De la pétition des ouvriers pour l'abolition immédiate de l'esclavage

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périeuse nécessité de se montrer tel qu'il est réellement, l'ami des maîtres et l'ennemi des esclaves. Empruntons à la Réforme les lignes suivantes : « M Labrune-Pierre, libre de la Guadeloupe, avait une « mère restée esclave dont il lui fut fait donation par acte nota« rié du 7 octobre 1846. Oui, lecteurs, donation de la mère « par celui qui la possédait, à sa fille ! Ces belles choses ne « se voient qu'aux colonies. « L'ordonnance royale du 1 \ juin \ 839 a introduit ce grand « progrès de ne pas permettre aux enfants de tenir en esclavage « leur père ou leur mère, ou à ceux-ci de posséder au même « titre leurs enfants. M Labrune-Pierre étant libre, sa mère « devenait donc libre aussi, et libre de droit, dit l'ordonnance; « c'est-à-dire qu'elle avait retrouvé à l'instant même de la do« nation , et par l'effet de la loi, son droit confisqué , mais j a « mais perdu, d'être libre, sans qu'elle eût à remplir les forma« lités ordinaires des affranchissements. « Ces formalités supposent que des tiers ou le ministère pu« blic peuvent s'opposer à la liberté. Ici, au contraire, la liberté « est décrétée par la loi, nul ne saurait contrarier cette volonté « souveraine, déterminée par des considérations de morale et « d'ordre public ; la délivrance du titre d'affranchissement au « nouveau libre, ou son inscription sur les registres de l'état ci« vil ne sont plus que des formalités administratives non sus« pensives du droit, et qui n'en peuvent empêcher ni retarder « d'un seul instant la jouissance. « Dans cette position, M Labrune-Pierre voulant se marier, « crut devoir auparavant se faire reconnaître par sa mère, pour « ne contracter mariage qu'avec le consentement de celle-ci. « Cette pieuse pensée ne devait rencontrer que des encourage« ments et des facilités auprès de l'administration. Il n'en fut pas « ainsi. Le maire de la Basse-Terre a cru trouver une objection « sérieuse dans la position non encore régularisée de la vieille « mère , disant qu'une esclave ne pouvait reconnaître son en« fant; et l'honnête objection ayant été soumise au procureur gé« néral, patron, comme on sait, des esclaves,celui-ci, M. Mitlle

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