De la pétition des ouvriers pour l'abolition immédiate de l'esclavage

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Les deux coupables furent traduits devant la justice. Le premier, malgré le mauvais vouloir de M. Adam, fut renvoyé devant la police correctionnelle, qui le condamna à 15 jours de prison! Le second, grâce au courageux rapport de M. Hardouin, juge d'instruction, comparut devant la cour d'assises, qui l'acquitta! Ce simple rapprochement suffit pour prouver encore que l'intervention des assesseurs est inutile pour expliquer l'impunité des coupables , quand ces coupables appartiennent à l'aristocratie coloniale. M. Dispagne n'a été jugé que par des magistrats, les deux frères Jaham, par des magistrats et des colons, ou, pour mieux dire, tous trois ont été jugés par des possesseurs d'esclaves. Si l'on continue à lire les pièces justificatives publiées par M. France, on trouve encore, pages 119 et 120, qu'un, nègre, appelé Constantin, a été vu sur l'habitation de M. Rivoil, portant une chaîne d'environ 1 mètre 70 centimètres, qui tenait à la cheville du pied par un anneau, le tout pesant 3 kil. 500 gram. Cet esclave traînait ces fers DEPUIS PLUS DE TROIS ANS, pour s'être soustrait pendant quelques jours au régime disciplinaire de l'atelier. Ces faits ont été signalés deux fois, à quatre mois de distance, à M. Adam, qui n'en a pas été plus ému que des cruautés exercées sur Himitée, que do la condamnation à mourir de faim des esclaves Alexandre et Nelson de l'habitation Grénonville. Mais, voici qui est plus grave encore, c'est une déclaration faite à M. Adam lui-même, par un colon qui lui dénonce la mort d'un esclave à la suite d'un châtiment excessif. « L'an mil huit cent quarante-cinq, le samedi 21 juin, à huit « heures du matin , au parquet est comparu le sieur Lalung« Saint-Hélène père, propriétaire demeurant en la commune « du Lamentin, lequel nous a fait la déposition suivante : « Il se passe sur l'habitation Saint-Prix, sise commune du « Lamentin, près de la route, des faits que j ' a i cru de mon de« voir de vous signaler. M. Garnier Saint-Prix père, tuteur des « mineurs Chavirac, a fait transporter sur son habitation tous « les nègres et bestiaux appartenant à ces mineurs. Ces esclaves


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