Saint-Domingue : ( 1629-1789 ), la société et la vie créoles sous l'Ancien Régime

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SAINT-DOMINGUE

nies espagnoles, où l'honneur, la vie, la fortune du citoyen se trouvent à la discrétion des gouverneurs et de leurs créatures 1 ! » En un mot, la lutte reprend et se poursuit entre « le militaire » et « le civil », pour durer d'ailleurs autant que la colonie elle-même, qu'elle entraîne tout droit à sa perte. De la perte de Saint-Domingue on a rendu responsables les noirs, les mulâtres. Ils n'ont point été les vrais coupables. Les vrais coupables furent ceux qui, systématiquement, enlevèrent toute force et toute autorité au seul pouvoir capable de contenir une société encore en formation comme l'était la société de SaintDomingue, au pouvoir militaire, qui s'appuyèrent contre lui sur la plus vile partie de la population ! Ces meneurs de désordre, ces fauteurs d'anarchie, ces intrigants, ces factieux, dont un intendant avait fait un jour ses auxiliaires, on les retrouvera aux plus sombres heures de la révolution de Saint-Domingue. Ce sont eux qui acclameront avec enthousiasme les sacrés principes de liberté et d'égalité, sans d'ailleurs vouloir, le moment venu, les mettre en pratique ; eux qui s'acharneront à jeter à bas le gouvernement militaire; eux, enfin, qui se détruiront et se proscriront les uns les autres au nom de la fraternité. En sorte que, si l'on a pu dire, qu'en écartant volontairement de toute participation à cette colonie, écrivent MM. de Nolivos et Montarcher, qui s'applique à l'étude des lettres ou des sciences. Chacun s'occupe de sa fortune uniquement et tous sont partagés entre la culture et le commerce. » (Lettre de MM. de Nolivos et Montarcher, du 20 décembre 1771. Ibid., volCXLI.) 1. Lettre de M. de Kerdisien-Tremais, commissaire-ordonnateur au Cap, 14 mai 1771 (Ibid., vol. CXL).


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