De la pétition des ouvriers pour l'abolition immédiate de l'esclavage

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— 87 — lé : Interprétation de l'art. 47 de l'édit de 1 6 8 5 , la signature de son auteur, M. Robillard conseiller à la cour royale de la Martinique, signature qui était portée sur l'épreuve soumise à la censure, il nous est enjoint par la direction de l'intérieur d'insérer cet erratum dans notre numéro de ce jour. » En faisant publier l'erratum, l'administration a-t-elle cru laisser à M. Robillard la responsabilité de ses doctrines, et se mettre à couvert derrière la signature d'un magistrat? Elle n'a pas atteint son but. Tout le monde sait qu'elle tient les ciseaux de la censure. Pourquoi ces ciseaux n'ont-ils de distraction qu'en faveur des manifestations hostiles à la liberté? Pourquoi si la censure juge une chose mauvaise, lui donne-t-elle son approbation et la laisse-t-elle imprimer d'abord, pour venir dire ensuite traîtreusement : ce n'est pas moi qui ai fait cela, c'est M. Robillard. Il y a longtemps que les disciples de Loyola ont traversé l'Atlantique pour aller aux îles, et comme partout, on le voit bien, ils y ont semé de nombreux adeptes. Il résulte de là trois choses d'un puissant enseignement. En premier lieu, les magistrats des colonies peuvent impunément oublier leur caractère d'impartialité et de modération, pour faire connaître à l'avance et publiquement, dans les journaux, leur opinion sur des questions que, seuls, ils sont appelés à juger. Ils obtiennent pour commettre de pareils actes non-seulement des encouragements, mais encore l'autorisation de l'autorité locale. C'est avec l'approbation des chefs politiques que M. Robillard peut qualifier outrageusement les arrêts de la cour régulatrice qui ont force de loi, et que son premier devoir est de respecter. En second lieu, dans nos colonies, toute liberté est donnée à la presse pour attaquer et combattre les principes favorables à la liberté; pendant que la censure pèse de tout le tranchant de ses passions sur les écrits dont les auteurs réclament le moindre changement à un état de choses déshonorant pour la France et l'humanité. Ainsi, au moment même où elle autorisait la publication de l'article de ce conseiller colon, la censure refusait au Courrier « « « « «


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