Saint-Domingue : ( 1629-1789 ), la société et la vie créoles sous l'Ancien Régime

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ORIGINES DE

LA COLONISATION

ET PREMIERS

COLONS

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qu'ils troquent pour des armes, des munitions et des hardes. Ainsi il seroit très nécessaire que Sa Majesté donnât un ordre pour faire sortir ces gens de ladite Isle espagnole, par lequel il leur fust enjoint sur peine de la vie de se retirer dans deux mois dans celle de la Tortue, ce qu'ils feroient sans doute si elle estoit fortifiée, et ce qui porteroit un grand revenu au Roy, et qu'il fust permis par ledit ordre de défendre à tous capitaines de navires marchands et autres de rien troquer, ni vendre auxdits François, que l'on appelle boucaniers estans le long des costes de l'Isle espagnole, sur peine de confiscation de leurs navires et marchandises, mesme permettre de faire signifier ledit ordre aux fermiers et receveurs ou commis des bureaux des villes maritimes de France de confisquer au profit du Roy toutes les marchandises faites par lesdits boucaniers venans de ladite Isle espagnole 1 ». Mais six ans après qu'Ogeron écrivait ces lignes (1671), beaucoup de boucaniers avaient dû sinon émigrer à la Tortue, comme il le souhaitait, au moins se fondre dans la population, puisqu'un mémoire de M. de Gabaret constate que « dans le cul-de-sac de Saint-Domingue on compte 1200 habitants contre 100 boucaniers seulement2; et une correspondance d'Ogeron estime à la même date qu'il y a bien « 2 000 hommes habitués » dans l'Ile 3. 1. Mémoire sur l'île de la Tortue envoyé à Colbert par d'Ogeron, le -0 juillet 1665, « de la coste Saint-Domingue » (A. M. G., Gorr. gén., 2e série, G", carton I). 1 Mémoire de M. de Gabaret, chef d'escadre du Roi, du 4 juin 1671 . M. G., Corr. gén., C9, vol. 1).

A

3. Mémoire d'Ogeron, de septembre 1671, envoyé à la Cour par Renou, major du gouvernement de la Tortue (Ibid.).


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