Saint-Domingue : ( 1629-1789 ), la société et la vie créoles sous l'Ancien Régime

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ORIGINES DE

LA

COLONISATION

ET PREMIERS

COLONS

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toutefois que ce nombre, comme celui des boucaniers alla toujours en diminuant. En 1684, une lettre de M. de Cussy, gouverneur, nous apprend que déjà plus de la moitié d'entre eux se sont faits habitants 1. Tous les auteurs sont d'accord sur l'un des moyens employés avec le plus de succès par les gouverneurs pour en arriver à leurs fins. Mais tous n'en rendent pas compte dans les mêmes termes. Il est amusant d'entendre Moreau de Saint-Méry nous exposer gravement que, « pour transformer les intrépides conquérants de Saint-Domingue, Ogeron invoqua le secours d'un sexe puissant qui sait partout adoucir l'homme et augmenter avec les principaux habitants, représentent à M. Colbert » que la population totale de la colonie est de 7.848 âmes, dont 4.000 Français. Cette pièce est une preuve de plus à l'appui de l'opinion de Moreau de Saint-Méry, qui affirme qu'il y eut un « Conseil » à Saint-Domingue antérieurement à 1685, date de la reconnaissance officielle par la Cour d'une assemblée de la colonie. Il cite, pour confirmer son dire, un arrêt au civil « d'un conseil de Léogane, composé d'officiers de milices et d'habitans », du 1er février 1682 (Moreau de Saint-Méry, Lois et constitutions des colonies françaises de l'Amérique sous le vent, t. I, p. 363364) ; un arrêt criminel du « Conseil de Saint-Domingue », du 26 août 1684 (Ibid., p. 397-398) ; enfin un arrêt de police du même Conseil, du 31 octobre 1684 (Ibid., p. 403). Comme on le voit, les « représentations » du Conseil que nous citons sont quelque peu antérieures au premier acte du Conseil de Léogane publié par Moreau de SaintMéry. Quoi qu'il en soit de cette question, il doit y avoir un lapsus calami dans ce chiffre de 7.848, ou bien il faut considérer les recensements de cette époque comme très approximatifs, car un « dénombrement » de mai 1681 constate qu'il y a à Saint-Domingue 6.658 personnes se répartissant ainsi : 1.421 maîtres de cases ; 435 femmes ; 438 enfants ; 477 serviteurs et gens libres ; 1565 engagés et gens libres ; 1.063 nègres; 725 négresses; 314 négrillons ; 210 mulâtres. Dans cette population les Français capables de porter les armes sont dits être au nombre de 2.970. En plus sont mis à part 8 prêtres desservant 13 chapelles (A. M. C, Corr. gén., Saint-Domingue, C9, vol. I). 1. Mémoire de M. Pierre-Paul Tarin de Cussy, du 24 août 1684 (Ibid.). Ce même mémoire évalue les forces des flibustiers à « 17 vaisseaux armés de 328 canons et montés par 1,875 hommes ».


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