se laisser décourager par les passe-droits de l'autorité métropolitaine. Ils forment d'honorables exceptions qui eussent été bien plus nombreuses, sans la coupable complicité du ministère de la marine avec les maîtres. Dignes représentants de la magistrature française parmi des collègues sans vertu, ils restent impassibles au milieu des calomnies les plus odieuses, des provocations les plus indignes, des dégoûts les plus amères ; ils n'ont qu'un but : la justice et le droit. Que la chambre prenne ces fonctionnaires sous sa protection, qu'une voix généreuse demande au ministre un compte sévère de ses antipathies pour des juges qu'il devrait soutenir. Ce sont des hommes de cette trempe, qu'il faut verser avec profusion de France dans les cours, les parquets et les tribunaux des colonies, et non quelques rares juges auditeurs, sans influence, qui, avant d'arriver au sommet de l'échelle hiérarchique, laisseront quinze ou vingt ans encore la justice aux mains des maîtres ou des juges asservis par eux. Ce qui se fait aujourd'hui, c'est moins qu'un palliatif, c'est un pas en arrière. Peut-être ne devons-nous pas regretter qu'il en soit ainsi, le bien sortira de l'excès du mal.

FIN.


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