VIE ET MOEURS
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CRÉOLES
Ou bien c'est la plainte de la femme abandonnée qui s'exhale en des strophes d'un art archaïque et puéril : Quand cher Zami moin va rivé, Mon va fair li tout plein caresse. Ah ! plaisir là nous va gouté ; C'est plaisir qui douré sans cesse. Mais toujous tard {bis) Hélas ! Hélas ! Cher Zami moin pas vlé rivé ! (bis) Tan pui Zozo n'a pas chanté Pendant quior à moin dans la peine, Mais gnon fois Zami moin rivé Chantez, chantez tant comme syrène. Mais, mais, paix bouche ! {bis) Hélas ! Hélas ! Cher Zami moin pas hélé moin ! (bis) Si Zami moin pas vlé rivé, Bientôt mon va mouri tristesse. Ah ! quior a li pas doé blié Lisa la li hélé maîtresse. Mais qui nouvelle ! {bis) Hélas ! Hélas ! Cher Zami moin pan cor rivé ! (bis) Comment vous quitté moin comme
çà !
Songe Zami ! N'a point tant comme moin Femme qui jolie ! {bis) Si conné moin, gagné tout plein talents qui doux, Si la vous va, prend li; palé bon pour vous, Vous va regretté moin toujous1 !
Et d'une vie qui s'écoule en aussi étrange compagnie, en d'aussi singuliers et enfantins passe-temps, l'on 1 Moreau de Saint-Méry, Notes historiques... (A. M. C.. F3 p. 21-22.
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