Saint-Domingue : ( 1629-1789 ), la société et la vie créoles sous l'Ancien Régime

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SAINT-DOMINGUE

confiance, et ennemie par vanité du peuple africain, hère des faveurs du sultan, elle ne lui est peut-être pas moins utile, il faut le dire, pour sa sécurité que pour ses plaisirs, toujours prête qu'elle est à lui dénoncer les complots des noirs contre lui. L'économe et les autres blancs, s'il y en a, mangent avec le propriétaire, mais ne logent point sous le même toit. Ils ne paraissent d'ailleurs dans la grande case qu'à l'heure des repas... Dites après cela, si une pareille vie vaut la peine d'être économisée, comme on le fait d'ordinaire, par les mille précautions que l'on prend 1. » Mais, dira-t-on, il ne s'agit là que de gens riches qui, « tranquilles dans l'appartement le plus frais de leur case, s'en rapportent entièrement au coup d'œil d'un gérant à gages du soin de leur plantation, et ne songent qu'à passer mollement leur existence2 ». Il y en a qui vivent une autre vie, plus active, tout occupés de l'exploitation de leur domaine, de la mise en valeur de leur « place ». Gela, je le veux bien. Est-ce à dire, toutefois, que cette vie des uns soit beaucoup plus variée et imprévue que celle des autres. Prenons une « sucrerie ». Quoi de plus monotone, d'abord, que la culture d'une pièce de cannes ! « Les terres que l'on y emploie sont communément divisées en parallélogrammes de quatre carreaux, chacune. On les entoure d'un large fossé qui forme les séparations et qui favorise en même temps la circulation de l'air, article si évidemment important que les cannes 1. Girod-Chantrans, Op. cit., p. 140. 2. Ibid.


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