Saint-Domingue : ( 1629-1789 ), la société et la vie créoles sous l'Ancien Régime

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SAINT-DOMINGUE

portée en faveur de l'industrie métropolitaine, de laisser ressortir les sucres bruts hors du royaume. « Ce n'est pas tant, en effet, écrivent encore MM. de Blénac et Mithon, ce n'est pas tant la contrebande angloise qui ruine notre colonie. Evidemment le sucre est surabondant en. France. Les négocians ont acheté des sucres bruts à 17 et 18 livres le cent, qui, de 36 livres qu'ils valoient en France, sont tombés à 20 et 22 par la quantité qu'il en est entré dans le royaume, plus forte de beaucoup que n'en peut être la consommation. Il faudrait admettre la liberté de sortir les sucres bruts hors du royaume; c'est le seul moyen de rétablir un commerce avantageux. Nous ne perdons point de vue la conduite des Anglois, nos voisins, pour soutenir leur commerce et faire fleurir leurs colonies. Cellesci leur produisent plus de sucre brut que nos colonies, et l'Angleterre en fait une moindre consommation que la France. Cependant le débouchement qu'ils donnent à ces sucres dans les pays étrangers en soutient le prix ; il a valu, dans le cours de cette année, à la Jamaïque, 32 livres le cent, et est à 48 livres en Angleterre, au lieu qu'il ne vaut dans nos colonies que il livres, et en France 20 à 22 livres 1. » Et lorsque, devant ces faits, les réclamations des colons deviennent trop vives et pressantes, sait-on quel remède apporte l'Etat à une aussi grave situation, et quelle satisfaction il donne à ces réclamations ? Il leur répond par l'ordre transmis aux gouverneurs de restreindre la production, d'enjoindre aux habitants « de ne faire que 700 milliers de tabac2 », 1. Lettres des mêmes, du 6 novembre 1716 (Ibid.). 2. « Le défaut de consommation et la non-valeur des tabacs de SaintDomingue estant provenus de l'excès des plantations et de la fabrique... »


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