Saint-Domingue : ( 1629-1789 ), la société et la vie créoles sous l'Ancien Régime

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CONCLUSION

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représentants de la Convention par leur hypocrisie que les royalistes sincères, ceux qui s'intitulaient patriotes furent poursuivis par eux d'une haine implacable et poussée aux dernières limites. Nul doute, en effet, que l'appel aux esclaves révoltés, et l'affranchissement général qui en fut la conséquence,n'aient été considérés par Polverel et Sonthonax comme l'écrasement définitif d'un parti qui n'avait voulu de la liberté et n'avait applaudi au triomphe des principes révolutionnaires que pour lui seul. Le jour où le Cap fut envahi par les noirs, pillé et livré aux flammes (22 juin 1793), ce jourlà on put dire que Saint-Domingue était désormais perdu pour la France, et ainsi la colonie se trouva périr du fait même des factieux qui l'avaient tant de fois mise en danger. L'union paraît, il est vrai, se faire alors entre les blancs, qui appellent les Anglais dans la colonie. Ceux-ci occupent, en septembre 1793, Jérémie et le Môle-SaintNicolas; en novembre de la même année, Saint-Marc; en juillet 1794 enfin, le Port-au-Prince. Mais ce recours à l'étranger n'était pas dicté à tous par les mêmes sentiments : aux uns il était inspiré par la haine de la Révolution, aux autres par une désaffection de la mèrepatrie qui datait de loin. Les causes de l'inimitié profonde des « patriotes » et des « aristocrates » ne subsistaient-elles pas d'ailleurs tout entières, et des hommes comme MM. de Jumécourt, de Montalembert, de la Rochejaquelein, de Léaumont pouvaient-ils s'entendre avec les intrigants qui depuis si longtemps les poursuivaient de leur haine ? Aussi, sans tarder, les « chefs militaires » sont-ils évincés « par la jalousie et les manœuvres


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