Saint-Domingue : ( 1629-1789 ), la société et la vie créoles sous l'Ancien Régime

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SAINT-DOMINGUE

cies d'oreilles en or massif, extrêmement épaisses et si lourdes quelquefois que leur seul poids déchire l'oreille, des colliers de grenat ou de corail, des broches, des épingles \ » En quelques endroits, au Port-au-Prince, par exemple, ces «créatures» ont, comme guidon et comme enseigne, « de petits parasols avec des crépines d'or ou d'argent, garnis de cordellières, de cordes à puits, de graines d'épinards-» : mais « les choses qui conviennent à toutes et en tous lieux, c'est cette démarche lente, accompagnée de mouvemens de hanches, de branlemens de tête, à la manière des chevaux enharnachés et panachés ; c'est le mouchoir à la main agité par un bras qui se meut le long du corps ; c'est l'habitude d'avoir presque toujours à la bouche un morceau de bois pour se frotter les dents 3 » ; et ainsi s'en vont-elles, fredonnant quelque refrain en patois créole, tel que celui que nous a conservé Moreau de Saint-Méry : N'a rien qui dous tant comme la ville ! Vini louger coté moin. Gnia point dans morne, ma chère, Gnia point des métiers qui doux. Femme qui sotte ne sait com'yo sa fair, Ça fait à nous grande piquic v. Comment toi vlé gagner cotte ~° Si toi pas gagner l'argent.

1. Xavier Eyma, Op. cit., p. 40-50. 2. Moreau de Saint-Méry, Notes historiques... (A. M. C., p. 221). 3. Ibid., p. 373. 4. Piquié, pitié. 5. Gagner de beaux vêtements.

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