Saint-Domingue : ( 1629-1789 ), la société et la vie créoles sous l'Ancien Régime

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MONDE

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qu'elles, et, chose curieuse, le second enfant est généralement plus noir que le premier, le troisième plus noir que le second et ainsi de suite. En un mot, on peut dire qu'une population colorée, livrée à elle-même, est fatalement destinée à redevenir noire au bout d'un petit nombre de générations. La preuve la plus curieuse que l'on en puisse donner est fournie par l'expérience suivante, qui expliquera ce qui a encore accentué la séparation entre les blancs et les noirs, séparation aujourd'hui encore plus enracinée que jamais chez les créoles qui veulent rester de véritables créoles, c'est-à-dire des blancs. « C'est bien expérience qu'il faut dire. On s'occupait en effét, surtout du temps de l'esclavage, mais maintenant encore, dans certaines habitations, où se trouvent un grand nombre de serviteurs colorés, on s'occupe avec intérêt des résultats que peuvent produire une alliance ou plusieurs alliances successives entre personnes de telle ou telle couleur, de telle ou telle nation. À ce point de vue on peut dire, en passant, que le sud des ÉtatsUnis et plus encore les Antilles ont été et sont encore un véritable haras humain. Pour en arriver au fait, on a produit dans une sucrerie des Petites-Antilles une mestive en alliant une mulâtresse à un blanc ; puis en alliant cette mestive aussi à un blanc, on a produit une quarteronne. Pendant six générations tous les produits féminins de ces alliances successives ont toujours été alliés à des blancs. La septième alliance ne produisit que de s garçons. « Une expérience identique avait été faite en même te mps dans une sucrerie voisine. Mais dans cette der-


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