Saint-Domingue : ( 1629-1789 ), la société et la vie créoles sous l'Ancien Régime

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CONCLUSION

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des mulâtres eux-mêmes, et son arrivée au pouvoir est le signal d'un redoublement d'outrages à l'endroit de ces derniers, cela au moment malheureusement où ils pouvaient espérer voir s'améliorer leur misérable condition. Dès le début de la révolution la faction toutepuissante ne dissimule pas ses sentiments sur ce point. L'assassinat de Ferrand de Baudières, sénéchal du Petit-Goave, coupable d'avoir rédigé la pétition des mulâtres du quartier, en novembre 1789, prouva combien ceux qui dirigeaient la révolution songeaient peu à la fonder sur la véritable liberté et sur l'égalité des droits. L'exécution du mulâtre Lacombe, pendu au Cap, pour avoir adressé une supplique à l'Assemblée provinciale du Nord, et l'impunité accordée aux meurtriers d'un homme de couleur d'Aquin,nommé Labadie, parurent autoriser tous les excès contre les membres de cette classe déshéritée, comme du reste semblèrent les justifier par avance les décrets odieux prononcés contre eux par l'Assemblée de Saint-Marc. Aux désordres, résultant de l'état d'anarchie où le pays se débattait, vint donc s'ajouter bientôt un nouveau danger, celui du soulèvement des mulâtres, dont la révolte de Vincent Ogé fut le premier et lamentable épisode 1.

III Lorsqu'on aborde l'histoire de la révolution à SaintDomingue, l'esprit public y apparaît si complètement 1. Cf. Interrogatoire, jugement et autres pièces relatives au procès de Vincent Ogé, 1791 (Archives nationales, D XXV, 58, doss. 574).


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