Saint-Domingue : ( 1629-1789 ), la société et la vie créoles sous l'Ancien Régime

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SAINT-DOMINGUE

savent apporter aux divertissements et aux plaisirs, la façon qu'elles s'entendent à donner aux maisons, aux ameublements, aux toilettes surtout. « D'elles viennent, à ce dernier point de vue, des révolutions inaperçues : la haute coifïure remplacée par le mouchoir à la créole, le grand habit détrôné par la gaule flottante et souple 1, les soies et le velours abandonnés pour les blanches étoffes de mousseline et de percale, d'un blanc qu'on n'obtient que là-bas aux bords de l'Artibonite2 », où les blanchisseuses se servent, dit-on, de lianes, qu'on nomme lianes à savon, d'oranges et de citron, pour nettoyer le linge, auquel elles mêlent, lorsqu'il est repassé, des fleurs de frangipaniers. Et, peut-être, faut-il chercher dans cet engouement incroyable pour la société, la vie et les moeurs créoles, les raisons de l'opinion fausse et exagérée que l'on continuera à s'en faire en France, après surtout qu'une épouvantable catastrophe aura rendu plus pathétique la fin du monde de Saint-Domingue !

VIII Une conséquence plus immédiate de l'invraisemblable faveur, dont jouit ce monde des « Iles », est qu'entre lui et l'ancienne société française les unions se multiplient. Fortunes princières, charme étrange et troublant, il y a là de quoi sauver de la ruine bien d'illustres maisons, 1. Large robe sans taille et d'étoffe légère. 2. Frédéric Masson, Joséphine de Beauharnais, p. 36.


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