VIE
ET MOEURS
CRÉOLES
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dans celui du Petit-Goave 1. « Il n'est presque personne en effet, conclut l'un des textes que je viens de citer, qui, arrivant dans la colonie, n'y porte avec lui l'esprit de retour au sein de la patrie commune2. »
IV Le climat, l'entourage, une existence triste, en somme, et monotone, à laquelle, en général, on ne souhaite rien tant que d'échapper, si tout cela ne répond guère au tableau que l'on trace d'ordinaire de la vie à SaintDomingue, tout cela nous permet du moins de rendre compte mieux qu'on ne l'a fait jusqu'ici des particularités distinctives de la société créole, du caractère et des mœurs de ses représentants en notre vieille colonie. D'en expliquer, d'ailleurs, je me hâte de le dire, les bons aussi bien que les mauvais côtés. Pour ce qui est de la nature créole en particulier, je n'entends point méconnaître, en effet, ce qu'elle a de séduisant et d'enchanteur. Mais faut-il pour cela s'en dissimuler les imperfections ? L'un des plus vifs agréments des créoles est leur grâce physique, leur élégance native, la finesse de leurs attaches, la distinction de leurs gestes et de leurs manières, toutes choses dont le climat d'abord est bien le principal auteur. N'est-ce point sa douceur qui, per1. Lettre do M. Maillard, du Petit-Goave, du 28 Corr. gén., Saint-Domingue, vol.LXlX).
avril 1747 (A. M. C.
2. Lettre de MM. de Lamotte et Lalanne. du Port-au-Prince. 25 octobre 1752 (Ibid., vol, XGX).