Saint-Domingue : ( 1629-1789 ), la société et la vie créoles sous l'Ancien Régime

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CONCLUSION

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cocarde tricolore, un particulier des Cayes, M. Goys, est massacré, et un autre nommé Boulin, de SaintMarc, atrocement maltraité1. Toutefois, si ces agitateurs précipitent ainsi la chute de l'ancien état de choses, ils ne songent nullement à proscrire les « principes arbitraires » du gouvernement qu'ils jettent à bas et n'entendent être soumis à aucune autorité. L'anarchie la plus complète est substituée de la sorte à des institutions peut-être vicieuses, mais rien de plus 2. Un petit nombre de blancs s'empare exclusivement de tous les pouvoirs et dirige les délibérations des assemblées provinciales du Nord, de l'Ouest et du Sud. Sous leur impulsion, ces assemblées s'affranchissent bientôt entièrement de la tutelle de la métropole. Dès le commencement de 1790, elles repoussent résolument le plan de convocation d'une assemblée coloniale, envoyé à Saint-Domingue par le ministre, M. de la Luzerne, et lui substituent un mode d'élection de leur choix. Et cette assemblée (la première Assemblée coloniale, dite de Saint-Marc), une fois réunie, suit les mêmes errements. Ce ne sont plus seulement les ordres du ministre qu'elle méprise et dédaigne, ce sont ceux même de l'Assemblée nationale. Elle s'oppose à l'exécution à Saint-Domingue des décrets des 8 et 28 mars relatifs, l'un aux attributions des assemblées de la colonie, l'autre aux droits politiques des mulâtres; elle jette par son décret du 28 mai les bases d'une nouvelle constitution coloniale, et ne cache pas son dessein de pro1. Rapport sur les troubles de Saint-Domingue, par J.-Ph. Garran, t. I, p. 73 et seq. 2. Ibid., p. 69, 70, 14a.


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