Saint-Domingue : ( 1629-1789 ), la société et la vie créoles sous l'Ancien Régime

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ce qu'ils tombent dans une sorte d'épilepsie qui les renverse et les mène à un état très voisin de la mort. Cette danse est en général d'autant plus expressément défendue par les maîtres, que, soit prévention, soit effet électrique, les spectateurs eux-mêmes partagent cette frénésie 1. » A côté du tragique, voici le plaisant : « Les nègres domestiques, imitateurs des blancs qu'ils aiment à singer, dansent, eux, des menuets, des contredanses, et c'est un spectacle propre à dérider le visage le plus sérieux que celui d'un pareil bal, où la bizarrerie des ajustemens européens prend un caractère parfois grotesque 2. »

III Pour mener les immenses troupeaux d'hommes dont je viens de dire la vie, pour maintenir dans ces agglomérations l'ordre et la discipline, il faut au maître une main de fer, étant donnée surtout la disproportion qui existe presque partout entre le nombre des blancs et celui des noirs. Voici des plantations isolées ou 2 ou 3 blancs sont entourés de 200 à 300 esclaves 3. La 1. Moreau de Saint-Méry, Notes historiques sur Saint-Domingue (AM. G., F3 137, p. 108). 2. Moreau de Saint-Méry, Description de la partie française de SaintDomingue, t. I, p. 60. 3. • Dans les plus fortes habitations de la colonie, il n'y a pas 3 blancs contre 300 à 400 nègres ; les moyennes n'en ont qu'un, mais rarement deux. » (Lettre d'un habitant au comte de Langeron, du 7 juin 1763 : Arch, du min. des Col., Corr. gén., Saint-Domingue, C9, vol. CXV).


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