De la pétition des ouvriers pour l'abolition immédiate de l'esclavage

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— 82 — sant aux hommes du pouvoir, ne leur a-t-il pas dit avec l'intention de les injurier : « Continuateurs de 9 3 , vous serez fidèles « à votre nature, vous ne produirez que le désordre. » M. Duclary sait fort bien que le ministère n'a de rigueurs que contre les amis de la justice ; il sait que nos gouvernants n'ont point continué l'œuvre admirable de 9 3 , puisqu'il possède encore une propriété humaine, détruite par la convention. Il sait qu'ils n'ont rien de l'énergie des membres de cette sublime assemblée qui sauva la France. Son apostrophe n'a pas même le mérite du courage, elle n'a que le ridicule de la forfanterie. Qu'est-ce donc que cette justice distributive qui frappe les hommes de conscience et de devoir et qui respecte un magistrat aussi compromis? Le ministre, nous répondra-t-on, a retiré à M. Duclary ses fonctions de président de la cour; soit: mais la morale et la justice sont-elles satisfaites, tant qu'il reste conseiller? Na-t-il pas assez de la tribune du conseil colonial pour donner cours à ses élacubrations furibondes de possesseur d'esclaves, sans lui laisser encore un siége de magistrat pour assouvir ses haines de caste ? M. Duclary est aussi au nombre des magistrats-négociants, faiseurs et tripoteurs d'affaires. Voici un échantillon de sa correspondance commerciale. « Monsieur, il est vrai que M. S. Didier m'a fait souscrire « à son ordre un billet de mille francs. Il sait aussi que c'est « lui qui est chargé de l'acquitter ; ainsi j e vous invite à vous « adresser à lui. « J'ai l'honneur d'être, Monsieur, votre très humble serviteur, « Le P. Duclary. » 1

Ce 2 9 .

(C'est le 2 9 août 1 8 4 3 ) .

1

Depuis que cette brochure est écrite, M. Duclary a été mis en demeure par le ministère de choisir entre sa place de conseiller colonial et celle de conseiller de cour royale. Ce colon a pensé que ses convictions ne m é r i taient pas le sacrifice des dix mille francs d'appointements du magistrat, et que d'ailleurs il pourrait rendre à ses amis plus de services, comme juge que comme conseiller colonial. Il a donc renoncé à l'honneur de la représentation locale. Quelle énergie que celle du ministère!


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