De la pétition des ouvriers pour l'abolition immédiate de l'esclavage

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craint de poursuivre le géreur d'une habitation appartenant en partie au beau-frère de son supérieur, et de compromettre sa position et son avenir en osant appréhender un coupable réfugié sous l'égide même du chef du parquet? Toutes ces questions se justifient et s'expliquent par la faiblesse de M. Pujo; elles font voir encore que l'inviolabilité des magistrats, possesseurs d'esclaves, s'étend à leurs alliés et aux géreurs de leurs alliés. Cependant M. Pujo a souvent donné des preuves de sentiments élevés, d'impartialité et de justice. Comment se fait-il alors que, dans des circonstances aussi graves, il ait ainsi manqué aux obligations de sa conscience? Comment?... parce que M. Pujo n'a jamais vu les fonctionnaires qui ont déplu aux colons par leur fermeté et leur indépendance, revenir aux colonies après en avoir été bannis; parce que M.Pujo sait très bien que les actes d'ostracisme de ses compatriotes sont toujours aveuglément sanctionnés par le ministère de la marine ; parce qu'il y a à peine quelques mois il a vu le gouverneur donner au commandant de gendarmerie M. France, qui ne l'avait jamais demandé, un congé de convalescence à solde entière, et le ministre mettre ensuite brutalement en retraite cet officier supérieur; parce qu'il n'ignore pas que la meilleure maladie pour obtenir ces sortes de congés forcés qui mènent droit à la retraite ou à la destitution, est d'avoir des atteintes même fort légères de négrophilisme. Nous terminerons cette revue des magistrats de la Martinique,

esclaves en masse, pendant les nuits, quand le travail cessait, dans une chambre disciplinaire malsaine. « 7° D'avoir, pendant trois mois, chargé de chaînes et anneaux de fer aux pieds Elysée, Lucet, Hyacinthe, Céleste et Héloïse, les dernières âgées l'une et l'autre de plus de cinquante ans; les quatre derniers accouplés deux à deux au moyen d'une chaîne longue seulement de 1 8 pouces, et contraints d'aller au travail ainsi chargés de chaînes. « 8° D'avoir infligé un quatre-piquets à nu, à Célestine, avec coupure des chairs, et de l'avoir déposée à la barre disciplinaire pendant dix jours, à l'occasion de sa déposition devant le juge de paix. »


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