Saint-Domingue : ( 1629-1789 ), la société et la vie créoles sous l'Ancien Régime

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VIE

ET

MOEURS

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superfluités. On en trouve plus, il est vrai, dans d'autres inventaires, par exemple, des instruments de musique, des jeux d'échecs, de trie-trac, mais très rarement, en revanche, des livres. Faisant allusion à ces installations, généralement sommaires : « Il y a à Saint-Domingue, écrit un colon, beaucoup plus de luxe de parure que de luxe de commodité... » « Tous ceux, ajoute-t-il, qui tiennent à l'administration de la justice, les marchands, les facteurs et agens du commerce sont, en effet, couverts de bijoux, de broderies, de galons, et bien souvent un homme, qui porte sur lui pour 10.000 livres d'habits de velours et de bijoux, demeure dans un appartement sans meubles et sans tapisseries 1. » Cette « magnificence » s'est développée du reste assez tard dans la colonie. « Car il y a vingt ans, remarque un habitant, en 1767, l'on alloit encore assez ordinairement en veste dans les meilleures maisons de la colonie, alors qu'aujourd'hui l'usage exige que l'on ne paroisse dans les villes qu'en habit, usage qui commence même à s'étendre dans les campagnes. C'est principalement aux voyages, que les gens de cour ont faits depuis quelque temps dans le pays, qu'il faut attribuer cette gêne volontaire que s'imposent les habitans 2. » Un autre objet où s'affiche le faste des colons est la table. Le père Labat reçu, en 1701, chez un ancien corsaire, « qui, à la mode de la flibuste, ornoit chaque période de cinq ou six noms de Dieu », s'étonnait de manger chez un pareil hôte en de la vaisselle plate 3. La 1. Milliard d'Auberteuil, Op. cit., t. I, p. 105-106. 2. Girod-Chantrans, Op. cil., p. 120. 3. Labat, Nouveau voyage aux Iles, t. VII, p. 250-252.


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