Saint-Domingue : ( 1629-1789 ), la société et la vie créoles sous l'Ancien Régime

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guide et les attire partout où ils trouvent du vin et des femmes1 ». « Les flibustiers ne sont plus flibustiers, mais pirates écumeurs de mer 2. » En sorte que, pour obtenir d'eux un service quelconque, on doit bientôt les payer. Une ordonnance de MM. de Choiseul et Mithon, du 9 septembre 1709, promet 600 piastres, une fois données, ou 150 livres de rente viagère aux « boucaniers ou flibustiers » qui combattront pour la France3, et cette perspective de pouvoir se dire un jour flibustier en retraite ou boucanier pensionné ayant paru probablement trop lointaine et aléatoire à nos hommes, l'intendant Maillart, en 1747, le temps ayant marché, propose de leur accorder des avantages plus immédiats. On n'obtiendra rien d'eux, écrit-il, si l'on ne consent « à payer tous les six jours G livres, faisant une piastre à chaque flibustier, frère de la coste et autres gens de mer, par forme de prêt et avance pour leur solde; à leur faire distribuer la ration en pain frais ou biscuit, viande fraîche ou viande salée, poisson ou légumes; à donner même ration aux capitaines de flibustiers, et en outre 3 escalins, faisant 45 sols, par jour de solde 4 ». Quand on voit la triste décadence à laquelle sont réduits ceux dont les glorieux prédécesseurs avaient fondé la colonie, on peut aisément se figurer quelle est la valeur guerrière du reste de la population ! A l'esprit public — civique ou militaire — de cette 1. Du même, du 2 février 1697 (Ibid., vol. III). 2. Du même, du 19 mars 1700 (Ibid., vol. V). 3. Ordonnance du comte de Choiseul-Beaupré et de M. Mithon, du 9 septembre 1709 (Moreau de Saint-Méry, Lois..., t. II, p. 166-167). 4. Mémoire de M. Maillart, intendant, 1747 (A. M. G., Gorr. gén., Saint-Domingue, C, vol. LXX).


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