De la pétition des ouvriers pour l'abolition immédiate de l'esclavage

Page 167

-

134 —

« « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « «

Basse-Terre, le 17 juin 1843. Aux termes de l'art. 47 du code noir, sa femme, Marie-Anne, devenait donc libre par suite de son propre affranchissement, et c'était un devoir du procureur général intérimaire, M. Mittaine, instruit du fait, de requérir d'office la liberté de M Marie-Anne, pour la réunir à son mari. Mais M. Mittaine est malheureusement devenu fort peu soucieux de son devoir quand il s'agit de ses patronés. Il ne fit rien. Rosemond, voyant cela, présenta, le 14 septembre, à M. Dupuy, procureur du roi par interim de la Basse-Terre, une demande formelle en libération de sa femme. Copies de sa patente de liberté et de son acte de m a riage étaient jointes à sa requête. Après avoir examiné ces pièces, M. Dupuy lui demande s'il a de l'argent. — Comment en aurais-je, puisqu'il n'y a que quatre mois que je suis libre? — Alors obtenez du maire de votre quartier un certificat d'indigence. Rosemond s'adresse au maire, M. PetitMoustier, qui dit : — Apportez-moi un ordre du procureur du roi, et je vous délivrerai le certificat. Le procureur du roi, un peu étonné donne l'ordre. Le maire alors remet une lettre à Rosemond, en lui disant : Voici votre certificat. L'affranchi revient, pour la quatrième fois, à M. Dupuy, qui sourit en lisant la lettre : « On vous a trompé, mais n'importe, j'agirai sans certificat. » Le pauvre diable s'en va content.

« « « « « « « « « « « «

« Trois jours après, le 2 3 septembre, son ancien maître l'engage à se rendre avec sa femme auprès du procureur général qui désire leur parler. Ils courent au parquet. Rosemond déclare que là M. Mittaine commença par l'accabler de reproches en lui disant : qu'après avoir reçu la liberté de la bonté de M. Amé-Noël, c'était une noire ingratitude de prétendre faire perdre une femme de houe aux héritiers de son bienfaiteur ; puis il aurait ajouté : « Donnez 700 fr., le gouvernement en donnera 500, et vous aurez votre femme tout de suite ; si vous faites un procès, vous êtes sûr de le perdre ici; vous serez obligé d'aller en cassation, d'attendre longtemps et de dépenser presque égale somme en frais. Vous avez deux vaches, vendez-les, et l'affaire se conclura tout de suite. »

me


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.