Saint-Domingue : ( 1629-1789 ), la société et la vie créoles sous l'Ancien Régime

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VIE

ET

MOEURS

CRÉOLES

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de lisière sont toujours incomparablement plus belles que celles de l'intérieur. « Lorsqu'on veut planter une pièce ainsi préparée, on commence par brûler toutes les mauvaises herbes qui s'y trouvent. L'on y dispose ensuite les nègres, de manière qu'ils puissent, sans se gêner réciproquement, ouvrir des fosses alignées de 15 à 18 pouces en carré sur 8 pouces en profondeur, et distantes de 3 pieds les unes des autres. Dans chacune de ces fosses, on couche horizontalement trois tronçons de têtes de canne encore frais, dont les noeuds doivent fournir de nouvelles plantes. On remet, après cela, la terre dans les fosses, on l'élève en forme de monticules, et plusieurs cultivateurs sont dans l'usage de planter du maïs dans les intervalles. On plante les cannes en toute saison, parce que la végétation s'opère sans relâche. Le temps de l'hivernage, depuis novembre jusqu'y mars, est cependant le plus favorable à cette opération, surtout dans les terres hautes et naturellement sèches. « Les carmes une fois plantées, les soins que l'on apporte à leur accroissement consistent à les bien sarcler. Dans les bons terrains, les sarclaisons deviennent inutiles après trois ou quatre mois de plantation; les cannes ont acquis à cette époque une force suffisante pour étouffer les plantes qui voudroient croître à leur pied. Entre quatorze et dix-huit mois de plantation, suivant la saison et suivant les terrains, les cannes ont atteint leur maturité. Pour lors, on en fait la récolte. Les nègres les coupent le plus près de terre qu'il leur est possible avec des coutelas qu'ils appellent manchettes. Ils les dépouillent ensuite sur les lieux mêmes de toutes


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