Saint-Domingue : ( 1629-1789 ), la société et la vie créoles sous l'Ancien Régime

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VIE ET MOEURS CRÉOLES

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broches et de bijoux, et on ne peut faire une plus sanglante injure à une mulâtresse que de lui arracher sa coiffure ; elle est sacrée à ses yeux. Une chemise de la batiste la plus fine, bordée d'une dentelle haute d'un doigt, cache à peine toute la partie supérieure du corps jusqu'à la ceinture... et dans l'intérieur, sur la poitrine, on aperçoit une masse de fleurs de toute espèce dont ces femmes s'emplissent le corsage l. » « Car elles aiment passionnément les fleurs, elles s'en parent, elles en tiennent clans leurs mains, elles en jonchent leurs têtes et les armoires où elles placentleurs vêtements, elles ont plaisir à en envoyer à l'objet qu'elles aiment, peut-être parce qu'elles savent, par leur propre expérience, que le parfum des fleurs éveille la volupté 2. » Mais achevons la description de leur toilette. « Les manches de cette chemise, vêtement donc si indiscret, s'arrêtent au coude, qu'elles dépassent un peu en s'échancrant à la saignée; plissées à petits plis, elles sont boutonnées à leur extrémité par des boutons en or massif de la grosseur d'une noix... Autour des reins est nouée une jupe en étoffé à ramages, à dessins larges et à couleurs criardes, quelquefois en madras et toujours très ample et très large par derrière, comme une robe à queue, et courte par devant... Par-dessus la jupe deux petites pochettes en toile de batiste brodées ou élégamment travaillées pendent à la hauteur des hanches... Pour compléter cette toilette, il ne faut pas oublier les bijoux qui sont toujours nombreux et volumineux : des bou1. Xavier Eyma. Les Femmes du Nouveau Monde, Paris, 1888, nouvelle édition, in 12, p. 49. 2. Moreau de Saint-Méry. Notes historiques (A. M. C, F3 138, p. 258).


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