Saint-Domingue : ( 1629-1789 ), la société et la vie créoles sous l'Ancien Régime

Page 216

178

SAINT-DOMINGUE

les femmes de l'autre. Ceux qui sont las de danser et les spectateurs forment un cercle autour des danseurs et des tambours. Le plus habile chante une chanson qu'il compose sur-le-champ sur tel sujet qu'il juge à propos et dont le refrain, qui est chanté par tous les spectateurs, est accompagné de grands battements de mains. A l'égard des danseurs, ils tiennent les bras à peu près comme ceux qui dansent en jouant des castagnettes. Ils sautent, font des virevoltes, s'approchent à deux ou trois pieds les uns des autres, se reculent en cadence jusqu'à ce que le son du tambour les avertisse de se joindre, en se frappant les cuisses les uns contre les autres, c'est-àdire les hommes contre les femmes. A les voir, il semble que ce soit des coups de ventre qu'ils se donnent, quoiqu'il n'y ait cependant que les cuisses qui supportent ces coups. Ils se retirent dans le moment, en pirouettant, pour recommencer le même mouvement, avec des gestes tout à fait lascifs, autant de fois que le tambour en donne le signal, ce qu'il fait souvent plusieurs fois de suite. De temps en temps, ils s'entrelacent les bras et font deux ou trois tours, en se frappant toujours les cuisses et se baisant... Leur passion pour cette danse est au delà de l'imagination. Tous y prennent part, les vieux, les jeunes et jusqu'aux enfants qui à peine peuvent se soutenir. Il semble qu'ils l'aient dansée dans le ventre de leur mère 1. » « Le Vaudoux est, lui, une danse religieuse. Ce nom de Yaudoux est appliqué par les nègres à un être surnaturel, qu'ils se représentent sous la forme d'une cou1. Le P. Labat, Nouveau voyage aux Iles, 1742, t. IV, p. 465-466, 470.


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.